Et les enfants, dans l’Histoire ? (de la Révolution à nos jours) | L’Histoire en citations
Édito de la semaine

Au début de la monarchie et sous l’Ancien Régime, il y a les enfants du peuple et les petits rois.

On ne pense aux premiers qu’en cas de disette ou de famine, pour déplorer la cruauté de leur sort. Le reste du temps, ils doivent travailler comme leurs parents. Seuls, les petits rois monopolisent l’intérêt des contemporains et des historiens. Mais ils n’ont pas la vie facile !

Exception à la règle, la cour sous Henri IV. Les enfants y sont traités comme tels, le Bon Roi s’en occupe personnellement et les bâtards royaux sont pour la première fois légitimés. 

Le petit roi peut être fiancé bien avant ses 10 ans et le mariage (souvent avec une princesse étrangère) n’est pas une question d’amour - la raison d’État s’impose. Majeur à 13 ans, il apprend ce métier depuis la prime enfance. À 5 ans, le Parlement s’adresse à lui comme à un adulte. À 8 ans, terrifié à l’idée de subir le même sort, le petit Louis XIII doit se conduire en roi devant le corps de son père Henri IV assassiné par Ravaillac. La régence s’impose, elle va se passer très mal sous le règne de sa mère Marie de Médicis. Mais peu de régences sont heureuses.

Seul Louis XIV s’en tire bien : roi à 4 ans, déjà impatient de régner, initié par Mazarin et seul roi de l’Histoire vraiment fait pour « ça ». Là est le secret d’une vie réussie, comme dans la plupart des métiers.

Autre souci qui tourne à l’obsession en monarchie héréditaire : la succession. Il faut avoir un fils et ce n’est pas toujours facile. Encore faut-il qu’il survive à une mortalité infantile très élevée (aggravée par la consanguinité dans les familles royales), au danger d’une guerre où il est engagé d’office ou à sa situation d’otage quand il remplace son père prisonnier (les deux fils de François Ier vaincu à Pavie).

Le problème de l’éducation des enfants commence à se poser au XVIIe siècle et l’éducation des filles vaut débat de société. Au siècle des Lumières, un seul philosophe s’en préoccupe : Rousseau. Même s’il abandonne ses cinq enfants naturels aux Enfants-trouvés, son traité sur l’éducation fait école auprès des parents. Mais la petite fille n’est pas traitée à l’égale des garçons.

À partir de la Révolution… tout change, ou presque. Louis XVII (fils de Louis XVI) sera le dernier dauphin martyr de l’Histoire.

Le problème de la succession se posera une fois encore sous l’Empire héréditaire : Napoléon divorce de Joséphine pour devenir enfin père. Mais son Aiglon adoré aura une vie brève et malheureuse.

Le problème de l’éducation est réglé de manière dictatoriale et quasi militaire par l’Empereur. La Troisième République s’y intéressera passionnément, les lois Ferry créant l’éducation nationale, gratuite et obligatoire à la fin du XIXe siècle. La politique de l’éducation fera chuter bien des ministres sous la Cinquième République, preuve que le sujet reste conflictuel !

La natalité devient pour la première fois un problème majeur – la dénatalité étant l’une des causes de la guerre perdue en 1939. Pétain s’empare du problème à sa manière, de Gaulle fait de même et le « règle » étonnamment vite et bien en 1946.
L’enfant et l’enfance conçus en tant que tels concernent de plus en plus d’auteurs et leur réalité infiniment diverse et complexe s’impose dans l’histoire au quotidien.

Seul point commun à toutes les époques, la métaphore de l’enfant et de l’enfance fait symbole et multiplie les allégories poétiques et populaires - surtout en temps de crise, de guerres ou de révolutions. La France est notre mère malade et nous sommes ses enfants depuis la Renaissance. De même face au Père, le roi dont le peuple attend tout et d’abord le pain nourricier.

Le mythe de Saturne dévorant ses enfants ressuscite sous la Révolution et reparaît pour fustiger le travail au nom du socialisme utopique né au XIXe siècle. Aujourd’hui encore, nous restons les « enfants de la patrie » avec la Marseillaise, hymne national toujours d’actualité.

II. De la Révolution à nos jours.

REVOLUTION

« Il a été permis de craindre que la Révolution, comme Saturne, dévorât successivement tous ses enfants. »1269

Pierre Victurnien VERGNIAUD (1753-1793). Histoire des Girondins (1847), Alphonse de Lamartine

Période héroïque et tragique s’il en est, propice aux allégories patriotiques. Le mythe de Saturne et du sort fatal à ses enfants fait image et vient à propos.

Le destin de Vergniaud illustre parfaitement ses paroles : avocat (comme nombre de révolutionnaires), député sous la Législative, prenant parti contre les émigrés, contre les prêtres réfractaires, il est ensuite considéré comme trop modéré face à Robespierre et aux Montagnards. Il fait donc partie des Girondins guillotinés, fin octobre 1793. D’autres charrettes d’« enfants » de la Révolution suivront : les Enragés (hébertistes) trop enragés, les Indulgents (dantonistes) trop indulgents, les robespierristes enfin, trop terroristes.

« Mes amis, j’irai à Paris avec ma femme et mes enfants : c’est à l’amour de mes bons et fidèles sujets que je confie ce que j’ai de plus précieux. »1355

LOUIS XVI (1754-1793), au matin du 6 octobre 1789 à Versailles. La Révolution française (1965), François Furet, Denis Richet

Le roi ne peut que céder à la foule – milliers de Parisiens et Parisiennes amassés dans la cour du château de Versailles, criant : « À Paris ! À Paris ! » Aidé de sa famille (femme et enfants), il se rend à nouveau populaire, du moins il l’espère, d’autant que la foule fraternise avec les gardes. Il va quitter définitivement Versailles pour regagner le palais des Tuileries, sa résidence parisienne.

L’Assemblée se réunit à 11 heures. Sur proposition de Mirabeau et Barnave, elle s’affirme inséparable du roi et décide de le suivre à Paris.

Un immense cortège s’ébranle à 13 heures : plus de 30 000 personnes. Des gardes nationaux portant chacun un pain piqué au bout de la baïonnette, puis les femmes escortant des chariots de blé et des canons, puis les gardes du corps et les gardes suisses désarmés, précédant le carrosse de la famille royale escorté par La Fayette, suivi de voitures emmenant quelques députés, puis la majeure partie des gardes nationaux et le reste des manifestants.

« Nous ne manquerons plus de pain ! Nous ramenons le boulanger, la boulangère et le petit mitron. »1356

Cri et chant de victoire des femmes du peuple ramenant le roi, la reine et le dauphin, sur le chemin de Versailles à Paris, 6 octobre 1789. Histoire de la Révolution française (1847), Louis Blanc

Épilogue des deux journées révolutionnaires, 5 et 6 octobre. Les 6 000 à 7 000 femmes venues la veille de Paris crient aujourd’hui victoire, puisque le roi a promis le pain aux Parisiens. Le roi, en tant que « Père du peuple », doit assurer la subsistance et le pain tient une grande part dans le budget des petites gens, d’où l’expression : boulanger, boulangère, petit mitron.

Le soir, à 20 heures, le maire de Paris accueille le carrosse royal sous les vivats et les bravos du peuple. Quand Louis XVI peut enfin s’installer aux Tuileries, il n’imagine pas qu’il est désormais prisonnier du peuple parisien.

