Lacombe : « Étienne Marcel [est] le premier bourgeois de de Paris qui ait osé proclamer le principe de la souveraineté du peuple... » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

La guerre avec l’Angleterre épuise le pays, Charles V le Sage et du Guesclin le sauvent, avant Charles VI le Fou et la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons.

Paris se soulève avec son maire Etienne Marcel en 1358, les Jacques (paysans) se révoltent contre les impôts (gabelle, taille) qui financent la guerre et les lourdes rançons. Charles V le Sage, sacré en 1364, rétablit l’autorité royale et du Guesclin, capitaine breton promu Connétable, chasse l’ennemi anglais de presque tout le territoire.

Hélas ! Charles VI, le nouveau roi, est un enfant, bientôt un fou (aimé du peuple). Son frère Louis d’Orléans et son cousin le duc de Bourgogne veulent gouverner. Leur rivalité déclenche la guerre civile, Armagnacs contre Bourguignons - lesquels s’allient aux Anglais qui ont écrasé les Français à Azincourt (1415).

La reine Isabeau de Bavière se conduit en mère, femme et régente indigne. Par le traité de Troyes (1420), elle donne le royaume de France au fils du roi d’Angleterre, déshéritant son propre fils, le dauphin Charles.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Étienne Marcel [est] le premier bourgeois de Paris qui ait osé proclamer le principe de la souveraineté du peuple au milieu du XIVe siècle […] Aussi les Parisiens font-ils remonter jusqu’à lui la longue histoire de leurs révolutions. »299

Francis LACOMBE (1817-1867), Histoire de la bourgeoisie de Paris depuis son origine jusqu’à nos jours (1851)

Étienne Marcel est à l’origine de la première « Charte » arrachée par la bourgeoisie à l’arbitraire monarchique, sous forme de Grande Ordonnance limitant le pouvoir royal. Prévôt des marchands de Paris (maire), il joue un rôle considérable aux États généraux de 1355 et 1357 (…) Cette « révolution légale » échoue. Il va tenter une révolution urbaine.

« Ceux que nous avons tués étaient faux, mauvais et traîtres. »300

Étienne MARCEL (vers 1316-1358), 22 février 1358 (…)

Il vient de faire assassiner devant le dauphin ses deux conseillers, les maréchaux de Champagne et de Normandie. Paris acclame son prévôt : c’est la première journée révolutionnaire parisienne de l’histoire (…) La gauche encensera cet ancêtre des révolutionnaires « plein de patriotisme » (…) alors que la droite en fait « un émeutier, un assassin et un traître ».

« À ceux qui travaillaient la terre, / La terre doit appartenir,
Récompense à la vie austère / D’un illustre peuple martyr :
Et de baraques en baraques / Se levèrent les paysans,
Les va-nu-pieds, les artisans, / Les rudes gars qu’on nommait Jacques. »301

Jacques VACHER (1842-1897), chanson évoquant la Jacquerie de 1358. Voix d’en bas : la poésie ouvrière du XIXe siècle (1979), Edmond Thomas

(…) Les paysans ont déjà dû payer l’équipement de leurs seigneurs qui se firent battre à Crécy, puis à Poitiers. Il faut à présent donner pour leur rançon. Décimés il y a dix ans par la peste noire et la famine, les voilà maintenant pillés par les bandes anglo-navarraises, comme par les soldats du dauphin Charles.

« Plusieurs menues gens de Beauvaisis […] s’assemblèrent par mouvements mauvais […] et chaque jour croissaient en nombre et tuaient tous gentilshommes et gentilles femmes qu’ils trouvaient et plusieurs enfants. Et abattaient ou ardaient toutes maisons de gentilshommes qu’ils trouvaient, tant forteresses qu’autres maisons. »302

Grandes Chroniques de France

La Grande Jacquerie éclate le 28 mai 1358 à Saint-Leu d’Esserent (actuel département de l’Oise). Révolte spontanée : c’est la colère du petit peuple (paysans, artisans, bas clergé) qui supporte presque tout le poids des misères de la guerre. Soutenue au début par Étienne Marcel, elle sera écrasée par une armée de Charles le Mauvais (roi de Navarre).

