« J’ai travaillé au bonheur de mon peuple. Pourrais-je, à soixante ans, mieux terminer ma carrière qu’en mourant pour sa défense ? »
(1755-1824), à la Chambre des députés, séance du 16 mars 1815
Histoire de la Restauration et des causes qui ont amené la chute de la branche aînée des Bourbons (1843), Jean-Baptiste Honoré Raymond Capefigue.
Le discours du roi figure dans toutes les histoires de cette période agitée. Louis XVIII semble prêt au sacrifice suprême pour la Charte qui le fait roi de France. Le comte d’Artois soutient sa résolution, les deux frères s’embrassent, unis dans l’épreuve. Le roi fait encore acte de résistance : « Quoi qu’il arrive, je ne quitterai pas mon fauteuil. La victime sera plus grande que le bourreau. »
La séance s’achève dans le délire, avec le serment du souverain rhumatisant. En réalité et en coulisses, le « Roi-fauteuil » prépare sa fuite et met en sûreté les joyaux de la Couronne. Podagre, souffrant de diabète et de la goutte, Louis XVIII doit marcher à l’aide de béquilles, et se déplace souvent en fauteuil roulant. Il se surnomme lui-même « le roi fauteuil », non sans humour !
Le soir même, il apprend la défection du maréchal Ney – pour lui, trahison. Il fait ses malles, mais le secret doit être gardé. Le 19 mars, un courrier lui annonce que Napoléon est à Auxerre, et marche sur Paris. C’est le commencement de la fin de sa (première) Restauration : « Je vois que tout est fini […] Je suis résolu à partir. » Le soir, il part pour la Belgique. Départ piteux, pitoyable.
Napoléon entre à Paris, arrive aux Tuileries, dans la nuit. Les cris de « Vive l’empereur » se mêlent aux injures contre les Bourbons.
« Ce diable d’homme m’a gâté la France. »
NAPOLÉON Ier, Napoléon (1969), Georges Lefèbvre
À peine installé au château des Tuileries, le 20 mars 1815, il enrage contre Louis XVIII, car il se trouve littéralement assailli de libelles demandant des garanties constitutionnelles, comme le roi a été forcé d’en accorder.
« La légitimité gisait en dépôt à l’hôtel d’Hane de Steenhuyse comme un vieux fourgon brisé. »
CHATEAUBRIAND, Mémoires d’outre-tombe (posthume)
L’auteur des Mémoires est nommé ministre de l’Intérieur par Louis XVIII réfugié à Gand – parce que Talleyrand a su l’empêcher de fuir plus loin. Le roi a constitué un gouvernement en exil. Selon le duc de Castries, Chateaubriand devient vite à lui seul tout le gouvernement, mais n’est pas dupe. La situation est assez ridicule, en ce début du mois d’avril 1815.
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