Charles IX : « La messe ou la mort. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Guerres de Religon (suite). La Saint-Barthélemy et Charles IX, victime collatérale du massacre.

Charles IX a suivi la politique de sa mère, Catherine de Médicis qui n’avait plus qu’une obsession, assurer l’autorité de ses fils. C’est lui qui a donné l’ordre de tuer. Il meurt à 23 ans, miné par le remords (et par la tuberculose familiale). Henri III, le fils préféré, va prendre sa place, dans un pays en pleine guerre civile.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« La messe ou la mort. »530

CHARLES IX (1550-1574), à Condé, le 24 août 1572. Précis de l’histoire de France jusqu’à la Révolution française (1833), Jules Michelet

(…) Il est mené devant le roi qui jure « par la mort Dieu » : il n’hésitera pas à faire tomber sa tête, s’il ne se convertit pas (…) Il va abjurer, comme le futur Henri IV et pour la même raison. La vie vaut bien une messe (…) « La messe ou la mort » va devenir un mot d’ordre (…) Chaque Parisien se croit dépositaire de la justice divine, devant chaque huguenot fatalement coupable (…)

« La haine et le fanatisme ne trouveront pas d’obstacle auprès de moi. Dieu seul est ma défense ! »531

Michel de l’HOSPITAL (vers 1504-1573) (…)

Après l’échec de sa politique de conciliation, l’ancien chancelier vit retiré dans ses terres à Vignay (en Île-de-France). Il a ouvert les portes de son château à une foule survoltée. Assiégé par des catholiques fanatiques, il refuse de se défendre par la force et manque d’être une des victimes de la Saint-Barthélemy, qui dégénère en nouvelle guerre civile.

« Tout ce qui est advenu dans Paris a été fait non seulement par mon propre consentement, mais par mon commandement et de mon propre mouvement. »532

CHARLES IX (1550-1574), Déclaration au Parlement de Paris convoqué le 26 août (…)

Au lendemain de la Saint-Barthélemy, le roi s’exprime publiquement. Mais nul n’ignore l’influence de Catherine de Médicis sur son fils.

« Chargez de la justification de cette action ceux qui vous ont donné le conseil de la commettre. »533

Bertrand de SALIGNAC de La MOTHE-FÉNELON (1510-1599), à Charles IX (…)

Envoyé en ambassade auprès d’Élisabeth Ire d’Angleterre, il fait cette réponse au roi, le priant de donner à la reine (protestante) une justification de la Saint-Barthélemy, peu de jours après le massacre. La tuerie continue en province jusqu’en octobre 1572 : quelque 10 000 réformés en sont victimes (…) Les deux camps se déchirent, dans cette quatrième guerre de Religion (1572-1573) (…)

« L’État s’est crevassé et ébranlé depuis la journée de la Saint-Barthélemy, depuis que la foi du prince envers le sujet et du sujet envers le prince, qui est le seul ciment qui entretient les États en union, s’est si outrageusement démentie. »534

Philippe DUPLESSIS-MORNAY (1549-1623), Mémoires et correspondance de Duplessis-Mornay (…)

Parole de chef calviniste, mais très juste analyse de la situation. Le massacre étendu à toute la France creuse un fossé entre le pouvoir royal et les protestants, et provoque une crise de la foi monarchique : à la mort de Charles IX, le nouveau roi héritera d’une situation délicate et Catherine de Médicis est impuissante à dédramatiser le règne de ses fils (…)

« Périsse le souvenir de ce jour ! »535

Michel de l’HOSPITAL (vers 1504-1573), évoquant la Saint-Barthélemy (…)

Cité comme un « cri de honte et de douleur que tous les vrais Français répétèrent ». Le souvenir vivra à jamais dans l’histoire de France, mais ce drame eut au moins un effet positif : un tiers parti va naître, celui des Malcontents, des Politiques, esprits modérés, catholiques aussi bien que protestants, soucieux avant tout de sauver le pays, préparant à terme l’avènement d’Henri IV et la paix.

« Vous devez louer Dieu, si prenez cette ville, de vous avoir fait la grâce d’être le restaurateur et conservateur du royaume et qu’à l’âge de vingt et un ans vous avez plus fait qu’homme, pour grand capitaine qu’il ait été, ait jamais fait. »536

CATHERINE DE MÉDICIS (1519-1589), à son fils Henri duc d’Anjou, lettre du 15 avril 1573

Le futur Henri III (…) n’aura pas la même chance devant La Rochelle dont il fait le siège avec les troupes royales, en mars 1573. Six mois ne feront pas céder le grand port tenu par les protestants, et la paix de La Rochelle (1er juillet 1573) leur donne quelques satisfactions.

« En France, il ne peut exister deux rois. Mon frère, il est nécessaire que vous quittiez mon royaume pour chercher une autre couronne ; quant à moi, j’ai déjà l’âge de me gouverner. »537

CHARLES IX (1550-1574), à son frère Henri duc d’Anjou. Catherine de Médicis présente à Charles IX son royaume (1937), Pierre Champion

Le roi de France n’aime guère ce frère, brillant à la guerre et fils préféré de leur mère. La monarchie étant devenue élective en Pologne, elle a intrigué pour lui faire avoir cette couronne en mai 1573. Le futur Henri III préférerait rester en France et gouverner de loin sa Pologne, mais Charles IX semble trop heureux de cette raison pour le voir partir.

« Charles IX, près de sa fin, restant longtemps sans sonner mot, dit en se tournant, comme s’il se fût réveillé :
— Appelez-moi mon frère !
La reine mère envoie chercher le duc d’Alençon.
— Non, madame, je veux le roi de Navarre ; c’est celui-là qui est mon frère. »538

CHARLES IX (1550-1574), sur son lit de mort au château de Vincennes, le 30 mai 1574. Mot de la fin. Histoire de France au seizième siècle, La Ligue et Henri IV (1856), Jules Michelet

Il préfère son beau-frère Henri de Navarre – le mari qu’il a voulu pour sa sœur la reine Margot – à son frère de sang, le duc d’Alençon, quatrième fils de Catherine de Médicis, atteint du même mal qui emporte le jeune roi, deux ans après la Saint-Barthélemy.

« Bien qu’il meure en jeunesse, il a beaucoup vécu.
Si sa Royauté fut de peu d’âge suivie,
L’âge ne sert de rien, les gestes font la vie. »539

Pierre de RONSARD (1524-1585), Le Tombeau du feu Roi Très Chrétien Charles IX - épitaphe

Dernière victime de la Saint-Barthélemy, le roi meurt un mois avant ses 24 ans, le 30 mai 1574. La tuberculose familiale fait des ravages chez les fils de Catherine de Médicis, mais le remords d’avoir donné l’ordre du massacre (qui lui fut arraché par sa mère) hanta les jours et les nuits du jeune roi et hâta sa fin.

« France et vous valent mieux que Pologne. »540

HENRI III (1551-1589), Lettre à Catherine de Médicis, 22 juin 1574

Élu roi de Pologne en 1573 grâce aux intrigues maternelles, il rentre avec joie au pays natal, auprès de cette mère dont il est sans conteste le fils préféré. Elle a mis tous ses espoirs en lui, le faisant siéger aux États généraux à 7 ans aux côtés de son frère Charles IX qui en était jaloux, et nommer lieutenant général du royaume à 16 ans (…)

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