« [Ils] pillent, ardent, rançonnent, destruent tout le pays, mettent à mort et tiennent prisonniers tous les hommes et ravissent et déshonorent toutes les femmes qu’ils peuvent trouver. »303

Chroniques du Laonnois, Histoire de la France et des Français (1972), André Castelot, Alain Decaux

Mêmes événements et témoignages comparables un peu partout en France. Les mercenaires recrutés par les belligérants constituent des bandes solidement armées, qui refusent de se dissoudre en cas de trêve ou de paix et forment les Grandes Compagnies. (…) Brigandage d’une cruauté et d’une rapacité sans bornes, l’un des pires fléaux du Moyen Âge.

« Chose lamentable et vraiment honteuse ! Le roi lui-même, au retour de sa captivité, a trouvé des empêchements pour rentrer dans sa capitale ainsi que son fils ; il a été forcé de traiter avec ces brigands pour voyager plus sûrement à travers ses possessions. »304

PÉTRARQUE (1304-1374), Histoire de Bertrand Du Guesclin et de son époque (1882), Simon Luce

Le grand poète florentin s’indigne, dans une lettre parlant du roi Jean II le Bon (…) libéré contre une rançon de trois millions d’écus. Pour arriver jusqu’à la capitale, le roi lui-même doit traiter avec les bandits des Grandes Compagnies ! Le dauphin Charles, devenu roi en 1364, enverra contre elles son meilleur chef de guerre, Du Guesclin (…)

« Nous avouerons les Anglais des lèvres, mais le cœur ne s’en mouvra jamais. »305

Les Échevins de La Rochelle, juillet 1360. Histoire de France depuis les origines jusqu’à la Révolution (1911), Ernest Lavisse, Paul Vidal de La Blache

Apprenant les clauses du traité de Brétigny qui abandonne au roi d’Angleterre – entre autres terres – l’Aunis et sa capitale La Rochelle. Ratifié en octobre 1360 à Calais, le traité met fin à la première « manche » de la guerre de Cent Ans (…) La cession ne se fait pas sans mal et sans pleurs des habitants (…)

« Le jeune roi était né vieux. Il avait de bonne heure beaucoup vu, beaucoup souffert. De sa personne, il était faible et malade. Tel royaume, tel roi. »306

Jules MICHELET (1798-1874), Histoire de France, tome III (1837)

Jean II le Bon meurt le 8 avril 1364 à Londres où il s’est rendu pour prendre la place de son fils Louis d’Anjou - otage des Anglais au terme du traité de paix de Brétigny, le roi s’était enfui, violant son serment. Malgré sa constitution fragile, le futur Charles V a fait preuve lors de sa régence d’un grand sens politique, face à Étienne Marcel (…) et aux Anglais.

« Les clercs qui ont sagesse, on ne peut trop honorer, et tant que sagesse sera honorée en ce royaume, il continuera à prospérité, mais quand déboutée y sera, il décherra. »307

CHARLES V le Sage (1338-1380). Livre des faits et bonnes mœurs du sage roi Charles le Quint, Christine de Pisan

(…) Porté sur les choses de l’esprit, différent en cela de son père Jean II le Bon et de la plupart des chevaliers de l’époque. Passionné de philosophie et de science, d’astrologie, médecine et mathématique, il protège l’Université de Paris et crée une grande « librairie », ancêtre de notre Bibliothèque Nationale, d’où son surnom de Sage (savant).

