La Guerre en citations - De Napoléon à nos jours | L’Histoire en citations
Édito de la semaine

 

Retrouvez la première partie de notre édito, qui traite de la guerre de la Gaule à la Révolution.

DIRECTOIRE, CONSULAT ET EMPIRE

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« Vous n’avez ni souliers, ni habits, ni chemises, presque pas de pain, et nos magasins sont vides ; ceux de l’ennemi regorgent de tout. C’est à vous de les conquérir. Vous le voulez, vous le pouvez, partons ! »1656

Napoléon BONAPARTE (1769-1821), à ses soldats, Toulon, 29 mars 1796. L’Europe et la Révolution française, Cinquième partie, Bonaparte et le Directoire (1903), Albert Sorel

Nommé général en chef de l’armée d’Italie par le Directoire, il tient ce langage le jour même de son arrivée devant Toulon. C’est le début de la (première) campagne d’Italie, simple opération de diversion, ce qui explique l’intendance déplorable. Et c’est le commencement d’une irrésistible ascension.

Ce général en chef de 26 ans a déjà l’art de galvaniser ses troupes – vagabonds en guenilles dont il va faire des soldats victorieux face à des armées supérieures en nombre – avec les mots dictés par les circonstances : « Votre patience à supporter toutes les privations, votre bravoure à affronter tous les dangers excitent l’admiration de la France ; elle a les yeux tournés sur vos misères… »

« Dans quel état j’ai laissé la France et dans quel état je l’ai retrouvée ! Je vous avais laissé la paix et je retrouve la guerre ! Je vous avais laissé des conquêtes et l’ennemi passe nos frontières. »1677

Napoléon BONAPARTE (1769-1821), 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799). Histoire parlementaire de la Révolution française ou Journal des Assemblées nationales (1834-1838), P.J.B. Buchez, P.C. Roux

Citation assurément authentique, mais selon les sources, la situation diffère. Bonaparte, général en chef, passe en revue les troupes aux Tuileries, 3 000 soldats dûment rassemblés dans le jardin. Autre version, il apostrophe Bottot, secrétaire de Barras, inquiet de ce qui se prépare et venu lui parler au Conseil des Anciens. Il peut également avoir prononcé ces mots à la tribune de cette Assemblée. Quoi qu’il en soit, il s’est exprimé publiquement, peut-être plusieurs fois, tant l’argument joue en sa faveur et prépare l’opinion ! En clair, la situation est bonne pour le coup d’État. « L’anarchie ramène toujours au pouvoir absolu » dira-t-il plus tard.

« Souvenez-vous que je marche accompagné du dieu de la guerre et du dieu de la fortune. »1679

Napoléon BONAPARTE (1769-1821), Conseil des Anciens, 19 brumaire an VIII (10 novembre 1799). Correspondance de Napoléon Ier, publiée par ordre de l’empereur Napoléon III (1858)

Les députés des deux assemblées doivent voter la révision de la Constitution, mais le Conseil des Cinq-Cents est majoritairement contre. De crainte que le peuple parisien ne s’invite aux débats, les élus vont se réunir le lendemain au château de Saint-Cloud. Bonaparte harangue les « Citoyens représentants ». Les Anciens ne réagissent pas, mais il est hué par les Cinq-Cents. Sa rhétorique dramatique et menaçante rappelle les grandes heures révolutionnaires – et l’époque est révolue. On crie : « À bas le dictateur ! »

Lucien Bonaparte qui préside l’Assemblée sauve son frère défaillant, évacué de la salle par les grenadiers. Murat fait donner la troupe, ses hommes chargent à la baïonnette, les députés se dispersent. Le coup d’État parlementaire est devenu militaire. Dans la nuit, on rattrape le maximum possible des élus. Les Anciens et une minorité des Cinq-Cents votent enfin la révision et nomment un gouvernement provisoire de trois consuls, Bonaparte, Sieyès et Ducos. Les deux Conseils (Anciens et Cinq-Cents) sont remplacés par deux commissions chargées de réviser la Constitution. Le « coup d’État du 18 Brumaire » a finalement réussi le 19.

« La guerre qui depuis huit ans ravage les quatre parties du monde doit-elle être éternelle ? […] Comment les deux nations les plus éclairées de l’Europe […] ne sentent-elles pas que la paix est le premier des besoins comme la première des gloires ? »1693

Napoléon BONAPARTE (1769-1821), Message du Premier Consul au roi d’Angleterre Georges III, 25 décembre 1799. Histoire de Napoléon, du Consulat et de l’Empire (1841), Louis Vivien de Saint-Martin

Lettre manuscrite, un message dans le même esprit étant adressé le même jour à l’empereur d’Autriche. Bonaparte veut-il vraiment la paix, ou le temps pour préparer la guerre ? En tout cas, l’armée doit se reposer.

« Vous voulez la guerre. Nous nous sommes battus pendant quinze ans. C’en est déjà trop. Mais vous voulez la guerre quinze années encore et vous m’y forcez ! […] Si vous armez, j’armerai aussi. Vous pouvez peut-être tuer la France, mais l’intimider, jamais ! »1733

Napoléon BONAPARTE (1769-1821), apostrophant Lord Whitworh, ambassadeur d’Angleterre à Paris, 13 mars 1803. La France, l’Angleterre et Naples, de 1803 à 1806 (1904), Charles Auriol

La scène se passe aux Tuileries devant deux cents témoins, le ministre des Affaires étrangères (ou Relations extérieures) Talleyrand et le corps diplomatique pétrifiés. Bonaparte est furieux : l’Angleterre n’a pas rempli les conditions du traité de paix d’Amiens (25 mars 1802) mettant fin à la deuxième coalition. Elle refuse notamment d’évacuer l’île de Malte.

« Cette paix [d’Amiens] n’avait pas encore reçu sa complète exécution, qu’il jetait déjà les semences de nouvelles guerres qui devaient, après avoir accablé l’Europe et la France, le conduire lui-même à sa ruine. »1734

TALLEYRAND (1754-1838), Mémoires (posthume, 1891)

Il a tenté de minimiser cette déclaration peu diplomatique du 13 mars 1803, mais il se rend à l’évidence et rendra Bonaparte responsable de la suite des événements, le temps venu de témoigner face à l’histoire. De toute manière, les Affaires étrangères relèvent du Premier Consul et Talleyrand joue le second rôle comme il peut, y trouvant des avantages financiers plus ou moins occultes. Le diable boiteux est malin. Mais l’Angleterre et bientôt toute l’Europe s’inquiètent de la politique expansionniste de la France.

« Cet homme est insatiable, son ambition ne connaît pas de bornes ; il est un fléau pour le monde ; il veut la guerre, il l’aura, et le plus tôt sera le mieux ! »1803

ALEXANDRE Ier, fin mai 1805. Histoire du Consulat et de l’Empire (1974), Louis Madelin

Le tsar de Russie apprend que la République de Gênes sollicite sa réunion à l’Empire. Napoléon, déjà médiateur de la Confédération suisse, vient de se faire couronner roi d’Italie (Lombardie et Émilie-Romagne) – il était déjà président de la République, mais l’Italie est devenue un royaume, quand la France devient un Empire. Craignant l’hégémonie française en Europe, le tsar rejoint l’Angleterre (en guerre depuis 1803) dans la troisième coalition.

« Je m’afflige de ma manière de vivre qui, m’entraînant dans les camps, dans les expéditions, détourne mes regards de ce premier objet de mes soins […], une bonne et solide organisation de ce qui tient aux banques, aux manufactures et au commerce. »1804

NAPOLÉON Ier (1769-1821) à Barbé-Marbois, Camp de Boulogne, 24 août 1805. Correspondance de Napoléon Ier, publiée par ordre de l’empereur Napoléon III (1858)

Ce regret de ne pas faire assez pour les institutions revient souvent. Notons cependant que Napoléon Ier Empereur, après Bonaparte Premier Consul, fit beaucoup en ce domaine. Mais loin des champs de bataille, de ses maréchaux et de ses hommes, ce grand militaire avouait s’ennuyer. Et Boulogne est un lieu stratégique : Napoléon y concentre son armée avec une grande flotte, en vue du débarquement depuis si longtemps rêvé – et toujours impossible.

« Quel massacre ! Et sans résultat ! Spectacle bien fait pour inspirer aux princes l’amour de la paix et l’horreur de la guerre ! »1821

NAPOLÉON Ier (1769-1821) sur le champ de bataille d’Eylau, 9 février 1807. La Chambre noire de Longwoog : le voyage à Sainte-Hélène (1997), Jean-Paul Kauffmann

Près de 50 000 tués ou blessés autour de lui. Amère victoire, remportée contre les Russes supérieurs en nombre et ce qui restait des Prussiens. Le lendemain, Napoléon découvre le spectacle atroce, Il commande un tableau, dicte tout ce que le peintre doit faire passer : le projet fait l’objet d’un concours remporté par Antoine-Jean Gros.

Pour la première fois de l’histoire et de l’iconographie impériale, on voit le visage de Napoléon, bouleversé, entouré de ses généraux et s’inquiétant des soins apportés aux blessés, français ou ennemis. C’est naturellement un (admirable) tableau de propagande, mais le message est nouveau. Les batailles de la quatrième coalition vont se poursuivre : autant de victoires à Dantzig, Friedland… et jusqu’au Mont Athos. Mais l’aventure impériale finira mal. La campagne de Russie sera « le commencement de la fin ».

