Acte III. Le sens symbolique de la mort du roi.
Diverses interprétations, des contemporains comme des historiens. Chacun en juge selon son camp, des royalistes aux révolutionnaires, en passant par toutes les nuances d’opinion, de la droite réactionnaire à la gauche extrême - cela vaut de manière plus générale pour la Révolution toujours en débat.
Mais la force du symbole est évidente et littéralement terrifiante - y compris pour l’Europe !
« J’ai, au Champ de Mars, déclaré la guerre à la royauté, je l’ai abattue le 10 août, je l’ai tuée au 21 janvier, et j’ai lancé aux rois une tête de roi en signe de défi. »1482
(1759-1794), La Mort de Danton (1835), drame historique de Georg BÜCHNER (1813-1837)
Cette réplique lui est prêtée par le poète allemand âgé de 21 ans (et mort du typhus à 23). Elle illustre le grand premier rôle révolutionnaire que se donne Danton et qu’il joue effectivement jusqu’à sa chute, même s’il est souvent absent au cœur de l’action – une des ambiguïtés du personnage.
En tout cas, ce geste bouleverse une Europe royaliste - la France est la seule grande République, l’Angleterre étant redevenue une monarchie constitutionnelle, après sa révolution et l’exécution de son roi. La guerre étrangère va mettre plus que jamais « la patrie en danger » et mobiliser finalement plus d’un million de « volontaires » !
« Louis XVI hors de Versailles, hors du trône, seul et sans cour, dépouillé de tout l’appareil de la royauté, se croyait roi malgré tout, malgré le jugement de Dieu, malgré sa chute méritée, malgré ses fautes […] C’est là ce qu’on voulut tuer. C’est cette pensée impie. »1466
Jules MICHELET (1798-1874), Histoire de la Révolution française (1847-1853). Parole de l’historien français le plus populaire
« Le jour où la France coupa la tête de son roi, elle commit un suicide. »1483
Ernest RENAN (1823-1892), La Réforme intellectuelle et morale de la France (1871). Parole d’historien chrétien et peu républicain
« On a tué des rois bien avant le 21 janvier 1793. Mais Ravaillac, Damiens et leurs émules voulaient atteindre la personne du roi, non le principe […] Ils n’imaginaient pas que le trône pût rester toujours vide. »1484
Albert CAMUS (1913-1960), L’Homme révolté (1951). De fait, la mort de Louis XVI n’a rien à voir avec les précédents régicides
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