« La journée est nôtre, mes amis ! »308

Bertrand DU GUESCLIN (1320-1380), Cocherel, 16 mai 1364. Chronique de Charles le Mauvais (1963), François Piétri

La guerre a repris, après quatre ans de trêve, suite au traité de Brétigny qui a (…) laissé aux Anglais un tiers de la France. Les Français ont désormais dans leur rang un vaillant capitaine : Du Guesclin, 45 ans (…) adopte une nouvelle tactique de harcèlement, contraignant l’ennemi à un corps à corps où les archers anglais deviennent inutiles.

« Le roi leva les mains au ciel et rendit grâce à Dieu de la bonne victoire qu’Il lui avait donnée. À Reims, où on craignait une défaite, ce fut un indescriptible enthousiasme quand un héraut annonça la nouvelle. »309

Christine de PISAN (vers 1364-vers 1430), Livre des faits et bonnes mœurs du sage roi Charles le Quint

Charles V est à Reims pour son sacre, le 19 mai 1364, quand il apprend la victoire remportée sur les Anglais par son capitaine Du Guesclin. Charles le Mauvais signe le traité de Vernon (mai 1365) et désormais, il ne s’occupera plus que de son royaume de Navarre. Mais la guerre continue avec les Anglais.

« Il n’y a fileuse en France qui sache fil filer, qui ne gagnât ainsi ma fiance à filer. »310

Bertrand DU GUESCLIN (1320-1380), au prince de Galles qui l’a fait prisonnier à Nájera, le 3 avril 1367 (…)

À la demande du roi, Du Guesclin (…) a emmené quelques Grandes Compagnies qui ravageaient la France et les a mises au service du nouveau roi de Castille. Mais son rival, Pierre le Cruel, soutenu par les Anglais, reprend le combat (…) Charles V tient à récupérer son précieux capitaine, libéré après règlement d’une partie de la somme (…)

« Cher sire et noble roi […] je suis un pauvre homme de modeste origine, et l’office de connétable est si haut et si noble qu’il faut, si l’on veut bien s’en acquitter, exercer et établir son autorité très avant, et plutôt sur les grands que sur les petits. Et voici mes seigneurs vos frères, vos neveux et vos cousins […] Comment oserai-je étendre sur eux mon commandement ? »311

Bertrand DU GUESCLIN (1320-1380), au roi Charles V, 2 octobre 1370. Chroniques, Jean Froissart

Simple gentilhomme, élevé par le roi à la fonction de chambellan, il craint de ne pouvoir se faire obéir des hauts barons du royaume (…) Du Guesclin va justifier la confiance du roi, reconquérant méthodiquement sur les Anglais et leurs alliés la majeure partie du pays (…) Il refusera seulement de porter à nouveau la guerre en Bretagne, sa province natale (…)

« Qui les aurait ouverts, ainsi qu’un porc lardé,
On aurait en leur cœur la fleur de lys trouvé. »312

Jean CUVELIER (XIVe siècle), Chronique de Bertrand Du Guesclin

Le ménestrel de Charles V parle ici des habitants de Poitiers, lors de l’entrée triomphale du connétable de France, dans cette cité reconquise sur les Anglais, le 7 août 1372. Le sentiment national s’exprime de plus en plus souvent, dans notre pays en guerre et surtout occupé, mais peu à peu libéré.

« Mieux vaut pays pillé que terre perdue. »313

Bertrand DU GUESCLIN (1320-1380), à Charles V le Sage (…)

(…) Il sait les Anglais supérieurs en nombre et évite les grandes batailles coûteuses en hommes. Il préfère harceler l’ennemi et laissera plusieurs fois les Anglais incendier récoltes et villages, pour tenir simplement villes et châteaux en Normandie, Bretagne, Poitou. L’ennemi, dans une marche épuisante et vaine, peut perdre en quelques mois la moitié de ses hommes.