« Il ne s’agit en aucun cas d’une retraite, mais d’une marche stratégique. Mon armée n’est pas battue, que je sache ! »1866

NAPOLÉON Ier (1769-1821), 13 octobre 1812. L’Incendie de Moscou (1964), Daria Olivier

Retraite de Russie. Les premières neiges tombent et les dernières illusions de Napoléon s’envolent, mais il refuse encore de l’avouer. De Moscou, il envisage un repli sur Smolensk, le temps d’hiverner, pour repartir au printemps sur Saint-Pétersbourg. Il affectera de railler ces Russes « qui brûlent leurs maisons pour nous empêcher d’y passer la nuit. »

« Les guerres de Napoléon ont divulgué un fatal secret : c’est qu’on peut arriver en quelques journées de marche à Paris après une affaire heureuse ; c’est que Paris ne se défend pas ; c’est que ce même Paris est beaucoup trop près de la frontière. »1884

François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume)

Le 30 mars 1814, c’est la bataille de Paris. Blücher occupe Montmartre et de ses hauteurs, il bombarde la capitale. Moncey résiste héroïquement à la barrière de Clichy. Mais Marmont doit signer la capitulation en fin d’après-midi. Les Alliés entrent dans Paris le lendemain. Il y a quelques cris pour acclamer le roi de Prusse et le tsar de Russie. Napoléon s’est replié sur Fontainebleau, pour la première abdication (5 avril 1814).

« Waterloo n’est point une bataille : c’est le changement de front de l’univers. »1949

Victor HUGO (1802-1885), Les Misérables (1862)

Les Cent Jours, 1815 (sous la première Restauration). Dans ce roman en dix volumes, Hugo brosse une vaste fresque historique, sociale, humaine. Après la défaite de Waterloo (et le mot de Cambronne), Napoléon abdique une seconde fois, sort de l’Histoire et entre dans la légende.

SECOND EMPIRE

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« La masse est pour la guerre. Les soldats partent comme pour le bal. »2275

Prosper MÉRIMÉE (1803-1870). Histoire de France contemporaine depuis la Révolution jusqu’à la paix de 1919 (1921), Ernest Lavisse, Philippe Sagnac

La guerre contre l’Autriche est déclarée le 3 mai 1859. Napoléon III prend personnellement le commandement et défait les Autrichiens à Magenta le 4 juin (Mac-Mahon arrivant au bon moment) et à Solferino, le 24 juin. L’armistice est signé le 8 juillet.

L’Autriche cède la Lombardie, l’Italie devient une confédération (le Piémont veut davantage, mais la véritable unité n’est pas encore possible, à cause de la Prusse) et la France recevra Nice et la Savoie – si les populations en sont d’accord. « Nos cœurs ont suivi le cours de nos rivières. » Le referendum deux fois gagnant est la reconnaissance du roi des peuples à disposer d’eux-mêmes, sans plus de guerre. Mais la fin du Second Empire est placée sous le signe de la guerre perdue contre la Prusse et d’un aveuglement quasi national.

« Si la Prusse refuse de se battre, nous la contraindrons, à coups de crosse dans le dos, à repasser le Rhin et à céder la rive gauche ! »2309

La Presse. Histoire générale de la presse française : de 1871 à 1940 (1969), Claude Bellanger

Les journaux, en cette mi-juillet 1870, sont unanimes, reflet d’une opinion publique trop sûre d’elle. « À l’insolence de la Prusse, il n’y a qu’une réponse : la guerre », écrit Le Constitutionnel. D’autres titrent : « À Berlin ! »

« Nous sommes prêts et archiprêts, il ne manque pas à notre armée un bouton de guêtre. »2310

Maréchal LEBŒUF (1809-1888), lors du vote de la mobilisation et des crédits de guerre, Corps Législatif, 15 juillet 1870. Revue des deux mondes, volume XXI (1877)

Ministre de la Guerre et major général de l’armée, il répond au doute de Thiers affirmant : « Vous n’êtes pas prêts. » Et il insiste : « De Paris à Berlin, ce serait une promenade la canne à la main. » C’est une illusion et Bismarck, bien informé par Moltke son chef d’état-major, connaît les forces ou plutôt les faiblesses de la France. Ses canons de bronze se chargent encore par la gueule et non par la culasse comme les canons Krupp en acier ; les traditions tactiques de l’armée d’Afrique sont impropres à une guerre européenne et l’expédition du Mexique a désorganisé l’administration militaire ; ses généraux sont vieux et routiniers ; enfin, le Corps législatif n’a jamais voté les crédits nécessaires à l’armée. C’est un peu tard pour se rattraper, alors que la Prusse prépare cette guerre depuis quatre ans.

« Nous l’acceptons le cœur léger. »2311

Émile OLLIVIER (1825-1913), Corps législatif, le jour de la déclaration de guerre à la Prusse, 19 juillet 1870. Les Causes politiques du désastre (1915), Léon de Montesquiou

Porté par l’opinion publique, le président du Conseil et garde des Sceaux accepte la responsabilité de la guerre, alors que des intervenants (républicains et pacifistes) évoquaient le sang bientôt versé. Il insiste sur ces mots qui lui seront reprochés jusqu’à sa mort : Émile Ollivier reste à jamais pour l’histoire « l’homme au cœur léger ».

« Prussiens ! vous fuirez, battant la retraite,
Devant nos drapeaux / Et nos Chassepots,
Oui, notre aigle altier qui n’a qu’une tête
S’ra victorieux, / Et pourtant le vôtre en a deux !
Refrain Zim la la, zim la la, les beaux militaires,
Zim la la, zim la la, que ces Prussiens-là ! »2312

Ces beaux Prussiens (1870), chanson. La Commune en chantant (1970), Georges Coulonges

Les chansons font partie de la propagande patriotique au même titre que la presse. Le chassepot français (du nom de son inventeur) est en effet le fusil à aiguille le plus efficace à l’époque, mais c’est notre seule supériorité.

450 000 Prussiens très armés et très entraînés vont aussitôt infliger les premières défaites aux 350 000 Français pleins d’ardeur. Les Allemands envahissent l’Alsace et la Lorraine. L’armée de Mac-Mahon est défaite en Alsace – battue à Wissembourg (4 août 1870), Reichshoffen et Froeschwiller (6 août) – et l’armée de Bazaine en Lorraine – à Forbach (6 août).

« Je sais le désastre. L’armée s’est sacrifiée. C’est à mon tour de m’immoler. Je suis résolu à demander un armistice. »2317

NAPOLÉON III (1808-1873), encerclé à Sedan, 1er septembre 1870. Histoire contemporaine (1897), Samuel Denis

Il prend cette décision, alors que le général de Wimpffen « le plus ancien dans le grade le plus élevé », voulait forcer la ligne ennemie pour libérer Sedan et ouvrir le passage à son empereur. Tentative héroïque, mais désespérée, que l’état-major n’osait pas déconseiller. Le bilan aurait été de 60 000 morts, une boucherie.

L’artillerie allemande continue de tirer sur la ville, 400 pièces de canon font pleuvoir des tonnes de projectiles, quand les premiers drapeaux blancs sont hissés sur les murailles. Guillaume donne l’ordre de faire cesser le feu, envoie deux officiers à Wimpffen pour le sommer de rendre la place. Mais ils vont se retrouver devant l’empereur, à la sous-préfecture.

TROISIÈME RÉPUBLIQUE JUSQUEN 1914

Revivez toute l’Histoire en citations dans nos Chroniques, livres électroniques qui racontent l’histoire de France de la Gaule à nos jours, en 3 500 citations numérotées, sourcées, replacées dans leur contexte, et signées par près de 1 200 auteurs.

« Une guerre entre Européens est une guerre civile. »2323

Victor HUGO (1802-1885), Carnets, albums et journaux

Dès son retour d’exil, Hugo demande aux Allemands de faire la paix. La Troisième République, née en 1870 sous le signe de la guerre et de la défaite, marquée profondément par l’épreuve de la Première Guerre mondiale de 1914-1918, s’écroulera dans le nouveau désastre de 1940.

« Si la guerre est une chose horrible, le patriotisme ne serait-il pas l’idée mère qui l’entretient ? »2324

Guy de MAUPASSANT (1850-1893), Les Dimanches d’un bourgeois de Paris (posthume, 1901)

Après une enfance heureuse en Normandie, il assiste à la débâcle de 1870 : une partie de son œuvre rappelle les souvenirs de la guerre. Évident à la déclaration de guerre en 1870, et l’une des causes de la Commune, le patriotisme français culminera en 1914, avec l’objectif de reconquête de l’Alsace-Lorraine.

« C’est une guerre sans trêve ni pitié que je déclare à ces assassins. »2366

Général Gaston de GALLIFFET (1830-1909), 3 avril 1871. Histoire socialiste, 1789-1900, volume XI, La Commune, Louis Dubreuilh, sous la direction de Jean Jaurès (1908)

Galliffet a fait fusiller sans jugement 5 Fédérés prisonniers. « J’ai dû faire un exemple ce matin ; je désire ne pas être réduit de nouveau à une pareille extrémité. N’oubliez pas que le pays, que la loi, que le droit par conséquent sont à Versailles et à l’Assemblée nationale, et non pas avec la grotesque assemblée de Paris, qui s’intitule Commune. » Sa férocité lui vaudra le surnom de « Marquis aux talons rouges », ou « massacreur de la Commune ».

Cependant qu’à Paris, les clubs réclament la Terreur, veulent « faire tomber cent mille têtes », rétablir la loi des Suspects. On joue la mort de la peine de mort en brûlant une guillotine.

« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage. »2411

Jean JAURÈS (1859-1914). Le Socialisme selon Léon Blum (2003), David Frapet

Socialiste à la fois internationaliste et pacifiste, il va vivre dramatiquement l’approche de la guerre de 1914, cherchant appui auprès du mouvement ouvrier pour l’éviter, avant d’être assassiné le 31 juillet 1914 par un nationaliste. Ce que n’a pas su faire la République, cahotant de crises en « affaires » et d’« affaires » en scandales, la guerre l’accomplit alors : l’union sacrée des Français, l’unité nationale retrouvée.

« Au moral, la haine de l’esprit militaire, au matériel, un désarmement qui attire la guerre comme l’aimant le fer. »2525

Charles MAURRAS (1868-1952), Au signe de Flore : souvenirs de vie politique, l’affaire Dreyfus, la fondation de l’Action française, 1898-1900 (1931)

Le théoricien du nationalisme intégral sera hanté à vie par le souvenir de l’affaire Dreyfus. Elle a de graves conséquences. Psychologiques, politiques, mais d’abord militaires. L’armée en sort divisée (on se bat en duel dans les garnisons, dreyfusards contre « anti »), affaiblie, discréditée, épurée, et le Service de renseignements est remplacé par la police civile qui ne sera pas de taille face au SR allemand.

« Partout où notre drapeau se dresse, les populations accourent, se mettent à son abri, sachant qu’il les libère de l’anarchie et leur apporte la paix, la protection, le bien-être. Oui, cette guerre coloniale, tant décriée et si méconnue, est par excellence une guerre constructrice, une œuvre de paix et de civilisation, et il fallait que cela fût dit. »2559

Maréchal LYAUTEY (1854-1934), Paroles d’action, 1900-1926 (1927)

Après le traité de Fez (30 mars 1912) par lequel le sultan du Maroc accepte le protectorat français, Lyautey est nommé résident général de la République française en septembre 1912 et s’efforce de pacifier la région – mais la guerre mondiale interrompt son action. Le Maroc est d’ailleurs une raison de tension majeure entre la France, forte de son Entente cordiale avec l’Angleterre, et l’Allemagne privée d’empire colonial et cherchant à combattre l’influence française.

« Il n’est possible à un peuple d’être efficacement pacifique qu’à la condition d’être prêt à la guerre. »2564

Raymond POINCARÉ (1860-1934), message aux Chambres, 20 février 1913. Histoire illustrée de la guerre de 1914 (1915), Gabriel Hanotaux

Ayant donné sa version du « si vis pacem, para bellum » (littéralement, « Si tu veux la paix, prépare la guerre »), le président ajoute : « Une France diminuée, une France exposée, par sa faute, à des défis, à des humiliations, ne serait plus la France. » Alors que Jaurès le pacifiste déclare « la guerre à la guerre », Poincaré va renforcer l’alliance avec la Russie, mais aussi l’armée.

PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

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« La guerre, l’art de tuer en grand et de faire avec gloire ce qui, fait en petit, conduit à la potence. »2571

Jean-Henri FABRE (1823-1915), Souvenirs entomologiques (posthume, 1898)

Ce grand savant, mort à 92 ans, pense à « sa » guerre, celle de 1870 qui fit « seulement » 120 000 morts français et 130 000 morts allemands. La Première Guerre mondiale fera en tout 8,5 millions de morts militaires – dont 1,3 français – et 20,5 millions de blessés.

« Que ceux déjà qui m’en veulent se représentent ce que fut la guerre pour tant de très jeunes garçons : quatre ans de grandes vacances. »2573

Raymond RADIGUET (1903-1923), Le Diable au corps (1923)

Ce roman de Radiguet, mort à 20 ans l’année même de la publication et du très grand succès de cette œuvre, est le récit d’une passion d’adolescent sur fond de guerre : le héros est l’amant d’une très jeune femme dont le mari se bat au front. Le roman fera scandale, pour cela surtout.

« Ah Dieu ! que la guerre est jolie
Avec ses chants, ses longs loisirs. »2574

Guillaume APOLLINAIRE (1880-1918), Calligrammes, « L’Adieu du cavalier » (1918)

Le poète s’engage en décembre 1914. Blessé d’un éclat d’obus à la tempe le 17 mars 1916, évacué, trépané, il ira d’hôpital en hôpital, continuant d’écrire, et mourra deux jours avant la fin de la guerre, le 9 novembre 1918, victime de la grande épidémie de grippe espagnole.

« La guerre […] Je vois des ruines, de la boue, des files d’hommes fourbus, des bistrots où l’on se bat pour des litres de vin, des gendarmes aux aguets, des troncs d’arbres déchiquetés et des croix de bois, des croix, des croix. »2575

Roland DORGELÈS (1885-1973), Les Croix de bois (1919)

Engagé volontaire, il donne ce témoignage simple et vécu de la vie des tranchées : un des plus gros succès d’après-guerre de cette littérature de guerre. 14-18 reste dans l’histoire comme une interminable guerre de tranchées où les soldats, en majorité paysans, luttèrent pied à pied dans la terre, pour leur terre.

« Ce ne sont pas des soldats : ce sont des hommes. Ce ne sont pas des aventuriers, des guerriers, faits pour la boucherie humaine […] Ce sont des laboureurs et des ouvriers qu’on reconnaît dans leurs uniformes. Ce sont des civils déracinés. »2576

Henri BARBUSSE (1873-1935), Le Feu, journal d’une escouade (1916)

Autre engagé volontaire, autre témoignage sur la vie des tranchées, autre succès – et prix Goncourt en 1917. Barbusse, idéaliste exalté, militant communiste bientôt fasciné par la révolution russe de 1917, se rend plusieurs fois à Moscou, où il meurt en 1935. Le roman soulèvera nombre de protestations : en plus du document terrible sur le cauchemar monotone de cette guerre, les aspirations pacifistes transparaissent.

« J’admire les poilus de la Grande Guerre et je leur en veux un petit peu. Car ils m’eussent, si c’était possible, réconcilié avec les hommes, en me donnant de l’humanité une idée meilleure… donc fausse ! »2577

Georges COURTELINE (1858-1929), La Philosophie de Georges Courteline (1929)

Auteur à succès comique applaudi par la génération d’avant 1914, ex-cavalier au 13e régiment de Chasseurs à Bar-le-Duc, il s’est bien moqué des militaires, des Gaietés de l’escadron (1886) au Train de 8 h 47 (1891), du capitaine Hurluret et du sergent Flick. Rappelons que le « poilu » est synonyme de brave soldat, les poils étant associés à l’idée de virilité.

« La guerre ! C’est une chose trop grave pour la confier à des militaires. »2579

Georges CLEMENCEAU (1841-1929). Soixante Années d’histoire française : Clemenceau (1932), Georges Suarez

Ce mot fameux remonte à l’épisode du « Général Revanche », autrement dit Boulanger devenu dangereux pour la République en raison de son immense popularité. Ayant d’abord soutenu cet ami (connu au lycée de Nantes) comme ministre de la Guerre en 1886, Clemenceau gardait un mauvais souvenir du boulangisme : cette crise qui marqua la Troisième aurait pu finir par un coup d’État.

À 76 ans, il est appelé à la tête du gouvernement par le président Poincaré (16 novembre 1917). Jusque-là, le Tigre s’est tenu à l’écart, accablant de sarcasmes les chefs civils et militaires. Désormais, plus question de laisser carte blanche au général en chef ! À la tête d’une France fatiguée, divisée, à bout de nerfs et de guerre, devenue défaitiste par lassitude, il saura imposer son autorité et méritera son nouveau surnom de Père la Victoire.

« La mobilisation n’est pas la guerre. »2580

Raymond POINCARÉ (1860-1934), Appel au pays, 1er août 1914. Dictionnaire de français Larousse, au mot « mobilisation »

Le président de la République fait afficher cet appel sur les murs des communes de France, en même temps que l’ordre de mobilisation générale. « Poincaré-la-Guerre » a poussé le gouvernement russe à faire preuve de fermeté sur les Balkans, face à l’Autriche. Surestimant la puissance du « rouleau compresseur » de notre allié russe, il pense reconquérir l’Alsace-Lorraine en quelques semaines. Cette croyance en une guerre courte prévaut en France, mais aussi en Allemagne. Dès juillet 1914, 170 000 hommes stationnés en Afrique du Nord ont été rappelés. À la mi-août, ils seront plus de 4 millions sous les drapeaux. Pratiquement pas de déserteurs, contrairement aux craintes du gouvernement.

« Dans la guerre qui s’engage, la France […] sera héroïquement défendue par tous ses fils dont rien ne brisera, devant l’ennemi, l’union sacrée. »2581

Raymond POINCARÉ (1860-1934), Message aux Chambres, 4 août 1914. La République souveraine : la vie politique en France, 1879-1939 (2002), René Rémond

L’Allemagne a déclaré la guerre à la France le 3 août, envahissant la Belgique pour arriver aux frontières françaises : selon le chancelier allemand Bethmann-Hollweg, le traité international garantissant la neutralité de ce pays n’était qu’un « chiffon de papier ». La violation de la Belgique, en exposant directement les côtes anglaises, a pour effet de pousser cet allié à entrer en guerre.

La guerre va bouleverser l’échiquier politique en France. L’« union sacrée », c’est le gouvernement qui élargit sa base avec l’arrivée de ministres socialistes ; c’est surtout la volonté de tous les Français de servir la patrie : royalistes, princes d’Orléans et princes Bonaparte s’engagent, tout comme les militants d’extrême gauche, hier encore pacifistes et internationalistes.

