« Véritable Saturne du travail, l’industrie dévore ses enfants et ne vit que de leur mort. »2251
(1808-1873), L’Extinction du paupérisme (1844)
L’utopie de ces trente pages écrites par le prisonnier au fort de Ham et le désir d’un futur souverain de se poser en « homme social » n’excluent pas une certaine sincérité. Fait unique pour l’époque de la part d’un prétendant au pouvoir, il tient à visiter les régions industrielles anglaises. Il a 25 ans et le spectacle de la misère le frappe.
À la fin du Second Empire de Napoléon III, G. Bruno (pseudo d’une fille et femme d’universitaires en renom), auteur du Tour de la France par deux enfants, exaltera la morale qu’une société bourgeoise veut imposer aux travailleurs : « Du berceau jusqu’au cimetière / Longue est ma chaîne de labeurs ! / Mais le travail fait l’âme fière / L’oisiveté les lâches cœurs […] C’est le travail qui rend féconde / La vieille terre aux riches flancs / Au travail appartient le monde, / Aux travailleurs, à leurs enfants. » La Chanson du pauvre (1869). Cette idéologie dominante et bien pensante explique la haine du bourgeois et l’explosion de la Commune en 1871.
« La Commune fut dans son essence, elle fut dans son fond la première grande bataille rangée du Travail contre le Capital. Et c’est même parce qu’elle fut cela avant tout qu’elle fut vaincue et que, vaincue, elle fut égorgée. »2384
Jean JAURÈS (1859-1914), Histoire socialiste, 1789-1900, volume XI, La Commune, Louis Dubreuilh (1908)
Jaurès, qui dirige ce travail en 13 volumes, juge en historien et en socialiste. Homme politique, on le trouvera toujours du côté du Travail et des travailleurs. Malgré son pacifisme - raison de son assassinat -, il n’exclut pas le recours à la force insurrectionnelle. Et dans les années 1880, au 23 mai, il se rend publiquement au mur des Fédérés (cimetière du Père-Lachaise) pour rendre hommage aux 147 Communards fusillés (sur quelque 1 400).
« Un seul patron, un seul capitaliste : tout le monde ! Mais tout le monde travaillant, obligé de travailler et maître de la totalité des valeurs sorties de ses mains. »2403
Jules GUESDE (1845-1922), Collectivisme et Révolution (1879)
Appelé « le socialisme fait homme » (après Blanqui et avant Jaurès, Blum, Briand), fondateur de L’Égalité, premier journal marxiste français, il crée en 1880 le Parti ouvrier français (POF) qu’il veut internationaliste, collectiviste et révolutionnaire. Le guesdisme joue un rôle important jusqu’à son intégration dans le Parti socialiste unifié (Section française de l’Internationale ouvrière, SFIO) en 1905.
« La société est pourrie. Dans les ateliers, les mines et les champs, il y a des êtres humains qui travaillent et souffrent sans pouvoir espérer d’acquérir la millième partie du fruit de leur travail. »2503
RAVACHOL (1859-1892), à son procès, 26 avril 1892
Histoire de la Troisième République (1963), Jacques Chastenet
Ravachol est un criminel en série (tuant pour l’argent), devenu un mythe par la vertu de la dynamite et des relations nouées avec les militants anarchistes. Les 11, 18 et 29 mars 1892, il a fait sauter des appartements de magistrats et une caserne. La veille du procès, ses complices ont fait exploser une bombe dans le restaurant Véry. Condamné à mort (pour des crimes antérieurs), il est exécuté le 11 juillet.
Les attentats anarchistes, nombreux de 1892 à 1894, ont des origines diverses : souvenir de la Commune qui est commémorée vingt ans après, de bien des manières (y compris des tableaux, des chansons) ; hostilité envers les partis organisés de gauche qui veulent un État socialiste ; haine pour les bourgeois dont les affaires prospèrent.
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