19 septembre 1356 : bataille de Poitiers
« Père, gardez-vous à droite, père, gardez-vous à gauche. »
PHILIPPE II de Bourgogne, dit le Hardi (1342-1404), à Jean II le Bon, bataille de Poitiers, 19 septembre 1356. Histoire de France (1868), Victor Duruy
Le dernier fils du roi, à peine âgé de 14 ans, tente de détourner les coups pour sauver son père. Le jeune prince ne régnera pas, mais recevra pour son courage la Bourgogne en apanage, et le surnom de Philippe le Hardi.
Jean le Bon (ou le Brave) aligne 15 000 hommes. Face à lui, 7 000 Anglais et à leur tête, le Prince Noir – prince de Galles, redoutable chef de guerre. Les archers anglais, bien placés, criblent de flèches par le côté nos chevaliers français qui ne sont armés et protégés que de face. La défaite de Crécy, dix ans plus tôt, n’a pas servi de leçon, et les Anglais renouvellent leur tactique gagnante, archers anglais contre chevaliers français.
« Là périt toute la fleur de la chevalerie de France : et le noble royaume de France s’en trouva cruellement affaibli, et tomba en grande misère et tribulation. »
(vers 1337-vers 1404), Chroniques
Le chroniqueur dresse le bilan de la bataille de Poitiers : « Avec le roi et son jeune fils Monseigneur Philippe, furent pris dix-sept contes, outre les barons, chevaliers et écuyers et six mille hommes de tous rangs. » Chiffres considérables pour l’époque et « fortuneuse bataille » pour les Anglais : leur Prince Noir a capturé le roi de France ! Il a aussi ordonné le massacre des soldats français blessés qui ne pouvaient payer rançon, chose contraire à toutes les règles de la chevalerie – une légende veut qu’il en ait eu grande honte devant son père, le roi d’Angleterre, et qu’il ait alors mis son armure à la couleur du deuil.
Jean II le Bon a préféré se rendre plutôt que fuir, pensant que son sacrifice allait sauver l’honneur perdu de l’armée. En fait, la France va le payer très cher. Outre la guerre à financer, il faut verser la rançon du roi prisonnier en Angleterre : 4 millions d’écus d’or, somme proportionnelle à son prestige. Les impôts s’alourdissent (gabelle et taille). Les paysans pauvres, les Jacques, vont se révolter (d’où le mot de « jacquerie »), tandis que les Grandes Compagnies (bandes de mercenaires bien organisées) pillent et rançonnent les plus riches provinces. Et pour comble, Paris va se soulever contre le pouvoir royal représenté par le dauphin Charles, la guerre civile s’ajoutant alors à la guerre étrangère.
Cette citation et les commentaires sont tirés de notre Chronique n°1 sur la Gaule et le Moyen Âge.
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