« Des entrailles du peuple, comme des profondeurs de la petite et grande bourgeoisie, des milliers de jeunes gens, tous plus ardents les uns que les autres, quittant leur famille, sans faiblesse et sans hésitation, ont rallié leurs régiments, mettant leur vie au service de la Patrie en danger. »2584

L’Humanité, 10 août 1914. La Prophétie de Golgotha (2007), Jean-Michel Riou

L’élan de patriotisme frappe tous les témoins. Même ce journal du Parti socialiste, hier encore champion du pacifisme à la Jaurès, s’en fait l’écho aujourd’hui. C’est seulement en 1917 que la lassitude l’emportera, d’où défaitisme, désertions, mutineries, grèves.

« Je tordrai les Boches avant deux mois. »2586

Généralissime JOFFRE (1852-1931), août 1914. G.Q.G., secteur 1 : trois ans au Grand quartier général (1920), Jean de Pierrefeu

Généralissime (chef suprême des armées en guerre et commandant à tous les généraux), tel est son titre. La croyance en une guerre courte prévaut en France comme en Allemagne et tout commence par une guerre de mouvement. Souvent cités, ces mots font aussi partie de la propagande. Joffre a élaboré le plan français (plan XVII) : se fiant aux forces morales et aux baïonnettes, il prévoit la défense de l’Est. Mais la bataille des frontières va se dérouler selon le plan allemand (plan Schlieffen) : gros effectifs et artillerie lourde pour la tactique et pour la stratégie, invasion de la Belgique. D’où l’attaque de la France par le nord et le contournement de nos défenses.

« La méprisable petite armée du général French. »2587

GUILLAUME II (1859-1941), Ordre du jour à Aix-la-Chapelle, 19 août 1914. Pages d’histoire, 1914-1918, La Folie allemande (1914), Paul Verrier

Grâce à son effort militaire, la France a pu aligner presque autant de divisions que l’Allemagne (plus peuplée). Mais nos soldats sont moins entraînés, moins disciplinés, mal équipés (uniformes trop voyants, manque d’artillerie lourde). Après la bataille des Ardennes et de Charleroi – bataille des frontières perdue –, Joffre renonce au plan XVII et à l’« offensive à tout prix ». Il fait limoger plus de cent généraux et ordonne le repli stratégique des troupes au nord de Paris, pour éviter l’enveloppement.

« Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre !
Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés ! »2588

Charles PÉGUY (1873-1914), Ève (1914)

Deux derniers alexandrins d’un poème qui en compte quelque 8 000. Le poète si malheureux en politique appelle de tous ses vœux et tous ses vers la « génération de la revanche ». Lieutenant, il tombe à la tête d’une compagnie d’infanterie, frappé d’une balle au front à Villeroy, le 5 septembre, veille de la bataille de la Marne.

« Une troupe qui ne peut plus avancer devra coûte que coûte garder le terrain conquis et se faire tuer sur place plutôt que de reculer. »2589

Généralissime JOFFRE (1852-1931), Proclamation du 6 septembre 1914. Du lycée aux tranchées : guerre franco-allemande, 1914-1916 (1916), Jules Chancel

Ordre du jour resté célèbre. Une inflexibilité qui se passe de commentaire, suivie de cette simple phrase sur la discipline militaire : « Dans les circonstances actuelles, aucune défaillance ne peut être tolérée. » Après le recul terrible du mois d’août et l’envahissement du nord-est de la France, la (première) bataille de la Marne va se dérouler du 6 au 9 septembre. Joffre et Gallieni (nommé gouverneur de Paris) vont retourner la situation.

« Mon centre cède, ma droite recule, situation excellente, j’attaque. »2590

Général FOCH (1851-1929), Message au GQG (Grand Quartier Général), pendant la première bataille de la Marne, du 6 au 9 septembre 1914. Le Maréchal Foch (1918), Contamine de Latour

Pour Foch, une bataille se perd moralement, mais se gagne de même : « Une bataille gagnée, c’est une bataille dans laquelle on ne veut pas s’avouer vaincu. » La défaite semblait certaine. Il la refuse. D’où ce télégraphe envoyé à Joffre. Au moment le plus critique, le généralissime l’a mis à la tête de la IXe armée. Quatre jours de bataille acharnée, auxquels participent les fameux taxis de la Marne : 1 100 chauffeurs réquisitionnés ont conduit sur le front 5 000 hommes de la 7e DI (division d’infanterie). Le Trésor public versera 70 102 francs à la compagnie des taxis G7, appartenant au comte André Walewski (petit-fils de Napoléon Ier). C’est lui qui a qui a eu l’idée de cette opération, parfaitement menée par Gallieni, gouverneur de Paris.

Cette victoire sauve de justesse la capitale de l’assaut allemand et redonne tout son prestige à Joffre.

« Ceux qu’ont l’pognon, ceux-là r’viendront, / Car c’est pour eux qu’on crève.
Mais c’est fini, car les trouffions / Vont tous se mettre en grève.
Ce s’ra votre tour, messieurs les gros, / De monter sur l’plateau,
Car si vous voulez la guerre, / Payez-la de votre peau ! »2599

La Chanson de Craonne, printemps 1917. La Chanson en son temps : de Béranger au juke-box (1969), Georges Coulonges

Anonyme, interdite pour son antimilitarisme, elle dit les souffrances des soldats révoltés contre les attaques inutiles et meurtrières lancées par des chefs comme Nivelle. Craonne, chef-lieu de canton de l’Aisne où Napoléon vainquit Blücher en mars 1814, devient un siècle après la tragédie du Chemin des Dames : 30 000 morts en deux semaines d’avril 1917. La « grève des attaques » commence le 2 mai. La répression touche quelque 30 000 mutins ou manifestants, d’où 3 427 condamnations, dont 554 à mort et 57 exécutions. Pétain a repris le commandement en chef à Nivelle, limogé le 15 mai. Fin des offensives inutiles, dès le 19.

« Ma formule est la même partout. Politique intérieure ? Je fais la guerre. Politique étrangère ? Je fais la guerre. Je fais toujours la guerre. »2606

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Chambre des députés, 8 mars 1918. Le Véritable Clemenceau (1920), Ernest Judet

Il s’exprime à la tribune : « Moi aussi j’ai le désir de la paix le plus tôt possible et tout le monde la désire, il serait un grand criminel celui qui aurait une autre pensée, mais il faut savoir ce qu’on veut. Ce n’est pas en bêlant la paix qu’on fait taire le militarisme prussien. » Un tel discours, dans un tel moment, ce n’est plus un homme politique qui parle en orateur, mais un boulet de canon qui vise l’ennemi. La situation est grave, au début de 1918. L’Allemagne a reçu le renfort des 700 000 hommes libérés du front russe (après l’armistice des Soviets). Hindenburg et Ludendorff vont déclencher la grande bataille de France, sans attendre que l’Entente (France et Angleterre) reçoive la suite des renforts américains prévus pour juillet.

« Je me battrai devant Paris, je me battrai dans Paris, je me battrai derrière Paris ! »2609

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), printemps 1918. Les Grandes Heures de la Troisième République (1968), Robert Aron

L’offensive allemande du 27 mai sur le Chemin des Dames (lieu de sanglante mémoire) enfonce en quelques heures les positions franco-anglaises, fait une avancée de 20 km en un jour, franchit bientôt l’Aisne et la Marne, créant une nouvelle « poche » de 70 km sur 50. Foch, un moment contesté, est sauvé par Clemenceau. Et les Alliés reçoivent d’Amérique les renforts prévus, en hommes et en matériel. D’où la contre-offensive menée par Foch : seconde bataille de la Marne, déclenchée le 18 juillet. Les chars d’assaut (tanks) sont pour la première fois utilisés à grande échelle. Ils enfoncent les barbelés allemands en un rien de temps. Cette fois, la victoire est plus rapide qu’espéré. Mais ce ne sera jamais la débâcle, seulement le recul pied à pied, sur le terrain peu à peu reconquis.

« La victoire annoncée n’est pas encore venue et le plus terrible compte de peuple à peuple s’est ouvert : il sera payé. »2610

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Discours au Sénat, 17 septembre 1918. 1914-1918 : la Grande Guerre, vécue, racontée, illustrée par les combattants (1922), publié sous la direction de Christian-Frogé

Dernier appel au combat du Père la Victoire. Le recul des armées allemandes permet de constater l’étendue des dévastations : sur l’ensemble du territoire, plus de 800 000 immeubles détruits en tout ou partie, 54 000 km de routes à refaire, des milliers de ponts à reconstruire.

Le bilan humain est vertigineux. En Europe, la Grande Guerre aura fait 18 millions de morts, 6 millions d’invalides, plus de 4 millions de veuves et deux fois plus d’orphelins. Le maréchal Lyautey, ministre de la Guerre pendant quelques mois dans le cabinet Briand, avait dit au déclenchement du conflit : « C’est la plus monumentale ânerie que le monde ait jamais faite.

