Second Empire
Le libre-échange profite à l’économie, la liberté d’expression renforce l’opposition républicaine, le socialisme ouvrier fait ses premières armes, la géopolitique se complique.
Gouverner, c’est choisir et aussi prévoir. Napoléon III, appuyé sur une administration solide, a fait de bons choix, avant d’être confonté à des contradictions chimériques.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« [L’empereur] a eu raison de devancer l’opinion publique de quelques années. »2287
(1805-1875), 1864
Histoire de la France : les temps nouveaux, de 1852 à nos jours (19712287Georges Duby.
Ce grand patron reconnaît que son pessimisme après le traité de commerce du 23 janvier 1860 était mal fondé (…) La facilité avec laquelle l’économie française s’est adaptée à ce libre-échange naissant imposé par l’empereur, avec l’Angleterre, puis avec la plupart des autres pays européens, montre qu’elle n’y était pas si mal préparée.
« Le suffrage universel nous a rendus majeurs politiquement, mais il nous reste encore à nous émanciper socialement […] La bourgeoisie, notre aînée en émancipation, sut en 89 détruire d’injustes privilèges ; il s’agit pour nous de conquérir la même liberté d’action. »2288
Henri TOLAIN (1828-1897), Manifeste des Soixante, 17 février 1864
Première charte de classe d’un mouvement ouvrier français, rédigée par Tolain, ouvrier ciseleur, et signée par 60 ouvriers de la Seine. À l’occasion des élections du 31 mai 1863, des militants ouvriers ont décidé de présenter leurs propres candidats dans quelques circonscriptions, les résultats obtenus sont dérisoires. Le manifeste est destiné à justifier leur conduite après coup (…)
« L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes. »2289
Devise de l’Association internationale des travailleurs, 1864
L’Association internationale des travailleurs (AIT) est la première Internationale, créée le 28 septembre 1864 par des militants français et anglais : « une grande âme dans un petit corps ». Elle tiendra congrès chaque année, de plus en plus hostile aux états bourgeois. Après le Manifeste des soixante et l’AIT, un autre socialisme se réveille, vraiment révolutionnaire : le blanquisme (…)
« Le jour viendra où la race arabe, régénérée et confondue avec la race française, retrouvera une puissante individualité […] Je veux vous faire participer de plus en plus à l’administration de votre pays comme aux bienfaits de la civilisation. »2290
NAPOLÉON III (1808-1873), Proclamation de Napoléon III aux Arabes, mai 1865
La bonne volonté n’est pas niable. Mais la contradiction des volontés impériales est tout aussi évidente : Napoléon III voit en l’Algérie « tout à la fois un royaume arabe, une colonie européenne, un camp français. »
« Vous voulez donc faire de la France une caserne ?
— Et vous, prenez garde d’en faire un cimetière. »2291Maréchal NIEL (1802-1869), à Jules FAVRE (1809-1880), Corps législatif, 2 janvier 1868
Héros de la campagne d’Italie, le maréchal répond lors d’un débat sur l’armée au député républicain contestant l’utilité des périodes d’exercice. Plus fondamentalement, l’opposition républicaine demande la suppression des armées permanentes, malgré la puissance militaire menaçante de la Prusse et l’échec de notre diplomatie. Pour Gambetta, « les armées permanentes sont cause de ruines et source de haine » (…)
« Vive la Pologne, Monsieur ! »2292
Charles FLOQUET (1828-1896), au tsar de Russie Alexandre II, 3 juin 1867
Avocat à la cour d’appel de Paris, député républicain sous la Troisième République (…) il apostrophe le tsar, en visite à l’occasion de l’Exposition universelle de 1867 et de passage au Palais de Justice, le 3 juin. La Pologne occupée par la Russie vit un long martyr (…) Le 6 juin, au Bois de Boulogne, le tsar échappe de peu à l’attentat de Berezowski. C’en est trop, une brouille franco-russe s’ensuit.
« Rugissons contre Monsieur Thiers ! Peut-on voir un plus triomphant imbécile, un croûtard plus abject, un plus étroniforme bourgeois ! Non, rien ne peut donner l’idée du vomissement que m’inspire ce vieux melon diplomatique, arrondissant sa bêtise sur le fumier de la bourgeoisie. »2293
Gustave FLAUBERT (1821-1880), Lettre à George Sand (1867)
Thiers, élu député de Paris en mai 1863, est devenu le chef de l’opposition libérale (le Tiers Parti) depuis son discours du 11 janvier 1864 sur les « libertés nécessaires » (individuelle, électorale, de presse). À 70 ans, orateur toujours pugnace, il va tenir le devant de la scène politique jusqu’à sa mort en 1877. Pour l’heure, il dénonce la diplomatie de plus en plus aventureuse et bientôt malheureuse de l’empereur, avec une prescience du péril prussien.
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