Grotius : « La France, le plus beau royaume après celui du Ciel. »

Naissance de la monarchie absolue, suite et fin, sous le « ministériat » de Louis XIII et Richelieu.

La notion d’État se précise en France, l’État devenant même le mot clé au siècle de Louis XIV : « L’État c’est moi. » (citation 807) : mission réussie, référence absolue et identification royale sans équivalent à l’époque.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« La France, le plus beau royaume après celui du Ciel. »691

GROTIUS (1583-1645), Épître dédicatrice. De jure belli ac pacis (1625)

Le jurisconsulte hollandais adresse son traité à Louis XIII, ce qui explique en partie le superlatif. Richelieu est plus sévère dans son extrême lucidité, décrivant dans le Testament politique l’anarchie du royaume quand il arrive au pouvoir, en 1624.

La France a cependant de bons atouts dans son jeu. Avant tout sa démographie : elle est plus peuplée que l’Espagne, l’Italie et l’Angleterre réunies ! Dans les campagnes, les effets des guerres civiles ne sont plus qu’un mauvais souvenir : production rétablie, friches récupérées, revenus croissants des propriétaires du sol. L’industrie textile prospère dans les manufactures (laines, toiles, soieries), et celle du bâtiment profite de la croissance des villes où s’épanouit le « style français » : à Paris, la place Royale et les hôtels du Marais en offrent le plus bel exemple.

« C’est le plus grand serviteur que jamais la France ait eu. »706

LOUIS XIII (1601-1643), défendant le cardinal contre sa mère au lendemain de la journée des Dupes, le 11 novembre 1630

Marie de Médicis a tenté de perdre Richelieu. Elle l’avait introduit auprès du roi, espérant son soutien au parti dévot et à l’Espagne catholique. Mais il s’allie aux protestants allemands, pour contrer la puissante maison des Habsbourg, qui règne en Autriche et en Espagne.

Avec la reine, elle a profité d’une grave maladie du roi (tuberculeux et de santé fragile) pour l’éloigner de son ministre et obtenir sa future disgrâce, en septembre 1630, à Lyon. Le 10 novembre, en son palais du Luxembourg, elle presse son fils de tenir parole (…) La cour croit à une arrestation imminente, les courtisans s’empressent autour de la reine mère. « C’est la journée des Dupes » – le mot fait le tour de Paris. Le lendemain (…) le roi exile Marie de Médicis à Compiègne (…) C’est la déroute du parti dévot. Richelieu a gagné.

« Ceux qui m’ont voulu perdre ont senti ma puissance,
Pour dompter l’Espagnol j’ai ruiné la France,
Jugez si j’en étais ou l’ange ou le démon. »733

Cardinal de RICHELIEU (1585-1642). Richelieu, Mazarin, la Fronde et le règne de Louis XIV (1835), Jean Baptiste Honoré Raymond Capefigue

Scarron, poète pensionné comme « malade de la reine », le fait parler ainsi dans sa tombe.

La guerre contre l’Espagne a coûté cher au pays. Ce fut pourtant l’occasion de réformer l’administration financière lente et inefficace, aux mains d’« officiers » propriétaires de leurs charges. Des intendants les remplacent, à partir de 1635, préposés aux finances, à la police et la justice. Représentants du pouvoir royal en province, révocables à volonté, fort diligents pour faire exécuter les ordres du Conseil du roi, ils ont aussi tout pouvoir pour poursuivre les traîtres et les défaitistes.

« La France a bien fait voir qu’étant unie elle est invincible, et que de son union dépend sa grandeur, comme sa ruine de sa division. »741

LOUIS XIII (1601-1643). Traité de la majorité de nos rois et des régences du royaume (1722), Pierre Dupuy

Jusqu’à la fin, le roi a poursuivi la politique du ministériat et tiré la leçon de l’Histoire. Il semble que Richelieu (mort si mois avant) parle encore par sa bouche ! D’autres hommes d’État tiendront ce langage (notamment de Gaulle) et justice sera rendue à ce règne.