Citations référentielles : le miroir de l’Histoire (Gaule, Moyen Âge, Renaissance et guerres de Religion) | L’Histoire en citations
Édito de la semaine

Les citations « référentielles » (inspirées du système des coordonnées en physique) renvoient à un personnage, un événement, une théorie ou une opinion, voire une autre citation en effet miroir. Bref, à tout ce qui fait date et sens dans notre histoire où le récit national côtoie parfois le roman.

Elles se présentent sous diverses formes : slogans, appels, discours, chansons, épitaphes, textes de loi, presse (titres ou extraits d’articles), poèmes, chroniques, mémoires, lettres, pamphlets et autres sources. À la limite, toutes les bonnes citations ont vocation à devenir référentielles, si elles trouvent écho au-delà de leur époque pour devenir patrimoniales.

Elles démontrent que l’Histoire de France a vocation pour servir de référence - jamais assez, jamais trop - étant notre lien, notre identité, en même temps que l’indispensable recul pour juger de l’actualité politique.

Elles doivent être contextualisées, commentées – ça tombe bien, telle est la règle de notre Histoire en citations dont elles sont toutes tirées.

La chronologie s’impose au fil de cet édito en 10 épisodes (et 23 époques) qui renvoient aux Chroniques, de la Gaule à nos jours.

Pour chaque époque, la citation la plus emblématique se retrouve en exergue.

GAULE

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« Quand nous ne formerons en Gaule qu’une seule volonté, le monde entier ne pourra nous résister. »22

VERCINGÉTORIX (vers 72-46 av. J.C.), à ses troupes, mai 52 av. J.C., à Gergovie. La Gaule (1947), Ferdinand Lot

Les tribus gauloises, victimes de leur désunion, viennent d’élire ce jeune noble, chef suprême d’une coalition contre les Romains qui se veulent maîtres de l’Europe. Quand César marche vers la Loire, Vercingétorix ordonne de brûler tous les villages pour affamer l’ennemi. Mais on ne peut se résoudre à incendier Avaricum (Bourges), seule grande et belle ville de Gaule, puissamment fortifiée. Après deux mois de résistance, elle tombera, le 20 avril. Dans sa Guerre des Gaules, César parle de 40 000 morts – il a décuplé le chiffre. Mais il note, en bon observateur : « Si l’adversité diminue d’habitude l’autorité des chefs, elle grandit de jour en jour le prestige de Vercingétorix. »

Le mois suivant, le Gaulois remporte la plus grande victoire de sa courte carrière : Gergovie (près de Clermont-Ferrand). César doit lever le siège, minorant ses pertes à 700 légionnaires. Les statistiques truquées nourrissent la légende ou la propagande, et l’histoire de Vercingétorix nous est surtout connue par le récit de son adversaire, César.

« La Gaule avait été fermée et fortifiée par la nature avec un art véritable. »1

Flavius JOSÈPHE (37-100), Guerres des Juifs

La constatation de cet historien juif du Ier siècle se retrouve chez son confrère latin Ammien Marcellin au ive siècle. Mais fleuves et montagnes ne sont pas infranchissables ! La Gaule (lointain ancêtre de la France) a périodiquement subi des vagues d’invasions, profitant par ailleurs d’une exceptionnelle diversité de peuplements et de civilisations. Il faut attendre le Moyen Âge pour que le pays acquière un territoire à peu près hexagonal, en même temps que sa cohésion, sa conscience nationale et, plus tard, une notion précise de la frontière.

Cette première citation vaut référence pour la fameuse « théorie des frontières naturelles » – selon laquelle Rhin, Alpes et Pyrénées doivent former les limites continentales de la France, Océan et Méditerranée complétant l’hexagone. Elle existe à l’état latent dans la politique des rois de l’Ancien Régime, même si les historiens sont partagés sur ce point. Elle explose sous la Révolution où « les armées victorieuses reculent les limites jusqu’aux barrières que la nature nous a données » (Carnot), avant que Napoléon ne franchisse les bornes, jusqu’à vouloir conquérir l’Angleterre et la Russie !

« C’est une race [les Gaulois] d’une extrême ingéniosité, et ils ont de singulières aptitudes à imiter ce qu’ils voient faire. »9

Jules CÉSAR (101-44 av. J.-C.), Commentaires de la guerre des Gaules

Ils ne connaissent pas de civilisation urbaine et vivent en tribus, mais les Gaulois sont de remarquables éleveurs et agriculteurs qui savent « engraisser la terre par la terre » (assolement et alternances de céréales riches et pauvres) au grand étonnement des Romains. Ils exportent jusqu’à Rome foies gras, jambons et autres charcuteries. Leurs tissages et leurs cuirs sont de qualité, comme leurs bijoux et leurs bronzes. Ils auraient même inventé le savon (fait de cendre végétale mélangée au suif).

Pour être conquérant, César n’en fut pas moins sensible au génie gaulois. Dans ses Commentarii de bello gallico, il se révèle remarquable historien et styliste. À partir du IXe siècle, les éditions et traductions de ce grand texte bientôt titré Guerre des Gaules se multiplient.

« Ces gens-là [les Gaulois] changent facilement d’avis et sont presque toujours séduits par ce qui est nouveau. »10

Jules CÉSAR (101-44 av. J.-C.), Commentaires de la guerre des Gaules

Grand fond de vérité dans cette constatation. Richelieu, au XVIIe siècle, évoquera souvent cette « légèreté » propre aux Français. Mais ce sera pour s’en plaindre.

« Et le Christ ?
— C’est un anarchiste qui a réussi. C’est le seul. »11

André MALRAUX (1901-1976), L’Espoir (1937)

La plus audacieuse des citations référentielles, signée d’un personnage marquant du XXe siècle. Sous le règne de Tibère vit en Galilée un homme dont les enseignements vont bouleverser l’histoire du monde. De sa mort sur la croix va naître une religion qui lentement s’étendra sur l’Empire.
Pour les Romains, les premiers chrétiens ne sont qu’une secte juive dont le fondateur passe pour un agitateur politique. Pour les chrétiens, il est Dieu, fils de Dieu, ce Dieu étant un dieu unique, comme celui qu’adorent les juifs.

La réussite de l’« anarchiste » qui termina sa vie comme un criminel mis en croix entre deux « larrons » est due à ses disciples, particulièrement Paul de Tarse qui fera du message de Jésus une religion à vocation universelle. La Gaule sera tardivement acquise : l’évangélisation des villes, puis des campagnes, ne se fera qu’au IVe siècle, le christianisme devenant religion d’État en 391. La France sera la « fille aînée de l’Église » du baptême de Clovis (496) jusqu’à la loi de Séparation des Églises et de l’État (1905).

« Là où Attila a passé, l’herbe ne repousse plus. »12

Adage symbolisant la sauvagerie des Huns. Histoire des Francs (première impression française au XVIe siècle), Grégoire de Tours

Ce mot recueilli par Grégoire de Tours un siècle et demi après l’invasion des Huns (en 451) montre que la mémoire était encore vive en Gaule de ces barbares et de leur chef, Attila surnommé Fléau de Dieu. Beaucoup de chroniqueurs s’inspireront de ses Dix livres d’histoire (titre originel de sa somme historique), ce qui contribue à renforcer le mythe d’Attila.