« Je ne regrette en mourant que de n’avoir pas chassé tout à fait les Anglais du royaume comme je l’avais espéré ; Dieu en a réservé la gloire à quelque autre qui en sera plus digne que moi. »314

Bertrand DU GUESCLIN (1320-1380), son mot de la fin, le 13 juillet 1380. Histoire de Bertrand du Guesclin (1787), Guyard de Berville

Le connétable assiége la place forte de Châteauneuf-de-Randon (Lozère). Victime d’une congestion brutale, il remet son épée au maréchal de Sancerre, pour qu’il la rende au roi dont il demeure « serviteur et le plus humble de tous » (…) Le gouverneur anglais de la ville avait dit qu’il ne se rendrait qu’à lui : il déposera les clefs de la cité, sur son cercueil (…)

« Vainqueur de gens et conquéreur de terre, le plus vaillant qui onques fut en vie,
Chacun pour vous doit noir vêtir et querre [chercher].
Pleurez, pleurez, fleur de la chevalerie. »315

Eustache DESCHAMPS (vers 1346-vers 1406), Ballade sur le trépas de Bertrand Du Guesclin

Capitaine puis connétable, ce guerrier incarna le sentiment patriotique naissant. D’une laideur remarquable et d’une brutalité qui fit la honte de sa famille, il gagna le respect de la noblesse, par son courage, sa force et sa ruse, pour devenir le type du parfait chevalier, héros populaire dont poèmes et chansons célèbrent les hauts faits (…)

« Au temps du trépassement du feu roi Charles V, l’an 1380, les choses en ce royaume étaient en bonne disposition […] Paix et justice régnaient. N’y avait fait obstacle sinon l’ancienne haine des Anglais […] comme enragés des pertes qu’ils avaient faites, qui leur semblaient irrécupérables. »316

Jean JUVÉNAL (ou Jouvenel) des URSINS (1350-1431), Chronique de Charles VI

Le roi suit son connétable dans la tombe : il meurt le 16 septembre 1380. Sous son règne, la France malade des guerres civiles et étrangères, des épidémies et des famines, s’est enfin relevée. On doit au roi une réorganisation de l’armée dont les soldes sont payées régulièrement, grâce à des impôts devenus permanents (fouages, aides, gabelles) (…)

« Vive le roi de France ! Montjoie Saint-Denis ! »317

Cris de joie du peuple, 14 novembre 1380 (…)

Charles VI, sacré à Reims le 4 novembre, n’a que 12 ans et la régence est assurée par ses quatre oncles. Le peuple a appris la suppression des fouages et des des aides (impôts) (…) Explosion de joie !!! Mais la guerre continue (…)

« Roi, ne chevauche plus avant, mais retourne, car tu es trahi. »318

Homme apostrophant le roi, 4 août 1392. Chroniques, Jean Froissart

(…) Un homme lui apparaît, lépreux en haillons, hurlant cette terrible mise en garde (…) Il se rue sur son escorte qui fuit, tue néanmoins quatre hommes (…) Désespoir si grand des « crimes » commis par lui durant cette scène qu’il ne s’en remit jamais (…) Charles VI surnommé le Fou ou le Fol, mais aussi le Bien-Aimé, par son peuple qui l’eut toujours en pitié.

« Je suis le duc d’Orléans. » Et aucuns d’iceux en frappant sur lui, répondirent : « C’est ce que nous demandons. »319

Dialogue entre le duc Louis d’ORLÉANS (1372-1407) et ses assassins, le 23 novembre 1407 (…)

Charles VI n’a plus que de rares éclairs de conscience (…) 23 novembre 1407, 18 hommes au service de Jean sans Peur se jettent sur le duc d’Orléans (régent et amant de la reine). Ils le tuent sauvagement : tyrannicide salutaire contre celui qui exerçait « seigneurie à son propre et singulier profit », plaide Jehan Petit, faisant l’apologie publique de ce meurtre.

