Découvrez un extrait de la Chronique 5 - Révolution : portrait de Marat | L’Histoire en citations
Citation du jour

 

Parallèlement à la publication de cette Chronique, nous vous proposons chaque dimanche le portrait d’un révolutionnaire célèbre (extrait du livre). Plus que tout autre époque, la Révolution crée (et tue) ses propres héros, personnages mémorables, au destin tragique.

Après Mirabeau et Danton, voici MARAT. Unanimement détesté par ses confrères, par ses contemporains et tous les historiens, d’une laideur repoussante et maladive, « l’Ami du Peuple » est cependant adoré par les sans-culottes de Paris. Son extrémisme préfigure la Terreur, son assassinat (par Charlotte Corday) en fait un martyr, sitôt panthéonisé - pas pour longtemps.

« Les siècles finissent par avoir une poche de fiel. Cette poche crève. C’est Marat. »1301

Victor HUGO (1802-1885), Quatre-vingt-treize (1874)

Dans la galerie de portraits révolutionnaires, Marat, c’est le méchant. Pas un ami de son vivant. Pas un historien pour en faire un héros. Pas un théoricien pour se dire « maratiste », comme on peut être dantoniste ou robespierriste.

Marat fut pourtant l’« ami du peuple », jouissant d’une incroyable popularité auprès des sans-culottes.

« Ce fanatique énergumène nous inspirait à nous-mêmes une sorte de répugnance et de stupeur […] Ses vêtements en désordre, sa figure livide, ses yeux hagards avaient je ne sais quoi de rebutant et d’épouvantable qui contristait l’âme. »1302

LEVASSEUR de la Sarthe (1747-1834). Mémoires de R. Levasseur de la Sarthe, ex-conventionnel (1829), René Levasseur, Francis Levasseur

Témoignage d’un montagnard robespierriste qui ajoute : « Lorsqu’on me le montra pour la première fois, s’agitant avec violence au sommet de la Montagne, je le considérai avec cette curiosité inquiète qu’on éprouve en contemplant certains insectes hideux. » Marat, à l’inverse de Mirabeau ou de Danton, est affligé d’une laideur irrémédiablement repoussante, en raison d’une dermatose chronique – qui l’oblige à passer des heures dans son bain, et c’est là qu’il sera surpris et assassiné par Charlotte Corday.

« L’aigle marche toujours seul, le dindon fait troupe ! »1303

Jean-Paul MARAT (1743-1793) en réponse à Fréron et Desmoulins, septembre 1789. Le Petit Livre de la Révolution française (1989), Jean Vincent

Marat est un solitaire, il ne supporte pas la moindre objection. Quand il crée son journal, l’Ami du peuple (à partir du 12 septembre 1789), il refuse en ces termes aux deux journalistes révolutionnaires de participer à la rédaction.

La phrase explique aussi pourquoi cet éternel aigri, qui se pose en « ami du peuple », n’a pas d’ami. Marat est tout à la fois le grand malade, le grand persécuté, le grand visionnaire de son temps. Il se pose comme « le seul homme à avoir vu clair », l’éternel prophète de malheur.

« J’ai deux passions dominantes qui, dès mon enfance, maîtrisent toutes les puissances de mon être : l’amour de la justice et l’amour de la gloire. »1304

Jean-Paul MARAT (1743-1793). Histoire politique et littéraire de la presse en France (1860), Eugène Hatin

Côté gloire, l’Ancien Régime lui fit une petite réputation de scientifique auprès de Goethe et de Franklin. Mais c’est la Révolution qui en fait l’idole du peuple, dès 1789 et les premiers numéros de son journal, L’Ami du peuple.

Quant à la justice, il écrit sur sa réforme dès 1780, un Plan de législation criminelle, et certains historiens verront en Marat le précurseur du socialisme (Jaurès) ou du gauchisme (Mathiez).

« Au-delà de ce que propose Marat, il ne peut y avoir que délire et extravagance. »1305

Camille DESMOULINS (1760-1794). Le Vieux cordelier : journal politique (1825), Camille Desmoulins, Joachim Vlate

Et Lamartine écrira dans son Histoire des Girondins : « Marat personnifiait en lui ces rêves vagues et fiévreux de la multitude qui souffre […] Il introduisait sur la scène politique cette multitude jusque-là reléguée dans son impuissance. »

Marat joue le rôle du journaliste redresseur de torts et formateur de l’opinion publique, critiquant toujours tout et tous, voulant ouvrir les yeux, ne cessant de réclamer des têtes, inventant le langage même de la Terreur, cherchant à détruire tous ses adversaires. En cela, il incarne le révolutionnaire type jusqu’à la caricature.

À sa mort, Hébert force encore le trait avec Le Père Duchesne, accusant les robespierristes d’être des « endormeurs » ! Hébertistes rime alors avec extrémistes – l’on parle aussi d’« Enragés ». L’échafaud mettra fin au mouvement, sous la dictature de Robespierre.

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Avec le volume 5 - Révolution - revivez ces cinq années qui bouleversent le cours de l’Histoire, révélant au jour le jour une galerie de personnages à jamais inoubliables, de Mirabeau à Robespierre, en même temps que le Peuple s’impose en premier rôle.

 

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