Bismarck : « Ce n’est pas par des discours et des votes de majorité que les grandes questions de notre époque seront résolues, mais par le fer et par le sang. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Second Empire

« Par le fer et par le sang », parole de Bismarck qui définit sa Realpolitik.

Rassuré par le plébiscite triomphal (mai 1870), poussé le 19 juillet à déclarer la guerre « le coeur léger » par une opinion presque unanimement belliciste, surpris devant l’invasion rapide de l’Alsace et de la Lorraine (août) par l’armée prussienne, l’empereur malade se jette dans le combat à corps perdu et se retrouve enfermé dans Sedan, sans plus d’espoir.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Ce n’est pas par des discours et des votes de majorité que les grandes questions de notre époque seront résolues, mais par le fer et par le sang. »2306

Otto von BISMARCK (1815-1898), chancelier de la Confédération d’Allemagne du Nord. Bismarck (1961), Henry Valloton

Ces mots posent le personnage, surnommé le Chancelier de fer. « Par le fer et par le sang » est une expression qui lui est chère, tout comme « la force prime le droit » – traduction de sa Realpolitik (…) Il veut faire l’unité allemande sous l’égide de la Prusse. Pour cela, il lui faut prouver sa force : écraser la France est le moyen le plus sûr (…) Face au futur chancelier du Reich, Napoléon III (…) prématurément vieilli, physiquement atteint, maladivement indécis.

« On vient de jeter un gant à la face de quelqu’un qu’on veut forcer à se battre ! »2307

Adolphe THIERS (1797-1877), après avoir pris connaissance de la dépêche d’Ems, Corps législatif, 13 juillet 1870

C’est une provocation, et une manœuvre de Bismarck, mais la dépêche est prise comme une insulte et la France va tomber dans le panneau ! (…) Sitôt connue, cette dépêche est commentée dans les couloirs de la Chambre, après une séance houleuse. Thiers, politicien dans l’âme et hostile à la guerre, semble avoir compris qu’il y a manipulation de l’opinion (…)

« Jamais vous ne pourriez retrouver de plus belle occasion, il faut en profiter ! Vous avez envoyé vos conditions : en garde maintenant ! »2308

Maréchal VAILLANT (1790-1872), à Napoléon III. L’Empire libéral : la guerre (1909), Émile Ollivier

C’est un vétéran de Waterloo (1815). L’empereur, pacifiste, mais malade, laisse faire, malgré les conseils de modération de certains hommes politiques et l’opposition de la gauche républicaine au Corps législatif. L’impératrice souhaite la guerre - la victoire assurerait à son fils l’accession au trône.

« Si la Prusse refuse de se battre, nous la contraindrons, à coups de crosse dans le dos, à repasser le Rhin et à céder la rive gauche ! »2309

La Presse. Histoire générale de la presse française : de 1871 à 1940 (1969), Claude Bellanger

Les journaux, en cette mi-juillet 1870, sont unanimes, reflet d’une opinion publique trop sûre d’elle. « À l’insolence de la Prusse, il n’y a qu’une réponse : la guerre », écrit Le Constitutionnel. D’autres journaux titrent : « À Berlin ! »

« Nous sommes prêts et archiprêts, il ne manque pas à notre armée un bouton de guêtre. »2310

Maréchal LEBŒUF (1809-1888), lors du vote de la mobilisation et des crédits de guerre, Corps Législatif, 15 juillet 1870

Ministre de la Guerre et major général de l’armée, il répond au doute de Thiers qui affirmait : « Vous n’êtes pas prêts. » Et il insiste : « De Paris à Berlin, ce serait une promenade la canne à la main. » C’est une illusion, et Bismarck, bien informé par Moltke, son chef d’état-major, connaît les forces, ou plutôt les faiblesses de la France (…)

« Nous l’acceptons le cœur léger. »2311

Émile OLLIVIER (1825-1913), Corps législatif, le jour de la déclaration de guerre à la Prusse, 19 juillet 1870

Porté par l’opinion publique, le président du Conseil et garde des Sceaux accepte la responsabilité de la guerre, alors que des intervenants (républicains et pacifistes) évoquaient le sang bientôt versé. Il insiste sur ces mots qui lui seront reprochés jusqu’à sa mort : Émile Ollivier reste à jamais pour l’histoire « l’homme au cœur léger ».

« Prussiens ! vous fuirez, battant la retraite,
Devant nos drapeaux
Et nos Chassepots,
Oui, notre aigle altier qui n’a qu’une tête
S’ra victorieux,
Et pourtant le vôtre en a deux !
Refrain
Zim la la, zim la la, les beaux militaires,
Zim la la, zim la la, que ces Prussiens-là ! »2312

Ces beaux Prussiens (1870), chanson

Les chansons font partie de la propagande patriotique, au même titre que la presse. Le chassepot français (du nom de son inventeur) est en effet le fusil à aiguille le plus efficace à l’époque, mais c’est vraiment notre seule supériorité. 450 000 Prussiens très armés et très entraînés vont aussitôt infliger les premières défaites aux 350 000 Français pleins d’ardeur. Les Allemands envahissent l’Alsace et la Lorraine. L’armée de Mac-Mahon est défaite en Alsace (…) et l’armée de Bazaine en Lorraine, à Forbach (6 août).

« La séance ne fut qu’un échange d’injures, suivi de l’expulsion du ministère ; on ne le renversa pas, on le mit à la porte. »2313

Maxime DU CAMP (1822-1894), Souvenirs d’un demi-siècle (posthume, 1949)

Écrivain, voyageur et journaliste, il relate la séance du Corps législatif du 9 août 1870. Le ministère tombe, à l’annonce des premiers revers. L’impératrice, régente en l’absence de Napoléon III parti rejoindre l’armée de Mac-Mahon replié à Châlons, forme un ministère de droite avec le général de Palikao. Les défaites continuent sur les fronts de l’Est, Paris sera bientôt menacé.

« La patrie en danger. »2314

Auguste BLANQUI (1805-1881), titre du journal fondé par lui. La Patrie en danger (1871), Louis Auguste Blanqui

Au début de la guerre de 1870, de nombreux journaux républicains titrent également : « La patrie est en danger ».

« Il s’agit de savoir si nous avons fait notre choix entre le salut de la nation et le salut d’une dynastie. »2315

Léon GAMBETTA (1838-1882), Corps législatif, 20 août 1870

Le député républicain pose la question, tandis que Thiers reconnaît l’évidence : « La préparation a été insuffisante et la direction profondément incapable. » L’impératrice est impopulaire, le prince impérial trop jeune, les parlementaires accablés, les militaires submergés. L’empereur a cédé le commandement à Bazaine qui vient de se laisser tourner (en trois batailles, trois défaites, les 12, 14, 16 août) et enfermer à Metz, le 18 août.

« Oh ! les braves gens ! »2316

GUILLAUME Ier (1797-1888), roi de Prusse, devant les charges héroïques de la cavalerie française, quand le général Margueritte tombe à Sedan, 1er septembre 1870

Mac-Mahon (…) va porter secours à Bazaine sur ordre de l’impératrice qui ne veut pas voir l’empereur revenir vaincu (…) Le maréchal défend la ville encerclée par les Prussiens (…) Écrasés par l’artillerie allemande, les Français ne peuvent desserrer l’étau. Bilan final : 15 000 morts ou blessés français, 90 000 prisonniers. L’empereur qui souffre le martyre monte à cheval et affronte la mitraille (…) cherchant la mort qui se refuse à lui. Napoléon Ier a vécu ce drame.

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