Germaine de Staël | L’Histoire en citations
Citation du jour

« Dans une révolution, le parti qui soutient les opinions modérées a plus besoin que tout autre de courage. »

Mme de STAËL (1766-1817), OEuvres complètes de Madame la baronne de Staël (1836)

La modération fut rarement une vertu à l’honneur, sous la Révolution. Mais c’est bien la fille de son père qui s’exprime : Jacques Necker, banquier suisse, en charge du ministère des Finances pour la troisième fois, si populaire il y a encore un an, et toujours raisonnable dans sa gestion de la crise financière, se heurte à la Constituante, et surtout à Mirabeau qui souhaite financer le déficit par l’émission des assignats (papier-monnaie).

Tombé en disgrâce, il donne sa démission, le 3 septembre 1790. Retiré au château de Coppet, il va désormais écrire pour justifier sa gestion depuis que Louis XVI l’a appelé au gouvernement, et exposer ses idées sur l’administration des finances de la France.

« La Révolution de France est une des grandes époques de l’ordre social. Ceux qui la considèrent comme un événement accidentel n’ont porté leurs regards ni dans le passé ni dans l’avenir. »

Mme de STAËL (1766-1817), Considérations sur les principaux événements de la Révolution française (1818)

La fille de Necker (ministre de Louis XVI) se penche sur ce passé récent, avec néanmoins un recul dans le temps – les « années Napoléon » furent une autre épreuve pour cette femme de tête et de coeur.

« En France, on ne permet qu’aux événements de voter. »

Mme de STAËL (1766-1817), Des circonstances actuelles qui peuvent terminer la Révolution et les principes qui doivent fonder la République en France (posthume, 1906)

Adage d’un homme d’esprit qu’elle rapporte pour le conjurer, dans cet ouvrage écrit en 1798, et dont le titre est tout un programme. Un an après, le coup d’État de Bonaparte va balayer la réforme constitutionnelle et l’équilibre des pouvoirs que la fille de Necker et élève des philosophes appelait de ses voeux !

« Une nation n’a de caractère que lorsqu’elle est libre. »

Mme de STAËL (1766-1817), De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (1800)

Fille du banquier suisse Necker (ministre de Louis XVI), c’est l’une des rares voix qui s’élève cette année-là pour oser dénoncer le pouvoir de plus en plus absolu du futur empereur. Épouse de l’ambassadeur de Suède en France (Erik Magnus de Staël-Holstein), Mme de Staël, fervente lectrice de Rousseau, fut d’abord favorable à la Révolution. Mais elle ne lui pardonne pas la mort du roi, moins encore celle de la reine, et la Terreur. Après trois ans d’exil, elle revient à Paris pleine d’espoir et impressionnée par le nouveau héros, ce général Bonaparte qui va redonner vie à l’idéal révolutionnaire de 1789. Le coup d’État du 18 Brumaire et la Constitution de l’an VIII lui ôtent toutes ses illusions.

Elle le dit, elle l’écrit, elle se fait détester par le grand homme, par ailleurs misogyne, supportant mal l’intelligence et la libre expression d’une femme. D’où son nouvel exil – doré, en Suisse, à Coppet sur les bords du lac Léman, dans le château de famille, auprès de son père.

Retiré de la politique depuis 1790, le septuagénaire est moins sévère, dans ses Dernières vues de politique et de finances (1802) : « Une suite d’événements sans pareils ont fait de la France un monde nouveau. »

« Bonaparte, très en colère de l’impassibilité de Paris, a dit à ses courtisans réunis : “Que leur faut-il donc ?” Et personne ne s’est levé pour lui dire : “La liberté, citoyen consul, la liberté !” »

Mme de STAËL (1766-1817). Lettres inédites de Mme de Staël à Henri Meister (posthume, 1903)

C’est évidemment le genre de vérité que le « citoyen consul » et futur empereur ne saurait entendre.

« Voici le second pas fait vers la royauté. Je crains que cet homme ne soit comme les dieux d’Homère, qu’au troisième acte il n’atteigne l’Olympe. »

Mme de STAËL (1766-1817), jugeant l’irrésistible ascension du Premier Consul. Bonaparte (1977), André Castelot

Écrivain reconnu et opposante résolue, elle ironise en ces termes quand le 15 août – anniversaire de Bonaparte, né sous le signe astral du lion – devient jour de fête nationale. Le prénom de Napoléon s’inscrit déjà sur des pièces de monnaie. Et le sénatus-consulte du 4 août 1802, appelé Constitution de l’an X, augmente encore les pouvoirs du Premier Consul à vie, au détriment du législatif.

Un agent du comte de Provence (futur Louis XVIII) constate : « Bonaparte continue à régner avec une plénitude de pouvoirs que ne déployèrent jamais nos rois. »

« J’écris au ministre de la Police d’en finir avec cette folle de Mme de Staël, et de ne pas souffrir qu’elle sorte de Genève, à moins qu’elle ne veuille aller à l’étranger faire des libelles. »

NAPOLÉON Ier (1769-1821), à Regnault de Saint-Jean-d’Angély, procureur général de la Haute Cour, 20 avril 1807. Les Opposants à Napoléon : l’élimination des royalistes et des républicains, 1800-1815 (2003), Gérard Minart

Napoléon est de plus en plus irrité par cette femme qui le hait d’autant plus qu’elle voulut se faire aimer de lui, jadis : les deux plus grands génies du siècle, lui l’homme et elle la femme, n’étaient-ils pas faits pour cela, pensait-elle ! Ce n’était certainement pas le genre de maîtresse qu’il recherchait.

« Toute l’éducation publique a pris un caractère militaire. »

Mme de STAËL (1766-1817), Dix années d’exil (posthume, 1966)

Le 25 novembre 1811, un décret achève d’organiser l’Université de France. Napoléon a surtout veillé sur le secondaire – il aurait même voulu imposer le célibat aux professeurs ! Études menées au son du tambour, de 5 heures 30 du matin à 8 heures 45 du soir (exemple du lycée de Limoges).

Vous avez aimé ces citations commentées ?

Vous allez adorer notre Histoire en citations, de la Gaule à nos jours, en numérique ou en papier.

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

L'Histoire en citations -

Partager cet article

L'Histoire en citations - Gaule et Moyen Âge

L'Histoire en citations - Renaissance et guerres de Religion, Naissance de la monarchie absolue

L'Histoire en citations - Siècle de Louis XIV

L'Histoire en citations - Siècle des Lumières

L'Histoire en citations - Révolution

L'Histoire en citations - Directoire, Consulat et Empire

L'Histoire en citations - Restauration, Monarchie de Juillet, Deuxième République

L'Histoire en citations - Second Empire et Troisième République

L'Histoire en citations - Seconde Guerre mondiale et Quatrième République

L'Histoire en citations - Cinquième République

L'Histoire en citations - Dictionnaire