« Quand nous ne formerons en Gaule qu’une seule volonté, le monde entier ne pourra nous résister. »22

VERCINGÉTORIX (vers 82-46 av. J.-C.), à ses troupes, mai 52 av. J.-C., à Gergovie. La Gaule (1947), Ferdinand Lot

Mythe ou réalité dans un pays souvent divisé à divers titres, cette citation référentielle renvoie déjà à l’union nationale, véritable leitmotiv de la politique française à partir de la Troisième République.

Les tribus gauloises victimes de leur désunion au Ier siècle av. J.-C. viennent d’élire un jeune noble, Vercingétorix, chef suprême d’une coalition contre les Romains qui se veulent maîtres de l’Europe. Quand César marche vers la Loire, Vercingétorix ordonne de brûler tous les villages pour affamer l’ennemi. Mais on ne peut se résoudre à incendier Avaricum (Bourges), seule grande et belle ville de Gaule, puissamment fortifiée. Après deux mois de résistance, elle tombera, le 20 avril. Dans sa Guerre des Gaules, César parle de 40 000 morts – il a décuplé le chiffre. Mais en bon observateur, il note : « Si l’adversité diminue d’habitude l’autorité des chefs, elle grandit de jour en jour le prestige de Vercingétorix. »

Le mois suivant, le Gaulois remporte la plus grande victoire de sa courte carrière : Gergovie (près de Clermont-Ferrand). César doit lever le siège, minorant ses pertes à 700 légionnaires. Les statistiques truquées nourrissent la légende (ou la propagande) et l’histoire de Vercingétorix nous est surtout connue par le récit de son adversaire.

« Prends-les ! Je suis brave, mais tu es plus brave encore, et tu m’as vaincu. »23

VERCINGÉTORIX (vers 82-46 av. J.-C.), jetant ses armes aux pieds de César, fin septembre 52 av. J.-C., à Alésia. Abrégé de l’histoire romaine depuis Romulus jusqu’à Auguste, Florus

Ces mots du vaincu rapportés par le vainqueur servent d’épilogue à la brève épopée du guerrier gaulois face au plus illustre des généraux romains.

Grand stratège, César est parvenu à enfermer Vercingétorix et son armée à Alésia (en Bourgogne). L’armée de secours, mal préparée, est mise en pièces par César qui exagère encore les chiffres : 246 000 morts chez les Gaulois, dont 8 000 cavaliers. Vercingétorix juge la résistance inutile et se rend pour épargner la vie de ses hommes – quelque 50 000, mourant de faim après quarante jours de siège.

La chute d’Alésia marque la fin de la guerre des Gaules et l’achèvement de la conquête romaine. Mais le mythe demeure bien vivant, en France : redécouvert par les historiens au XIXe siècle et popularisé jusque dans la bande dessinée, Vercingétorix est notre premier héros national.

« Ces théâtres, ces cirques, ces aqueducs, ces voies que nous admirons encore sont le durable symbole de la civilisation fondée par les Romains, la justification de leur conquête de la Gaule. »29

Jules MICHELET (1798-1874), Histoire de France, tome I (1835)

La Gaule romanisée s’est couverte de superbes monuments qui ont aussi leur utilité. Les thermes, les aqueducs et les égouts apportent le raffinement de l’eau courante. Le réseau routier rend le commerce florissant, la production de blé augmente, la culture de la vigne se développe - le vin remplace la bière, jusqu’alors boisson nationale des Gaulois. L’essor économique général enrichit le Trésor public : politique d’urbanisme et politique sociale en bénéficient. La Gaule romaine fut une Gaule heureuse. Exemple rare d’une colonisation réussie, elle confère à la citation de Michelet une valeur référentielle.

MOYEN ÂGE

« Dieu premier servi. »339

JEANNE d’ARC (1412-1431), devise. Jeanne d’Arc : le pouvoir et l’innocence (1988), Pierre Moinot

Ni l’Église, ni le roi, ni la France, ni rien ni personne d’autre ne passe avant Lui, « Messire Dieu », le « roi du Ciel », le « roi des Cieux », obsessionnellement invoqué ou évoqué par Jeanne, aux moments les plus glorieux ou les plus sombres de sa vie. C’est la raison même de sa passion, cette foi forte et fragile, à l’image du personnage.

« Tout lui réussissait, parce qu’il marchait le cœur droit devant Dieu. »60

GRÉGOIRE de TOURS (538-594), Histoire des Francs (Historia Francorum)

Surnommé « le père de l’histoire de France », il parle en historien, mais juge aussi en évêque. La religion imprègne sa vie, de même qu’elle marque fortement toute l’époque médiévale – soit dix siècles.

Roi converti par la grâce de Dieu et l’habileté de sa femme Clotilde (future sainte), Clovis l’ex païen se montre assez ardent dans sa nouvelle religion pour que l’évêque de Tours fasse ainsi l’éloge de l’ancien barbare.

« Charles, savant, modeste, […] maître du monde, bien-aimé du peuple […], sommet de l’Europe […] est en train de tracer les murs de la Rome nouvelle. »70

ANGILBERT (vers 740-814) parlant de Charlemagne en 799. Encyclopædia Universalis, article « Europe »

Poète et historien, ministre, conseiller et ami de Charlemagne, Angilbert épousera en secret sa sœur Berthe (sa fille selon d’autres sources) et se retirera dans un monastère où elle le suivra. Il finira saint. C’est l’un des principaux acteurs de cette Renaissance culturelle.

La « Rome nouvelle » désigne ici l’Empire d’Occident reconstitué, soit en gros ce qui deviendra bien plus tard les six premiers pays du Marché commun, ancêtre de l’Union européenne. Cette référence fascinera les siècles à venir

Charlemagne, béni et sacré par le pape en 800, exerce sur ce vaste territoire une influence personnelle en tout domaine. Mais son empire ne restaure qu’en apparence l’Empire romain. Gouverné d’Aix-la-Chapelle, c’est une entité politique hétérogène, appuyée sur le christianisme et sur l’équilibre des forces. La suite de l’histoire montre sa fragilité.

« Il fut jaloux et amoureux de la foi chrétienne dès les premiers jours de sa jeunesse ; il prit le signe de la croix […] et le cousit à ses épaules pour délivrer le sépulcre, et puis souffrit peines et travail pour Notre Seigneur. »143

Grandes Chroniques de France, Éloge funèbre de Philippe Auguste (1223)

Allusion à la participation du roi Philippe Auguste à la troisième croisade en 1189 et à la prise de Saint-Jean-d’Acre en Terre sainte. « La folie des croisades est ce qui a le plus honoré la raison humaine. » écrira Léon Bloy en 1897  (La Femme pauvre). Catholique ardent, visionnaire et mystique, il encense les croisades. De son côté, Nietzsche les qualifie d’« entreprises de haute piraterie ».

