Chateaubriand : « La Révolution m’aurait entraîné, si elle n’eût débuté par des crimes... » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Révolution

Assemblée constituante (suite)

14 juillet, symbole et réalité.

Le fort de la Bastille, symbole historique de l’absolutisme royal, mais prison quasiment vide, est pris le 14 juillet 1789. La Fayette, nommé commandant de la garde nationale, crée la cocarde tricolore le 15. Le sang coule à Paris, à deux reprises.

Qui pouvait deviner la portée de ces événements ? De grands noms témoignent et le peuple (anonyme) chante.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« La Révolution m’aurait entraîné, si elle n’eût débuté par des crimes : je vis la première tête portée au bout d’une pique et je reculai. »1329

François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume)

La tête « au bout d’une pique » est un classique de l’horreur révolutionnaire (…) Représentatif de sa classe, il écrit aussi : « Jamais le meurtre ne sera à mes yeux un objet d’admiration et un argument de liberté ; je ne connais rien de plus servile, de plus méprisable, de plus lâche, de plus borné qu’un terroriste. »

« Le bourgeois et le marchand
Marchent à la Bastille
Et ran plan plan […]
Sortez de vos cachots funèbres
Victimes d’un joug détesté
Voyez à travers les ténèbres
Les rayons de la Liberté ! »1330

La Prise de la Bastille (1790), chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Une chanson vaudeville, genre en vogue à la fin du XVIIIe siècle. L’événement se joue en deux actes : « Départ pour le siège », puis « Délivrance des captifs ». Style typique de l’époque. Les « victimes d’un joug détesté », ce sont les prisonniers libérés. L’inventaire est dérisoire. Ils sont sept (…) À quelques jours près, on trouvait le marquis de Sade – transféré à Charenton.

« 14, rien. »1331

LOUIS XVI (1754-1793), note ces deux mots dans son carnet avant de se coucher, château de Versailles, le soir du 14 juillet 1789

L’histoire lui a beaucoup reproché cette indifférence à l’événement, mais il faut préciser à sa décharge que le fameux carnet consigne surtout ses tableaux de chasse (…) La forteresse est avant tout le symbole de l’absolutisme royal : la révolution parlementaire est devenue soudain populaire et parisienne (…) Ce jour n’est pas l’origine de notre fête nationale. Il faut attendre l’année suivante, la Fête de la Fédération.

« En temps de révolution, prenez garde à la première tête qui tombe. Elle met le peuple en appétit. »1332

Victor HUGO (1802-1885), Le Dernier Jour d’un condamné (1829)

Bilan du 14 juillet 1789 : une centaine de morts et un peu plus de blessés, essentiellement chez les assaillants (au nombre de 800 à 3 000, selon les sources). Mais Hugo a raison : le peuple est parti dans une escalade de la violence, et les meneurs parlent toujours plus fort que les modérateurs.

« Mais c’est une révolte ?
— Non, Sire, c’est une révolution ! »1333

Réponse du duc de LA ROCHEFOUCAULD-LIANCOURT (1747-1827), à Louis XVI (1754-1793), réveillé le soir du 14 juillet, à Versailles. Petite histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours (1883), Victor Duruy

Le grand maître de la garde-robe s’est permis de se manifester dans la nuit, pour informer le roi que la Bastille est prise et le gouverneur assassiné. Mieux que son maître, il a compris l’importance symbolique du fait. Et ce bref dialogue résume bien la situation.

« Le silence des peuples est la leçon des rois. »1334

MIRABEAU (1749-1791), Constituante, Versailles, 15 juillet 1789

Louis XVI est attendu et Mirabeau demande à l’assemblée (…) de s’abstenir de toute marque d’improbation (…) Tel est encore le prestige du roi qu’il retourne la situation (…) Il se fait acclamer par ces députés majoritairement modérés : monarchistes (conservateurs) ou monarchiens (partisans d’une monarchie constitutionnelle).

« Je retourne en France en victime de l’estime dont on m’honore […] Il me semble que je vais rentrer dans le gouffre. »1335

Jacques NECKER (1732-1804). Manuscrits de M. Necker publiés par sa fille (1804), Jacques Necker, Mme de Staël

Rappelé par le roi le 16 juillet, il va en effet accepter de reprendre un pouvoir impossible à assumer : situation économique et financière déplorable, contexte politique et social explosif. Cet homme honnête et sage en est douloureusement conscient.

« Voici une cocarde qui fera le tour du monde. »1336

LA FAYETTE (1757-1834), 17 juillet 1789. Petite histoire de France depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours (1883), Victor Duruy

Nommé le 15 juillet commandant de la garde nationale, il prend la cocarde bleue et rouge aux couleurs de Paris, y joint le blanc, couleur du roi, et présente cette cocarde tricolore à Louis XVI, venu « faire amende honorable » à l’Hôtel de Ville de Paris. Le roi met la cocarde à son chapeau (…) et reconnaît symboliquement la Révolution.

« Dans le nouveau monde, Monsieur de La Fayette a contribué à la formation d’une société nouvelle ; dans le monde ancien, à la destruction d’une vieille société. »1337

François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume)

Dans le « nouveau monde », rappelons le rôle du « Héros des deux mondes » : à 19 ans, il s’est engagé dans la guerre d’Indépendance des « Insurgents » contre l’Angleterre (…) Le Congrès des jeunes États-Unis l’a fait citoyen d’honneur (…) Dans le « monde ancien », la France des Lumières y a gagné un allié, pour les siècles à venir.

« Ennemis de la France,
Votre règne est passé ;
Le temps de la vengeance
Est enfin arrivé.
À de Launay, Flesselles,
À Berthier et Foullon,
On met une ficelle
Au-dessous du menton. »1338

La Prise de la Bastille, refrain (1790), chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

(…) Allusion à deux faits. La prise du fort le 14 juillet 1789, avec le massacre de son gouverneur, de Launay, et de Flesselles, prévôt des marchands, qui s’opposèrent aux émeutiers. Et le 22 juillet, l’assassinat de Foullon, intendant des Finances (…) avec son gendre Berthier de Sauvigny (…) accusé de spéculation sur les grains.

« On veut nous attendrir, Messieurs, en faveur du sang qui a été versé hier à Paris : ce sang était-il donc si pur ? »1339

Antoine BARNAVE (1761-1793), Constituante, 23 juillet 1789 (…)

Avocat et député du tiers, emporté dans son élan, il a ce mot malheureux au lendemain du massacre de Foullon et Berthier – dans des conditions de sauvagerie extrême (…) Mais le député exprime une idée courante à l’époque : les violences de la Révolution en marche sont justifiées par celles de l’Ancien Régime en déclin (…)

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