Les années Pompidou, Giscard d’Estaing et Mitterrand
L’OPA de Mitterrand sur la gauche, du congrès d’Épinay au programme commun
Franz-Olivier Giesbert, biographe de Mitterrand, résume bien le coup de maître : « L’enfant de Jarnac a réussi un beau coup. Le vendredi 11 juin, il n’avait pas de carte du Parti et siégeait encore au banc des non-inscrits à l’Assemblée nationale. Le mercredi suivant, il est élu Premier secrétaire du PS ». La prise du PS n’est qu’une étape pour Mitterrand, qui s’attelle ensuite à l’union avec le PC, force dominante de la gauche.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Celui qui n’accepte pas la rupture avec l’ordre établi, avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, ne peut être adhérent au Parti socialiste. »3133
(1916-1996), Première déclaration du Premier secrétaire du PS, Congrès d’Épinay, 13 juin 1971
Et première question : « Réforme ou révolution ? J’ai envie de dire oui, révolution. Violente ou pacifique, la révolution c’est d’abord une rupture. »
Au terme d’une OPA magistrale, Mitterrand a investi la « vieille maison » chère a Léon Blum en 1920, et l’a rebaptisée Parti socialiste (…)
« Messieurs les censeurs, bonsoir ! »3134
Maurice CLAVEL (1920-1979), émission « À armes égales », ORTF, lundi 13 décembre 1971
Sur ces mots, Clavel quitte le studio 101 après la projection du film en début d’émission. Il a donné la raison de son départ : « Le film que vous venez de voir a été censuré par la télévision française […] Je ne saurais prendre part à un débat qui commence sous le régime de la censure. » Le débat – « Les mœurs : la société française est-elle coupable ? » – n’aura pas lieu (…)
« Un ouvrier a eu le cœur traversé par une balle […] René-Pierre Overney voulait à sa manière changer la vie. Pour lui, c’est fait. »3135
François MITTERRAND (1916-1996), L’Unité, 3 mars 1972
Réaction du PS, en la personne de son Premier secrétaire, à l’assassinat d’Overney par un vigile gardant l’entrée de l’usine Renault en grève, le 25 février 1972.
La victime faisait partie d’un commando de maoïstes venu aux portes de Billancourt. Ce fait divers divise la classe politique et touche naturellement l’opinion publique. « Par-delà l’homme au revolver que l’on a pu voir brandir son arme dans les documents présentés non sans courage à la télévision, qui a tué Pierre Overney ? » s’interroge Pierre Viansson-Ponté dans Le Monde (…)
« Si les jeunes ne croient à rien, c’est qu’on ne leur offre rien à quoi ils puissent croire. Quand on n’est pas digne d’avoir des opposants, on a des révoltés : ce sont les enfants du mensonge. »3136
Jean-François REVEL (1924-2006), L’Express, début mars 1972
Et dans Le Figaro, le politologue Raymond Aron dit comprendre le gauchisme qui ébranle la bonne conscience des privilégiés. Le journal publie un sondage de la Sofres : 53 % des jeunes éprouvent de la sympathie pour ceux qui ont « choisi de contester la société actuelle » (…)
« En politique intérieure, les dates historiques sont rares et les superlatifs trompeurs. Mais on ne risque rien à affirmer que celle du 27 juin 1972 est la plus importante pour la gauche depuis la scission au congrès socialiste de Tours, le 30 décembre 1920. »3137
Jacques FAUVET (1914-2002), Le Monde, 29 juin 1972, suite à la signature du Programme commun de la gauche entre PS et PCF
Les radicaux de gauche ratifieront le 12 juillet. C’est une machine de guerre électorale, mais aussi la promesse, en cas de victoire, d’un gouvernement avec les communistes, exclus depuis un quart de siècle (…)
« Vivre mieux, changer la vie. »3138
Programme commun de gouvernement, signé le 27 juin 1972, publié dans L’Unité, 30 juin 1972
Tel est le titre du premier chapitre, qui donne le ton. Les trois autres donnent les grandes lignes : « Démocratiser l’économie », « Démocratiser les institutions », « Contribuer a la paix ».
On trouve des formules magiques : augmenter les salaires et diminuer la durée de travail. Des objectifs économiques et sociaux précis. Et des zones d’ombre, sur les moyens financiers, la politique européenne (…)
« Oui, le Parti communiste français change et ne cesse de changer pour être toujours mieux lui-même. »3139
Georges MARCHAIS (1920-1997), au XXe Congrès du Parti (décembre 1972). La Vie politique en France depuis 1940 (1979), Jacques Chapsal, Alain Lancelot
Réponse du nouveau Secrétaire général à une « bonne question ». Opportunisme pratique et raideur idéologique sont conciliables pour le PC. Et Marchais deviendra une sorte de magicien du verbe, parlant beaucoup et faisant taire contradicteurs et journalistes avec une faconde médiatique (…)
Dans le même style, en 1980 : « Nous autres communistes, nous avons une position claire : nous n’avons jamais changé, nous ne changerons jamais, nous sommes pour le changement. »
« L’information vient du peuple et retourne au peuple. »3140
Sous-titre de Libération (1973)
Beau programme pour un nouveau journal ! Libération première formule est présenté « comme une embuscade dans la jungle de l’information », annoncé le 4 janvier 1973, et le numéro zéro sort le 5 février (…)
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