Grand Condé : « J'ai assez de la guerre des pots de chambre. »

L’humour, 8e épisode : suite et fin de la Fronde et du gouvernement de Mazarin.

La Fronde s’éternise et va de surprises en rebondissements, les plus fameux militaires changeant de camp, tout en gardant l’esprit qui sied à un certain humour guerrier.

Mazarin venu à bout de la Fronde peut enfin gouverner, renforcer l’État et négocier le mariage espagnol du roi, lié au traité de paix des Pyrénées (1659).

« J’ai assez de la guerre des pots de chambre. »791

Louis II de Bourbon-Condé, dit le Grand CONDÉ (1621-1686), été 1651

Histoire de France au dix-septième siècle, Richelieu et la Fronde (1858), Jules Michelet.

« L’intrigue de Paris, l’ennui du Parlement, ses duels ridicules avec le petit prêtre (de Retz), tout cela l’avait rendu malade. Il était réellement un sauvage officier de la guerre de Trente Ans, et il se fut déprincisé pour s’en aller, avec une bonne bande de voleurs aguerris, batailler en Allemagne. »

Condé, qui s’était d’abord battu pour la régente et le petit roi, avait changé de camp par haine de Mazarin. Ce qui lui valut un an de prison. Libéré, il a pris la tête de la Fronde des princes au printemps 1651, mais il est las des manières courtisanes – il faut « tenir le pot de chambre » aux gens influents.

Expression imagée, citée par Saint-Simon et attribuée au maréchal de Villeroi, plus fameux courtisan que bon guerrier : « Il fallait tenir le pot de chambre aux ministres tant qu’ils étaient en puissance, et le leur renverser sur la tête sitôt qu’on s’apercevait que le pied commençait à leur glisser. »

Toutes les citations ci-dessous sont commentées dans nos Chroniques en 10 volumes, qui racontent l’histoire de France de la Gaule à nos jours, en 3 500 citations numérotées, sourcées, replacées dans leur contexte, et signées par près de 1 200 auteurs.

« Monseigneur, avez-vous jamais vu livrer une bataille ?
— Non, prince.
— Eh bien, vous allez en voir perdre une. »800

CONDÉ au jeune duc de Gloucester, avant la bataille des Dunes, 1658

Condé se bat aux côtés des Espagnols, avec Don Juan d’Autriche et le jeune Gloucester, fils de Charles Ier, avide à 18 ans de venger son père, contre les soldats de Cromwell qui a pris le pouvoir. Face à lui, Turenne se bat avec les Anglais, nouveaux alliés des Français contre les Espagnols (traité de Paris, mars 1657).

Humour militaire de Condé, dans le camp ennemi (anglais). Il voulait éviter cette bataille perdue d’avance : troupes fatiguées, divisées, mal équipées. Turenne, dans le camp français, sera le plus fort. Victoire décisive qui met fin aux prolongations franco-espagnoles de la guerre de Trente Ans.

Cette victoire décisive de la France met fin aux prolongations franco-espagnoles de la guerre de Trente Ans. On peut commencer à négocier le traité de paix, et le mariage espagnol.

« Quand un général prétend n’avoir jamais fait de fautes, il me persuade qu’il n’a jamais fait la guerre longtemps. »768

TURENNE

Maréchal de France trop modeste, il sera de toutes les guerres sous Louis XIV avant de mourir en héros à 63 ans. Adversaire de Condé sous la Fronde, l’un passant à l’ennemi alors que l’autre reste du côté des troupes royales, avant d’inverser les rôles !

« Sire, voici une demoiselle qui est bien fâchée d’avoir été méchante. Elle sera bien sage à l’avenir. »799

ANNE d’AUTRICHE présentant au roi la Grande Mademoiselle, 1658

Bon sang ne saurait mentir. Mlle de Montpensier, fille du Grand Monsieur (Gaston d’Orléans, frère de Louis XIII) s’est lancée dans la Fronde à cœur perdu, jusqu’à faire donner le canon de la Bastille contre les troupes royales (et Turenne), pour sauver Condé ! Elle ne sera jamais « sage » et son extravagante conduite lui coûta sans doute un mariage avec Louis XIV.

« Vive tout ce qui vient d’Espagne
Hors la fille de leur Roi ! »803

Ils sont gens de parole, chanson (1660)

Bien avant les sondages, la chanson reflète l’opinion publique - avec l’humour en prime. On aime bien les Espagnols, leurs bons vins et leurs pistoles, mais pas les reines qu’ils donnent à la France. Anne d’Autriche (infante d’Espagne) fut impopulaire et l’on voit venir avec crainte l’infante Marie-Thérèse, fille de Philippe IV.

« Dieu merci, il est crevé. »806

Hortense MANCINI à la mort de son oncle Mazarin, 1661

La mazarinette reflète l’opinion générale, c’est aussi le cri du cœur de la famille, alors que le cardinal a bien gâté les siens. Au nom de la raison d’État, il a quand même empêché le mariage de Marie, l’autre mazarinette, avec Louis XIV qui en était fort épris.

Tous les commentaires de ces citations se trouvent dans la série des 10 Chroniques :

Les Chroniques, en 10 volumes, racontent l’histoire de France de la Gaule à nos jours, en 3 500 citations numérotées, sourcées, replacées dans leur contexte, et signées par près de 1 200 auteurs.

L’Histoire apparaît comme un scénario de film à grand spectacle, alternant avec une pièce de théâtre intime, toujours entre comédie et tragédie.

Elle s’incarne à travers toutes sortes de personnages. Les noms célèbres côtoient des inconnus, et le peuple, anonyme, occupe constamment la scène, prenant le premier rôle, de Révolution en Commune.

Toute époque tragique abonde en mots épiques et mots de la fin, mais l’esprit à la française résiste, même aux pires moments de la Terreur, des massacres ou des guerres.

Au fil des citations, l’action avance et rebondit, cependant que toutes les opinions et les passions s’expriment. Au final, il s’en dégage une réalité, voire une vérité historique, humaine et multiforme.

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