Seconde Guerre Mondiale
Pétain liquide la République
Pétain établit sa capitale provisoire à Vichy, en juillet. Chef de l’État français qui n’est plus une République, il a reçu les pleins pouvoirs des Chambres qui voient en lui le seul recours - la majorité des Français pensent de même. Il tente d’assainir le terrain moral et d’établir un ordre nouveau fondé sur la trilogie « travail, famille, patrie ».
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Le gouvernement de Sa Majesté reconnaît le général de Gaulle comme chef de tous les Français libres, où qu’ils se trouvent, qui se rallient à lui pour la défense de la cause alliée. »2761
Sir Winston CHURCHILL (1874-1965), Déclaration du 28 juin 1940, communiqué publié dans la presse anglaise le même jour. Histoire politique de la Troisième République : la course vers l’abîme, volume VII (1967), Georges Bonnefous
Seule nation encore en guerre, la Grande-Bretagne est la première à cautionner l’action de ce général, d’ailleurs ramené au grade de colonel et mis à la retraite par mesure disciplinaire le 24 juin, qui dit être la France, alors qu’il est encore bien seul ! (…)
« La légitimité est le mot clé des époques difficiles. »2762
Michel DEBRÉ (1912-1996), Ces princes qui nous gouvernent (1957)
Inconditionnel du général de Gaulle comme Malraux, et résistant de la première heure, Debré comprend et partage le souci du général de refaire une France dans les règles du droit (…)
« C’est sous le triple signe du Travail, de la Famille et de la Patrie que nous devons aller vers l’ordre nouveau. »2763
Pierre LAVAL (1883-1945), « Réunion d’information » des députés, 8 juillet 1940. Soixante jours qui ébranlèrent l’Occident (1956), Jacques Benoist-Méchin
(…) On travaille à réviser la Constitution : le slogan trinitaire hérité de la Révolution de 1789 – Liberté, Égalité, Fraternité – est trop républicain et remplacé par cette autre trilogie : Travail, Famille, Patrie. Tout l’esprit de révolution nationale du régime de Vichy est dans ces mots et la loi constitutionnelle du 10 juillet en prend acte : « Cette Constitution doit garantir les droits du travail, de la famille et de la patrie. »
« Autour de M. le maréchal Pétain, dans la vénération que son nom inspire à tous, notre nation est groupée dans sa détresse. Prenons garde de ne pas troubler l’accord qui s’est ainsi établi sous son autorité. »2764
Édouard HERRIOT (1872-1957), Assemblée nationale, Casino de Vichy, 10 juillet 1940. Pétain, face à l’histoire (2000), Jacques Le Groignec
Le président de la Chambre des députés parle solennellement devant l’Assemblée nationale (Chambre et Sénat réunis). La révision de la Constitution est votée par 569 voix contre 80 et 18 abstentions.
En fait, on liquide la Troisième République, pour donner les pleins pouvoirs exécutifs et législatifs au maréchal Pétain. Comme en 1815, comme en 1871, la défaite a entraîné l’écroulement du régime (…)
« Seul, le maréchal peut réaliser l’union de la France, c’est un drapeau, un drapeau un peu taché, un peu souillé, mais c’est un drapeau tout de même. »2765
Général WEYGAND (1867-1965), à Stanislas Mangin venu lui demander de se rallier aux Forces françaises libres (FFL), été 1940. Tout est bien (1989), Roger Stéphane
Weygand daubait sur « Vichy qui se roule dans la défaite comme un chien dans la merde ». Pourtant, pas question pour l’ex-chef d’état-major français de se rallier à un mouvement né et entretenu à l’étranger avec de Gaulle.
La « perfide Albion » est encore plus haïe, par une France traditionnellement anglophobe, depuis le torpillage de la flotte française au mouillage dans la baie d’Oran, à Mers el-Kébir, le 3 juillet 1940 – pour éviter que la marine française passe à l’ennemi, plus de 1 300 marins étant tués dans l’attaque de la Royal Navy (…)
« Puisque ceux qui avaient le devoir de manier l’épée de la France l’ont laissé tomber brisée, moi, j’ai ramassé le tronçon du glaive. »2766
Charles de GAULLE (1890-1970), Allocution à la BBC, 13 juillet 1940. Mémoires de guerre, tome I, L’Appel, 1940-1942 (1954), Charles de Gaulle
(…) Le lendemain, 14 juillet, il n’y a pas de défilé militaire dans Paris occupé, alors que défilent à Londres les premiers « Français libres » (engagés dans les FFL, Forces françaises libres) : première manifestation officielle et symbolique, le général de Gaulle passe en revue 800 soldats. Ses effectifs sont alors d’environ 3 000 hommes.
« La France a perdu une bataille ! Mais la France n’a pas perdu la guerre ! »2767
Charles de GAULLE (1890-1970), Affiche placardée sur les murs de Londres le 3 août 1940. La France n’a pas perdu la guerre : discours et messages (1944), Charles de Gaulle
Cette phrase célèbre ne figure pas, comme on le dit parfois, dans l’Appel du 18 juin. Elle est l’attaque d’une proclamation rédigée sans doute le même jour, mais affichée le mois suivant dans la capitale du seul pays qui continue la lutte (…)
« Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine
Et malgré tout nous resterons Français,
Vous avez pu germaniser la plaine,
Mais notre cœur, vous ne l’aurez jamais. »2768Gaston VILLEMER (1840-1892), paroles, et Ben TAYOUX (1840-1918), musique, Alsace Lorraine, chanson. Mémoires et Antimémoires littéraires au XXe siècle (2008), Annamaria Laserra, Nicole Leclercq, Marc Quaghebeur
Cette chanson, créée en 1873 et dédiée aux villes de Strasbourg et de Metz, est reprise par les patriotes français en 1940, quand les Allemands annexent les trois départements martyrs (Haut Rhin, Bas-Rhin, Moselle), en fait le 24 juillet 1940, et officiellement le 30 novembre.
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