« Vous avez gagné la plus grande bataille de l’histoire et sauvé la cause la plus sacrée, la liberté du monde. »2615

Maréchal FOCH (1851-1929), Ordre du jour aux armées alliées, 12 novembre 1918. Histoire de France contemporaine depuis la Révolution jusqu’à la paix de 1919 (1922), Ernest Lavisse, Philippe Sagnac

Foch, généralissime, est promu maréchal, en août 1918. Son ordre du jour est rédigé le 11 novembre à Senlis, à l’heure même où Clemenceau parle à la Chambre des députés, et publié le 12 novembre : « Officiers, sous-officiers, soldats des armées alliées, après avoir résolument arrêté l’ennemi, vous l’avez pendant des mois, avec une foi et une énergie inlassables, attaqué sans répit […] Soyez fiers ! D’une gloire immortelle vous avez paré vos drapeaux. La postérité vous garde sa reconnaissance. »

ENTRE-DEUX GUERRES

« À l’issue d’une longue guerre nationale, la victoire bouleverse comme la défaite. »2617

Léon BLUM (1872-1950), A l’échelle humaine (1945)

Au lendemain de 1918, l’humiliation de 1871 est vengée, le pays est vainqueur, mais exsangue, dévasté, divisé, moralement bouleversé après l’épreuve. Cette guerre a coûté vraiment très cher en hommes, en argent, et la France ne se remettra pas vraiment, avant la prochaine guerre.

« Il est plus facile de faire la guerre que la paix. »2633

Georges CLEMENCEAU (1841-1929), Discours de Verdun, 14 juillet 1919. Discours de paix (posthume)

Le Père la Victoire est toujours à la tête du gouvernement d’une France épuisée par l’épreuve des quatre ans de guerre, même si une minorité artiste et privilégiée fête la décennie des Années folles d’après-guerre. Mais le vieil homme est devenu le « Perd la Victoire » : piètre négociateur au traité de Versailles signé le 28 juin, il a laissé l’Anglais Lloyd George et l’Américain Wilson l’emporter sur presque tous les points et il ne sera pas président de la République, l’Assemblée préférant voter en 1920 pour un homme qui ne lui portera pas ombrage, Deschanel.

Les paroles de Clemenceau sont prophétiques d’une autre réalité qui marque les vingt ans à venir : « L’Allemagne, vaincue, humiliée, désarmée, amputée, condamnée à payer à la France pendant une génération au moins le tribut des réparations, semblait avoir tout perdu. Elle gardait l’essentiel, la puissance politique, génératrice de toutes les autres » (Pierre Gaxotte, Histoire des Français).

« La guerre ne vous a donc rien appris. »2634

Leitmotiv de campagne électorale. Histoire des institutions politiques de la France moderne, 1789-1945 (1958), Jean Jacques Chevallier

La révolution russe de 1917 et l’arrivée des bolcheviks au pouvoir font peur : une affiche célèbre, signée d’Adrien Barrère en 1919, plusieurs fois imitée ou détournée, montre « l’homme au couteau entre les dents » incarnant le bolchevisme (communisme) dans toute son horreur. Les élections du 16 novembre 1919 amèneront une « Chambre bleu horizon » : plus de 400 députés conservateurs (sur 626) appartiennent à des groupes de centre et de droite et se réclament du Bloc national. C’est un renversement durable de majorité.

« On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels. »2641

Anatole FRANCE (1844-1924), L’Humanité, 18 juillet 1922. La Mêlée des pacifistes, 1914-1945 (2000), Jean-Pierre Biondi

(…) Prix Nobel de littérature en 1921, Anatole France prête son appui au socialisme, puis au communisme naissant. Animé d’une « ardente charité du genre humain », souvent engagé dans des luttes politiques (jadis aux côtés de Zola dans l’Affaire Dreyfus), il se garde cependant de tout dogmatisme et se méfie de toutes les mystiques.

« Voilà ce qu’est le pacte de Paris. Il met la guerre hors la loi. Il dit aux peuples : la guerre n’est pas licite, c’est un crime. La nation qui attaque une autre nation, la nation qui déclenche ou déclare la guerre, est une criminelle. »2658

Aristide BRIAND (1862-1932), Chambre des députés, 1er mars 1929. La Mêlée des pacifistes, 1914-1945 (2000), J-P Biondi

Ministre des Affaires étrangères, Briand est lyrique pour présenter à l’Assemblée le pacte Briand-Kellogg du 27 août 1928, conçu avec son homologue américain le secrétaire d’État Frank Billings Kellogg, couronné à son tour par le Nobel de la Paix à la fin de cette année. Au terme de ce traité signé à Paris, 15 pays (bientôt suivis par 48 autres, y compris l’Allemagne, le Japon et l’URSS) condamnent la guerre « comme instrument de la politique nationale ». Malheureusement, nulle sanction n’est prévue en cas d’infraction ! Et déjà, Adolf Hitler a rédigé Mein Kampf (1924), ne dissimulant rien de l’Ordre nouveau qu’il veut imposer à l’Europe.

« Pas un jour de plus pour le service militaire ! Pas un sou de plus pour la guerre ! »2667

Maurice THOREZ (1900-1964), Chambre des députés, 14 juin 1935. Notes et études documentaires, nos 4871 à 4873 (1988), Documentation française

Le secrétaire général du PCF tire les conséquences de la conclusion d’un pacte d’assistance mutuelle signé par Pierre Laval et Staline, le 2 mai 1935. Il reprend des thèses antimilitaristes que le Parti abandonnera quelques semaines plus tard, à son congrès d’Ivry.

« On a ri longtemps de ce mélodrame où l’auteur faisait dire à des soldats de Bouvines : « Nous autres, chevaliers de la guerre de Cent Ans ». C’est fort bien fait, mais il faut donc rire de nous-mêmes : nos jeunes gens s’intitulaient « génération de l’entre-deux-guerres » quatre ans avant l’accord de Munich. »2668

Jean-Paul SARTRE (1905-1980), Situations II (1948)

Munich, ce sera octobre 1938. Quatre ans plus tôt, l’Europe assiste à la montée au pouvoir d’Adolf Hitler. Autrichien naturalisé allemand, porté au pouvoir par la crise économique des années 1930 qui jette les millions d’ouvriers chômeurs et de petits rentiers ruinés vers les partis extrêmes, manipulant l’armée et les puissances financières, devenant chancelier du Reich le 30 janvier 1933, puis Führer, maître absolu, dictateur en 1934. Plébiscité, promettant à son pays de le libérer du « Diktat » du traité de Versailles, mais lui annonçant déjà de gros sacrifices en échange : « Des canons plutôt que du beurre. »

« Les grandes manœuvres sanglantes du monde étaient commencées. »2684

André MALRAUX (1901-1976), L’Espoir (1937)

L’écrivain aventurier s’est engagé aux côtés des républicains qui combattent au cri de « Viva la muerte » dans cette guerre civile qui va durer trois ans et servir de banc d’essai aux armées fascistes et nazies. Contrairement à tous ses confrères qui ont cru à la paix du monde, Malraux, des Conquérants (1928) à L’Espoir (1937) en passant par La Condition humaine (prix Goncourt 1933), se fait l’écho fidèle et prémonitoire de ce temps d’apocalypse. Lui-même devient un héros révolutionnaire, à l’image des héros de ses livres, avec un très grand talent dans l’aventure comme dans la littérature.

« Je veux pas faire la guerre pour Hitler, moi je le dis, mais je veux pas la faire contre lui, pour les Juifs… On a beau me salader à bloc, c’est bien les Juifs et eux seulement, qui nous poussent aux mitrailleuses… Il aime pas les Juifs Hitler, moi non plus… »2688

Louis-Ferdinand CÉLINE (1894-1961), Bagatelles pour un massacre (1937)

Ce n’est pas le seul antisémite de ces années-là, mais c’est l’un de ceux qui s’expriment avec le plus de violence - et un génie littéraire non contestable. Ce pamphlet où la haine l’égare achève de faire l’unanimité contre lui. Il s’est déjà créé des ennemis chez les bien-pensants avec son Voyage au bout de la nuit (1932) qui attaque le militarisme, le colonialisme, l’injustice sociale. Ses impressions de retour d’URSS publiées dans Mea Culpa (1936) lui ont ensuite aliéné tous les sympathisants communistes.

« Il y a des guerres justes. Il n’y a pas d’armée juste. »2690

André MALRAUX (1901-1976), L’Espoir (1937)

Après un voyage à Berlin, il dénonce le nazisme en 1935, ses atteintes à la dignité humaine et ses prisons dans Le Temps du mépris, puis le fascisme espagnol dans ce nouveau roman. Il y témoigne aussi de son engagement dans le camp des Républicains, organisant et commandant l’aviation étrangère avec une aptitude à l’action remarquable chez un intellectuel. Bien des années après, l’ancien combattant de la guerre civile d’Espagne dit qu’elle a été la dernière « guerre juste » de notre temps, une des raisons de l’« espoir » étant cet afflux de volontaires de tous pays (estimés à 40 000 hommes), unis pour une juste cause dans la fraternité confiante des brigades internationales. Comme le dit un anarchiste de L’Espoir, « le courage aussi est une patrie ».

« Le fascisme, c’est la guerre. La lutte contre le fascisme, c’était la lutte contre la guerre. »2691

Maurice THOREZ (1900-1964), Fils du peuple (1937)

Il écrit aussi : « Nous aimons notre France, terre classique des révolutions, foyer de l’humanisme et des libertés. » Mais la gauche est prise à un piège terrible, s’étant unie « contre le fascisme et la guerre » dans une contradiction qui va éclater. La lutte contre le fascisme impliquait la guerre, alors que la défense de la paix admettait le fascisme.

SECONDE GUERRE MONDIALE

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« La drôle de guerre 1939-1941 »623

Roland DORGELÈS (1885-1973), titre de son livre publié en 1957

Rédigé à partir d’articles écrits pour le journal d’extrême droite Gringoire, l’auteur des Croix de bois (prix Femina 1919) tente à travers le regard d’un poilu une comparaison entre les soldats de la Grande Guerre et ceux du conflit mondial qui s’engage. Neuf mois où rien ne se passe, entre la déclaration de guerre par les Alliés (Royaume-Uni et France) à l’Allemagne nazie le 3 septembre 1939 et l’offensive allemande du 10 mai 1940. Phoney war, « fausse guerre » ou « guerre bidon » en anglais ; Sitzkrieg « guerre assise » en allemand ; dziwna wojna, « guerre étonnante » en polonais.

