Danton : « Soyons terribles pour dispenser le peuple de l’être. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Révolution

Convention nationale (suite)

Assemblée divisée à l’image du pays, Girondins (provinciaux) contre Montagnards (parisiens), Danton et Marat étant plus personnellement visés.

Danton est toujours Montagnard et favorable au nouveau Tribunal révolutionnaire plus expéditif, mais déjà contesté par ses confrères, à commencer par Robespierre.

La grande affaire politique du printemps 1793, c’est quand même la scission entre Montagnards et Girondins, qui rêvaient d’une Révolution sous le signe de l’amour et voient venir la Terreur, incarnée par le personnage de Marat.

« L’Ami du peuple », député d’extrême-gauche de plus en plus fanatique, est mis en accusation, mais sauvé par les sans-culottes… et tout devient possible.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Soyons terribles pour dispenser le peuple de l’être. »1490

DANTON (1759-1794), Discours, Convention, 9 mars 1793. Archives parlementaires de 1787 à 1860 (1901), Assemblée nationale

Parole de Montagnard, et l’orateur ne défend pas ici un principe. Il demande à l’Assemblée de concrétiser son projet de Tribunal révolutionnaire : « Organisons un tribunal, non pas bien, cela est impossible, mais le moins mal qu’il se pourra, afin que le glaive de la loi pèse sur la tête de ses ennemis. » Selon Danton, cela devrait éviter les massacres populaires. La suite de l’histoire va démontrer le contraire (…)

« Que la France soit libre et que mon nom soit flétri ! »1491

DANTON (1759-1794), Convention, 10 mars 1793. Histoire de la Révolution française (1847-1853), Jules Michelet

Il est excédé par les contradicteurs et les soupçons. La vertu n’est pas plus dans ses mœurs que dans ses mots et dès la fin de 1792, Danton est soupçonné pour diverses raisons, par les Girondins et par certains Montagnards, notamment Robespierre (…) L’homme a aussi des problèmes familiaux, une certaine lassitude de la politique, peut-être l’envie d’être heureux ailleurs et autrement (…)

« On vous propose de décréter l’établissement d’une inquisition mille fois plus redoutable que celle de Venise ! Nous mourrons tous plutôt que d’y consentir. »1492

Pierre Victurnien VERGNIAUD (1753-1793), Séance du 10 mars 1793 (…)

Girondin, modéré, il tente de s’opposer aux premières mesures de salut public demandées par Robespierre et ses amis. Il s’élève ici contre le projet de Tribunal révolutionnaire : juridiction d’exception chargée de supprimer tous les ennemis du régime et annonçant la prochaine dictature, sous le signe des Montagnards.

« On a cherché à consommer la Révolution par la terreur ; j’aurais voulu la consommer par l’amour. »1493

Pierre Victurnien VERGNIAUD (1753-1793), Convention, 10 avril 1793 (…)

La Terreur n’est pas encore décrétée, mais les Girondins la voient venir : le Tribunal révolutionnaire, juridiction d’exception, constitué le 28 mars pour juger les traîtres ou supposés tels, avec le Comité de salut public, créé le 6 avril pour surveiller l’exécutif : deux outils forgés pour la dictature jacobine. Dénonçant « cette inquisition mille fois plus redoutable que celle de Venise », Vergniaud lui oppose son rêve de fraternité. Dans le même élan, l’orateur répond au chef de la Montagne.

« Robespierre nous accuse d’être devenus tout à coup des “modérés”, des “feuillants”. Nous, modérés ! Je ne l’étais pas le 10 août, Robespierre, quand tu étais caché dans ta cave ! Des modérés ! Non, je ne le suis pas dans ce sens que je veuille éteindre l’énergie nationale. »1494

Pierre Victurnien VERGNIAUD (1753-1793), Convention, 10 avril 1793

Le dialogue tragique commence, l’Assemblée sait que le sort de la Révolution se joue ici et maintenant. Le plus éloquent des Girondins conclut : « Si, sous prétexte de révolution, il faut pour être patriote se déclarer le protecteur du meurtre et du brigandage, je suis modéré ! » Mais il y a plus radical que Robespierre.

