Chateaubriand : « Les Conventionnels […] faisaient couper le cou à leurs voisins avec une extrême sensibilité... »

Voici la Révolution en (sou)riant, une histoire vécue ou commentée par ses acteurs et ses témoins. Les talents se bousculent, la censure est abolie.

Même sous la Terreur, l’humour de droite existe, fatalement critique. L’humour involontaire ou pince-sans-rire, plutôt de gauche, s’apprécie avec le recul du temps. Quant aux chansons, c’est toujours la voix du peuple plus en verve que jamais.

1. L’humour critique, quasi exclusivité de la droite.

Pour critiquer la Révolution qui met fin à l’Ancien Régime, l’humour se trouve naturellement à droite de l’échiquier politique - à gauche, la passion l’emporte, et au centre, la perplexité.

« Les Conventionnels […] faisaient couper le cou à leurs voisins avec une extrême sensibilité, pour le plus grand bonheur de l’espèce humaine. »1573

François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume)

Le premier grand romantique du XIXe siècle a pris ses distances avec la Révolution, dès le 14 juillet : « La Révolution m’aurait entraîné, si elle n’eût débuté par des crimes : je vis la première tête portée au bout d’une pique et je reculai. »

Bien avant la guillotine pas encore en fonction, la tête « au bout d’une pique » est un classique de l’horreur révolutionnaire. La « première tête » peut être celle du gouverneur de la Bastille, de Launay, massacré par le peuple le 14 juillet, lors de la prise du fort. Chateaubriand, 21 ans, réformé de l’armée, hésitant sur sa vocation, s’est essayé à la vie politique au début de l’année, en participant aux États de Bretagne (assemblée provinciale). Présent à Paris en juillet, il est choqué par cette violence « cannibale ».

Représentatif de sa classe, il écrit aussi : « Jamais le meurtre ne sera à mes yeux un objet d’admiration et un argument de liberté ; je ne connais rien de plus servile, de plus méprisable, de plus lâche, de plus borné qu’un terroriste. »

Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.

« Il y a deux vérités qu’il ne faut jamais séparer, en ce monde : 1° que la souveraineté réside dans le peuple ; 2° que le peuple ne doit jamais l’exercer. »1275

RIVAROL en 1789

Témoin précieux. Cœur à droite, homme d’ordre, monarchiste mais pas extrémiste, il aurait pu dire : « Oui à la Constitution, non à la chienlit. »

« L’histoire du neuf Thermidor n’est pas longue : quelques scélérats qui firent périr quelques scélérats. »1607

De MAISTRE

Théoricien majeur de la pensée contre-révolutionnaire, ennemi des Lumières, émigré en 1793, il rejette en bloc la Révolution.

« Des sottises faites par des gens habiles ; des extravagances dites par des gens d’esprit ; des crimes commis par d’honnêtes gens… Voilà les révolutions. »1628

De BONALD

Défenseur de la monarchie et du catholicisme aussi résolu que de Maistre, autre grand pourfendeur de l’athéisme et de la démocratie.

« Commémorer la Révolution française est un peu comme célébrer le jour où on a attrapé la scarlatine. »1630

DAUDET (Léon, fils d’Alphonse Daudet)

Journaliste, écrivain et député de droite, collaborateur de Maurras à l’Action française sous la Troisième République.