Metternich : « Le trône de 1830 est quelque chose d'hybride ; l'histoire se chargera d'en montrer la faiblesse. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Restauration, Monarchie de Juillet, Deuxième République

Monarchie de Juillet (9 août 1830, Louis-Philippe Ier, roi des Français - 24 février 1848, abdication de Louis-Philippe Ier)

Entre la Restauration et la République, un régime de « juste milieu » et de libéralisme bourgeois - à critiquer… en même temps qu’à réhabiliter.

Partis et personnages politiques déjà dénigrés, mais indispensables ; émergence de noms qui feront carrière (comme Thiers et Guizot) ; presse plus libre, populaire et professionnelle… tandis que la plupart des grands auteurs (romantiques) s’expriment et se passionnent pour la Politique (à commencer par Hugo).

Prologue

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« De la république, il n’a pas la force populaire ; de l’empire, il n’a pas la gloire militaire ; des Bourbons, il n’a pas l’appui du principe de la légitimité. Le trône de 1830 est quelque chose d’hybride ; l’histoire se chargera d’en montrer la faiblesse. »2037

METTERNICH (1773-1859)

Histoire des institutions politiques de la France de 1789 à nos jours (1952), Jean Jacques Chevallier.

Diplomate autrichien attentif à notre histoire depuis la Révolution qu’il détesta et Napoléon qu’il n’aima guère, cet homme de l’Ancien Régime, favorable à la Restauration des Bourbons, se méfie du nouveau régime. L’histoire confirmera (…) : « La Monarchie de juillet portait en elle-même une grande faiblesse. Elle était née sur les barricades. Elle était sortie d’une émeute tournée en révolution » (Jacques Bainville, Histoire de France).

« Tous ces prétendus hommes politiques sont les pions, les cavaliers, les tours ou les fous d’une partie d’échecs qui se jouera tant qu’un hasard ne renversera pas le damier. »2038

Honoré de BALZAC (1799-1850), Monographie de la presse parisienne (1842)

Comme d’autres génies de son temps, il est tenté par la politique (hésitant entre libéralisme et monarchisme catholique). C’est surtout un prodigieux observateur des mœurs, doublé d’un « visionnaire passionné » (selon Baudelaire). Les quelque 90 romans de sa Comédie humaine ont d’abord pour titre Études sociales : les jeux politiques de cette monarchie installée entre deux révolutions y sont croqués sans indulgence et Rastignac entre dans la galerie des grands classiques (…)

« Sans jalousie, sans petitesse, sans morgue et sans préjugés, [Thiers] se détache sur le fond terne et obscur des médiocrités du temps. »2039

François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume)

Témoignage d’un incontestable géant des lettres, éternel déçu de la politique, noble restant attaché à la cause qu’il sait sans espoir de la monarchie légitimiste, en cette époque où la noblesse perd pour la première fois le pouvoir au profit de la bourgeoisie montante. Thiers sera le défenseur de cette classe, qu’il soit au gouvernement ou dans l’opposition.

« La plupart des hommes qui étaient là avaient servi, au moins, quatre gouvernements ; et ils auraient vendu la France ou le genre humain, pour garantir leur fortune, s’épargner un malaise, un embarras, ou même par simple bassesse, adoration instinctive de la force. »2040

Gustave FLAUBERT (1821-1880), L’Éducation sentimentale (1869)

À l’instar de Chateaubriand, mais dans un tout autre style, Flaubert se présente comme un grand auteur à la barre des témoins de son temps, peintre minutieux de la bourgeoisie des années 1840-1850 et des illusions perdues de Frédéric Moreau, son antihéros.

« Qu’importe que ce soit un sabre ou un goupillon, ou un parapluie qui nous gouverne ! C’est toujours un bâton. »2041

Théophile GAUTIER (1811-1872), Mademoiselle de Maupin (1835)

C’est l’exception à la règle de l’engagement politique, social et moral des Hugo, Lamartine et George Sand, Michelet et Tocqueville. Contre les « Jeunes-France » romantiques, ce « parfait magicien des lettres françaises » (selon Baudelaire) affirme la doctrine de « l’art pour l’art » dans la préface de Mademoiselle de Maupin.

« Ce qui effraie le plus dans les partis, ce n’est pas ce qu’ils disent, c’est ce qu’ils négligent ou refusent de dire. »2042

Louis BLANC (1811-1882), L’Organisation du travail (1839)

Les partis politiques, au sens moderne du terme, sont nés sous la Monarchie de Juillet. Louis Blanc, journaliste de gauche, socialiste d’opposition violente, aussi différent que possible d’un Théophile Gautier, exprime également sa méfiance vis-à-vis de la politique.

« La presse est un élément jadis ignoré, une force autrefois inconnue, introduite maintenant dans le monde ; c’est la parole à l’état de foudre : c’est l’électricité sociale […] Plus vous prétendrez la comprimer, plus l’explosion sera violente. »2043

François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume)

(…) Plus libre sous le nouveau régime, la presse se diversifie (…) La Presse, quotidien gouvernemental de Girardin et Le Siècle, quotidien d’opposition de Dutacq, sont lancés à 40 francs l’abonnement annuel en 1836 (…) Avec l’introduction du roman-feuilleton et de la publicité, la création de l’Agence Havas et de la presse rotative, la presse moderne est née.

« Ce fut à peu près à cette époque [entre 1830 et 1850] que s’effectua ce qu’on pourrait appeler la conjonction de la liberté politique et de la liberté économique, qui désormais furent confondues dans un même culte et portèrent un seul et même nom : le libéralisme. »2044

Charles GIDE (1847-1932) et Charles RIST (1874-1955), Histoire des doctrines économiques depuis les physiocrates jusqu’à nos jours (1909)

La révolution de 1830 a mis au pouvoir l’opposition libérale (…) Le démarrage de la révolution industrielle donne bien des satisfactions matérielles à cette bourgeoisie orléaniste qui se contente du régime plus parlementaire et du corps électoral un peu élargi, nés de la Charte modifiée. Mais les inégalités croissantes entre riches et pauvres, l’étroitesse du pays légal par rapport au pays réel expliquent les oppositions à l’idéologie libérale dominante.

« On croit communément que de forts salaires sont une garantie de moralité ; cependant, les ouvriers les mieux rétribués ne sont pas les plus moraux. Aussi, certaines personnes ne craignent-elles pas d’affirmer que si le vice abonde dans les villes, si , comme elles le disent, il y tient école, table et lit ouverts, c’est en grande partie parce que le taux des salaires y est plus élevé qu’ailleurs. Et on le conçoit ; car plus les ouvriers gagnent, plus ils peuvent aisément satisfaire leurs goûts de débauche. »2045

Louis-René VILLERMÉ (1782-1863), Tableau de l’état physique et moral des ouvriers dans les fabriques de coton, de laine et de soie (1840)

(…) Ce passage au ton quelque peu embarrassé reflète les dires et les pensées des bourgeois de la Monarchie, sur les ouvriers et les salaires. Le « bon docteur » reste surtout dans l’histoire pour avoir alerté l’Académie sur les conditions de travail des enfants, dans les manufactures. L’opinion s’en émut au point que, dès l’année suivante, furent édictées les premières lois sociales – limitant à 8 ans l’âge d’admission dans les entreprises ayant plus de 20 salariés (…)

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