« Jamais ne vis si beau chevalier sous les armes, car il dominait toute sa suite des épaules, son heaume doré sur le chef, son épée en la main. »150

Jean de JOINVILLE (vers 1224-1317), Le Livre des saintes paroles et des bons faits de notre saint roi Louis

Autre roi croisé, assurément le plus populaire du Moyen Âge. Joinville accompagne Louis IX en Égypte, lors de la septième croisade (1248). Il admire ici le guerrier - à la bataille de Mansourah en 1250.

Bien plus tard, à la demande de la reine Jeanne (femme de Philippe le Bel), il dictera cette histoire de Saint Louis (achevée en 1309), personnage référentiel dans un récit national qui a aussi valeur de roman, dans ces temps lointains.

« Maintes fois il lui arriva, en été, d’aller s’asseoir au bois de Vincennes, après avoir entendu la messe ; il s’adossait à un chêne et nous faisait asseoir auprès de lui ; et tous ceux qui avaient un différend venaient lui parler sans qu’aucun huissier, ni personne y mît obstacle. »151

Jean de JOINVILLE (vers 1224-1317), Le Livre des saintes paroles et des bons faits de notre saint roi Louis

Jean, sire de Joinville en Champagne, avait suivi son seigneur Thibaud de Champagne à la cour du roi. Très pieux, il décide de partir avec les chevaliers chrétiens pour la septième croisade en Égypte - c’est alors que Louis IX l’attache à sa personne, comme confident et conseiller.

La partie anecdotique de sa chronique, la plus touffue, se révèle aussi la plus riche et cette page est l’une des plus célèbres de l’œuvre. Témoin direct des faits rapportés, l’historien campe un roi vivant et vrai, humain et sublime à la fois. Il sera très utile, après la mort du roi, pour l’enquête qui va suivre (à la demande du pape Boniface VIII), pour aboutir au procès en canonisation.

Quel que soit le rôle référentiel et symbolique du personnage, le futur saint Louis est aussi un homme épris de sa femme et doté d’une mère adorée, mais abusive.

« Elle ne pouvait souffrir que son fils fût en la compagnie de sa femme, sinon le soir quand il allait coucher avec elle. »210

Jean de JOINVILLE (vers 1224-1317), Le Livre des saintes paroles et des bons faits de notre saint roi Louis

Précieux et fidèle chroniqueur du règne de Louis IX, il donne maints exemples de cette fameuse jalousie d’une mère par ailleurs admirable, dans cette citation doublement référentielle : Blanche de Castille supporte mal Marguerite de Provence, épouse qu’elle a pourtant choisie pour son fils adoré - mariage bienvenu qui apporta la Provence à la France, en 1234.

« Ce n’est ni un homme ni une bête, c’est une statue. »230

Bernard SAISSET (vers 1232-vers 1311), parlant de Philippe le Bel. Histoire de France depuis les origines jusqu’à la Révolution (1911), Ernest Lavisse, Paul Vidal de La Blache

L’évêque de Pamiers est un ami du pape Boniface VIII qui a créé cet évêché pour lui. Le portrait qu’il fait du roi, ennemi déclaré du pape, est fatalement partial. Mais les adversaires de Philippe le Bel l’appelleront souvent « roi de fer » ou « roi de marbre » : il doit donc y avoir une part de vérité dans ce portrait d’un autre grand roi médiéval.

« Le roi est un faux-monnayeur et ne pense qu’à accroître son royaume sans se soucier comment. »236

Bernard SAISSET (vers 1232-vers 1311), 12 juillet 1301. Philippe le Bel et le Saint-Siège de 1285 à 1304 (1936), Georges Alfred Laurent Digard

Philippe le Bel a gardé cette réputation et ce n’est ni médisance ni légende. Le faux-monnayage royal consiste, lors de la refonte de pièces de monnaie, à diminuer leur poids en métal précieux, tout en conservant leur valeur légale. Certaines années, la moitié des recettes royales vient de ce bénéfice sur le monnayage ! Bien plus tard, on recourra à la « planche à billets ».

Ces mesures sont toujours impopulaires en France et Philippe le Bel n’est pas un roi aimé du peuple. Mais avec l’argent ainsi acquis, il peut financer des guerres lui permettant d’agrandir son royaume. C’est une obsession en même temps qu’une obligation pour les souverains du Moyen Âge à la tête d’un royaume plus petit que les territoires de leurs grands vassaux (et adversaires) !

« Une enfant de douze ans, une toute jeune fille, confondant la voix du cœur et la voix du ciel, conçoit l’idée étrange, improbable, absurde si l’on veut, d’exécuter la chose que les hommes ne peuvent plus faire, de sauver son pays. »334

Jules MICHELET (1798-1874), Jeanne d’Arc (1853)

Première héroïne référentielle de notre histoire, le personnage inspire ses plus belles pages à l’historien du XIXe siècle : « Née sous les murs mêmes de l’église, bercée du son des cloches et nourrie de légendes, elle fut une légende elle-même, rapide et pure, de la naissance à la mort. »
D’autres historiens font de Jeanne une bâtarde de sang royal, peut-être la fille d’Isabeau de Bavière et de son beau-frère Louis d’Orléans, ce qui ferait d’elle la demi-sœur de Charles VII.

Mais princesse ou bergère, c’est un personnage providentiel qui va galvaniser les énergies dans la guerre de Cent Ans contre l’Angleterre et rendre l’espoir à tout un peuple – à commencer par son roi.

« Gentil Dauphin, j’ai nom Jeanne la Pucelle […] Mettez-moi en besogne et le pays sera bientôt soulagé. Vous recouvrerez votre royaume avec l’aide de Dieu et par mon labeur. »337

JEANNE D’ARC (1412-1431), château de Chinon, 8 mars 1429. Jeanne d’Arc, la Pucelle (1988), marquis de la Franquerie

C’est le début de sa brève et fulgurante épopée. À peine âgée de 17 ans, elle parvient à persuader le sire de Baudricourt, capitaine royal de Vaucouleurs, de lui donner une escorte. Partie de son petit village de Domrémy dans les Vosges, elle se met en route pour Chinon où se trouve le dauphin. Charles VII, bien que son père fût mort il y a sept ans, n’a pas encore été sacré roi comme le veut la coutume et garde donc le titre de dauphin.

Leur entretien dure une heure et restera secret, hormis la dernière phrase.

« Je vous dis, de la part de Messire, que vous êtes vrai héritier de France et fils du roi. »338

JEANNE D’ARC (1412-1431), 8 mars 1429. Jeanne d’Arc (1870), Frédéric Lock

Tels sont les derniers mots qu’elle prononce lors de l’entretien avec le dauphin et dont elle fera état plus tard à son confesseur.

Jeanne a rendu doublement confiance à Charles : il est bien le roi légitime de France et le fils également légitime de son père, lui qu’on traite toujours de bâtard.

« Dieu premier servi. »339

JEANNE D’ARC (1412-1431), devise. Jeanne d’Arc : le pouvoir et l’innocence (1988), Pierre Moinot

Cette devise symbolise tout le Moyen Âge où la religion chrétienne reste emblématique pour le meilleur (les cathédrales) et le pire (la folie des croisades). C’est aussi la clé du mystère de ce personnage fascinant.