« Rien ne m’est plus, plus ne m’est rien. »320

Valentine VISCONTI (1368-1408), duchesse d’Orléans, janvier 1408. Sa devise (…)

Elle a vainement demandé justice auprès du roi, suite à l’assassinat de son mari. Elle prend cette triste devise inscrite sur la dalle mortuaire et va sans fin se recueillir devant le gisant du duc. Elle mourra l’année suivante. Mais auparavant, la veuve et son fils Charles d’Orléans veulent venger cette mort (…) D’où la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons.

« À coup sûr, on n’avait pas plus de pitié à tuer ces gens-là que des chiens. On disait : c’est un Armagnac ! »321

Journal d’un bourgeois de Paris (chronique anonyme des années 1405 à 1449)

Année 1410. Dans Paris, les Bourguignons ont le pouvoir et Jean sans Peur tient le roi, inspire ses décisions et peuple le Conseil de ses créatures (…) Cependant que Charles d’Orléans rallie à sa cause les ducs de Berry, Bourbon, Bretagne, contre Jean sans Peur : ainsi grandit le parti des Armagnacs. Chaque parti se prétend au service du roi et du bien public.

« La misérable face du royaume a perdu son honneur et sa majesté. »322

Jean de COURTECUISSE (1350-1422), s’adressant au roi dans son sermon sur la Nativité, 23 mai 1413 (…)

Le chancelier de l’Université de Paris, surnommé Docteur Sublime pour son art oratoire, dit la grande misère du royaume de France, plus que jamais divisé entre Armagnacs et Bourguignons (…) Situation d’autant plus grave que chaque clan appelle tour à tour au secours l’ennemi anglais, trop heureux de se mêler des affaires de la France !

« Les archers d’Angleterre, légèrement armés, frappaient et abattaient les Français à tas, et semblaient que ce fussent enclumes sur quoi ils frappassent […] et churent les nobles français les uns sur les autres, plusieurs y furent étouffés et les autres morts ou pris. »323

Jean JUVÉNAL (ou Jouvenel) des URSINS (1350-1431), Chronique de Charles VI

Henri V d’Angleterre débarque près de l’embouchure de la Seine, en août 1415. Le 25 octobre, Anglais et Français s’affrontent à Azincourt. Les chevaliers français, empêtrés dans des armures pesant plus de 20 kg, sont une fois encore décimés par les archers anglais (…) La seconde période de la guerre de Cent Ans débute mal (…)

« Le royaume de France est une nef qui menace de sombrer. »324

Jean de COURTECUISSE (1350-1422), prêche à Notre-Dame, 22 janvier 1416

Évêque de Paris, il résume le drame du pays. Chevalerie défaite à Azincourt, royaume frappé « au chef », avec Charles VI le Fou (…) une reine détestée, ambitieuse et débauchée, Isabeau de Bavière. Le roi d’Angleterre vise la couronne de France, occupe un quart du territoire, anglicise des villes conquises (…) et la guerre civile continue (…)

« Quelque guerre qu’il y eût, tempêtes et tribulations, les dames et demoiselles menaient grands et excessifs ébats. »325

Jean JUVÉNAL (ou Jouvenel) des URSINS (1350-1431), Chronique de Charles VI

(…) Isabeau de Bavière (passée dans le camp des Bourguignons) se comporte moins en reine de France qu’en courtisane grecque ou impératrice romaine. Pour ses débauches, le peuple la surnomme « la grande gaupe (…)

« Mettez-vous la main à votre épée en la présence de Monseigneur le dauphin ! »326

ROBERT de Loire (première moitié du XVe siècle), au duc de Bourgogne, 10 septembre 1419 (…)

Le dauphin Charles, 16 ans (futur Charles VII) et le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, se rencontrent (…) pour tenter une conciliation (…) Le dialogue s’envenime. Charles accuse le duc de manquer à ses engagements (…)

« Sire, voici le trou par où les Anglais passèrent en France. »327

Paroles d’un moine de Dijon à François Ier. Histoire de la France (1947), André Maurois

Le moine chartreux lui montre (un siècle plus tard) le crâne troué de Jean sans Peur, duc de Bourgogne. C’est peut-être une légende, mais elle dit vrai : ce meurtre a définitivement jeté les Bourguignons dans le camp des Anglais.