« Cette guerre est une guerre mondiale. Dans l’univers libre, des forces immenses n’ont pas encore donné. Un jour, ces forces écraseront l’ennemi. Il faut que la France, ce jour-là, soit présente à la victoire. Alors elle retrouvera sa liberté et sa grandeur. »2714

Charles de GAULLE (1890-1970), Appel « A tous les Français » du 23 juin 1940. La Résistance : chronique illustrée 1930-1950 (1973), Alain Guérin

Paroles prophétiques, alors que l’Angleterre est seule à faire encore front face à Hitler qui semble tout-puissant ! La guerre devient mondiale quand l’Allemagne attaque l’URSS (22 juin 1941) et quand le Japon intervient contre les États-Unis (7 décembre 1941) et le Commonwealth (début 1942). Elle s’étend à tous les continents, toutes les mers du globe, mobilise 92 millions d’hommes et fait (selon les estimations) de 35 à 60 millions de morts (civils et militaires). Il fallait sans doute que cette guerre, si mal commencée, devint mondiale pour finir bien, mais le prix en sera terrible, au-delà même de ces statistiques.

« La guerre, ce n’est pas l’acceptation du risque. Ce n’est pas l’acceptation du combat. C’est, à certaines heures, pour le combattant, l’acceptation pure et simple de la mort. »2715

Antoine de SAINT-EXUPÉRY (1900-1944), Pilote de guerre (1942)

Pilote de ligne qui traça l’un des premiers la liaison France-Amérique, pilote d’essai et de raid, alors que le succès littéraire lui vint au début des années 1930 – Courrier du Sud, Vol de nuit –, journaliste partant pour de grands reportages, combattant en 1939-1940, il rejoint en 1943 les Forces françaises libres et meurt en 1944, pilote volontaire pour une mission de guerre. L’humanisme, le lyrisme, la façon simple et courageuse de faire ce métier d’aventurier et cette fin à 44 ans, feront de « Saint-Ex » un héros et un écrivain très populaires.

« Faire la guerre au loin est assurément une épreuve très pénible, mais […] la supporter sur le territoire national, et cela trois fois en un siècle, face au plus savamment cruel des ennemis, c’est beaucoup plus qu’il n’en faut pour surmener un peuple édifié tour à tour dans le malheur et la gloire. »2716

Georges DUHAMEL (1884-1966), La Pesée des âmes (1949)

Comme Saint-Ex, Duhamel, témoin lucide de son temps, tire d’un métier qui lui fait côtoyer la mort l’essentiel de son inspiration littéraire et de son humanisme. Biologiste et médecin, engagé à titre de chirurgien militaire dans « cette aventure absurde et monstrueuse » de la Grande Guerre, il a vu venir la suivante. Elle fait d’énormes dégâts matériels en France : ports, ponts, voies ferrées, usines et maisons détruites. La terre même a souffert, bouleversée par les bombardements, truffée de mines. Les pertes humaines sont estimées à 600 000 : 200 000 soldats, 400 000 civils (dont la moitié morts en déportation, dans les camps).

« La mort ? Dès le début de la guerre, comme des milliers de Français, je l’ai acceptée. Depuis, je l’ai vue de près bien des fois, elle ne me fait pas peur. »2785

Jean MOULIN (1899-1943). Vies et morts de Jean Moulin (1998), Pierre Péan

Ayant refusé, comme préfet, la politique de Vichy et rejoint Londres à l’automne 1940, parachuté en France dans les Alpilles le 1er janvier 1942 comme « représentant du général de Gaulle », il a pour mission d’unifier les trois grands réseaux de résistants de la zone sud (Combat, Libération, Franc-Tireur). Rôle difficile, vue l’extrême diversité des sensibilités, tendances et courants ; action à haut risque qu’il paiera bientôt de sa vie. Pierre Brossolette qui agit dans la zone nord, lui aussi arrêté, se suicidera pour ne pas livrer de secrets sous la torture.

« Une guerre de capitalistes qui dresse l’un contre l’autre l’impérialisme anglais et l’impérialisme allemand, cependant qu’au peuple de France est réservée la mission d’exécuter les consignes des banquiers de Londres. »2736

Déclaration du PCF, octobre 1939. La Vie politique sous la IIIe République : 1870-1940 (1984), Jean Marie Mayeur

Le Parti, dissous le 26 septembre, mène une action clandestine contre la guerre. Des tracts invitent les ouvriers français à fraterniser avec leurs camarades allemands contre leur ennemi commun, le « capitalisme international ». Maurice Thorez a quitté la France le 4 octobre et dans L’Humanité (clandestine) du 20, il dénonce la « guerre impérialiste » et n’a pas un mot sur Hitler. Cette attitude du PCF et celle de l’URSS liée à l’Allemagne par un pacte de non-agression renforcent l’anticommunisme en France : le 20 janvier 1940, une loi prononce la déchéance des députés communistes. Du 20 mars au 30 avril, on fait leur procès, tandis que des militants sont arrêtés (3 400 en mars). Ce conflit franco-français détourne malheureusement l’opinion de l’ennemi numéro un.

« Je n’ai rien à offrir que du sang, de la sueur et des larmes. »2739

Winston CHURCHILL (1874-1965), Chambre des Communes, 13 mai 1940. Du sang, de la sueur et des larmes (posthume), Discours de Winston Churchill

Premier discours du nouveau Premier ministre anglais : le 10 mai, il a pris la tête d’un vrai gouvernement de coalition (conservateurs, libéraux et travaillistes) et témoigne d’une volonté de fer qui, heureusement pour la France et la suite de l’histoire, ne faiblira jamais. De Gaulle juge vite et bien l’homme qui sera son allié numéro un : « Winston Churchill m’apparut, d’un bout à l’autre du drame, comme le grand champion d’une grande entreprise et le grand artiste d’une grande Histoire » (Mémoires de guerre, L’Appel).

« La guerre commence infiniment mal. Il faut donc qu’elle continue. »2751

Charles de GAULLE (1890-1970), Mémoires de guerre, tome I, L’Appel, 1940-1942 (1954)

Idée fixe, idée folle, idée simple : la France ne peut pas être la vaincue de l’Histoire. Le caractère, « vertu des temps difficiles », et la rencontre de ces temps particulièrement difficiles vont permettre à cet homme de 50 ans, inconnu du pays, de se révéler en quelques jours, d’avoir raison seul contre tout et tous, et d’associer pendant quatre ans de lutte son destin à celui du pays.

« Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. »2754

Charles de GAULLE (1890-1970), Appel du 18 juin 1940. Mémoires de guerre, tome I, L’Appel, 1940-1942 (1954)

L’Appel du 18 juin et ses arguments simple et forts seront repris. Ils marquent l’acte de naissance de la France libre (et bientôt combattante) qui, à côté de l’autre France envahie et vaincue, incarnée par le Maréchal, va renaître, et d’abord dans les terres lointaines de son empire colonial, en Afrique équatoriale.

« Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. »2755

Charles de GAULLE (1890-1970), Appel du 18 juin 1940. Mémoires de guerre, tome I, L’Appel, 1940-1942 (1954)

De Gaulle a prévu, en bon stratège, que les blindés feraient la différence entre des armées par ailleurs égales. Il sait l’efficacité des Panzerdivisionen dont le nombre augmente. La formidable puissance de l’économie américaine fera bientôt des États-Unis l’« arsenal des démocraties », selon le vœu du président Roosevelt. Mais les États clients (notamment la Grande-Bretagne) doivent d’abord payer comptant et transporter eux-mêmes leurs marchandises : clause cash and carry. La loi prêt-bail (votée en mars 1941) permet heureusement aux États alliés en guerre contre l’Allemagne d’avoir du matériel à crédit, avant que les États-Unis n’entrent eux-mêmes en guerre, fin 1941.

« La France a perdu une bataille ! Mais la France n’a pas perdu la guerre ! »2767

Charles de GAULLE (1890-1970), Affiche placardée sur les murs de Londres le 3 août 1940. La France n’a pas perdu la guerre : discours et messages (1944), Charles de Gaulle

Cette phrase célèbre ne figure pas, comme on le dit souvent, dans l’Appel du 18 juin. Elle est l’attaque d’une proclamation rédigée sans doute le même jour, mais affichée le mois suivant dans la capitale du seul pays qui continue la lutte. Signé par le général de Gaulle depuis son quartier général situé 4 Carlton Garden à Londres, ce nouvel appel s’adresse « À tous les Français », militaires et civils, quelles que soient leur profession, leur origine sociale, et où qu’ils se trouvent.