Ni l’Église, ni le roi, ni la France, ni rien ni personne d’autre ne passe avant Lui, « Messire Dieu », le « roi du Ciel », le « roi des Cieux », obsessionnellement invoqué ou évoqué par Jeanne, aux moments les plus glorieux ou les plus sombres de sa vie. C’est la raison même de sa passion, cette foi forte et fragile, à l’image du personnage. En cela aussi, Jeanne d’Arc fait figure d’héroïne référentielle.

« Souvenons-nous toujours, Français, que la patrie, chez nous, est née du cœur d’une femme, de sa tendresse, de ses larmes, du sang qu’elle a donné pour nous. »349

Jules MICHELET (1798-1874), Jeanne d’Arc (1853)

Princesse (bâtarde de sang royal) ou simple bergère de Domrémy, le mystère nourrit la légende et la fulgurance de cette épopée rend le sujet toujours fascinant, six siècles plus tard. La récupération politique (de droite comme de gauche) est une forme d’exploitation du personnage, plus ou moins fidèle au modèle.

L’histoire de Jeanne inspirera aussi d’innombrables œuvres littéraires, cinématographiques et artistiques, signées : Bernard Shaw, Anatole France, Charles Péguy, Méliès, Karl Dreyer, Otto Preminger, Roberto Rossellini, Robert Bresson, Luc Besson, Jacques Rivette, Jacques Audiberti, Arthur Honegger, etc. Et L’Alouette de Jean Anouilh, créée en 1953 : « Quand une fille dit deux mots de bon sens et qu’on l’écoute, c’est que Dieu est là. […] Dieu ne demande rien d’extraordinaire aux hommes. Seulement d’avoir confiance en cette petite part d’eux-mêmes qui est Lui. Seulement de prendre un peu de hauteur. Après Il se charge du reste. »

« C’est mon seigneur, il a tout pouvoir sur mes actions, et moi, aucun sur les siennes. »355

MARIE d’ANJOU (1404-1463), reine de France. Histoire de France depuis les Gaulois jusqu’à la mort de Louis XVI (1822), Louis-Pierre Anquetil

La reine qui donna 13 enfants en vingt-trois ans à Charles VII lui pardonne en ces termes sa liaison commencée vers 1444 avec Agnès Sorel - première d’une très longue liste de favorites officielles des rois de France. La « Dame de Beauté » porte bien son surnom, saluée par tous les contemporains et immortalisée par le tableau de la Vierge à l’Enfant de Jean Fouquet. Mais il vient aussi du château de Beauté-sur-Marne dont le roi lui fit don.

Très patriote, elle influence heureusement la politique du roi et redonne surtout confiance à l’homme. Charles VII n’a pas eu de chance avec ses parents, sa mère Isabeau de Bavière l’a déshérité comme dauphin et traité en bâtard, son père Charles VI est le roi fou. Quant à son premier fils, le futur Louis XI, il ne cessera de comploter contre lui – fait assez rare dans l’histoire, ce mauvais rôle revenant surtout aux frères du roi (notamment Gaston d’Orléans sous le règne de Louis XIII et Richelieu).

« Il a reçu chez lui un renard qui mangera ses poules. »363

CHARLES VII (1403-1461), apprenant que son fils s’est réfugié chez le duc de Bourgogne, fin août 1456. Histoire de France (1833-1841), tome V (1841), Jules Michelet

Notons le bestiaire référentiel très riche au Moyen Âge, qui vaut également dans les devises et sur les blasons.

Philippe III le Bon, duc de Bourgogne, s’est réconcilié avec Charles VII en signant la paix d’Arras (1435). Maître de la Bourgogne, la Franche-Comté, la Flandre, l’Artois et les provinces belges, ce grand féodal est sans conteste le plus puissant souverain d’Europe. Il est trop heureux d’accueillir somptueusement chez lui, à Louvain, puis à Bruxelles, le futur roi de France venu conspirer contre son père et lui fait une pension annuelle de 36 000 livres.

Charles VII connaît bien la perfidie de son fils. Le fils de Philippe, Charles le Téméraire, l’apprendra bientôt à ses dépens sous le règne de Louis XI, dernier grand roi du temps.

« Notre roi s’habillait fort court et si mal que pis ne pouvait, et assez mauvais drap portait toujours, et un mauvais chapeau, différent des autres, et une image de plomb dessus. »273

Philippe de COMMYNES (1447-1511), Mémoires (1524)

Diplomate de carrière pendant quarante ans et auprès de trois rois successifs, Commynes est aussi un véritable historien qui sert toujours de référence, auteur de huit livres de Mémoires, notamment sur le règne de Louis XI.

Tel est le roi âgé de 38 ans à son avènement en 1461. Historien du XIXe siècle, Michelet lui rendra justice à ce propos : « Avec la faible ressource d’un roi du Moyen Âge, il avait déjà les mille embarras d’un gouvernement moderne : mille dépenses publiques, cachées, glorieuses, honteuses. Peu de dépenses personnelles ; il n’avait pas les moyens de s’acheter un chapeau, et il trouva de l’argent pour acquérir le Roussillon et racheter la Somme. »

Le peuple de Paris s’étonne quand même de l’allure si peu royale de son roi, comme le rapporte le chroniqueur flamand Georges Chastellain : « Notre roi qui ne se vêt que d’une pauvre robe grise avec un méchant chapelet, et ne hait rien que joie. »

« Est-ce là un roi de France, le plus grand roi du monde ! Ce semble mieux être un valet qu’un chevalier.
Tout ne vaut pas vingt francs, cheval et habillement de son corps. »368

Habitants d’Abbeville voyant entrer le roi Louis XI qui chevauche à côté de Philippe le Bon, 1463. Le Moyen Âge (1961), Michel Mollat, René van Stanbergen

Philippe, duc de Bourgogne, est aussi fastueusement vêtu que Louis XI l’est modestement. Le contraste est également frappant avec les autres rois de France, qui firent souvent assaut d’élégance, comme en témoigne toute la galerie des portraits royaux.

« Le renard crotté a échappé au repaire du loup. »376

Philippe de COMMYNES (1447-1511), Mémoires (1524)

Suite du bestiaire historique et plaisamment symbolique. Louis XI le rusé, à peine de retour à Paris, début novembre 1468, s’empresse de renier tous les engagements pris à Péronne : plus question de rendre les villes de la Somme au Téméraire, ni de donner en apanage à Monsieur Charles la Champagne et la Brie. Il va même faire condamner le Téméraire pour félonie, en décembre 1470.

Mieux encore, il va aider à rétablir sur le trône Henri VI roi d’Angleterre, pensant ainsi priver son ennemi de l’alliance anglaise : « J’ai espérance que ce sera la fin des Bourguignons. » Encore quelques années de ruse, de lutte et de patience. Divide ut regnes (Divise afin de régner) est la maxime de Louis XI, dit le Prudent. Mine de rien, c’est notre dernier grand roi du Moyen Âge.

