Blum : « Il y eut quelque chose d’effréné [...] un besoin de liberté allant jusqu’à la dépravation. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Entre-deux-guerres

Chronique

Les années folles et le mirage des réparations allemandes

Pendant dix « Années folles », la France fête sa victoire, avec optimisme et insouciance. Elle compte sur les réparations allemandes pour remettre sur pied une économie saignée à blanc par la guerre. L’État multiplie les dépenses publiques, et les finance par l’emprunt au lieu de l’impôt. Mais l’Allemagne paiera peu, et mal, faisant émerger des tensions entre le vainqueur et le vaincu.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Il y eut quelque chose d’effréné, une fièvre de dépense, de jouissance et d’entreprise, une intolérance de toute règle, un besoin de nouveauté allant jusqu’à l’aberration, un besoin de liberté allant jusqu’à la dépravation. »2631

Léon BLUM (1872-1950), À l’échelle humaine (1945)

Socialiste témoin de son temps, il évoque le bouleversement moral d’après la Première Guerre mondiale.

Le jazz entre en scène. Le tango chavire les corps. Le charleston fait rage. Les dancings font fortune. Les artistes se doivent d’être anarchistes, dadaïstes, bientôt surréalistes (…)

« C’est bien parce que c’est mal ; c’est mal parce que c’est bien. » C’est le début des Années folles.

« Foch commande à toutes les armées de l’univers. »2632

Maurice BARRÈS (1862-1923), 14 juillet 1919. Histoire de la France : les temps nouveaux, de 1852 à nos jours (1971), Georges Duby

Les chefs des armées alliées et les représentants des troupes combattantes défilent sur les Champs Élysées, le jour de la fête nationale. Pour les nationalistes qui, comme Barrès, ont ardemment parlé revanche, prêché le patriotisme et prôné l’Union sacrée, le jour de gloire est vraiment arrivé pour la France dont le prestige international est immense (…)

« Il est plus facile de faire la guerre que la paix. »2633

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Discours de Verdun, 14 juillet 1919. Discours de paix (posthume), Georges Clemenceau

(…) Le vieil homme est devenu le « Perd la Victoire » : piètre négociateur au traité de Versailles signé le 28 juin, il a laissé l’Anglais Lloyd George et l’Américain Wilson l’emporter sur presque tous les points. Et il ne sera pas président de la République, l’Assemblée préférant voter en 1920 pour un homme qui ne lui portera pas ombrage, Deschanel (…)

« La guerre ne vous a donc rien appris. »2634

Leitmotiv de campagne électorale. Histoire des institutions politiques de la France moderne, 1789-1945 (1958), Jean Jacques Chevallier

(…) Les élections du 16 novembre 1919 amènent une « Chambre bleu horizon » : plus de 400 députés conservateurs (sur 626) appartiennent à des groupes de centre et de droite et se réclament du Bloc national. C’est un renversement durable de majorité.

« L’Allemagne paiera. »2635

Axiome lancé après la Grande Guerre. Histoire de l’Europe au XXe siècle : de 1918 à 1945 (1995), Jean Guiffan, Jean Ruhlmann

Le Bloc national a fondé sa campagne sur ce slogan, pour les élections législatives du 16 novembre 1919 (…)

L’Allemagne paiera, oui, mais mal : le paiement de la dette est un long et décevant feuilleton (…) L’économiste Keynes avait mis en garde dès 1919, dans son livre Les conséquences économiques de la paix : en étant inflexible avec les vaincus et en exigeant des réparations importantes, les vainqueurs risquent surtout de provoquer un terrible ressentiment, sans pour autant être payé.

L’Allemagne ne paiera que 5 milliards – étalés dans le temps. Le président Hoover impose un moratoire de la dette allemande en 1932, soucieux de sauvegarder le pouvoir d’achat d’un bon client, et de prévenir toute tentation communiste de sa part.

(…) Comptant sur ces réparations, l’État multiplie les dépenses publiques, et les finance par l’emprunt au lieu de l’impôt. L’accroissement considérable de la dette publique et de la monnaie en circulation engendre l’inflation : prix multipliés par 6,5 de 1914 à 1928 ! Le franc Poincaré sauvera heureusement les finances, et l’économie française.

« Nous voterons pour Deschanel en criant “Vive Clemenceau !”. »2636

Exclamation d’un député. La Vie politique sous la IIIe République : 1870-1940 (1984), Jean-Marie Mayeur

Qui va remplacer Poincaré en fin de septennat à la présidence de la République ?

Clemenceau, président du Conseil, souhaite être élu, mais ne pose pas officiellement sa candidature, laissant ses amis la proposer. Par son intransigeance, il s’est fait des ennemis aussi bien à gauche qu’à droite, et le Bloc national lui préfère Paul Deschanel, élu le 18 février 1920 (…)

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