George Sand : « Il faut s'avouer impuissant devant cette fatalité politique d'un nouvel ordre dans l'histoire : le suffrage universel. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Deuxième République

Louis-Napoléon Bonaparte, élu triomphalement président de la République.

Le candidat qui a pris de l’assurance à la tribune devient président de la République (10 décembre 1848). La raison (ou la folie) de cette élection au suffrage universel et la problématique du « candidat attrape-tout » sont commentées à l’infini. L’échec brutal de Lamartine fait que le poète se retire de la vie politique.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Il faut s’avouer impuissant devant cette fatalité politique d’un nouvel ordre dans l’histoire : le suffrage universel. »2187

George SAND (1804-1876), Lettre à Joseph Mazzini, novembre 1848, Correspondance (posthume)

« Je travaille, j’attends le 10 décembre comme tout le monde. Il y a là un gros nuage, ou une grande mystification, et il faut s’avouer impuissant… » La dame de Nohant semble résignée, comme Lamartine. Et le peuple chansonne toujours, son arme favorite étant l’humour.

« Je suis Corse d’origine,
Je suis Anglais pour le ton,
Suisse d’éducation
Et Cosaque pour la mine […]
J’ai la redingote grise,
Et j’ai le petit chapeau ;
Ce costume est assez beau,
On admire cette mise.
Seul le génie est absent
Pour faire un bon président. »2188

Complainte de Louis-Napoléon pour compléter sa profession de foi (1848), chanson

Les chansons le brocardèrent, déjà en « Ratapoil », bientôt en « Badinguet » et autres surnoms. Selon Hugo : « Peu lui importe d’être méprisé, il se contente de la figure du respect » (Napoléon le Petit). Bien que ridiculisé, sous-estimé, malmené, le candidat à la présidence de la République a ses chances : porté par la légende napoléonienne qui enchante le peuple et l’a déjà fait député, il rassure les bourgeois qui ont vu de près le « péril rouge », lors des dernières émeutes.

« Le citoyen Bonaparte élu président de la République. »2189

Armand MARRAST (1801-1852), président de l’Assemblée constituante, Déclaration du 20 décembre 1848

Résultats du scrutin des 10 et 11 décembre, proclamés lors d’une séance solennelle à l’Assemblée. Triomphe du « citoyen Bonaparte », élu au suffrage universel par 75 % des votants, (5,5 millions de voix). Déroute de Lamartine qui n’était candidat que de lui-même (17 914 voix), les voix républicaines s’étant dispersées entre Cavaignac (1,4 million de voix modérées), Ledru-Rollin (0,37 million de voix démocrates) et Raspail (37 000 voix socialistes révolutionnaires) (…)

« Le 10 décembre 1848 fut le jour de l’insurrection des paysans. »2190

Karl MARX (1818-1883). La Vie politique en France 1848-1879 (1969), René Rémond

La victoire du nom de Bonaparte, si soudaine, née du tout nouveau suffrage universel, c’est la revanche de la France profonde et de l’opinion inorganisée, sur les partis, la presse, les professionnels de la politique. Marx qui a séjourné à Paris à plusieurs reprises et brièvement en 1848, va demeurer très attentif aux événements de France, notamment lors de la Commune en 1871.

« Monsieur de Lamartine […] est bien toujours le même, un pied dans chaque camp et sur chaque rive, un vrai colosse de Rhodes, ce qui fait que le vaisseau de l’État lui passe toujours entre les jambes. »2191

Auguste BLANQUI (1805-1881), Critique sociale (1885)

Lamartine va bientôt quitter la scène politique et vivre ses vingt dernières années en « galérien de la plume » : pas assez riche pour s’exiler comme Hugo ni pour se draper dans sa dignité d’opposant comme Chateaubriand, il est condamné à des travaux forcés littéraires pour éponger ses dettes, obligé de vendre sa propriété de Milly, et devra même solliciter de l’Empire un secours d’abord refusé. Sa famille refusera les funérailles nationales, en 1869.

« En présence de Dieu et devant le peuple français représenté par l’Assemblée nationale, je jure de rester fidèle à la république démocratique, une et indivisible, et de remplir tous les devoirs que m’impose la Constitution. »2192

Louis-Napoléon BONAPARTE (1808-1873), Assemblée constituante, 20 décembre 1848

Trois ans plus tard, ce sera le coup d’État présidentiel pour rester au pouvoir contre la Constitution qui lui interdit de se faire réélire – et un an après, l’Empire. Hugo dit de lui dans Napoléon le Petit : « Cet homme ment comme les autres hommes respirent. Il annonce une intention honnête, prenez garde ; il affirme, méfiez-vous ; il fait un serment, tremblez. Machiavel a fait des petits. Louis Bonaparte en est un. »

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