« C’est par la violence que doit s’établir la liberté, et le moment est venu d’organiser momentanément le despotisme de la liberté pour écraser le despotisme des rois. »1495

MARAT (1743-1793), L’Ami du peuple, 13 avril 1793

Dans son journal quotidien et très populaire, il justifie le Tribunal révolutionnaire qu’il a contribué à rendre plus expéditif, pour s’opposer à la contre-révolution qu’il dénonce (…) Plus encore que la rhétorique et la rigueur d’un Robespierre, ce genre de phrase révolte les modérés. On parlerait aujourd’hui de « paranoïa » (…) Trop, c’est trop ! L’accusateur se retrouve accusé, devant le Tribunal révolutionnaire.

« Donnez un verre de sang à ce cannibale : il a soif ! »1496

Pierre Victurnien VERGNIAUD (1753-1793), à Marat vitupérant à la tribune de la Convention, 13 avril 1793

Depuis l’insurrection du 10 août 1792 et les massacres de septembre qu’il encouragea, Marat ne cesse d’attiser la haine. Élu député, siégeant au sommet de la Montagne, président du club des Jacobins (…) il devient chaque jour plus redoutable, accusant, calomniant, injuriant, éructant. Nul ne semble pouvoir l’interrompre – notons à quel point le sang, mot et symbole, est présent dans cette histoire.

« Quant à Marat, je le pense et je le déclare, la majorité de Paris applaudira au décret qui chassera cet homme impur du sanctuaire de la liberté ; dans nos départements, on bénira le jour où vous aurez délivré l’espèce humaine d’un homme qui la déshonore. »1497

François BUZOT (1760-1794), parlant au nom des Girondins à la Convention, 13 avril 1793

Ami de Mme Roland et rallié aux Girondins, il riposte en leur nom et attaque le porte-parole des sans-culottes. Marat récolte ce qu’il a semé : l’Assemblée va se prononcer sur son arrestation (…) le décret de prise de corps est voté à 220 voix contre 92. Marat va être mis en accusation devant le Tribunal révolutionnaire. Marat prend peur, Marat se cache.

« Citoyens, ce n’est pas un coupable qui paraît devant vous : c’est l’apôtre et le martyr de la liberté ! Ce n’est qu’un groupe de factieux et d’intrigants qui a porté un décret d’accusation contre moi. »1498

MARAT (1743-1793) au Tribunal révolutionnaire, 24 avril 1793

Réapparu le 23 avril, les sections parisiennes manifestant pour l’Ami du peuple, il a préparé sa défense. Il se pose en victime devant ses juges. Au terme d’une parodie de justice, il retourne la situation – « factieux » est l’injure la plus redoutable. Marat est acquitté (…) couronné de lauriers, porté en triomphe, ramené à son banc de la Convention, aux cris de « Vive la liberté, vive Marat ! » (…) Vergniaud va appeler au secours ses amis de Bordeaux, les « hommes de la Gironde ».

« Quelle est ma loi ? demanderez-vous. Je réponds : la loi naturelle, celle qui dit : “Pauvres, allez chez les riches ; filles, allez avec les garçons ; obéissez à tous vos instincts !” »1499

François CHABOT (1759-1794), Discours devant le Comité révolutionnaire de Castres, printemps 1793

Conventionnel, capucin défroqué, coquin porté sur la bonne chère et la chair des jolies filles, et cependant évêque constitutionnel de Blois, auteur d’un Catéchisme des Sans-culottes, plus tard promoteur du culte de la déesse Raison. La Révolution, c’est aussi ce genre de personnage.

« Il faut très impérieusement faire vivre le pauvre, si vous voulez qu’il vous aide à achever la Révolution. »1500

JEANBON SAINT-ANDRÉ (1749-1813), Lettre à Barère, printemps 1793. Encyclopædia Universalis, article « Jeanbon Saint-André »

Pasteur, puis capitaine au long cours, Jacobin en 1789, il est élu à la Convention. D’abord Girondin, il devient Montagnard. Envoyé en mission en mars 1793, il comprend vite et bien la situation (…) Devant la pression des sans-culottes et ayant besoin de leur appui contre la Gironde, les Montagnards cédent aux revendications : cours forcé de l’assignat, loi du maximum sur le prix des grains et farines. Éphémère président de la Convention en juillet, Jeanbon Saint-André sera élu au Comité de salut public, où il remplace Danton.

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