Tirée à 1 000 exemplaires, l’affiche est placardée sur les murs de Londres et des grandes villes anglaises. Le slogan, surmonté de deux petits drapeaux croisés, devient célèbre. Saint-Exupéry, dans ses Écrits de guerre, se permet de rectifier : « Dites la vérité, Général, la France a perdu la guerre. Mais ses alliés la gagneront. »

« La guerre nazie est une répugnante affaire. Nous ne voulions pas y entrer ; mais nous y sommes et nous allons combattre avec toutes nos ressources. »2782

Franklin Delano ROOSEVELT (1882-1945), Déclaration du président des États-Unis, faisant suite à l’attaque sur Pearl Harbor du 7 décembre 1941. Comment Einstein a changé le monde (2005), Jean-Claude Boudenot

Sans déclaration de guerre, l’aviation et la flotte japonaises ont détruit la flotte américaine du Pacifique. C’est la chance des démocraties européennes qui vont avoir le plus puissant des alliés. Roosevelt, usant parfaitement des nouveaux mass media, voulait lutter contre les pays totalitaires d’Europe. Dès le 2 août 1939, une lettre d’Albert Einstein, savant le plus célèbre au monde, juif allemand ayant fui le nazisme, l’a convaincu de tout mettre en œuvre pour développer une bombe atomique (au plutonium). Mais le Sénat et l’opinion publique américaine restaient isolationnistes – jusqu’à la tragédie de Pearl Harbor touchant directement la nation qui se croyait intouchable. Les États-Unis entrent en guerre contre le Japon et indirectement contre ses deux alliés, Allemagne et Italie. Le premier « débarquement américain » se fera en Afrique du Nord, en novembre 1942.

« Il faut se méfier des ingénieurs, ça commence par la machine à coudre, ça finit par la bombe atomique. »2723

Marcel PAGNOL (1895-1974), Critique des critiques (1947)

Le Japon, écrasé par les bombardements, résiste encore, trois mois après la capitulation allemande : la caste militaire refuse une telle issue et l’amiral Onishi, inventeur des « kamikazes », envisage froidement la mort de 20 millions de Japonais. Harry Truman, président des États-Unis, décide le 6 août 1945, de lancer la première bombe atomique. Hiroshima : près de 100 000 morts des suites de l’explosion. Le 9 août, à Nagasaki, deuxième bombe atomique. Hiro-Hito l’empereur impose alors au pays sa volonté : le Japon capitule.

Sans ce recours à l’arme atomique, les plans les plus optimistes prévoyaient un débarquement qui aurait coûté dix-huit mois de préparation et un million de morts. La coopération des savants américains, anglais, canadiens, français, italiens et danois, permit également de devancer les « ingénieurs » allemands, près de trouver l’arme absolue. L’issue de la guerre et la face du monde en auraient été changées.

« Vieille France, accablée d’Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, allant et venant sans relâche, mais redressée, de siècle en siècle, par le génie du renouveau ! »2830

Charles de GAULLE (1890-1970), Mémoires de guerre, tome III, Le Salut, 1944-1946 (1959)

Laissons le mot de la fin au vainqueur, grand premier rôle et grand témoin de cette période qui évoque et invoque cette France, « Vieille Terre, rongée par les âges, rabotée de pluies et de tempêtes, épuisée de végétation, mais prête, indéfiniment, à produire ce qu’il faut pour que se succèdent les vivants ! »

QUATRIÈME RÉPUBLIQUE

« La guerre froide est une guerre limitée, limitation qui porte non sur les enjeux, mais sur les moyens employés par les belligérants […] La guerre froide apparaît, dans la perspective militaire, comme une course aux bases, aux alliés, aux matières premières et au prestige. »2836

Raymond ARON (1905-1983), Guerres en chaîne (1951)

Fondateur avec Sartre des Temps Modernes, revue littéraire, politique et philosophique éditée par Gallimard, il s’en sépare bientôt pour devenir éditorialiste au Figaro (1947-1977). Toute la Quatrième République est placée sous le signe de la « guerre froide » quand le « rideau de fer » qui tombe divise l’Europe en deux mondes antagonistes : « La guerre a pris fin dans l’indifférence et dans l’angoisse […] la paix n’a pas commencé » dit Sartre en 1945. De Gaulle évoquera en 1966 ce « jeu constamment grave et gravement dangereux qu’on appelait la guerre froide ».

« Refusez d’obéir / Refusez de la faire
N’allez pas à la guerre / Refusez de partir… »2900

Boris VIAN (1920-1959), paroles et musique, Serge REGGIANI (1922-2004), co-compositeur de la musique, Le Déserteur (1954), chanson

Écrite à la fin de la guerre d’Indochine, chantée par Mouloudji le jour de la prise de Diên Biên Phû : « Monsieur le Président / Je vous fais une lettre / Que vous lirez peut-être / Si vous avez le temps / Je viens de recevoir / Mes papiers militaires / Pour partir à la guerre / Avant mercredi soir / Monsieur le Président / Je ne veux pas la faire / Je ne suis pas sur terre / Pour tuer des pauvres gens. »

Chanson interdite. Reprise en 1955 dans une version un peu édulcorée : « Messieurs, qu’on nomme grands… » Mais c’est le temps de la guerre d’Algérie : la chanson sera censurée dix ans pour « insulte faite aux anciens combattants ». Elle connaît une diffusion limitée et parallèle : sifflée par les soldats du contingent, qui s’embarquent à Marseille, avant de devenir un protest song bilingue, puis un succès de la scène et du disque, reprise par Reggiani et d’autres : « Il faut que je vous dise / Ma décision est prise / Je m’en vais déserter ».

CINQUIÈME RÉPUBLIQUE

Revivez toute l’Histoire en citations dans nos Chroniques, livres électroniques qui racontent l’histoire de France de la Gaule à nos jours, en 3 500 citations numérotées, sourcées, replacées dans leur contexte, et signées par près de 1 200 auteurs.

« Pendant la guerre d’Algérie, Zola deviendrait légion, et quotidien ‘J’accuse’. »2994

Georges DUBY (1919-1996), Histoire de la France (1987)

Allusion au combat de Zola dans l’affaire Dreyfus et à son célèbre article dans L’Aurore du 13 janvier 1898. Nombre d’intellectuels de gauche se sont politiquement engagés dans l’affaire algérienne (on parlait des « événements », le nom de guerre apparaissant tardivement). Exemple : le « Manifeste des 121 », signé par des professeurs et des écrivains, des artistes et des comédiens, publié le 6 septembre 1960, dénonçant la torture en Algérie et réclamant le « droit à l’insoumission ». C’était une façon de soutenir le réseau Jeanson, démantelé au début de l’année et dont le procès commence, devant le tribunal des forces armées.

« La guerre ne s’est pas terminée dans de bonnes conditions, mais c’étaient les seules conditions possibles. »3007

Paul REYNAUD (1878-1966), fin avril 1962. Vie politique sous la Cinquième République (1981), Jacques Chapsal

À l’occasion du déjeuner de la presse anglo-saxonne dont il est l’hôte d’honneur. Le 8 avril, plus de 90 % des Français ont approuvé par référendum les accords d’Évian du 18 mars. Juridiquement, la guerre est finie et le 3 juillet, la France reconnaît l’indépendance de l’Algérie. Mais bien des drames vont encore se jouer. Certains jours de printemps, à Alger, à Oran, les attentats font plus de cent morts. L’exode vers la métropole sera plus massif que prévu, dans des conditions plus pénibles : 350 000 rapatriés attendus en cinq ans, ils seront 700 000 en quatre mois.

Faites l’amour, pas la guerre.2952

Slogan de Mai 68

L’une des citations les plus célèbres, toujours anonymes. Les sociologues ont commenté à l’infini ces mots qui restent dans la mémoire collective, bien au-delà de la génération spontanée qui les créa, entre barricades bon enfant, manifs en chaîne et grèves de la joie.

« Ce qui s’est fait sous le nom d’Union européenne ne ressemble à rien de connu jusqu’ici. Sans cohésion politique ni identité commune, c’est essentiellement un espace de paix régi par le droit. Il faut rappeler inlassablement que la paix n’est ni fatale ni même naturelle en Europe. Ce « machin » à 25 nations qui rend toute guerre impossible entre elles est historiquement déjà miraculeux. »2968

Michel ROCARD (1930-2016), point de vue sur l’Europe, paru dans Le Monde du 28 novembre 2003

(Le « machin » fait allusion à l’expression du général de Gaulle pour qualifier l’ONU, et non l’Europe) Rocard le socialiste est un européen convaincu et toujours militant pour dire notre « besoin d’Europe », avec des arguments comparables à ceux du centriste François Bayrou. Bien au-delà de l’intérêt économique qu’on peut éternellement discuter dans la situation de crise qui frappe les pays européens depuis 2008, l’argument de la paix demeure indiscutable et doit être sans cesse mis en avant, pour les générations qui n’ont pas connu la guerre. Le prix Nobel de la paix attribué à cette Union européenne le 12 octobre 2012 viendra consacrer cette évidence.

« La logique de la guerre risque de nous éloigner chaque jour des objectifs fixés par les Nations unies. »3290

Jean-Pierre CHEVÈNEMENT (né en 1939), ministre de la Défense, lettre de démission, 16 janvier 1991. La Diagonale du Golfe (1991), Serge July

Ce même jour et conformément à diverses résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU (août 1990), l’Assemblée nationale et le Sénat approuvent la déclaration du Premier ministre Michel Rocard, prévoyant le recours à la force pour libérer le Koweït, annexé par l’Irak de Saddam Hussein. Le 17 janvier, l’aviation française participe aux premiers bombardements.

« Ce que l’on expérimente au Proche-Orient, ce ne sont pas simplement de nouveaux types d’armes, de nouveaux médias, mais une nouvelle forme de guerre. »3291

Serge JULY (né en 1942), Libération, 21 janvier 1991

Guerre du Golfe (août 1990-février 1991). La France y va sans entrain, mais elle suit les États-Unis : par solidarité avec son allié historique et par crainte de voir l’Irak contrôler le pétrole du Golfe, dictant ses prix à l’Occident.

