Chirac : « Chaque pas doit être un but. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Les années Chirac, Sarkozy et Hollande

Personnage de Jacques Chirac

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Chaque pas doit être un but. »3315

Jacques CHIRAC (1932-2019), Mémoires, tome I (2009)

Avant que la mémoire ne lui fasse défaut et qu’il se retire de la scène publique, l’homme se souvient d’une vie vouée à la politique, en deux tomes sous-titrés : I – Chaque pas doit être un but, II – Le Temps présidentiel (…)

Parti de l’ENA et de la Cour des comptes, ce marathonien accomplit un long parcours : allant du conseil municipal de Sainte-Férréole (Correze) à la mairie de Paris, il fut entre-temps député, plusieurs fois ministre, deux fois Premier ministre, pour arriver au but suprême : président de la République.

« Les feux rouges, je les ai grillés toute ma vie, tu crois peut-être qu’on en arrive là en auto-stop ? »3316

Jacques CHIRAC (1932-2019), Dans la peau de Jacques Chirac (2006), Karl Zéro et Michel Royer

Le film retrace sa carrière, depuis son entrée au gouvernement Pompidou, sous de Gaulle, en 1967. Le chef de l’État, dont la voix est imitée par Didier Gustin pour les apartés, fait le bilan de ses années de pouvoir.

Ce « documarrant », faux documentaire et autobiographie non autorisée, a remporté le César du meilleur documentaire, gage d’un certain sérieux. Et à travers l’humour chiraquien, quelques vérités passent.

(…) Le film de Karl Zéro est présenté comme « un hommage à notre plus grand acteur français ». A travers quarante années d’archives audiovisuelles retraçant la « geste chiraquienne », le président témoigne de cette quête éperdue du pouvoir. Avec ce personnage ambitieux et roublard, coléreux et comique, la réalité dépasse la fiction et le sens du dialogue offre des citations à foison.

« Un chef, c’est fait pour cheffer. »3317

Jacques CHIRAC (1932-2019), Le Figaro Magazine, 20 juin 1992

L’autorité est une vertu première, il le fera savoir, et de quelle manière ! Le mot le plus dur vise le ministre le plus populaire du gouvernement Raffarin, Nicolas Sarkozy, qu’il a été obligé d’accepter au poste le plus important – ministre d’État, ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, en mars 2004.

Devant les velléités d’indépendance, et la trop visible impatience de l’ambitieux à lui succéder, le président déclare, lors de la traditionnelle interview du 14 juillet, qu’il ne peut y avoir de différend entre eux, pour une raison simple : « Je décide et il exécute. » (…)

« L’espérance est un combat qui exige du cœur et de l’imagination. »3318

Jacques CHIRAC (1932-2019), Une nouvelle France (1992)

(…) Pompidou, Premier ministre sous de Gaulle, jauge en 1967 le plus actif des « jeunes loups » gaullistes, qui entre dans la carrière comme secrétaire d’État à l’Emploi : « A mon cabinet, on l’appelle le bulldozer. L’expérience prouve qu’il obtient tout ce qu’il demande. Il ne s’arrête pas tant qu’il ne l’a pas obtenu. On n’a encore jamais trouvé quelqu’un qui lui résiste. »

Chirac confesse, en candidat à la présidentielle : « Le pessimisme ouvre la voie à tous les renoncements » (La France pour tous, 1994). Et de manière plus personnelle, même si le Président s’adresse ici à une France encline au déclinisme : « C’est le déclin lorsque l’homme dit : Que va-t-il se passer ?, au lieu de dire : Que vais-je faire ? » (…)

« Nous sommes la première génération consciente des menaces qui pèsent sur la planète. La première. Et nous sommes aussi probablement la dernière génération en mesure d’empêcher l’irréversible. »3319

Jacques CHIRAC (1932-2019), président de la République, Discours au Sommet de la Terre à Johannesburg, 2 septembre 2002

De tous les combats menés, peut-être celui qui lui tient finalement le plus à cœur. Loin des joutes politiciennes et des tracas quotidiens, la vision politique profite d’un espace-temps élargi, et la solidarité s’impose : entre les générations, pour préserver les ressources et laisser une planète viable à nos enfants ; entre les peuples, afin de partager les richesses et d’empêcher que se creuse le fossé entre le Nord et le Sud (…)