« Maman, est-ce qu’hier n’est pas fini ? »1388

Le dauphin LOUIS, futur « LOUIS XVII » (1785-1795), à Marie-Antoinette, fin juin 1791. Bibliographie moderne ou Galerie historique, civile, militaire, politique, littéraire et judiciaire (1816), Étienne Psaume

Simple et admirable mot de l’enfant qui mourra quatre ans plus tard, à la prison du Temple.

L’épreuve (ratée) de la fuite à Varennes blanchit – dit-on – les cheveux de la reine : de blond cendré, ils devinrent « comme ceux d’une vieille femme de soixante-dix ans ». Marie-Antoinette a sans aucun doute une part de responsabilité dans ce projet d’évasion mal préparé. Elle dit un jour à Fersen : « Je porte malheur à tous ceux que j’aime. »

« Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens. »1203

LOUIS XVI (1754-1793), Testament écrit un mois avant sa mort (fin 1792)

Testament royal unique en son genre, particulièrement émouvant et dramatique. Dans l’épreuve, Louis XVI acquiert une dignité et même une royauté qui le rachètent devant l’histoire, cependant que le martyre l’auréole aux yeux de nombreux historiens qui condamnent sans appel son prédécesseur : la guillotine est plus noble que la petite vérole.

« Allons, enfants de la patrie… »1410

ROUGET de l’ISLE (1760-1836), Chant de guerre pour l’armée du Rhin (1792)

Métaphore patriotique par excellence, elle résonne toujours jusque dans les événements sportifs !

Premier vers de ce qui deviendra l’hymne national français sous le nom de La Marseillaise, paroles et musique de Claude Joseph Rouget de l’Isle, chant composé dans la nuit du 25 avril 1792 à la requête du maire Dietrich, à Strasbourg, joué pour la première fois par la musique de la garde nationale de cette ville, le 29 avril.   

« Immorale sous tous les rapports et nouvelle Agrippine, elle est si perverse et si familière avec tous les crimes qu’oubliant sa qualité de mère, la veuve Capet n’a pas craint de se livrer à des indécences dont l’idée et le nom seul font frémir d’horreur. »1541

FOUQUIER-TINVILLE (1746-1795), Acte d’accusation de Marie-Antoinette, Tribunal révolutionnaire, 14 octobre 1793. Histoire du Tribunal révolutionnaire de Paris (1862), Émile Campardon

« Marie-Antoinette de Lorraine d’Autriche, âgée de 37 ans, veuve du roi de France », ayant ainsi décliné son identité, a répondu le 12 octobre à un interrogatoire (secret) portant sur des questions politiques et sur le rôle qu’elle a joué auprès du roi, au cours de divers événements, avant et après 1789. Elle nie pratiquement toute responsabilité.

Au procès, cette fois devant la foule, elle répond à nouveau et sa dignité impressionne. L’émotion est au comble quand Fouquier-Tinville aborde ce sujet intime des relations avec son fils. L’accusateur public ne fait d’ailleurs que reprendre les rumeurs qui ont moralement et politiquement assassiné la reine en quelque 3 000 pamphlets, à la fin de l’Ancien Régime – ce qu’on appela les « Basses Lumières ». L’inceste (avec un enfant âgé alors de moins de 4 ans) fut l’une des plus monstrueuses.

« Si je n’ai pas répondu, c’est que la nature se refuse à répondre à pareille inculpation faite à une mère : j’en appelle à toutes celles qui peuvent se trouver ici. »1542

MARIE-ANTOINETTE (1755-1793), réplique à un juré s’étonnant de son silence au sujet de l’accusation d’inceste, Tribunal révolutionnaire, 14 octobre 1793. La Femme française dans les temps modernes (1883), Clarisse Bader

La reine déchue n’est plus qu’une femme et une mère humiliée, à qui l’on a enlevé son enfant devenu témoin à charge, évidemment manipulé. L’accusée retourne le peuple en sa faveur. Le président menace de faire évacuer la salle. La suite du procès est un simulacre de justice et l’issue ne fait aucun doute.

Au pied de la guillotine, ses dernières paroles sont pour le bourreau Sanson qu’elle a heurté, dans un geste de recul : « Excusez-moi, Monsieur, je ne l’ai pas fait exprès. » Mot de la fin authentique, trop anodin pour devenir citation.

« Enfants de la Patrie, vous vengerez ma mort. »1552

Olympe de GOUGES (1755-1793), guillotinée le 3 novembre 1793. Son mot de la fin. Histoire du Tribunal révolutionnaire de Paris, avec le Journal de ses actes (1880), Henri Alexandre Wallon

Métaphore récurrente qui sublimise ce mot et devrait favoriser la panthéonisation de l’auteur.

Féministe coupable d’avoir écrit en 1791 une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, d’avoir défendu le roi, puis courageusement attaqué Robespierre en « brissotine » (synonyme de girondine), elle a été arrêtée en juillet 1793.

Femme de lettres, et femme libre jusqu’à la provocation, elle est comparable à George Sand au siècle suivant, mais ce genre de provocation est encore plus mal vu, en 1793 ! La reconnaissance espérée par la condamnée sera tardive.

« Il est temps de mettre un terme à tant de calamités. La République se plaît à rallier ses enfants. »1612

Décret d’amnistie en faveur des Vendéens, Convention, 2 décembre 1794. La Révolution française (1966), Jacques Levron

Toujours la métaphore récurrente dans les temps héroïques ! Après l’exécution de 160 000 civils par les colonnes infernales de Turreau (janvier à juillet 1794), la politique de répression cesse enfin. Cependant, quelques grands procès politiques doivent dévoiler l’arbitraire et l’horreur de la Terreur. Deux exemples : Carrier, Fouquier-Tinville.

« Lors même qu’il [Louis XVII] aura cessé d’exister, on le retrouvera partout et cette chimère servira longtemps à nourrir les coupables espérances. »1615

CAMBACÉRÈS (1753-1824), Discours tenu au nom des Comités de salut public, de sûreté générale et de législation, Convention, 22 janvier 1795

Phrase prémonitoire, prononcée à l’occasion du deuxième anniversaire de la mort de Louis XVI. À la tribune, l’orateur conclut contre la mise en liberté de son fils.

Le dauphin mourra officiellement au Temple le 8 juin de cette année – mais est-ce bien lui ou un autre enfant qui aurait pris sa place ? C’est l’énigme du Temple, l’un des mystères de l’histoire, conforté par cette phrase étrange d’un grand juriste qui pèse toujours ses mots. Ne dirait-on pas que l’enfant a déjà disparu en janvier ? Totalement isolé, il était très malade.

EMPIRE

« Chez un grand peuple dont les institutions sont fixes, l’éducation nationale doit être en harmonie avec les institutions. »1700

Lucien BONAPARTE (1775-1840), Rapport du 22 mars 1800. Histoire de la France et des Français (1972), André Castelot, Alain Decaux

L’éducation des enfants, thème qui redevient d’actualité au XIXe siècle. Le frère de Napoléon, ministre de l’Intérieur, critique « l’instruction à peu près nulle en France ». Un projet de réforme va être étudié par Chaptal et Fourcroy. L’empereur est très conscient de l’importance du problème. La raison qu’il donne est évidemment très discutable…

« Il faut avant tout arriver à l’unité, et qu’une génération tout entière puisse être jetée dans le même moule. »1757

NAPOLÉON Ier (1769-1821) au comte Louis-Mathieu MOLÉ. Histoire générale de l’enseignement et de l’éducation en France, tome III, De la Révolution à l’école républicaine (1981), François Mayeur

L’instruction publique est un moyen de « diriger les opinions publiques et morales » et pour Napoléon, « tout en dépend, le présent et l’avenir ». Les premiers lycées sont fondés en 1802. La mission assignée à l’Université en 1808 sera également de « former dans le même moule une jeunesse bourgeoise dévouée à l’État ». L’empereur prétend aussi asservir à sa loi philosophes et écrivains, et c’est un tout autre problème.

