Chirac : « Ce soir, je pense à mes parents, je pense aux patriotes simples et droits dont nous sommes tous issus. J'aurai accompli mon devoir si je suis digne de leur mémoire. » | L’Histoire en citations
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La dissolution de 1997, erreur tactique

En mai 1995, Jacques Chirac, maire de Paris, accède au pouvoir après une longue carrière politique. La droite, qui accumule les erreurs, est sanctionnée aux législatives anticipées (1997) et condamnée à une cohabitation record (cinq ans) avec un Premier ministre socialiste, Lionel Jospin.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Ce soir, je pense à mes parents, je pense aux patriotes simples et droits dont nous sommes tous issus. J’aurai accompli mon devoir si je suis digne de leur mémoire. »3335

Jacques CHIRAC (1932-2019), au soir de l’élection présidentielle, 7 mai 1995

Site de l’Association Jacques-Chirac.

Hommage rendu a ses aïeux, agriculteurs corréziens, à ses grands-parents, instituteurs, à son père devenu cadre dans l’industrie aéronautique française.

« Chaque pas doit être un but », et après deux échecs, Chirac réalise son rêve d’accéder au poste suprême, avec 52,6 % des voix. Il bat Lionel Jospin, le socialiste qui ne succédera donc pas à Mitterrand.

A 62 ans, cette victoire constitue le sommet de sa carrière politique. Ce doit être le plus beau jour de sa vie – et ça ne va même pas durer deux ans.

« Je suis droit dans mes bottes et je crois en la France. »3336

Alain JUPPÉ (né en 1945), Premier ministre, TF1, 6 juillet 1995

Un mois après son entrée en fonction, le plus fidèle ami de Chirac doit répondre sur le loyer de son appartement parisien, trop bas pour être honnête, et la baisse de loyer demandée pour l’appartement de son fils Laurent. Affaire dérisoire, mais symbolique. Juppé devient vite impopulaire : sa « cote d’avenir » passe de 63 % en juin à 37 % en novembre (barometre TNS Sofres pour Le Figaro Magazine). Sa défense paraît rigide, illustrée par l’expression qui le poursuivra (…)

« Aucune civilisation n’a duré, quand elle acceptait la fracture sociale des exclus. »3337

Jacques CHIRAC (1932-2019), interview au JT de France 2, 5 septembre 1995

Le Président élu creuse le sillon de la fameuse « fracture sociale », toujours inspiré par son conseiller de campagne, Henri Guaino, gaulliste social (…)

« Je me demande si l’on n’en a pas trop fait pour les obsèques de François Mitterrand. Je ne me souviens pas qu’on en ait fait autant pour Giscard. »3338

André SANTINI (né en 1940), accessit du prix de l’humour politique, décerné par le Club en 1996. Quand les politiques se lâchent ! : bons mots, lapsus et vachardises (2011), Olivier Clodong

(Source sérieuse : une citation désavouée par son auteur sera dite « apocryphe », le cas est rare, et la presse ne manque pas d’égayer ses pages avec la collection de perles annuelles.)

L’ex-président, atteint d’un cancer depuis 1981, meurt à 79 ans, le 8 janvier 1996 : au jour et à l’heure ou il l’a décidé. Cet « homme double » (ô combien !) aura droit à deux cérémonies le 11 janvier, avec deux familles, deux clans politiques.

Paris : cérémonie officielle a Notre-Dame, devant plus de 60 chefs d’État ou de gouvernement et une foule de personnalités, célébrée par le cardinal Lustiger, qui cite François Mitterrand : « Jamais peut-être le rapport à la mort n’a été si pauvre qu’en ces temps de sécheresse spirituelle ou les hommes, pressés d’exister, paraissent éluder le mystère. Ils ignorent qu’ils tarissent ainsi le goût de vivre d’une source essentielle. »

Jarnac : cérémonie privée qui réunit famille officielle et famille officieuse, dans la petite église voisine du cimetière où l’homme est inhumé, dans le caveau familial (…)

« Les vaches folles rendent les bouchers anxieux.
— Un malheur n’arrive jamais seul ! »3339

Roland TOPOR (1938-1997), Jachère Party (1996)

(…) Depuis la fin de l’année 1995, des bovins de plus en plus nombreux meurent en Angleterre de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ), dégénérescence du système nerveux. Les scientifiques s’interrogent et l’opinion s’inquiète (…) L’angoisse alimentaire est un sujet hypersensible, en France.

Le monde agricole s’affole devant la chute des ventes… Et Chirac sème un grain de bon sens présidentiel : « On ferait mieux de parler moins de la vache folle et plus de la presse folle. » (…)

« On attend tout de l’école, ce qui est le plus sûr moyen de ne rien obtenir d’elle. »3340

Jacques CHIRAC (1932-2019), Une nouvelle France (1992)

L’enseignement est un dossier récurrent, dans la politique, mais souvent piégé, voire explosif. Ainsi, lors de la première cohabitation avec le président Mitterrand, Chirac en a fait les frais, avec Alain Devaquet, son ministre délégué auprès du ministre de l’Éducation nationale, chargé de la Recherche et de l’Enseignement supérieur, et contraint à démissionner le 8 décembre 1986 - projet abandonné. Le président annonce une réforme, le 14 juillet 1996 : « Pour la première fois, on sort de l’immobilisme… » (…)

« Mes chers compatriotes, après consultation du Premier ministre, du président du Sénat et du président de l’Assemblée nationale, j’ai décidé de dissoudre l’Assemblée nationale. »3341

Jacques CHIRAC (1932-2019), Allocution télévisée en direct de l’Élysée, 21 avril 1997

Nul ne peut vraiment expliquer cette erreur tactique, ou stratégique (…)

C’est jouer à quitte ou double. La manœuvre échoue.

Ces législatives anticipées (d’un an) donnent le pouvoir a l’opposition, le 1er juin. Les socialistes se sont alliés à la Gauche plurielle (Parti communiste, Verts, Parti radical de gauche, Mouvement citoyen). Et cette nouvelle union de la gauche va donner au pays le spectacle, toujours apprécié, d’une troisième cohabitation. Juppé laisse place a Jospin, nommé le 2 juin par Chirac. La droite, de son côté, n’apprécie pas du tout ce faux pas présidentiel.

« On était dans un appartement avec une fuite de gaz. Chirac a craqué une allumette pour y voir clair. »3342

Patrick DEVEDJIAN (1944-2020), commentant la dissolution et le résultat des élections, en 1997. Le Santini (2011), André Santini

Député de droite des Hauts-de-Seine, et réélu, il vit en pénitence au RPR, ayant choisi le clan Balladur contre Chirac, à la présidentielle de 1995. En attendant mieux, il se console avec le prix de l’humour politique, en 1998 (…)

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