Pour le plaisir, voici quelques perles d’humour involontaire que l’Histoire en citations se plaît à collectionner. Signé de Noms majuscules, c’est un régal dont on ne se lasse pas.
« Il y a aussi plusieurs sortes de Liberté. Il y a la Liberté pour le Génie, et il y a une liberté très restreinte pour les polissons. »2272
(1821-1867), Notes et Documents pour mon avocat (1857)
25 juin 1857, Les Fleurs du mal sont publiées. Elles font scandale : immorales, triviales, géniales. Baudelaire paraît devant le tribunal correctionnel. Il écrit également pour sa défense : « Il était impossible de faire autrement un livre destiné à représenter l’agitation de l’esprit dans le mal. » Le voilà condamné à trois mois de prison pour outrage aux mœurs. Le poète se soumet : dans la seconde édition de 1861, les six titres incriminés auront disparu.
Même année 1857, l’immoralité de Madame Bovary mène Flaubert en justice. Mais son avocat obtient l’acquittement. Il plaide qu’une telle lecture est morale : elle doit entraîner l’horreur du vice et l’expiation de l’épouse coupable est si terrible qu’elle pousse à la vertu.
À la même époque, le génie d’Offenbach s’exprime au théâtre - l’humour et la musique aident à faire passer son apologie de l’adultère et ses bacchanales orgiaques. Dans l’Angleterre puritaine, l’art n’a pas cette relative liberté.
Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.
« L’extrême rapidité des voyages en chemin de fer est une chose antimédicale. Aller, comme on fait, en vingt heures, de Paris à la Méditerranée, en traversant d’heure en heure des climats si différents, c’est la chose la plus imprudente pour une personne nerveuse. Elle arrive ivre à Marseille, pleine d’agitation, de vertige. »2282
Jules MICHELET, La Mer (1861)
Tous les progrès techniques ont commencé par susciter la peur ou le déni d’utilité. Le XIXe siècle, particulièrement riche en inventions, pourrait alimenter un étonnant bêtisier technologique.
« Le gouvernement veut le triomphe de ses candidats, comme Dieu veut le triomphe du bien, laissant à chacun la liberté du mal. »2271
Le préfet de Dordogne en juin 1857. Histoire du Second Empire, volume III (1903), Pierre de La Gorce
Comme tout préfet, petit empereur en son département, il arrange au mieux ces élections au Corps législatif. Tout pour les candidats officiels (discours, presse, affiches à foison, bulletins imprimés à leur nom). Pour les autres, rien que des obstacles.
« Pour être libres, les électeurs ont besoin d’être éclairés par le préfet. Désignez hautement, comme dans les élections précédentes, les candidats qui inspirent le plus de confiance au gouvernement. »2285
Duc de PERSIGNY, ministre de l’Intérieur, Lettre aux préfets, 8 mai 1863
Le candidat officiel reste une institution sacrée, malgré le demi-tour à gauche de 1860. Plus de 5 millions de voix aux candidats officiels, mais près de 2 millions pour l’opposition. L’empereur est furieux. Persigny renvoyé, remaniement ministériel.
Vous avez aimé ces citations commentées ?
Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.