RENAISSANCE

Revivez toute l’Histoire en citations dans nos Chroniques, livres électroniques qui racontent l’histoire de France de la Gaule à nos jours, en 3 500 citations numérotées, sourcées, replacées dans leur contexte, et signées par près de 1 200 auteurs.

« Voyez, voyez tout à la ronde Comment le monde rit au monde, Ainsi est-il en sa jeunesse. »386

Clément MAROT (1496-1544), Colloque de la Vierge méprisant le mariage (publication posthume)

La Renaissance succède aux mille ans de Moyen Âge : c’est l’aube des temps nouveaux appelée par les historiens le « beau XVIe siècle » : de 1480 à 1560. Saluée par Marot, aimable poète et courtisan, et nombre de contemporains : « Ô siècle ! les lettres fleurissent, les esprits se réveillent, c’est une joie de vivre ! » s’exclame l’humaniste Ulrich de Hutten. Seule règle de l’abbaye de Thélème chère à Rabelais : « Fais ce que voudras. »

Jamais chrononyme n’a mieux reflété cet heureux temps de la Renaissance - en attendant la Belle Époque (fin du XIXe s à 1914) et les Années folles (1920 à 1930).

« Le Grec vanteur la Grèce vantera
Et l’Espagnol l’Espagne chantera
L’Italien les Itales fertiles,
Mais moi, François, la France aux belles villes. »388

Pierre de RONSARD (1524-1585), Hymne de France (1555-1556)

Renonçant à la carrière des armes et à la diplomatie pour cause de surdité précoce, le jeune « écuyer d’écurie » entre dans la carrière des lettres. Poète le plus connu de la Pléiade, il devient « le prince des poète »s, puis « le poète des princes », sans être jamais bassement courtisan.
L’éloge de la France est un thème classique, l’expression d’un sentiment national profond, sensible en d’autres lieux, mais plus intense en cette terre bénie des dieux, faite d’équilibre et de charme. Le danger revenu avec les guerres étrangères et civiles, il va inspirer à Ronsard des chansons déjà patriotiques et les Discours enflammés d’une littérature engagée.

Patriotisme, nationalisme… ces deux valeurs référentielles et récurrentes vont marquer l’histoire de France plus que tout autre pays, dans les temps heureux et malheureux, suscitant des passions et des controverses toujours renouvelées jusqu’au XXIe siècle.

« Avant moi [François Ier], tout était grossier, pauvre, ignorant, gaulois. »387

FÉNELON (1651-1715), Dialogues des morts (1692-1696)

Auteur de la fin du XVIIe siècle, il oppose Louis XII et François Ier le Roi-Chevalier cher aux historiens à venir. Baptisé par Brantôme « Père et vrai restaurateur des arts et des lettres », il personnifie la Renaissance, avec ses trente-deux années de règne au cœur du beau XVIe siècle succédant au long Moyen Âge.

Ce ne sont plus seulement les couvents et les universités qui diffusent la culture ; les cours donnent l’exemple, pratiquant le mécénat, lançant les modes et cultivant le raffinement. « François Ier, découragé des guerres lointaines, veuf de son rêve d’Italie, se fait une Italie française » (Michelet). Il invite Léonard de Vinci et sa Joconde (achetée 4 000 florins d’or, soit 15 kg du métal précieux), puis d’autres artistes prestigieux, Cellini, le Rosso, le Primatice. Favorable à l’esprit nouveau et bien que peu instruit (il ne sait pas le latin), il protège les savants et les écrivains, secondé par sa sœur Marguerite d’Angoulême (future reine au royaume de Navarre), l’une des femmes les plus cultivées du siècle.

C’est dire que Louis XII se trompait en dénigrant son petit-cousin et successeur : « Ce gros garçon gâtera tout. »

« Nutrisco et exstinguo. »
« Je le nourris et je l’éteins. »436

FRANÇOIS Ier (1494-1547), devise accompagnant la salamandre sur ses armes. Encyclopédie théologique (1863), abbé Jean Jacques Bourasse

Suite du bestiaire symbolique et allusion à l’ancienne croyance selon laquelle cet animal est capable de vivre dans le feu et même de l’éteindre. Depuis un siècle, les rois de France ont des emblèmes personnels souvent associés à un animal : le lion pour Charles VI le Fou, le cerf ailé pour Charles VII et Charles VIII, le porc-épic pour Louis XII.

La salamandre se marie bien à cette Renaissance où la frontière est floue entre nature et surnature, chimie et alchimie, astronomie et astrologie. On croit l’air et l’onde peuplés de démons – même le très savant médecin Ambroise Paré !

« Je suis votre roi et votre prince. Je suis délibéré de vivre et mourir avec vous. Voici la fin de notre voyage, car tout sera gagné ou perdu. »1836

FRANÇOIS Ier (1494-1547), à ses troupes, avant la bataille de Marignan, 13 septembre 1515. François Ier, le souverain politique (1937), Louis Madelin

1515, date mémorable dans l’histoire de France, date référentielle comme 1789. Mais à part les historiens, qui sait vraiment ce qui s’est passé en deux jours et une nuit ? Le roi comptera par lettres tous les détails à Louise de Savoie, sa mère par ailleurs régente quand il « s’en va-t-en guerre », qui exerce sur son royal et adoré fils, son « César triomphant », une influence politique souvent heureuse, parfois détestable.

Avec la fougue de ses 21 ans, le nouveau roi s’est lancé dans la cinquième guerre d’Italie, allié à Venise pour la reconquête du Milanais pris, puis perdu par son prédécesseur Louis XII. Son armée passe les Alpes, forte des meilleurs capitaines, avec 300 canons et 30 000 hommes : chiffres considérables à l’époque. Le voilà parvenu à Marignan, ville de Lombardie (au sud-est de Milan). Le règne commence bien et le roi ne doute de rien – surtout pas de lui-même !

« Il est jeune et à la fleur de l’âge, libéral, magnanime, expérimenté et habile à la guerre. Il a bonne paix avec tous ses voisins, en sorte qu’il pourra employer au service de Dieu et de la foi sa personne et tout son avoir, sans que nul le détourne et que rien l’empêche. »445

FRANÇOIS Ier (1494-1547), autoportrait et déclaration de candidature, en 1519. François Ier (1953), duc de Lévis-Mirepoix

Le roi de France brigue la couronne impériale, à la mort de Maximilien (12 janvier 1519).

L’adversaire est de taille : Charles, prince bourguignon (arrière-petit-fils de Charles le Téméraire), devenu prince des Pays-Bas en 1516, puis roi d’Espagne sous le nom de Charles Ier, roi de Sicile sous le nom de Charles IV, héritant par sa mère des possessions espagnoles de l’Amérique latine (mines d’or et d’argent inépuisables) et par son père des terres héréditaires des Habsbourg !

Charles, petit-fils de Maximilien, l’emporte assez naturellement dans cette compétition d’ailleurs « truquée » – les sept princes-électeurs allemands sont plus sensibles aux florins et ducats allemands et espagnols qu’aux écus français. Une fois élu, il devient empereur du Saint Empire romain germanique, le 28 juin 1519 à la Diète de Francfort. Il sera Charles Quint pour l’histoire.