« Que voulez-vous, je suis Français, et j’adore aller expliquer aux autres ce que je suis infoutu de faire chez moi. »3320

Jacques CHIRAC (1932-2019), Dans la peau de Jacques Chirac (2006), Karl Zéro et Michel Royer

Ce côté donneur de leçon remonte au siècle des Lumières et a la Révolution. Mais peu d’hommes publics confessent que c’est parfois un travers ridicule. Chirac note d’ailleurs : « En matière de politique internationale, on ne retient mes propos que si je dis une connerie. » (…)

« Si vous saviez le plaisir que j’ai pu éprouver à passer pour un blaireau, surtout au milieu de corniauds. »3321

Jacques CHIRAC (1932-2019), Dans la peau de Jacques Chirac (2006), Karl Zéro et Michel Royer

Trait de caractère original : aucun président de la République n’a pu tenir ce genre de propos, à l’humour assumé, rigolard et franchouillard.

« Moi, vous savez, je n’aime que deux choses : la trompette de cavalerie et les romans policiers. » Il cultive ce personnage populaire, ça l’amuse et ça plaît, c’est bon pour sa cote de popularité… Mais Chirac est plus cultivé qu’il ne veut paraître, contrairement à tous ceux qui pratiquent la méthode inverse. On apprend sa passion pour les arts premiers : spécialiste reconnu des civilisations dites (jadis) primitives, il voulait leur consacrer un musée, quand il était maire de Paris. Le Musée du quai Branly ouvre finalement, en 2006 (…)

« Buvons à nos femmes, à nos chevaux, et à ceux qui les montent. »3322

Jacques CHIRAC (1932-2019), cité dans Marianne n° 184 (mars 2012)

Politiquement incorrect, assez macho et un peu cavalier - la source est d’ailleurs dans la tradition de la cavalerie. Mais il n’y a que Chirac pour oser, et afficher cette image publique, voire présidentielle.

Un florilège fait la joie des bêtisiers politiques et des collectionneurs de perles. C’est du Chirac nature, caricature prise sur le vif. Un humoriste en scène pourrait les tester : « Portez des couleurs plus vives, faites-vous sponsoriser par les grands couturiers, soyez bronzés, n’ayez pas l’air de cadavres. » Conseil du président aux ambassadeurs, août 1996.

Le candidat s’est lâché plus librement encore : « J’apprécie plus le pain, le pâté, le saucisson que les limitations de vitesse » (L’Auto-Journal, 1er août 1977).

« Bien sur que je suis de gauche ! Je mange de la choucroute et je bois de la biere » (Libération, 17 Février 1995) (…)

« Le contact humain est le véhicule essentiel de la démocratie. »3323

Jacques CHIRAC (1932-2019), Conférence de presse à Rio de Janeiro, 29 juin 1999

Pompidou et Giscard d’Estaing, Mitterrand et Sarkozy seront plus ou moins contraints au bain de foule, obligés de serrer des mains, d’aller, physiquement, au contact du peuple qui les a élus. Seul Chirac y prend véritablement plaisir. Même en vacances, même à la retraite, il en a besoin. Et ça ne se passe pas en voiture, la protection policière n’est pas omniprésente (…)

Le Salon de l’agriculture est une autre étape très attendue. Il y bat des records de durée, il arpente les allées, partage le boire et le manger à tous les stands prévus ou pas, et ce Corrézien de Paris sait comme personne « caresser le cul des vaches » (…)

« Telle est la vraie nature de Jacques Chirac : c’est un ogre. Il engloutit tout avec la même gloutonnerie. Les hommes, les femmes, les idées, les kilomètres, les amours, les défaites ou les plats canailles. »3324

Franz-Olivier GIESBERT (né en 1949), La Tragédie du président, Scènes de la vie politique, 1986-2006 (2006)

Cette biographie sans complaisance, datée de la fin du règne, dramatise la situation et le personnage, vu comme « un grand brûlé de la politique ». C’est une version plus sombre, avec cette chute : « Tout, dans sa vie, est rythmé par le même cycle : ingestion, digestion, rejet. Il ne garde rien. Même pas ses amis. »

La raison est simple, elle tient en deux mots de Chirac : « Le monde politique est une jungle », et « Il ne faut jamais blesser une bête, on la caresse ou on la tue. » Et l’homme est de la race des grands fauves (…)

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