Fouquier-Tinville : « Les têtes tombaient comme des ardoises. » | L’Histoire en citations
Fouquier-Tinville : « Les têtes tombaient comme des ardoises. »
Citation du jour

Chronique Révolution citationsRobespierre a déjà frappé sur sa gauche (Hébert et les Enragés) et sur sa droite (Danton, Desmoulins et les Indulgents) en 1793, mais l’inexorable logique de la Terreur n’a pas de fin. Le Tribunal révolutionnaire devient une parodie de justice et les sans-culottes du peuple de Paris voient la guillotine comme un spectacle.

À feuilleter pour tout savoir.

« Les têtes tombaient comme des ardoises. »1595

FOUQUIER-TINVILLE (1746-1795), après la loi du 22 prairial an II (10 juin 1794)

Histoire de la Révolution française (1823-1827), Adolphe Thiers, Félix Bodin.

Deux jours après la fête de l’Être suprême, la loi de Prairial énumère tous les ennemis du peuple promis à l’échafaud et justiciables du Tribunal révolutionnaire. Ce n’est plus qu’une parodie de justice : instruction supprimée, accusé privé du secours d’un avocat, audition des témoins pas nécessaire, s’il y a une preuve matérielle ou simplement « morale ».

Accusateur public, chargé de tous les grands procès sous la Terreur à Paris, Fouquier-Tinville se réjouit du nombre de têtes et ajoute : « Il faut que ça aille mieux encore la décade prochaine, il m’en faut quatre cent cinquante au moins. » Pour cela, on passe commande aux « moutons », chargés d’espionner les suspects dans les prisons. C’est la Grande Terreur : plus de 1 300 exécutions à Paris, du 10 juin au 27 juillet (9 thermidor). Selon une étude qui fait référence (de Donald Greer), 16 600 victimes sont exécutées en France après condamnation par une cour de justice révolutionnaire – avec près de 500 000 arrestations, de mars à juillet 1794.

« Que parles-tu, Vallier, de faire des tragédies ? La Tragédie court les rues. »1596

Jean-François DUCIS (1733-1816), Correspondance, au plus fort de la Terreur

Poète tragique et traducteur (très libre) de Shakespeare, il répond à l’un de ses amis et témoigne, dans la même lettre : « Si je mets les pieds hors de chez moi, j’ai du sang jusqu’à la cheville. »

En dehors des journées révolutionnaires et de quelques quartiers, les spectacles sont florissants. On joue des œuvres « de circonstance », mais la Révolution n’inspire aucun texte théâtral digne de ce nom. Très vite, on se rabat sur les tragédies de Voltaire, qui ne sont pas non plus des chefs-d’œuvre. Deux noms d’artistes resteront : Talma, tragédien de la Comédie-Française, et David, peintre politiquement inspiré. On les retrouvera, au service de l’empereur Napoléon.

Dans le flot des chants et chansons révolutionnaires, il reste deux chefs d’œuvre, la Marseillaise de Rouget de l’Isle, et le Chant du départ, de Chénier (Marie-Joseph) et Méhul. Et toute une série de chansons populaires.

« Il faut raccourcir les géants / Et rendre les petits plus grands,
Tout à la même hauteur / Voilà le vrai bonheur. »1597

Portrait du sans-culotte, chanson anonyme. Les Sans-culottes parisiens en l’an II (1968), Albert Soboul

C’est l’homme nouveau, vu par la sans-culotterie. C’est le règne de l’égalité prise au pied de la lettre ! C’est aussi la négation du grand homme, du héros en tant qu’individu, au bénéfice du héros collectif, le peuple, incarné par le sans-culotte. Et c’est toujours l’histoire de France, contée par les chansons.

« Y a-t-il guillotine aujourd’hui ?
— Oui, lui répliqua un franc patriote, car il y a toujours trahison. »1572

Reflet de l’état d’esprit du sans-culotte et du terrorisme légal. Dictionnaire critique de la Révolution française (1992), François Furet, Mona Ozouf

La guillotine est un spectacle, les tricoteuses s’installent au pied des bois de justice, les patriotes voient les ennemis du peuple bel et bien punis et Robespierre multiplie les discours à la Convention, justifiant inlassablement la Terreur.

« Hélas ! je n’ai rien fait pour la postérité ; et pourtant, j’avais quelque chose là. »1599

André CHÉNIER (1762-1794), se frappant le front avant de monter à l’échafaud, 25 juillet 1794. Mot de la fin d’un poète

L’une des dernières victimes de la Terreur (guillotiné deux jours avant l’arrestation de Robespierre) : avec autant de courage que de talent, âgé de 32 ans, « cœur gros de haine, affamé de justice », le poète crie jusqu’à la fin sa révolte contre les exactions et fait parler La Jeune Captive - ode dédiée à Aimée de Coigny, prisonnière à Saint-Lazare : « Je ne veux pas mourir encore ! » Elle sera sauvée par la chute de Robespierre.

Il s’est engagé avec enthousiasme dans la Révolution, avant de s’opposer aux Girondins. Plutôt que d’émigrer, il a tenté de sauver Louis XVI. C’était un suspect idéal ! Son frère cadet, Marie-Joseph, lui-même suspect, n’a rien pu faire pour le sauver. Il est l’auteur d’une tragédie, censurée, puis jouée avec succès à la Comédie-Française (par Talma), Charles IX, ou la Saint-Barthélemy : plaidoyer contre le fanatisme et pour la liberté, sujet maintes fois traité.

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