Et l’histoire de France en est changée. Le nouvel ennemi héréditaire n’est plus l’Anglais comme sous la Guerre de Cent Ans, mais le Habsbourg trop puissant, rêvant de dominer toute l’Italie et voulant récupérer la Bourgogne de ses ancêtres, « tyranniquement et indûment détenue et occupée par le roi de France ». Face à Charles Quint, nos guerres vont devenir plus défensives qu’offensives. Et dix ans après le triomphe de Marignan, c’est le désastre de Pavie.

« Tout est perdu, fors l’honneur. »453

FRANÇOIS Ier (1494-1547), Lettre à Louise de Savoie après la bataille de Pavie, 25 février 1525. Histoire de François Ier et de la Renaissance (1878), Eugène de la Gournerie

L’histoire a retenu cette citation « incontournable ». L’idée est juste, mais la forme exacte est : « Madame, pour vous avertir comment se porte le ressort de mon infortune, de toutes choses ne m’est demeuré que l’honneur et la vie qui est sauve. »

Après chaque grande bataille, le roi écrit à sa mère présentement régente et toujours fière de son César triomphant. Mais cette fois, c’est une défaite et même le pire désastre militaire du règne. Le roi, assiégeur devenu assiégé, donc piégé, est passé à l’assaut, courageux mais brouillon et contre l’avis des vétérans qui l’entouraient. Piètre stratège, il a placé son artillerie, l’une des meilleures d’Europe, derrière sa cavalerie, lui ôtant toute efficacité.

La sixième guerre d’Italie tourne à la catastrophe : le Milanais est reperdu, le duc de Bourbon, ex-connétable de France passé du côté de Charles Quint, a attaqué la Provence, bombardé Marseille, pris Aix. Le roi est fait prisonnier à Pavie où de grands capitaines sont tués, tels La Trémoille, La Palice.

« J’ai couvé un œuf de colombe, Luther en a fait sortir un serpent. »450

ÉRASME (1469-1536), Éloge de la folie (1508)

Le célèbre humaniste hollandais qui voyage à travers l’Europe rompt en 1524 avec la doctrine luthérienne où « nul ne retrouvait l’esprit de l’Évangile ». Il se distingue par sa pensée toute de mesure et de prudence, avec sa tentative pour concilier les enseignements de l’Évangile et l’étude des Anciens. Mais l’humanisme qui entraîne une libération des esprits et la redécouverte de l’Écriture dans son texte original devait fatalement aboutir au grand schisme : la Renaissance porte en elle tous les ferments de la révolution religieuse qui prend le nom de Réforme. C’est le prémisse des guerres de Religion.

GUERRES DE RELIGION

« Périsse le souvenir de ce jour ! »535

Michel de L’HOSPITAL (vers 1504-1573), évoquant la Saint-Barthélemy. Œuvres complètes de Michel de L’Hospital, chancelier de France (1824)

Le souvenir de la Saint-Barthélemy, symbole des guerres de Religion, vivra à jamais dans l’histoire de France, comme la répression de la Commune de Paris en 1871. On pourrait également citer le massacre de Crécy (1346) qui anéantit  la chevalerie française sous la guerre de Cent ans, les massacres de septembre (1792), exécutions sommaires des prisonniers sous la Révolution… L’histoire a bonne mémoire des pires moments (comme des guerres périodiques) et l’ex-chancelier de Catherine de Médicis ne peut l’ignorer.

Mais ce drame eut au moins un effet positif : un tiers parti va naître, celui des Malcontents, des Politiques, esprits modérés, catholiques aussi bien que protestants, soucieux avant tout de sauver le pays, préparant à terme l’avènement d’Henri IV et la paix. Michel de L’Hospital qui prêchait la tolérance quand il était au pouvoir sera naturellement de ces hommes, avec l’humaniste Jean Bodin, le capitaine protestant François de La Noue, Duplessis-Mornay, théologien réformé qui échappe de peu au massacre, le philosophe Montaigne, ami du roi de Navarre et maire de Bordeaux, qui tente activement de rapprocher les deux camps, et même le très catholique Ronsard qui se désolidarise des crimes commis au nom de la religion.

« Une guerre étrangère est un mal bien plus doux que la civile. »411

Michel de MONTAIGNE (1533-1592), Les Essais (1580, première édition)

En cette fin de siècle déchiré et déchaîné, Montaigne prône la « pitié », autrement dit la tolérance, vertu alors fort mal partagée ! Le conflit latent depuis 1521 dégénère en véritable guerre civile après le massacre de Wassy en 1562 – surnommé « première Saint-Barthélemy ». La France qui a vécu rien moins que onze guerres d’Italie de 1492 à 1559 va subir, cette fois sur son territoire, huit guerres de Religion de 1562 à 1598 !

« Je veux de siècle en siècle au monde publier
D’une plume de fer sur un papier d’acier,
Que ses propres enfants l’ont prise et dévêtue,
Et jusques à la mort vilainement battue. »412

Pierre de RONSARD (1524-1585), Continuation du discours des misères de ce temps (1562)

Le poète des célèbres Discours se jette dans la mêlée pour parler de la France en peine, en proie aux horreurs de la guerre civile qui ne fait que commencer. Fidèle à la foi catholique, il s’en prend aux protestants tenus pour responsables des troubles.

Après le beau XVIe siècle de la Renaissance et du rêve italien, la France des guerres de Religion sombre dans le cauchemar de l’anarchie, de la haine et du fanatisme : tous les Grands du royaume seront impliqués et nombre d’entre eux mourront en combattant, ou assassinés – jusqu’au roi Henri III, en 1589.

« Je lis les histoires de ce royaume, et j’y trouve que de tous les temps, les putains ont dirigé les affaires des rois ! »479

CATHERINE DE MÉDICIS (1519-1589) à Diane de Poitiers. Le Royaume de Catherine de Médicis (1922), Lucien Romier

Fille de Laurent II de Médicis, elle épousa le futur Henri II en 1533 et faillit être répudiée pour cause de stérilité pendant onze ans, avant de lui donner 10 enfants. Depuis 1538 et durant les douze années de règne d’Henri II, elle est éclipsée par Diane de Poitiers, dite la putain.

Âgée de 48 ans en 1547 et de vingt ans l’aînée du roi, Diane fit son éducation à la cour, quand l’enfant de 11 ans rentra, après quatre années passées comme otage en Espagne (à la place de son père vaincu à Pavie, prisonnier et  libéré à ce prix). Influente et intrigante, elle reste sa favorite jusqu’à la mort du roi, même si certains historiens doutent de la nature exacte de leur liaison. Pour les contemporains et les proches, il semble qu’il n’y a aucun doute.

« Madame, contentez-vous d’avoir infecté la France de votre infamie et de votre ordure, sans toucher aux choses de Dieu. »482

Un domestique du tailleur d’Henri II, s’adressant à Diane de Poitiers (1550). Histoire de France au seizième siècle, Guerres de religion (1856), Jules Michelet

Le ton dit assez la violence des haines qui couvent : l’homme est interrogé sur son éventuelle conversion au calvinisme par Diane de Poitiers, la maîtresse royale qui encourage la répression du protestantisme. L’impudent  paiera de sa vie cette phrase - sitôt condamné à être brûlé vif devant Henri II, spectateur du supplice.