« Il n’y aura pas d’État politique fixe s’il n’y a pas un corps enseignant avec des principes fixes. Tant qu’on n’apprendra pas, dès l’enfance, s’il faut être républicain ou monarchique, catholique ou irréligieux, l’État ne formera point une nation. »1813

NAPOLÉON Ier (1769-1821), 10 mai 1806. Revue politique et littéraire : revue bleue, volume II (1889)

En vertu de quoi « il sera formé sous le nom d’Université impériale un corps chargé exclusivement de l’enseignement et de l’éducation publics dans tout l’Empire. » L’Université de France sera créée en 1807 et organisée par décret du 25 novembre 1811, sous l’autorité du grand maître Louis de Fontanes.

« Nos maîtres ressemblaient à des hérauts d’armes, nos salles d’études à des casernes, nos récréations à des manœuvres et nos examens à des revues. »1859

Alfred de VIGNY (1797-1863), Servitude et grandeur militaires (1835)

Témoignage d’un ancien élève du lycée Bonaparte (aujourd’hui Condorcet), âgé de 14 ans en 1811, né d’une famille aristocratique et de tradition militaire, se préparant (sans vraie vocation) à Polytechnique. Mais Vigny quittera l’armée pour devenir poète.

Il évoque avec nostalgie ce passé qui fait rêver toute sa génération romantique : « Les maîtres mêmes ne cessaient de nous lire les bulletins de la Grande Armée, et nos cris de Vive l’empereur interrompaient Tacite et Platon […] Il me prit alors plus que jamais un amour vraiment désordonné de la gloire des armes ; passion d’autant plus malheureuse que c’était le temps, précisément, où la France commençait à s’en guérir. »

« À tout peuple conquis, il faut une révolte, et je regarderai une révolte à Naples comme un père de famille voit une petite vérole à ses enfants, pourvu qu’elle n’affaiblisse pas trop le malade. »1816

NAPOLÉON Ier (1769-1821), Lettre à Joseph, roi de Naples, 17 août 1806. Correspondance de Napoléon Ier, publiée par ordre de l’empereur Napoléon III (1858)

Napoléon use d’une métaphore singulière, pour être mieux compris de son aîné. Joseph ne restera que deux ans sur ce trône. Remplacé par Murat, il se retrouvera en Espagne où la population madrilène se révoltera bien davantage.

« Nous autres peuples d’Occident, nous avons tout gâté en traitant les femmes trop bien […] Elles ne doivent pas être regardées comme les égales des hommes, et ne sont, en réalité, que des machines à faire des enfants […] Il vaut mieux qu’elles travaillent de l’aiguille que de la langue. »1823

NAPOLÉON Ier (1769-1821). Histoire de la France : dynasties et révolutions, de 1348 à 1852 (1971), Georges Duby

La création de la maison d’éducation des jeunes filles de la Légion d’honneur d’Écouen, le 15 mai 1807, est une occasion parmi d’autres de manifester sa misogynie, en réaction contre un XVIIIe siècle relativement émancipateur et une idéologie révolutionnaire démocratique. Bref, selon une note de l’empereur : « Élevez-nous des croyantes et non pas des raisonneuses. »

« On aime les filles pour ce qu’elles sont, et les fils pour ce qu’ils promettent d’être. »..

GOETHE (1749-1832), Aus meinem Lebe : Dichtung und Warheit - De ma vie : Poésie et Vérité (1811-1833), autobiographie

Le plus grand écrivain allemand et la plus célèbre incarnation du romantisme a naturellement une idée plus moderne et plus juste de l’enfant et de la différence entre les sexes.

« Ne conservant aucun espoir d’avoir des enfants qui puissent satisfaire les besoins de sa politique et l’intérêt de la France, je me plais à lui donner la plus grande preuve d’attachement et de dévouement qui ait été donnée sur la terre. »1843

JOSÉPHINE (1763-1814), répondant à Napoléon devant toute la famille impériale, au château des Tuileries, 15 décembre 1809. Histoire du Consulat et de l’Empire (1847), Adolphe Thiers

Le problème de la succession (héréditaire) se pose sous l’Empire comme sous la royauté. Quelques instants plus tôt, Napoléon a annoncé son divorce les larmes aux yeux, tenant la main de sa femme en pleurs et lisant son discours : « Il n’est aucun sacrifice qui ne soit au-dessus de mon courage, lorsqu’il m’est démontré qu’il est utile au bien de la France. Dieu sait combien une pareille résolution a coûté à mon cœur. Ma bien-aimée épouse a embelli quinze ans de ma vie ; le souvenir en restera toujours gravé dans mon cœur. Qu’elle ne doute jamais de mes sentiments, et qu’elle me tienne toujours pour son meilleur et son plus cher ami. »

L’impératrice a également écrit son texte, mais l’émotion l’empêche de lire. Ils sont dits par le secrétaire d’État de la famille impériale, le comte Regnault de Saint-Jean d’Angély : « La dissolution de mon mariage ne changera rien aux sentiments de mon cœur : l’empereur aura toujours en moi sa meilleure amie. Je sais combien cet acte, commandé par la politique et par de si grands intérêts, a froissé son cœur, mais l’un et l’autre nous sommes glorieux du sacrifice que nous faisons au bien de la patrie. »

Répudiée pour stérilité (après deux enfants d’un premier mariage), elle a aujourd’hui 46 ans. Le lendemain, l’ex-impératrice quitte les Tuileries pour ne plus jamais y revenir. Largement dotée, elle se retire à la Malmaison et continue d’écrire à l’empereur qui fait annuler son mariage civil par sénatus-consulte, dès le lendemain, 16 décembre. L’officialité de Paris fera de même pour le mariage religieux, en janvier 1810. Deux mois après, la question est réglée…

« Je me donne des ancêtres. »1844

NAPOLÉON Ier (1769-1821), château de Compiègne, 27 mars 1810. Metternich (1965), Henry Vallotton

« Ivre d’impatience, ivre de félicité », il apprend la valse (viennoise) et attend sa future femme, Marie-Louise : archiduchesse d’Autriche, descendante de l’empereur Charles Quint, et petite-nièce de Marie-Antoinette. Napoléon, de petite noblesse corse (d’origine génoise), évoque volontiers « ma malheureuse tante Marie-Antoinette » et « mon pauvre oncle Louis XVI ». Cette union flatte son orgueil.

Il s’est décidé en février, dans une hâte qui a fort embarrassé l’ambassadeur d’Autriche à Paris (Schwarzenberg, successeur de Metternich à ce poste) : même pas le temps de prévenir l’empereur d’Autriche, avant que Napoléon annonce sa décision aux Français ! Mais personne ne peut rien refuser à Napoléon, même pas sa fille : « L’Autriche fit au Minotaure le sacrifice d’une belle génisse. » Parole du prince de Ligne, commentant le mariage du 1er avril.