« Dès le temps où notre fils sera venu à la couronne de France, les deux couronnes de France et d’Angleterre demeurent à toujours ensemble et réunies sur la même personne […] qui sera roi et seigneur souverain de l’un et de l’autre royaume ; mais gardant toutes les lois de chacun, et ne soumettant en aucune manière un des royaumes à l’autre, ni aux lois, droits, coutumes et usages de l’autre. »328

Traité de Troyes entre la France et l’Angleterre, 21 mai 1420

Philippe le Bon, duc de Bourgogne (successeur de Jean sans Peur) et Isabeau de Bavière, reine de France, ont fait signer cet ahurissant traité au pauvre roi fou, Charles VI. Et les États vont ratifier (…) Ce traité livre la France aux Anglais (…)

« Les Français qui se trouvaient sous la domination anglaise s’étaient, en effet, formé cette opinion des Anglais […] qu’ils ne recherchaient guère le profit du pays et la tranquillité de leurs sujets […] Mais que plutôt par cette haine invétérée et pour ainsi dire innée qu’ils avaient des Français, ils voulaient les accabler et les faire périr sous le poids des misères. »329

Thomas BASIN (1412-1491), Histoire de Charles VI et de Louis XI

Voilà pourquoi les Français n’ont cessé de combattre les Anglais sous le dauphin Charles (…) Mais à côté de ces « résistants », il y a des « collaborateurs » cherchant avant tout à sauver leurs biens.

« En ces temps, étaient les loups si affamés qu’ils entraient de nuit dans les bonnes villes et passaient souvent la rivière de Seine et aux cimetières qui étaient aux champs, aussitôt qu’on avait enterré les corps, ils venaient la nuit et les déterraient et mangeaient. »330

Journal d’un bourgeois de Paris (chronique anonyme des années 1405 à 1449)

Hiver 1421-1422 (…) C’est la « France anglaise » qui demeure la plus pauvre : Normandie occupée par les garnisons, écrasée par les impôts, et campagnes bordelaises qui se remettent à peine des récentes dévastations.

« Paris, siège ancien de la royale majesté française, est devenu un nouveau Londres. »331

Georges CHASTELLAIN (vers 1405-1475), Chronique des ducs de Bourgogne (posthume, 1827)

(…) Le royaume se trouve partagé en trois (…) la France anglaise (avec Paris) est la plus pauvre ; l’État bourguignon, bien géré, prospère ; le « royaume de Bourges » est la France du dauphin Charles (…)

« Les François-Anglois commencèrent à crier : Vive le roi Henri de France et d’Angleterre, et criaient Noël comme si Dieu fût descendu du ciel. »332

Jean JUVÉNAL (ou Jouvenel) des URSINS (1350-1431), Chronique de Charles VI

Le parti anglais manifeste sa joie à la mort de Charles VI, le 21 octobre 1422. Henri V d’Angleterre étant mort, le roi Henri qu’on acclame est son fils de 10 mois, héritier du royaume de France, en vertu du traité de Troyes (1420) (…)

« Labeur a perdu son espérance. Marchandise ne trouve plus chemin qui la puisse mener, saine et sauve, à son adresse. Tout est proie ce que le glaive ou l’épée ne défend. »333

Alain CHARTIER (1385-1433), Quadrilogue invectif (1422)

(…) La cause du dauphin, dérisoire « roi de Bourges » et fragile incarnation de la légitimité nationale, semble perdue. Les Anglais écrasent à nouveau la cavalerie et l’infanterie françaises, sous les murs de Verneuil (17 août 1424). La guerre entre la France l’Angleterre n’est qu’une suite de combats douteux et de trêves sans lendemain (…)

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