Envers et contre tout, l’Église réformée de France va se constituer sous ce règne.

« Je le soignay, Dieu le guérit. »484

Ambroise PARÉ (vers 1509-1590), phrase gravée sur le socle de sa statue à Laval, sa ville natale. Le Bistouri et la plume : les médecins écrivains (2002), Louis-Paul Fischer

Cette phrase qu’il aime à prononcer fait naturellement référence à la formule consacrée des rois de France touchant les écrouelles : « Le Roi te touche, Dieu te guérit. » Avec tant de science, il reste un homme de la Renaissance par sa foi en Dieu, ainsi qu’en des forces surnaturelles.

Autodidacte, il apprit seul à lire et écrire et ne parlera ni grec ni latin. Apprenti chez un barbier, il monte à Paris pour apprendre la chirurgie, les deux pratiques allant de pair, à l’époque. Il obtient le titre de maître barbier-chirurgien et va rencontrer, lors de divers sièges guerriers, les plus grands princes de France, blessés. Son habileté fait qu’on l’appelle partout et il sera au service des rois de France, depuis Henri II et jusqu’à sa mort, en 1590.

La Faculté de médecine de Paris fait tout pour entraver ses recherches trop novatrices et la publication de ses œuvres. Ambroise Paré est cependant le fondateur de la science médicale : il invente divers instruments de chirurgie et la méthode de ligature des artères, remplaçant la cautérisation en cas d’amputation. Contrairement aux chirurgiens de son temps, il n’ampute qu’en cas d’absolue nécessité.

« Fille pire que sa mère, qui avait gâté son mari et infesté toute la maison de Vendôme. »494

PAUL IV (1476-1559), peu avant sa mort. Antoine de Bourbon et Jeanne d’Albret (1882), baron Alphonse de Ruble

Le pape parle de Jeanne d’Albret, fille de Marguerite de Navarre – sœur de François Ier qui protégea les artistes, les humanistes et les protestants. La nouvelle reine de Navarre entraîne son époux, le très indécis Antoine de Bourbon (duc de Vendôme) et son royaume de Navarre à suivre Calvin le protestant. Elle-même professe publiquement la nouvelle religion en 1560 et l’impose en 1567.

Entre-temps, Antoine de Bourbon, nommé lieutenant général du royaume, se retrouve combattant avec les Guise, à la tête des armées catholiques. Comme son fils le futur Henri IV, sa foi est inconstante et opportuniste.

« Dieu qui avait frappé le père à l’œil a frappé le fils à l’oreille. »496

Jean CALVIN (1509-1564). Charles IX (1986), Emmanuel Bourassin

Le « pape de Genève » fait en ces termes l’oraison funèbre de François II, mort à 16 ans d’une infection à l’oreille, le 5 décembre 1560 – un an et demi après Henri II, mort d’un œil crevé dans un tournoi.

Charles IX lui succède, âgé de 10 ans, et sa mère Catherine de Médicis se retrouve régente. Protestants et catholiques semblent d’accord pour regretter que le pouvoir politique échappe aux hommes : « Ceux-là ont sagement pourvu à leur État qui ont ordonné que les femmes ne vinssent jamais à régner » selon Théodore de Bèze, le grand théoricien protestant, rappelant la loi salique. Alors que pour Fournier, prédicateur catholique de Saint-Séverin : « Ce n’est pas l’état d’une femme de conférer les évêchés et les bénéfices. La mère de Jésus-Christ se voulut-elle mêler de l’élection de saint Mathias ? » (élu pour être le douzième apôtre, à la place de Judas).

« Je puis donner la mort,
Toi l’immortalité. »517

CHARLES IX (1550-1574), à Ronsard : Ton esprit est, Ronsard…

Le poème royal commence ainsi : « Ton esprit est, Ronsard, plus gaillard que le mien ; / Mais mon corps est plus jeune et plus fort que le tien… »

Rendant hommage au poète engagé et enflammé des Discours, il continue : « L’art de faire des vers, dût-on s’en indigner, / Doit être à plus haut prix que celui de régner. / Tous deux également nous portons des couronnes ; / Mais roi, je la reçus ; poète, tu la donnes. »

Le jeune roi se sait malade et mourra à 24 ans de la tuberculose (miné par le remords de la Saint-Barthélemy). Ronsard qui lui survit connaîtra une demi-disgrâce.

« Le corps d’un ennemi mort sent toujours bon. »525

CHARLES IX (1550-1574), le 24 août, jour de la Saint-Barthélemy (du nom du saint, fêté sur le calendrier). Cité au XVIIIe siècle par Voltaire (Œuvres complètes, volume X), au XIXe siècle par Alexandre Dumas (La Reine Margot), entre autres sources

Les guerres de Religion, c’est l’une des pages d’Histoire les plus riches en mots. Ce mot (de l’empereur romain Vitellius) est donc attribué à Charles IX devant le corps de Coligny. Cet assassinat et ses suites – les milliers de morts et le sacrifice de son conseiller – hanteront les nuits du jeune roi. Faible de caractère, manipulé par sa mère (Catherine de Médicis) et ses proches (les Guise et son frère Henri, le duc d’Anjou), il semble qu’il ait donné son accord pour tuer tous les chefs… Oui, mais pas tous les protestants de Paris, de Navarre et de France !

Selon certaines sources (dont Agrippa d’Aubigné), il tirait à l’arquebuse sur les fuyards. Selon d’autres historiens, il a tenté d’arrêter la tuerie qui commence dans les rues, les ruelles. De toute manière, il est trop tard ! On a fermé les portes de Paris et la capitale est profondément anti-huguenote.

La haine se déchaîne. Chaque protestant passe pour un Coligny en puissance : « Tuez-les tous ! » L’ordre royal est répété à tous les échos, tous les carrefours.

« Il valait mieux que cela tombât sur eux que sur nous. »529

CATHERINE DE MÉDICIS (1519-1589), Lettre à l’ambassadeur de Toscane à propos du massacre de la Saint-Barthélemy. Lettres de Catherine de Médicis (1891), Collection de documents inédits sur l’histoire de France, Imprimerie nationale

La reine mère est sans doute responsable des massacres, malgré la prochaine déclaration du jeune roi Charles IX au Parlement de Paris. Mais au point de haine où catholiques et protestants sont arrivés, le choc semblait inévitable et la balance pouvait pencher de l’un ou l’autre côté. On peut penser aussi que cette forte femme a été dépassée par la force des événements ! Qui ne l’aurait été ?

Effet non prévu, la Saint-Barthélemy va renforcer le parti protestant qui s’organise pendant cette quatrième guerre de Religion.

« Je veux peindre la France une mère affligée,
Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée. »545

Agrippa d’AUBIGNÉ (1552-1630), Les Tragiques (1616)

La référence à la France identifiée à la mère est fréquente au XIVe siècle : « France, mère des arts, des armes et des lois / Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle… » écrit du Bellay.