« C’est un ventre que j’épouse. »1846

NAPOLÉON Ier (1769-1821). Le Fils de l’empereur (1962), André Castelot

Napoléon confirme la référence à la « belle génisse » sacrifiée par l’Autriche et assume le rôle du Minotaure prédateur, sans y mettre les formes. Il manifeste tant de hâte qu’on parle d’un enlèvement plus que d’un mariage. La cérémonie religieuse a lieu le 2 avril 1810. Marie-Louise a 18 ans, il vit une lune de miel de trois semaines qui le comble, et sa seconde femme lui donnera un fils, le 20 mars 1811 : le roi de Rome.

« Bel enfant qui ne fait que naître,
Et pour qui nous formons des vœux,
En croissant, tu deviendras maître
Et régneras sur nos neveux.
Dame, dame, réfléchis bien,
Dame, dame, souviens-toi bien
Qu’alors il ne faudra pas faire
Tout comme a fait, tout comme a fait ton père. »1854

Chanson pour le roi de Rome (1811). Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Parmi toutes les chansons en l’honneur de l’illustre nouveau-né, celle-ci résonne comme un avertissement au père. La chanson donne souvent le pouls d’une opinion publique – c’est rare et précieux, sous l’Empire où la rigueur de la censure étouffe bien des pensées !

« Je l’envie. La gloire l’attend, alors que j’ai dû courir après elle […] Pour saisir le monde, il n’aura qu’à tendre les bras. »1855

NAPOLÉON Ier (1769-1821), à Duroc, 20 mars 1811. L’Aiglon, Napoléon II (1959), André Castelot

Le père est bouleversé devant le berceau de son fils, d’autant plus que cette naissance comble l’empereur. La dynastie semble installée à jamais. Il avoue son émotion à l’un de ses plus anciens compagnons de route et de gloire, connu au siège de Toulon en 1793.

« Je préférerais qu’on égorgeât mon fils ou qu’il fût noyé dans la Seine plutôt que de le voir jamais élevé à Vienne comme prince autrichien. »1960

NAPOLÉON Ier (1769-1821). Les Errants de la gloire (1933), princesse Lucien Murat (comtesse Marie de Rohan-Chabot)

Il ignore encore, en cette fin d’année 1815, que l’Aiglon sera précisément élevé à Vienne par son grand-père maternel, comme un prince autrichien, sous le nom de duc de Reichstadt – c’est l’« assassinat moral » tant redouté par le père pour son fils.

« L’Angleterre prit l’aigle et l’Autriche l’aiglon. »1961

Victor HUGO (1802-1885), Les Chants du crépuscule (1835)

Les destins tragiques inspirent les poètes et entre tous, les grands romantiques du XIXe siècle.

Edmond Rostand, considéré comme le dernier de nos auteurs romantiques, est un peu le second père de l’Aiglon et fit beaucoup pour sa gloire, dans la pièce qui porte son nom. Le rôle-titre sera créé en travesti par la star de la scène, Sarah Bernhardt (1900). À plus de 50 ans, elle triomphe en incarnant ce jeune prince mort à 21 ans.

« Quand j’étais tout-puissant, [les rois] briguèrent ma protection et l’honneur de mon alliance, ils léchèrent la poussière dessous mes pieds ; maintenant, dans mon vieil âge, ils m’oppriment et m’enlèvent ma femme et mon fils. »1962

NAPOLÉON Ier (1769-1821). Mémorial de Sainte-Hélène (1823), Las Cases

« Il avait le monde sous ses pieds et il n’en a tiré qu’une prison pour lui, un exil pour sa famille, la perte de toutes ses conquêtes et d’une portion du vieux sol français », écrira de son côté Chateaubriand, dans ses Mémoires d’outre-tombe.

Mais Napoléon entre vivant dans l’histoire et la légende. Il s’en charge le premier, confiant ses souvenirs et ses pensées à Emmanuel de Las Cases, auteur du Mémorial – plusieurs fois réédité vu son succès, chaque édition étant revue et augmentée.

RESTAURATION ET MONARCHIE DE JUILLET

« Hommes noirs, d’où sortez-vous ?
Nous sortons de dessous terre,
Moitié renards, moitié loups.
Notre règle est un mystère.
Nous sommes fils de Loyola,
Vous savez pourquoi l’on nous exila.
Nous rentrons ; songez à vous taire !
Et que vos enfants suivent nos leçons.
C’est nous qui fessons, et qui refessons,
Les jolis petits, les jolis garçons. »1967

BÉRANGER (1780-1857), Les Révérends Pères, chanson. Histoire de la littérature française : de la révolution à la belle époque (1981), Paul Guth

Le plus célèbre chansonnier contemporain vise les jésuites, de retour avec la monarchie. Pie VII a rétabli leur ordre, le 7 août 1814. La Charte, compromis constitutionnel, reconnaît la liberté du culte, mais fait du catholicisme la religion d’État et les pères jésuites pensent avoir le quasi-monopole de l’éducation.

Les deux derniers vers aux accents plaisamment polissons dénoncent en fait la pédophilie pratiquée dans certains collèges catholiques. Au XXIe siècle, l’Église a enfin pris conscience du scandale qui s’étend bien au-delà des collèges de jésuites !

« Il est né, l’enfant du miracle
Héritier du sang d’un martyr,
Il est né d’un tardif oracle,
Il est né d’un dernier soupir. »1980

Alphonse de LAMARTINE (1790-1869), Méditations poétiques (1820)

Le poète gentilhomme, qui fut un temps dans les gardes du corps de Louis XVIII et joue les attachés d’ambassade en Italie, salue avec lyrisme la naissance du duc de Bordeaux, le 29 septembre 1820. Fils posthume du duc de Berry (assassiné en février par Louvel, ouvrier cordonnier républicain : « J’ai voulu tuer la race ! ») et de la duchesse de Berry Marie-Caroline, il prendra le nom de comte de Chambord et deviendra Henri V pour les royalistes légitimistes. Mais la Révolution de 1830 va éliminer la branche des Bourbons au profit des Orléans.

Le peuple qui se désintéresse d’une vie politique dont il est exclu au niveau parlementaire se passionne pour l’événement. Les Parisiens vont boire 200 000 bouteilles de bordeaux en l’honneur de celui qui devrait être leur futur roi et chantent : « C’est un garçon ! / J’ai, dans mon allégresse / Compté deux fois douze coups de canon / Dans tout Paris on s’agite, on s’empresse / C’est un garçon ! » La France reste bien royaliste, même si Louis XVIII, le « Roi-fauteuil », n’a jamais réussi à devenir « le Désiré », comme il le souhaitait.

« Madame […] votre fils est mon roi ! »2075

François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), à la duchesse de Berry (mère d’Henri V). Mémoires d’outre-tombe (posthume), François René de Chateaubriand

La duchesse a débarqué secrètement en France, le 30 avril 1832. Pour Chateaubriand, le roi des Français Louis-Philippe n’est qu’un usurpateur. L’auteur sera poursuivi en cour d’assises pour son Mémoire sur la captivité de la duchesse de Berry et acquitté en 1833. Quant à la duchesse, elle tente en vain de soulever la Provence, puis la Vendée. Arrêtée le 6 novembre à Nantes, internée au fort de Blaye sous la surveillance du futur maréchal Bugeaud, elle accouche en prison d’une fille, fruit d’un mariage secret : scandale ! La branche légitimiste en est discréditée. Les enfants ne font pas toujours le bonheur.

« Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille
Applaudit à grands cris.
Son doux regard qui brille
Fait briller tous les yeux,
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être,
Se dérident soudain à voir l’enfant paraître,
Innocent et joyeux (…)
Seigneur ! préservez-moi, préservez ceux que j’aime,
Frères, parents, amis, et mes ennemis même
Dans le mal triomphants,
De jamais voir, Seigneur ! l’été sans fleurs vermeilles,
La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,
La maison sans enfants ! »

Victor HUGO (1802-1885), Les Feuilles d’automne (1831)

L’auteur du siècle, marié à Adèle Foucher, sera bientôt père de cinq enfants ô combien désirés, mais source de malheurs successifs : Léopoldine (morte noyée et enceinte à 19 ans, le plus grand drame pour toute la famille) et Adèle (atteinte très jeune de démence, internée après la mort de son père et seule à lui survivre), Léopold (mort à 3 mois), François-Victor (mort de tuberculose à 45 ans) et Charles (mort à 44 ans d’apoplexie foudroyante – AVC). Victor Hugo cultivera aussi avec bonheur (et poésie) l’art d’être grand-père, grâce aux deux enfants de Charles, avec Jeanne et Georges.

« Fichtre ! fit Gavroche. Voilà qu’on me tue mes morts. »2076

Victor HUGO (1802-1885), Les Misérables (1862)

Mot d’un populaire gamin de Paris, ainsi mis en situation : « Au moment où Gavroche débarrassait de ses cartouches un sergent gisant près d’une borne, une balle frappa le cadavre. »

Hugo immortalise dans ce roman la première grande insurrection républicaine sous la Monarchie de Juillet, les 5 et 6 juin 1832. Une manifestation aux funérailles du général Lamarque (député de l’opposition) se termine en émeute, quand la garde nationale massacre les insurgés, retranchés rue du Cloître-Saint-Merri : barricades et pavés font à nouveau l’histoire et la une des journaux.

« Par la voix du canon d’alarme,
La France appelle ses enfants.
« Allons, dit le soldat, Aux armes !
C’est ma mère, je la défends. »
Mourir pour la patrie,
C’est le sort le plus beau,
Le plus digne d’envie. »2128

Auguste MAQUET (1813-1888), paroles, et Alphonse VARNEY (1811-1879), musique, Chant des Girondins (1847), entonné le 22 février 1848 au matin, place de la Concorde. Chansons nationales et populaires de France (1850), Théophile Marion Dumersan

La métaphore patriotique redevient d’actualité avec la nouvelle révolution… et une vibration romantique propre au XIXe siècle.

Ce chœur est tiré du Chevalier de Maison-Rouge, version théâtrale du roman historico-héroïco-révolutionnaire signé Dumas et Maquet. Grand succès populaire, le soir de la première représentation. Ce morceau va devenir « la Marseillaise de la Révolution de 1848 ». Il est chanté pour la première fois au matin du 22 février, par les Parisiens venus en masse à la Concorde, ignorant l’interdiction du dernier banquet préélectoral et du défilé, tous deux décommandés. La foule commence à crier : « À bas Guizot ! » et à conspuer les gardes municipaux. La fièvre monte, malgré cet hiver froid et pluvieux. Les pavés, les barricades, les manifestations s’improvisent ici et là, avec les habitants des faubourgs et des banlieues venus pour la bagarre, jusqu’à la nuit tombante.

« Véritable Saturne du travail, l’industrie dévore ses enfants et ne vit que de leur mort. »2251

Louis-Napoléon BONAPARTE (1808-1873), L’Extinction du paupérisme (1844)

Saturne est de retour avec ses enfants comme sous la Révolution, mais dans un contexte politique différent ! L’utopie de ces trente pages écrites par le prisonnier au fort de Ham et le désir d’un futur souverain de se poser en « homme social » n’excluent pas une certaine sincérité – même si Hugo n’y croit pas. Fait unique pour l’époque de la part d’un prétendant au pouvoir, il tient à visiter les régions industrielles anglaises. Il a 25 ans et le spectacle de la misère le frappe.

SECOND EMPIRE

« Mon enfant, tu es sacré par ce plébiscite. L’Empire libéral, ce n’est pas moi, c’est toi ! »2304

NAPOLÉON III (1808-1873), à son fils, le prince impérial Eugène Louis Napoléon, âgé de 14 ans, 8 mai 1870. La Société du Second Empire, tome IV (1911-1924), Comte Maurice Fleury, Louis Sonolet

L’empereur rayonne et en oublie sa souffrance (« maladie de la pierre ») après le plébiscite triomphal du 8 mai : 7 350 000 oui (et 1 538 000 non) pour approuver le sénatus-consulte du 20 avril 1870. L’Empire devient une monarchie parlementaire : ministres responsables devant les Chambres qui ont aussi l’initiative des lois. Le prince impérial pourra lui succéder dans les meilleures conditions politiques… C’est compter sans la Prusse de Bismarck.

« Bon voyage, vieux Badinguet,
Porte aux Prussiens ta vieille Badinguette !
Bon voyage, vieux Badinguet,
Ton p’tit bâtard ne régnera jamais. »2334

Les Actes de Badinguet (1870), chanson. La Commune en chantant (1970), Georges Coulonges

Napoléon III, battu à Sedan le 1er septembre 1870, capitule dans la nuit. Ces couplets vengeurs s’adressent à l’empereur déchu dont la popularité s’est écroulée en quelques jours – Badinguet est le nom du maçon dont Louis-Napoléon Bonaparte emprunta les vêtements pour s’enfuir du fort de Ham, en 1846. L’impératrice Eugénie avec qui il fit un mariage d’amour ne fut jamais aimée du peuple. Quant au « p’tit bâtard », Prince impérial adoré par ses parents, candidat naturel des bonapartistes, il voudra bientôt faire ses preuves au combat – mais il meurt à 23 ans dans la guerre des Anglais contre les Zoulous.

TROISIEME REPUBLIQUE

« Va, passe ton chemin, ma mamelle est française,
N’entre pas sous mon toit, emporte ton enfant,
Mes garçons chanteront plus tard La Marseillaise,
Je ne vends pas mon lait au fils d’un Allemand. »2413

Gaston VILLEMER (1840-1892), paroles, et Lucien DELORMEL (1847-1899), musique, Le Fils de l’Allemand, chanson. Les Chansons d’Alsace-Lorraine (1885), Gaston Villemer et Lucien Delormel

« Vrais frères siamois de la littérature des beuglants », ce couple auteur-compositeur exploite systématiquement la veine patriotique et revancharde.

Les refrains patriotico-sentimentaux et les allégories se multiplient après la guerre franco-prussienne de 1870-71, l’amputation du territoire des deux provinces sœurs, l’Alsace-Lorraine et l’obsession de la Revanche, reine de France. Toute une littérature et une imagerie populaires se développent sur ce thème douloureux.

« La patrouille allemande passe,
Baissez la voix, mes chers petits,
Parler français n’est plus permis
Aux petits enfants de l’Alsace. »2420

Gaston VILLEMER (1840-1892), paroles, et Lucien DELORMEL (1847-1899), musique, Le Maître d’école alsacien, chanson. Les Chansons d’Alsace-Lorraine (1885), Gaston Villemer et Lucien Delormel

On retrouve les deux confrères et compères du chant patriotique, cependant que s’impose, dans l’imagerie populaire, ce personnage émouvant du maître alsacien donnant sa dernière leçon de français face aux petits enfants. Le dessinateur Hansi (1873-1951), né et mort à Colmar, fera carrière en exploitant le même sentiment, avec un vrai talent d’artiste.

