Jeanne d’Arc (déjà contée, voir indexation) entre dans l’histoire quand tout paraît perdu.
Missionnée par Dieu qui lui parle à travers ses « voix », la jeune Lorraine parvient à dialoguer avec le roi : étonnant duo dans ce mariage à trois ! Elle va redonner confiance au « roi de Bourges », délivrer Orléans et conduire Charles à Reims où il est sacré (1429). Elle échoue à libérer Paris et tombe aux mains des ennemis. Mais Charles VII a repris courage et « boute » les Anglais hors de France - fin de la guerre de Cent Ans, victoire posthume de Jeanne.
« Dieu Messire me fraiera la voie jusqu’au gentil Dauphin. Car c’est pour cela que je suis née. »335
(1412-1431), quittant Vaucouleurs, fin février 1429
Études religieuses, historiques et littéraires (1866), Par des Pères de la Compagnie de Jésus.
Réponse à ceux qui s’effraient en pensant qu’elle va devoir traverser la France infestée d’Anglais et de Bourguignons. « En nom Dieu, je ne crains pas les gens d’armes, car ma voie est ouverte ! Et s’il y en a sur ma route… » À 17 ans, elle persuade le sire de Baudricourt, capitaine royal de Vaucouleurs, de lui donner une escorte, et part pour Chinon où se trouve le dauphin. Charles VII, sept ans après la mort de son père, n’a pas encore été sacré roi et garde le titre de dauphin. Jeanne fera alterner les deux titres, roi et dauphin.
« Je viens de la part du roi des Cieux pour faire lever le siège d’Orléans et pour conduire le roi à Reims pour son couronnement et son sacre. »336
JEANNE D’ARC (1412-1431), Château de Chinon, 7 mars 1429
Jeanne d’Arc (1860), Henri Wallon
Réponse aux conseillers du roi qui lui demandent pourquoi elle est venue. Curieusement, ces mots ne semblent pas les surprendre. Le lendemain, elle est conduite dans la salle du trône, au château de Chinon.
« Gentil Dauphin, j’ai nom Jeanne la Pucelle […] Mettez-moi en besogne et le pays sera bientôt soulagé. Vous recouvrerez votre royaume avec l’aide de Dieu et par mon labeur. »337
JEANNE D’ARC (1412-1431), château de Chinon, 8 mars 1429
Jeanne d’Arc, la Pucelle (1988), marquis de la Franquerie
Le dauphin, croyant à une farce, est caché parmi ses partisans, le comte de Clermont étant placé près du trône. Au lieu d’aller vers le comte, Jeanne va vers Charles et lui parle ainsi, à la stupeur des témoins ! Leur entretien dure une heure et restera secret, hormis la dernière phrase.
« Je vous dis, de la part de Messire, que vous êtes vrai héritier de France et fils du roi. »338
JEANNE D’ARC (1412-1431), 8 mars 1429
Jeanne d’Arc (1870), Frédéric Lock
Derniers mots de Jeanne au dauphin - elle en fera état plus tard à son confesseur. « Messire », c’est « Dieu premier servi » (devise de Jeanne). L’Église, le roi, la France, rien ni personne ne passe avant Lui, « Messire Dieu », le « roi du Ciel », le « roi des Cieux », obsessionnellement invoqué, aux moments les plus glorieux ou les plus sombres de sa vie. C’est la raison même de sa passion, cette foi forte et fragile, à l’image du personnage et d’un Moyen Âge très chrétien.
Jeanne a rendu confiance au dérisoire « roi de Bourges » : il est bien le roi légitime de France et le fils légitime de son père, alors qu’on le traite de bâtard. La chevauchée fantastique de Jeanne et ses compagnons remonte la Loire pour entrer par le fleuve dans Orléans assiégée, le 29 avril. « Vous, hommes d’Angleterre, qui n’avez aucun droit en ce royaume, le roi des Cieux vous mande et ordonne par moi, Jeanne la Pucelle, que vous quittiez vos bastilles et retourniez en votre pays, ou sinon, je ferai de vous un tel hahu [dommage] qu’il y en aura éternelle mémoire. » Le 7 mai, la ville est libérée. Le 8, les Anglais lèvent le siège. L’armée française, à genoux, assiste à une messe d’action de grâce.
« Gentil roi, or est exécuté le plaisir de Dieu qui voulait que vous vinssiez à Reims recevoir votre saint sacre, en montrant que vous êtes vrai roi et celui auquel le royaume de France doit appartenir. »343
JEANNE D’ARC (1412-1431)
Jeanne d’Arc (1860), Henri Wallon
Jeanne a tenu parole, Charles VII est sacré à Reims, le 17 juillet, et peut porter son titre de roi. Plusieurs villes font allégeance : c’est « la moisson du sacre ». Les victoires ont permis de reconquérir une part de la « France anglaise », mais Jeanne, blessée, échoue devant Paris en septembre. Prisonnière l’année suivante, les Anglais veulent sa mort, les juges français veulent y mettre les formes. Elle subit une suite d’interrogatoires, en deux procès. Condamnée, elle meurt brûlée vive à Rouen. Charles VII, qui lui doit tant, n’a rien tenté pour la sauver.
Il fera procéder à une enquête, quand il reprend Rouen aux Anglais. 7 juillet 1456, on fait le procès du procès, d’où annulation et réhabilitation de la mémoire de Jeanne. Elle ne sera béatifiée qu’en 1909, et canonisée en 1920.
« Souvenons-nous toujours, Français, que la patrie, chez nous, est née du cœur d’une femme, de sa tendresse, de ses larmes, du sang qu’elle a donné pour nous. »349
Jules MICHELET (1798-1874), Jeanne d’Arc (1853)
Bergère idéalisée par Michelet ou princesse (bâtarde de sang royal, voire demi-sœur de Charles VII, selon certains historiens), ce personnage providentiel et inspiré galvanisa les énergies, rendant espoir au peuple et d’abord à son roi.
Revivez en citations l’épopée de Jeanne d’Arc, qui arrive quand tout semblait perdu. Pour redonner confiance au dérisoire « roi de Bourges », la Pucelle délivre Orléans des Anglais, conduit Charles à Reims où il est sacré (1429) : feuilletez les 20 premières pages.
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