Témoin à 8 ans des horreurs de la guerre civile qui commence à déchirer le pays et jurant à son père calviniste de venger les pendus d’Amboise en 1560, d’Aubigné mourra à 78 ans, sous le règne de Louis XIII.

Combattant aussi farouche l’épée ou la plume à la main, il entreprend cette épopée de la foi en 1577 – long poème de sept livres, publié en 1616, quand le fond et la forme en apparaîtront totalement anachroniques. Cri de haine contre les catholiques, hymne à la gloire des protestants, chant d’amour à la France incarnée en femme.

Cette année 1577, la France vit sa sixième guerre de Religion. Parti catholique et parti protestant se sont également renforcés, structurés, au point que nul ne peut vraiment l’emporter. La paix de Bergerac ne sera que provisoire.

« Vivez, si m’en croyez, n’attendez à demain :
Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie. »546

Pierre de RONSARD (1524-1585), Sonnet à Hélène (1578)

Le « poète des princes »  s’est retiré de la cour, en demi-disgrâce après la mort de Charles IX, Henri III ayant ramené de Pologne son poète favori, le jeune Desportes.

Renonçant à l’engagement politique, le « prince des poètes »  revient à son autre veine poétique, le lyrisme des Amours  (1552) qui l’a rendu célèbre. Il chante ici une fille d’honneur de Catherine de Médicis, Hélène de Surgères, aussi remarquable en beauté qu’en vertu et en intelligence, inconsolable d’avoir perdu son fiancé dans une guerre de Religion en 1570. La reine invite Ronsard à l’immortaliser. Il écrit d’abord « par ordre », puis reprend goût à ce genre pétrarquiste, comme à l’amour qui lui inspire alors ses plus beaux poèmes, à l’automne de sa vie : les Amours d’Hélène. Ce « carpe diem  » très inspiré de l’Antiquité est symbolique du style de la Renaissance et de tout ce siècle si pressé de vivre, de « jouir ou tuer » (Jules Michelet), aussi obsédé par l’idée de la mort qu’enchanté par l’amour.

Ronsard mourra le 27 décembre 1585 à Saint-Cosme. Deux mois plus tard, à Paris, il a droit à des funérailles solennelles - premier poète français à être ainsi honoré.

« Il y a bien de la besogne
 À regarder ce petit roi
Car il a mis en désarroi
Toutes les filles de sa femme
Mais on sait que la bonne dame
S’en venge bien de son côté ! »547

Chanson populaire sur Henri de Navarre et la reine Margot (1579). Mémoires relatifs à l’histoire de France, Journal de Henri III (posthume), Pierre de l’Estoile

Après sept ans de mariage, tout ne va pas pour le mieux dans le couple et le peuple s’en fait l’écho. Le futur Henri IV (présentement Henri III, roi de Navarre) reste aussi célèbre par sa galanterie que Margot par sa nymphomanie.

« S’il y eut jamais une au monde parfaite en beauté, c’est la reine de Navarre. Toutes celles qui sont, qui seront et jamais ont été, près de la sienne sont laides et ne sont point beautés. » L’abbé et seigneur de Brantôme, devenu mémorialiste, rend ainsi hommage à la « reine Margot ».

Marguerite de France, reine de Navarre chassée de la cour de France par son frère Henri III, tient désormais cour brillante à Nérac. La septième guerre de Religion (1579-1580), menée par Henri de Navarre et le maréchal de Biron, sera dite « guerre des amoureux » par allusion à la frivolité qui règne en cette cour. Le traité de Nérac, signé le 28 février 1579 par Catherine de Médicis au nom du roi, mais non respecté par les protestants, relance la guerre.

« Pardonnez un mot à vos fidèles serviteurs, Sire. Ces amours si découvertes, et auxquelles vous donnez tant de temps, ne semblent plus de saison. Il est temps que vous fassiez l’amour à toute la chrétienté et particulièrement à la France. »551

Philippe DUPLESSIS-MORNAY (1549-1623), juillet 1583. Histoire des Français (1821-1844), Simonde de Sismondi

Qu’en termes galants ces choses-là sont dites au roi galant ! Son ambassadeur et principal conseiller s’inquiète auprès d’Henri de Navarre, toujours bon vivant. Plus tard, son ami et fidèle compagnon, Sully, tiendra le même langage à Henri IV devenu roi de France et dont les amours compromettront clairement la vie politique.

La France et les chefs de partis ont un bref répit entre la septième guerre de Religion et la huitième, déclenchée (à terme) par un événement inattendu, le 10 juin 1584 : la mort par tuberculose du quatrième fils de Catherine de Médicis, François d’Alençon, à 29 ans.

« Mon Dieu qu’il est grand ! Il paraît encore plus grand mort que vivant. »566

HENRI III (1551-1589), face au corps du duc de Guise, château de Blois, 23 décembre 1588. Journal de Henri III (posthume), Pierre de l’Estoile

Il a osé, contrairement à ce que proclamait la victime désignée : ordre donné aux Quarante-Cinq (garde personnelle du roi, immortalisée par le roman éponyme de Dumas) d’assassiner Henri le Balafré, ainsi que son frère Louis, cardinal de Lorraine – arrêté, exécuté le lendemain dans sa prison.

« C’est bien taillé mon fils ; maintenant il faut recoudre. »567

CATHERINE DE MÉDICIS (1519-1589) à Henri III, château de Blois, 23 décembre 1588. Dictionnaire des citations françaises et étrangères (1982), Robert Carlier

Le roi courut annoncer à sa mère l’assassinat de son pire ennemi, le duc de Guise. Cette façon d’éliminer ceux qui font obstacle au pouvoir de ses fils est bien dans ses mœurs – et dans celles de l’époque. Mais à 70 ans, et à quelques jours de sa mort (5 janvier 1589), la reine mère ne se fait pas beaucoup d’illusions sur l’avenir de son dernier fils.

« Ah ! le méchant moine, il m’a tué, qu’on le tue ! »573

HENRI III (1551-1589), Saint-Cloud, 1er août 1589, « premier mot de la fin ». Mémoires relatifs à l’histoire de France, Journal de Henri III (posthume), Pierre de l’Estoile

Au château de Saint-Cloud, le roi prépare le siège de Paris avec Henri de Navarre : 30 000 hommes sont prêts à attaquer la capitale, défendue par la milice bourgeoise et la Ligue, armée par Philippe II d’Espagne.

Dominicain de 22 ans, ligueur fanatique, Jacques Clément préparait son geste : le complot est connu, approuvé de nombreux catholiques et béni par le pape Sixte Quint. Le moine réussit à approcher le roi – seul, sur sa chaise percée. La garde personnelle (les Quarante-Cinq), alertée par les cris du roi poignardé, transperce l’assassin à coups d’épée : défenestré, le corps est sitôt tiré par quatre chevaux, écartelé, et brûlé sur le bûcher pour régicide.

La scène se rejouera avec Ravaillac et Henri IV. Ces assassinats, comme tous les complots et attentats contre les rois de l’époque, s’inspirent de la théorie du tyrannicide dont Jean Gerson fut l’un des prophètes : « Nulle victime n’est plus agréable à Dieu qu’un tyran. »

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