« C’est sous le triple signe du Travail, de la Famille et de la Patrie que nous devons aller vers l’ordre nouveau. »
(1883-1945), « Réunion d’information » des députés, 8 juillet 1940
Soixante jours qui ébranlèrent l’Occident (1956), Jacques Benoist-Méchin.
Laval, après un long parcours politique, vient d’entrer dans le gouvernement Pétain, installé à Vichy depuis le 3 juillet. Il a provisoirement le portefeuille de la Justice, et va manœuvrer habilement pour que Pétain obtienne les pleins pouvoirs.
On travaille à réviser la Constitution : le slogan trinitaire hérité de la Révolution de 1789 – Liberté, Égalité, Fraternité – est trop républicain et remplacé par cette autre trilogie : Travail, Famille, Patrie. Tout l’esprit de révolution nationale du régime de Vichy est dans ces mots et la loi constitutionnelle du 10 juillet en prend acte : « Cette Constitution doit garantir les droits du travail, de la famille et de la patrie. »
« Autour de M. le maréchal Pétain,
dans la vénération que son nom inspire à tous,
notre nation est groupée dans sa détresse.
Prenons garde de ne pas troubler l’accord
qui s’est ainsi établi sous son autorité. »Édouard HERRIOT (1872-1957), Assemblée nationale, Casino de Vichy, 10 juillet 1940. Pétain, face à l’histoire (2000), Jacques Le Groignec
Le président de la Chambre des députés parle solennellement devant l’Assemblée nationale (Chambre et Sénat réunis). La révision de la Constitution est votée par 569 voix contre 80 et 18 abstentions.
En fait, on liquide la Troisième République, pour donner les pleins pouvoirs exécutifs et législatifs au maréchal Pétain. Comme en 1815, comme en 1871, la défaite a entraîné l’écroulement du régime.
Pétain constitue son ministère le 12 juillet, avec Laval vice-président du Conseil et secrétaire d’État aux Affaires étrangères. Une Cour suprême de justice, instituée le 30, s’empresse de condamner à mort de Gaulle par contumace, le 2 août.
« La légitimité est le mot clé des époques difficiles. »
Michel DEBRÉ (1912-1996), Ces princes qui nous gouvernent (1957)
Inconditionnel du général de Gaulle comme Malraux, et résistant de la première heure, Debré comprend et partage le souci du général de refaire une France dans les règles du droit.
En janvier 1960, au moment des barricades d’Alger – autre époque difficile –, de Gaulle, devenu président de la République, invoquera publiquement « la légitimité nationale que j’incarne depuis vingt ans ».
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