« Celui qui est maître du livre est maître de l’éducation. »

Jules FERRY (1832-1893), Discours au Ministère de l’Instruction Publique du 5 mai 1879

Républicain de cœur et de raison, sa politique scolaire est faite pour régler la question sociale. Il faut faire disparaître « la dernière, la plus redoutable des inégalités qui viennent de la naissance, l’inégalité de l’éducation », permettre « la première fusion qui résulte du mélange des riches et des pauvres sur le banc de quelque école ». D’où les « lois Ferry » de 1881-1882 qui rendent l’enseignement primaire gratuit, ce qui permet de le rendre obligatoire de 7 à 13 ans, puis laïc.

On pense aussi à la formation des maîtres, en créant des Écoles normales d’instituteurs (et d’institutrices) dans chaque département. Ce nouveau service public de l’enseignement va donner un minimum d’instruction aux fils de paysans et créer la fameuse rivalité entre l’instituteur et le curé.

« L’origine des névroses est à chercher dans des traumatismes apparus durant l’enfance. »

Sigmund FREUD (1856-1939), Introduction à la psychanalyse (1917)

Médecin autrichien, ses recherches sur les processus psychiques, l’inconscient, les rêves et les névroses l’amenèrent à créer la psychanalyse, nouvelle discipline des sciences humaines dans les années 1920.

Il développe plusieurs théories fondamentales sur la psyché humaine, du complexe d’Œdipe à l’inconscient. L’enfance devient l’une des clés de sa théorie qu’il met en pratique. Freud est aujourd’hui contesté, voire dépassé, mais il a révolutionné le traitement de l’âme et reste malgré tout une référence incontournable.

« Faisons donc la grève, camarades ! la grève des ventres. Plus d’enfants pour le Capitalisme, qui en fait de la chair à travail que l’on exploite, ou de la chair à plaisir que l’on souille ! »2637

Nelly ROUSSEL (1878-1922), La Voix des femmes, 6 mai 1920. Histoire du féminisme français, volume II (1978), Maïté Albistur, Daniel Amogathe

Rares sont les féministes de l’époque aussi extrêmes que cette journaliste marxiste, militante antinataliste en cette « Journée des mères de familles nombreuses ». Le féminisme, revendiquant des droits pour une catégorie injustement traitée, se situe logiquement à gauche dans l’histoire. Mais du seul fait de la guerre, la condition des femmes a changé.

Majoritaires dans le pays, avec un million de veuves de guerre et plusieurs millions de célibataires, elles ont pris l’habitude d’occuper des emplois jadis réservés aux hommes et d’assumer des responsabilités nouvelles. De tels acquis sont irréversibles. Le droit, la médecine, la recherche, le sport leur ouvrent enfin de vrais débouchés. Il faut attendre 1924 pour avoir les mêmes programmes d’enseignement secondaires, d’où l’équivalence des baccalauréats masculin et féminin. Les femmes entreront au gouvernement à la faveur du Front populaire de 1936, dans le ministère Blum. Mais toujours pas de droit de vote.

« La réconciliation des enfants au chevet de la mère malade. »2652

Édouard HERRIOT (1872-1957), parlant avec ironie du nouveau gouvernement Poincaré, 23 juillet 1926. Histoire de France (1954), Marcel R. Reinhard

Retour de la métaphore politique qui va souvent de pair avec les périodes de crise. La France est notre mère en peine ou en danger (malade ou affligée) et nous sommes ses enfants, comme au temps des guerres de Religion.

Après la Grande Guerre de 1914-1918, l’agriculture et l’industrie se redressèrent vite et bien, pas les finances. L’inflation galope, les possesseurs de capitaux se méfient d’un gouvernement de gauche soutenu par les socialistes partisans de l’impôt sur le capital. En 1925, chute du franc sur le marché des changes : la livre, 90 francs en décembre 1924, vaudra 240 francs le 21 juillet 1926. On manifeste devant la Chambre des députés. Le gouvernement Herriot est renversé, le jour même de sa présentation – par 288 voix contre 243. La crise financière a eu raison du Cartel des gauches.

Herriot s’en va, Poincaré revient. Le partant salue ainsi le gouvernement Poincaré d’Union nationale (socialistes exclus) le 23 juillet 1926. Poincaré annonce un train de mesures financières.

« Le Français se fait rare. »2629

Jean GIRAUDOUX (1882-1944), 1939. Le Siècle des intellectuels (1997), Michel Winock

Diplomate et auteur dramatique, il est hanté par la dénatalité française à partir de 1935 : après les coupes sombres de la guerre de 1914-1918 (1,4 million de morts ou disparus), la population diminue, fait sans précédent dans les annales d’un pays industrialisé. Conséquence des retombées de la grande crise économique de 1929 qui augmente le chômage, défaut de politique du logement et de la famille, émancipation féminine, toutes ces causes possibles se greffent sur un trend malthusien et le renforcent. On peut parler de catastrophe nationale, si l’on compare les populations de la France et de l’Allemagne en 1939 : 41 millions face à 70 millions ! La démographie va faire la loi à la démocratie.

SECONDE GUERRE MONDIALE

« C’est sous le triple signe du Travail, de la Famille et de la Patrie que nous devons aller vers l’ordre nouveau. »2763

Pierre LAVAL (1883-1945), « Réunion d’information » des députés, 8 juillet 1940. Soixante jours qui ébranlèrent l’Occident (1956), Jacques Benoist-Méchin

Après un long parcours politique, Laval vient d’entrer dans le gouvernement Pétain installé à Vichy depuis le 3 juillet. Provisoire ministre de la Justice, il va manœuvrer habilement pour que le Maréchal obtienne les pleins pouvoirs.

On travaille à réviser la Constitution : le slogan trinitaire hérité de la Révolution de 1789 – Liberté, Égalité, Fraternité – est trop républicain et remplacé par cette autre trilogie : Travail, Famille, Patrie. Tout l’esprit de révolution nationale du régime de Vichy tient dans ces mots et la loi constitutionnelle du 10 juillet en prend acte : « Cette Constitution doit garantir les droits du travail, de la famille et de la patrie. »

« Maréchal, nous voilà !
Devant toi, le sauveur de la France !
Nous jurons, nous tes gars
De servir et de suivre tes pas !
Maréchal, vous voilà !
Tu nous as redonné l’espérance ! »2778

André MONTAGNARD (1887-1963), paroles, et Charles COURTIOUX (1880-1946), musique, Maréchal, nous voilà, chanson

Chanson témoin d’une époque et reflet d’un régime : chantée par les enfants des écoles, elle passe quotidiennement à la radio, interprétée par André Dassary (on le lui reprochera plus tard). La « collaboration » des artistes sous l’Occupation est un phénomène complexe : la plupart, auteurs, acteurs, chanteurs, réalisateurs, font un métier qu’ils aiment, avant d’aimer les Allemands.

« Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom […]
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître,
Pour te nommer
Liberté. »2788

Paul ÉLUARD (1895-1952), « Liberté », Poésie et Vérité (1942)

L’enfant écolier est à nouveau sollicité, de l’autre côté de l’échiquier politique. Cet hymne à la liberté, chef-d’œuvre de la poésie née de la Résistance, est répandu sur la France par les avions de la Royal Air Force. Éluard, comme Aragon, a choisi la voie de l’engagement politique et les rangs du Parti communiste dans les années 1930.

« Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants, mais très peu s’en souviennent. ».

Antoine de SAINT-EXUPÉRY (1900-1944), Le Petit Prince (1943)

Saint-Ex a disparu en vol à 44 ans. Ce conte pour enfants traduit en 270 langues est devenu un phénomène d’édition avec plus de 145 millions d’exemplaires vendus dans le monde. On lui doit aussi ce mot quasi freudien, dans le sens d’une nostalgie heureuse (mais sans la référence traumatique chère à Freud) : « On est de son enfance comme on est d’un pays. »

« Il faudrait ne jamais devenir grand. »

Jean ANOUILH (1910-1987), Antigone (créée en 1944 au théâtre de l’Atelier à Paris)

Inspirée de la pièce éponyme de Sophocle et marquée par le contexte de la guerre, variation sur le thème du pouvoir et de la révolte, œuvre profondément pessimiste signée d’un auteur bourgeois qui déteste la bourgeoisie qu’il ne connaît que trop, il ne trouve de courage que dans la jeune Antigone, résistante face à son oncle Créon, roi de Thèbes. Au péril de sa vie, elle veut pouvoir enterrer son frère. La plupart de ses jeunes héroïnes ont ce profil de pureté têtue.

Presse enthousiaste, salle pleine, chacun peut y voir ce qu’il lui plaît… et la censure allemande laisse passer.

« Il y a deux moments de sa vie où tout homme est respectable : son enfance et son agonie. »

Henry de MONTHERLANT (1895-1972), Carnets (1930-1944)

Troisième auteur de l’époque à citer, romancier, dramaturge et essayiste, on lui doit une pièce autobiographique remaniée pendant quatre décennies : La Ville dont le prince est un enfant s’inspire de son adolescence et particulièrement de son renvoi du collège Sainte-Croix de Neuilly en 1912. Il s’y représente sous les traits d’André Sevrais. Le modèle de Serge, Philippe Giquel, deviendra un as de l’aviation durant la guerre de 1914-18, puis un militant des Croix-de-Feu. Un an avant sa mort,  Montherlant écrira la vérité : c’est le seul être qu’il aima jamais.

Devenu presque aveugle à la suite d’un accident, il se suicide le 21 septembre 1972, à l’équinoxe de septembre, « quand le jour est égal à la nuit, que le oui est égal au non, qu’il est indifférent que le oui ou le non l’emporte », selon ses propres termes. À son domicile du quai Voltaire à Paris, il avale une capsule de cyanure et se tire une balle dans la bouche. Il laisse un mot à son légataire universel : « Je deviens aveugle. Je me tue. » De cette mort volontaire, Julien Green écrit quelques jours plus tard : « Ayant inventé un personnage tout de bravoure et d’éclat, il a fini par se prendre pour lui et s’y est conformé jusqu’à la fin. »

« Nécessité pour l’avenir national d’appeler à la vie les douze millions de beaux bébés qu’il faut à la France en dix ans. »,

Charles de GAULLE (1890-1970), mars 1945, président du GPRF (Gouvernement provisoire de la République française) devant l’Assemblée consultative

Le général annonce l’ambition d’une politique ouvertement nataliste devant l’Assemblée. « Le manque d’hommes et la faiblesse de la natalité française sont la cause profonde de nos malheurs… et l’obstacle principal qui s’oppose à notre redressement. » Il trace un grand plan nataliste. Le Haut Comité consultatif de la population et de la famille est créé en avril 1945. Le pari va réussir alors qu’il a quitté le pouvoir – avant d’y revenir en 1958.

QUATRIÈME RÉPUBLIQUE

« La France a gagné la bataille de la natalité en 1946, sans y gagner celle de la jeunesse et de la vie. »2849

Alfred SAUVY (1898-1990). L’Économie et la société française depuis 1945 (1981), Maurice Parodi

De Gaulle, paternel et patriote, souhaitait « douze millions de beaux bébés ». Vœu très exactement exaucé, fin 1958. Le pays bénéficie de ce renouveau démographique qui a sa pointe au début des années 1950 : on parle toujours du Baby-boom et des « boomers ». La montée des jeunes a des effets positifs sur l’économie, augmentant la demande de logements, équipements, alimentation, vêtements, éducation, santé, loisirs. C’est le type même de « cercle vertueux ».

Mais des blocages demeurent dans la société : inégalités et exclusion sociale, dans une France qui continue trop volontiers à vivre à l’heure de son clocher. « Le débat sur la France moderne, amorcé en 1953 et 1954, n’a pas eu de traduction parlementaire : le régime semble incapable d’assumer la nouveauté dont il a facilité l’émergence » (Jean-Pierre Rioux, La France de la Quatrième République).

« La seule arme qui reste aux travailleurs pour défendre le pain de leurs enfants, quand tous les autres moyens ont été utilisés, c’est la grève. »2872

Georges MARRANE (1888-1976), Conseil de la République, 1er décembre 1947. Notes et études documentaires, nos 4871 à 4873 (1988), Documentation française

La politique (de gauche) recourt volontiers à cette métaphore – même si le pain n’est plus le premier besoin du peule, les enfants coûtent toujours cher à nourrir et à élever, malgré les aides apportées par la politique nataliste.

Ramadier, ancien président du Conseil, parle du PCF comme d’un « chef d’orchestre clandestin » organisant des grèves à la mi-juin, alors que les communistes (dont Marrane) ont quitté le gouvernement. Reprise des grèves en septembre, le gouvernement ayant refusé d’entériner un accord CGT-CNPF risquant de conduire à une hausse excessive des salaires et donc des prix.

Les manifestations prennent un caractère insurrectionnel, début novembre : c’est la « Grande peur d’automne ». Les éléments non communistes du monde du travail font bloc contre les consignes de la CGT : le travail recommence le 10 décembre. Le 18, les groupes Force ouvrière qui militaient au sein de la CGT décident de prendre leur autonomie : ainsi naîtra, en avril 1948, la CGT-FO, tandis que pour maintenir son unité, le Fédération de l’Éducation nationale (FEN) devient elle aussi, autonome, par rapport à la CGT.

CINQUIÈME REPUBLIQUE

« La récréation est finie. »3056

Charles de GAULLE (1890-1970), Orly, samedi 18 mai 1968. Mai 68 et la question de la révolution (1988), Pierre Hempel

Débarquant d’avion, de retour de Roumanie avec douze heures d’avance, il dit aussi : « Ces jeunes gens sont pleins de vitalité. Envoyez-les donc construire des routes. » Mais les étudiants ne sont pas des enfants et Mai 68 ne fait que commencer.

De Gaulle, président de la République, n’est plus en phase avec cette minorité active et réactive des Français. Il aura d’ailleurs la tentation de démissionner (29 mai, jour de la « pause » à Baden), avant de reprendre les rênes du pouvoir. Mais un an après, il démissionnera, désavoué par son premier échec dans un referendum : « Cas sans précédent de suicide en plein bonheur » dira François Mauriac.

« Vous avez pris le risque de rallumer la guerre scolaire qui s’était éteinte en France depuis des décennies […] Vous allez maintenant tordre le cou à la liberté des familles de choisir l’école de leurs enfants. »3246

Jacques CHIRAC (1932- 2019), Assemblée nationale, 24 mai 1984

Les lois scolaires sont toujours risquées pour le gouvernement ! Après trois ans de consultations et très conscient des difficultés, le ministre de l’Éducation nationale Alain Savary a déposé un projet de loi pour créer un « grand service unifié et laïc de l’enseignement public » – c’est la 90e des « 110 propositions » pour la France en 1981.