Est-ce pour faire accepter cette guerre à l’opinion publique que naît le concept moderne de « guerre propre » associé à celui de « guerre éclair » ? Le téléspectateur-citoyen, fasciné durant quelques jours, surtout le soir, assiste en temps réel à l’action « Tempête du désert ». Il vit l’histoire en direct, une téléréalité totalement scénarisée, avec des moyens audiovisuels maîtrisés par CNN (Cable News Network), seule chaîne occidentale autorisée à rester à Bagdad et diffusant en continu, 24 heures sur 24 – comme la radio, mais avec des images. Tout se passe en direct, il se croit donc parfaitement informé. Des experts défilent pour lui expliquer cette guerre d’un genre nouveau, il y a même des journalistes en battle-dress ! Il apprend le mot SCUD (missile balistique de fabrication russe) et assiste aux ripostes ciblées des Alliés contre les zones sensibles de l’ennemi, avec des missiles sol-air Patriot. 28 février, le président Bush ordonne le cessez-le-feu. Mission accomplie : le Koweït est libéré, l’armée irakienne défaite.

« Il faut vaincre ses préjugés. Ce que je vous demande là est presque impossible, car il faut vaincre notre histoire. Et pourtant, si on ne la vainc pas, il faut savoir qu’une règle s’imposera. Mesdames et messieurs, le nationalisme, c’est la guerre ! La guerre n’est pas seulement le passé, elle peut être notre avenir ; et c’est vous, mesdames et messieurs les députés, qui êtes désormais les garants de notre paix, de notre sécurité et de notre avenir. »3311

François MITTERRAND (1916-1996), Discours prononcé devant le Parlement européen, 17 janvier 1995

L’un des derniers messages de Mitterrand l’européen, au bout de quelque soixante ans de vie politique. Il a connu la montée des périls dans les années 1930, il a vécu la guerre de 1939-1945. Il met ses dernières forces dans ce plaidoyer pour un monde de paix. Quels que soient les reproches à la construction européenne, il ne faut jamais oublier d’où vient l’Europe, son histoire tragique et les siècles de guerres fratricides entre ses peuples voisins.

« Les guerres de religion ne sont jamais finies. Elles ne demandent qu’à se rallumer. Chaque fois qu’un pays va mal… »3479

François BAYROU (né en 1951), Discours au Zénith de Paris, campagne résidentielle, 25 mars 2012

Accusé au pire de récupération, au minimum d’instrumentalisation, à moins que ce ne soit une prémonition… Mais presque chaque citation de Bayrou se révèle juste, à plus ou moins long terme.  « Il est une montée des périls dans la société française. Montée de l’intolérance, montée des violences, montée des trafics de toute nature. Au cœur de la société française, particulièrement dans sa partie la plus fragile, sur les questions de religion, sur les questions d’origine, sur la couleur de la peau, les tensions montent. Les guerres de Religion ne sont jamais finies. Elles ne demandent qu’à se rallumer. Chaque fois qu’un pays va mal, les tensions montent au sein de ce pays et au sein de son peuple. Quand les gens ne vont pas bien, ils se mettent à regarder la différence d’un regard soupçonneux. Il faut plus de courage pour résister à ces passions que pour y succomber. Au XVIe siècle, dans les guerres de religion, il y avait les ligueurs d’un côté, du côté de l’affrontement, et Henri de Navarre de l’autre qui plaidait pour qu’on vive ensemble. Vous connaissez mon choix, mon choix d’homme, et mon choix de président : je suis et je serai du côté d’Henri IV, de celui qui force la réconciliation, la tolérance, la compréhension réciproque. »

« L’UE est l’ensemble régional le plus intégré du monde, et c’est aussi celui où ont eu lieu les conflits les plus sanglants. Les deux guerres mondiales ont été en réalité des guerres européennes, même si elles ont aussi enflammé la planète. »3495

Pierre MOSCOVICI (né en 1957), ministre de l’Économie et des Finances du gouvernement Ayrault, ex-ministre chargé des Affaires européennes du gouvernement Jospin, ex-député européen, AFP, 12 octobre 2012 (jour de la proclamation du prix)

Il souligne le chemin parcouru depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, évoquant « une Europe unie, vivant en paix et avec des institutions solides. » Ces progrès ont été accomplis « d’abord par la réconciliation franco-allemande qui est aujourd’hui une évidence et le moteur de l’Europe. » Ils ont ensuite été permis « par les élargissements successifs qui ont fait que l’Europe se réunifie après la chute du mur de Berlin. » Pour conclure de manière positive : « S’il s’agissait de saluer cette œuvre historique, de la donner non comme un modèle, mais comme un exemple de ce que la volonté politique peut permettre en termes de dépassement des conflits, alors, cette récompense est bienvenue. »

François Bayrou lui fait écho le même jour : « D’habitude, les rassemblements entre peuples ou entre pays sont le résultat de la guerre et en tout cas de la domination des plus puissants sur les plus faibles. C’est la première fois dans l’histoire que des peuples se rapprochent librement, et le font dans une perspective de paix. » Quant à la proclamation de ce prix alors que l’Union est dans la tourmente : « C’est peut-être quand les choses vont mal qu’on mesure à quel point elles sont précieuses. »

LA GUERRE EN UKRAINE

Source AFP, 24 et 25 février 2022, premières déclarations.

« J’ai pris la décision d’une opération militaire spéciale de démilitarisation et de dénazification de l’Ukraine pour que, libérés de cette oppression, les Ukrainiens puissent librement choisir leur avenir. »

Vladimir POUTINE (né en 1952), justification donnée à son assaut contre l’Ukraine dans son long discours télévisé annonçant l’invasion, jeudi 24 février à l’aube

Il insinue que la Russie n’avait pas le choix d’intervenir, qu’« il n’était simplement plus possible de rester sans rien faire. » Il fallait mettre fin sans délai à ce cauchemar – « un génocide à l’égard des millions de personnes qui vivent là-bas et qui ne fondent leurs espoirs que sur la Russie ». Il ne donnera aucune preuve de ses accusations concernant les régions séparatistes prorusses de Donetsk et de Lougansk.

« Poutine est l’agresseur. Poutine a choisi cette guerre, et maintenant lui et son pays en subiront les conséquences. »

Volodymyr ZELENSKY (né en 1978), président de l’Ukraine, 24 février

Cet humoriste, producteur, acteur, scénariste, réalisateur très populaire, élu à 41 ans le plus jeune président de son pays, va sitôt endosser le costume (en battle dress kaki) et le rôle de combattant et chef de la résistance.

« Des tirs horribles de missiles russes sur Kiev. La dernière fois que notre capitale a connu quelque chose de semblable, c’était en 1941 quand elle a été attaquée par l’Allemagne nazie […]. »

Dmytro KOULEBA (né en 1981), ministre ukrainien des Affaires étrangères, sur son compte Twitter

« Un nouveau rideau de fer s’est abattu et sépare la Russie du monde civilisé. »

Volodymyr ZELENSKY (né en 1978), 25 février, se référant à ce grand conflit de l’Histoire

« Président Poutine, au nom de l’humanité, ramenez vos troupes en Russie ! »

António GUTERRES (né en 1949), secrétaire général des Nations unies à l’annonce d’une incursion russe en Ukraine

Il ajoute aussitôt : « C’est le moment le plus triste de mon mandat » à la tête de l’ONU.

« Qui est prêt à combattre avec nous ? Je ne vois personne. Qui est prêt à donner à l’Ukraine la garantie d’une adhésion à l’OTAN ? Tout le monde a peur. »

Volodymyr ZELENSKY (né en 1978), allocution sur les réseaux sociaux présidentiels

25 février 2002, il déplore déjà un manque d’intervention de ses alliés. Il appelle aussi à la mobilisation générale sous 90 jours de ceux soumis « à la conscription militaire et des réservistes » dans toutes les régions du pays.

« Cette guerre est menée pour dissimuler le vol des citoyens russes et détourner leur attention des problèmes qui existent à l’intérieur du pays, de la dégradation de l’économie. »

Alexeï NAVALNY (né en 1976), avocat et militant politique russe, opposant de Vladimir Poutine

Condamné à neuf années d’internement en « régime sévère » pour « escroquerie », à une amende de 1,2 million de roubles pour « outrage au tribunal » et « fraude aux dons ».

« Nous demandons aux citoyens [ukrainiens] de nous informer des mouvements ennemis, faites des cocktails Molotov, neutralisez l’occupant ! »

Oleksiy REZNIKOV (né en 1966), ministre de la Défense, appel lancé sur sa page Facebook le 25 février

« Nous n’avons pas dans nos plans une occupation des territoires ukrainiens, nous ne comptons rien imposer par la force à personne. »

Vladimir POUTINE (né en 1952), déclaration à l’annonce de l’offensive militaire russe

Contraste évident avec les actions ultérieurement entreprises par son armée.

« En refusant la voie diplomatique, en choisissant la guerre, le président Poutine n’a pas seulement attaqué l’Ukraine, il a décidé de bafouer la souveraineté de l’Ukraine, il a décidé de porter l’atteinte la plus grave à la paix, à la stabilité dans notre Europe depuis des décennies. »

Emmanuel MACRON (né en 1977), discours du président français à la nation, jeudi 24 février

« Il y a quelques jours, j’ai dit que les Russes n’étaient pas fous et qu’ils n’attaqueraient pas l’Ukraine. J’avoue que j’avais tort […]. Le fou doit être isolé. Et il s’agit de ne pas s’en défendre uniquement par des mots, mais par des mesures concrètes. »

Milos ZEMAN (né en 1944), président tchèque commentant la situation dans une allocution télévisée

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