Lamennais : « Il faut aujourd’hui de l’or, beaucoup d’or, pour jouir du droit de parler ; nous ne sommes pas assez riches. Silence au pauvre. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Deuxième République

Louis-Napoléon Bonaparte fait ses débuts à l’Assemblée.

Élu (à une partielle) sans se présenter - sur la seule force de son nom - et soutenu par Hugo pour la même raison, il se ridiculise à la tribune, mais apprend bientôt son métier. Il va surtout profiter du suffrage universel.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Il faut aujourd’hui de l’or, beaucoup d’or, pour jouir du droit de parler ; nous ne sommes pas assez riches. Silence au pauvre. »2177

Félicité Robert de LAMENNAIS (1782-1854), Le Peuple Constituant, 11 juillet 1848

Derniers mots du dernier numéro qui cesse de paraître, en raison d’un cautionnement imposé à la presse. Prêtre en rupture d’Église, devenu un démocrate humaniste, élu député à l’Assemblée constituante, siégeant à l’extrême gauche, il se retire de la vie politique et meurt en 1854. Sa dernière volonté, que son corps soit conduit directement au Père-Lachaise, pour être enterré « au milieu des pauvres et comme le sont les pauvres » (…)

« Haine vigoureuse de l’anarchie, tendre et profond amour du peuple. »2178

Victor HUGO (1802-1885), devise de L’Événement, juillet 1848-septembre 1851

Formule empruntée à l’un de ses discours électoraux de mai 1848. Le poète, qui a renoncé au théâtre (après l’échec des Burgraves), entre sur la scène politique. Élu par la bourgeoisie, le 4 juin, favorable à la fermeture des Ateliers nationaux, partisan résolu de la répression des journées insurrectionnelles, il demeure profondément libéral. Tout en refusant le socialisme, il va s’opposer au gouvernement Cavaignac qui, avec le parti de l’Ordre, menace la liberté de la presse (…)

« Toute ma vie sera consacrée à l’affermissement de la République. »2179

Louis-Napoléon BONAPARTE (1808-1873), Discours du 21 septembre 1848. Napoléon le Petit (1852), Victor Hugo

Le futur Napoléon III fait un pas de plus dans l’histoire : réélu en septembre dans cinq départements, il choisit l’Yonne, décide de se présenter à la présidence de la République et commence à faire campagne pour le scrutin présidentiel, fixé aux 10 et 11 décembre.

« Bonjour, aimable République,
Je m’appelle Napoléon […]
Pour votre époux, me voulez-vous ? […]
Je vous mettrai tout sens dessus dessous,
Avec moi vous aurez l’Empire,
République, marions-nous ! »2180

Le Prétendu de la République (1848), chanson anonyme

Le peuple se moque déjà de lui, avec un humour prophétique. Les professionnels de la politique et la presse vont sous-estimer l’homme – ou le pouvoir du nom. Hugo est un cas particulier. Dès octobre 1848, influencé par son ami, le grand patron de presse Émile de Girardin, il renonce à se présenter, mettant L’Événement au service du prince Louis-Napoléon, qui lui apparaît comme la solution au drame du pays. Avant de comprendre son véritable dessein…

« Laissez le neveu de l’empereur s’approcher du soleil de notre République ; je suis sûr qu’il disparaîtra dans ses rayons. »2181

Louis BLANC (1811-1882). Histoire parlementaire de l’Assemblée nationale, volume II (1848), F. Wouters, A.J.C. Gendeblen

Comme quoi un bon historien peut faire gravement erreur sur son temps ! C’est la République qui va bientôt disparaître devant l’Empire restauré. Il est vrai que les premiers témoins n’ont pas cru dans le destin du nouvel homme qui paraît particulièrement falot. Louis Blanc fait ici allusion à une déclaration du candidat empruntant au lyrisme hugolien : « L’oncle de Louis-Napoléon, que disait-il ? Il disait : « La république est comme le soleil. » »

« La tribune est fatale aux médiocrités et aux impuissants. Nous ne voulons pas être trop cruels envers un homme condamné à cet accablant contraste, en sa propre personne, d’une telle insuffisance et d’un tel nom. »2182

Le National, 10 octobre 1848

La veille, Louis-Napoléon Bonaparte a été interpellé par les députés sur ses intentions (…) Lors de sa première présentation au palais Bourbon, le 26 septembre, le nouveau député de l’Yonne avait déjà fait mauvaise impression, montant à la tribune pour lire un papier chiffonné et parlant de ses « compatriotes » avec un fort accent étranger. Verdict de Ledru-Rollin : « Quel imbécile, il est coulé ! » Et Lamartine l’appelle « un chapeau sans tête ».

« Une Chambre ressemble trop à un théâtre où les grands acteurs seuls peuvent réussir. »2183

Louis-Napoléon BONAPARTE (1808-1873), Améliorations à introduire dans nos mœurs et nos habitudes parlementaires (1856)

En ces temps de grande éloquence politique, il est conscient de ses insuffisances à la tribune, ce qui est déjà preuve d’intelligence. Le talent lui venant en parlant, il se révélera, au fil des discours et des années, un vrai personnage public et populaire.

« La Révolution, après avoir été tour à tour religieuse, philosophique, politique, est devenue économique […] La Révolution de février a posé le droit au travail, c’est-à-dire la prépondérance du travail sur le capital. »2184

Pierre-Joseph PROUDHON (1809-1865), Toast à la révolution du 17 octobre 1848

Le droit au travail, proclamé dès février 1848, va être reconnu dans la nouvelle Constitution de novembre. La question sociale est définitivement à l’ordre du jour.

« Oui, quand même le peuple choisirait celui que ma prévoyance, mal éclairée peut-être, redouterait de lui voir choisir, n’importe : Alea jacta est ! Que Dieu et le peuple prononcent ! »2185

Alphonse de LAMARTINE (1790-1869), Assemblée constituante, 4 novembre 1848

Homme de principe, fidèle à son idéal démocratique et malgré le risque de voir Louis-Napoléon au pouvoir, Lamartine défend le suffrage universel : « Il faut laisser quelque chose à la Providence ! Elle est la lumière de ceux qui, comme nous, ne peuvent pas lire dans les ténèbres de l’avenir ! Invoquons-la, prions-la d’éclairer le peuple, et soumettons-nous à son décret. » Inscrit dans la Constitution du 12 novembre, le suffrage universel va lui être cruellement fatal.

« Si je réussissais, je serais obligé d’épouser la République et je suis trop honnête garçon pour épouser une si mauvaise fille ! »2186

Adolphe THIERS (1797-1877), refusant de se porter candidat à la présidence. Histoire de France contemporaine depuis la Révolution jusqu’à la paix de 1919, volume VI (1921), Ernest Lavisse, Philippe Sagnac.

C’était le souhait du parti de l’Ordre, qui regroupe des monarchistes (légitimistes et orléanistes), des républicains conservateurs, voire modérés, unis par leur opposition au socialisme. Même refus de Bugeaud, le maréchal qui a un nom, un prestige. Lamartine s’étant déconsidéré aux yeux de ses anciens partisans, le parti de l’Ordre se rabat sur le troisième homme : Louis-Napoléon Bonaparte (…)

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