L’amendement Laignel qui radicalise la réforme fait exploser le cardinal Lustiger dans Le Monde : « Il y a eu manquement à la parole donnée. » Démenti de Matignon et de l’Élysée. Mais l’opinion publique est mobilisée. La manifestation du 24 juin 1984 à Paris groupe (selon ses adversaires ou ses partisans) un à deux millions de personnes qui défilent inlassablement, dans une parfaite organisation, au nom de la défense de l’école libre pour les uns, ou de la laïcité pour les autres. Le combat pour la liberté de l’école devient combat pour l’ensemble des libertés d’opinion.

Le 14 juillet, le président de la République annonce que la loi Savary est abandonnée. Savary, désavoué, démissionne, quelques heures avant la démission du gouvernement Mauroy. Laurent Fabius le remplace, le 17 juillet.

Devaquet au piquet.
Touche pas à ma fac.
Touche pas à mon bac.3269

Slogans des manifestations, fin novembre et début décembre 1986. La Vie politique sous la Ve République (1987), Jacques Chapsal

La loi Devaquet devant réformer l’Université provoque la première grande crise du gouvernement Chirac. Les intentions du ministre – autonomie, sélection, orientation – sont mal comprises. Étudiants et lycéens se mobilisent contre l’inégalité des diplômes (née de l’autonomie des universités), contre la sélection par l’argent (due à l’augmentation des droits d’inscription) et contre le principe même de toute sélection (mot tabou).

Le mouvement semble surgir de la base, se répand et s’organise avec la rapidité de l’éclair. Des AG se réunissent, des coordinations le plus souvent apolitiques se forment et échappent au syndicat UNEF-ID.

Le gouvernement tergiverse. On évoque Mai 68. Les défilés deviennent impressionnants : 4 décembre, 500 000 étudiants marchent dans Paris. Les affrontements avec les CRS se durcissent. Le folklore tourne au drame avec la mort d’un étudiant, Malik Oussekine. Le projet Devaquet est retiré le 8 décembre. Le conflit laisse des traces. Les gouvernements successifs se montreront prudents devant toute volonté de réforme de l’enseignement supérieur. Mais le CIP (Contrat d’insertion professionnelle) d’Édouard Balladur mettra à nouveau les étudiants dans la rue, en 1994.

« Je ne vais pas laisser Dieu à la porte de l’école. »3283

FATIMA (13 ans), 8 novembre 1989. Dictionnaire des citations de l’histoire de France (1990), Michèle Ressi

C’est l’affaire du Foulard (ou voile islamique) – la première qui fait la une de la presse – avec le mot d’une des trois collégiennes de Creil, mises en vedette et refusant de quitter ce « fichu foulard ».

Le foulard coranique, manifestation d’intégrisme, est devenu en France fait de société et affaire d’État, divisant les partis et mobilisant les médias. Il relance le problème de la laïcité au sein de l’école publique et alimente les querelles autour de l’immigration. La loi du 15 mars 2004, appelée parfois « loi sur le voile islamique » et en application du principe de laïcité, régit « le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics ». D’où l’interdiction de tout signe religieux « ostensible », ce qui inclut le voile islamique, mais aussi la kippa et le port de grandes croix.

Vingt ans après, le port de la burka (voile intégral) dans la rue et autres lieux publics relance le débat, avec la confusion entre religion musulmane et islamisme, dans le contexte d’une identité nationale sur laquelle les Français sont appelés à se prononcer. Dieu sait pourquoi !

« On attend tout de l’école, ce qui est le plus sûr moyen de ne rien obtenir d’elle. »3340

Jacques CHIRAC (1932-2019), Une nouvelle France (1992)

L’enseignement est un dossier récurrent en politique, mais souvent piégé, voire explosif. Lors de la première cohabitation avec Mitterrand, Chirac en a fait les frais avec Alain Devaquet, son ministre délégué auprès du ministre de l’Éducation nationale, contraint à démissionner le 8 décembre 1986 - projet abandonné.

Le président annonce une réforme, le 14 juillet 1996 : « Pour la première fois, on sort de l’immobilisme… » Réforme mineure (dans l’enseignement supérieur), mais tout va toujours trop lentement, pour ce président pressé qui va dissoudre l’Assemblée – grave erreur tactique. Il va le payer d’une cohabitation avec la gauche – Lionel Jospin devenant Premier ministre.

Ironie du sort, la prochaine réforme de l’éducation finira mal pour la gauche : Claude Allègre, animé de bonnes intentions, sera d’une maladresse provoquante : « Il faut dégraisser le mammouth. » Le personnel enseignant qui se sent visé aura la peau du ministre.

« Un enfant n’a jamais les parents dont il rêve. Seuls les enfants sans parents ont des parents de rêve. »

Boris CYRULNIK (né en 1937), Les Nourritures affectives (1993)

Médecin neuropsychiatre qui fut également psychanalyste, émigré juif (d’origine russo-polonaise) au parcours fatalement chaotique en raison de la guerre et de ses suites, c’est un vulgarisateur très médiatisé (avec ses 18 livres et 2,5 millions d’exemplaires vendus). Il a notamment relancé le concept de résilience dont on use et abuse parfois.

Ayant présidé en 2018 les Assises de l’école maternelle, Emmanuel Macron lui confie la présidence du « Comité des 1 000 premiers jours de l’enfant », une période fondatrice dans le développement des tout-petits.

« Qui gardera les enfants ? »3399

Laurent FABIUS (né en 1946), apprenant la déclaration de candidature de Ségolène Royal. Le Féminisme à l’épreuve des mutations géopolitiques : Congrès international (2012), Françoise Picq, Martine Storti

29 septembre 2006 à Vitrolles, celle qu’on appelle simplement Ségolène se présente à l’investiture socialiste en vue des présidentielles. Fabius est également candidat et son humour pèche un peu par sexisme. Avec son compagnon François Hollande, Premier secrétaire du parti socialiste, elle a quatre enfants, dont la dernière a 13 ans.

Cela n’a pas empêché Ségolène Royal d’être quatre fois ministre, entre 1992 et 2002, députée depuis 1988 et seule femme à présider un conseil régional.

« Vous avez volé mes rêves et mon enfance avec vos paroles creuses. »

Greta THUNBERG (née en 2003), 23 septembre à l’ONU

L’une des prises de parole les plus remarquées de la jeune militante suédoise qui a commencé à 15 ans devant le Parlement suédois et lancé en 2018 la grève scolaire pour le climat – phénomène viral dans le monde entier, bientôt concurrencé par la pandémie.

La suite du discours particulièrement médiatisé à l’ONU répond à certains contradicteurs : « Je fais pourtant partie de ceux qui ont de la chance. Les gens souffrent, ils meurent. Des écosystèmes entiers s’effondrent, nous sommes au début d’une extinction de masse, et tout ce dont vous parlez, c’est d’argent, et des contes de fées de croissance économique éternelle ? Comment osez-vous ! »

Manipulée ou pas, la militante écolo reprend les conclusions des experts et autres scientifiques, mais elle les « balance » sans nuance, avec l’énergie de sa jeunesse. On peut refuser de discuter de ces problèmes « avec une enfant », mais l’argument peut aussi être retourné : c’est avec une enfant qui se sent concernée et motivée au-delà du raisonnable qu’il faut parler.

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