Fillon : « Le président normal ne le sera pas longtemps. Parce que la fonction ne l'est pas. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Les années Chirac, Sarkozy et Hollande

La présidence de François Hollande

Le président socialiste qui se veut « normal » a choisi un Premier ministre à son image, mais la situation anormalement grave exige des mesures impopulaires et leur cote de popularité chute. Quant à la droite, minoritaire à tous les échelons de la vie publique, elle perd son âme dans un duel interne au parti UMP, et peine à jouer son rôle d’opposition.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Le président normal ne le sera pas longtemps. Parce que la fonction ne l’est pas. »3486

François FILLON (né en 1954), dépêche AFP, 29 mai 2012

Prédiction de l’ex-Premier ministre du précédent quinquennat, lancée sans grand risque d’erreur.

Une situation économique et financière anormalement grave (depuis quatre ans déjà) rend la fonction plus périlleuse, et le rôle plus ingrat, face à une opinion publique prompte à critiquer, et une opposition politique systématique de la droite et des extrêmes.

Autre évidence, le président de la République, surtout sous la Cinquième, avec les responsabilités qui sont les siennes, est condamné à devenir un personnage de premier plan (…)

« Ce crime a été commis en France par la France. Ce fut aussi un crime contre la France, une trahison de ses valeurs que la Résistance, la France libre, les Justes surent incarner dans l’honneur. »3487

François HOLLANDE (né en 1954), Commémoration du 70e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv, Paris, 22 juillet 2012

La presse (de droite) s’empresse de critiquer la déclaration du nouveau président, ne retenant que la première phrase, alors que la seconde répond à la critique. Dans l’introduction de son discours, il a d’ailleurs bien précisé : « La reconnaissance de cette faute a été énoncée pour la première fois, avec lucidité et courage, par le président Jacques Chirac, le 16 juillet 1995. » (…)

« Il est des quartiers où je peux comprendre l’exaspération de certains de nos compatriotes, pères ou mères de famille rentrant du travail le soir et apprenant que leur fils s’est fait arracher son pain au chocolat à la sortie du collège par des voyous qui lui expliquent qu’on ne mange pas pendant le ramadan. »3488

Jean-François COPÉ (né en 1964), L’Express, 6 octobre 2012

SOS Racisme réagit : « C’est pathétique, le ramadan a eu lieu cette année en août, c’est-à-dire hors période scolaire ». Et de dénoncer « une mauvaise foi sans nom » qui prend déjà la forme d’ « une récupération d’un concept d’extrême droite ». Riposte de Copé, sur son compte Twitter : « Ce n’est pas à SOS Racisme de nous dire quel type de racisme il convient de combattre. »(…)

« Si l’Afrique, berceau de l’humanité, parvient à vivre et à faire vivre pleinement la démocratie, partout et pour tous ; si elle réussit à vaincre ses divisions, alors l’Afrique sera le continent où se jouera l’avenir même de la planète. »3489

François HOLLANDE (né en 1954), Discours de Dakar, 12 octobre 2012

Le président exprime sa « conviction profonde » et s’oppose implicitement, une fois de plus, au discours de Sarkozy, qui fit polémique, cinq ans avant : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. »

Il adopte délibérément un autre ton : « Je ne suis pas venu en Afrique pour imposer un exemple, ni pour délivrer des leçons de morale. Je considère les Africains comme des partenaires et des amis. L’amitié crée des devoirs : le premier d’entre eux est la sincérité. Nous devons tout nous dire, sans ingérence, mais avec exigence. La démocratie vaut pour elle-même. Mais elle vaut aussi pour ce qu’elle permet. Il n’y a pas de vrai développement économique ni de vrai progrès social sans pluralisme. » (…)

« J’essaie de montrer une force tranquille. Les Français ont besoin que leurs dirigeants ne soient pas fébriles. »3490

Jean-Marc AYRAULT (né en 1950), Paris Match, 21 novembre 2012

A l’inverse de Copé, clairement dans la ligne de la droite sarkozyste et de la « France forte », le Premier ministre emprunte l’expression « force tranquille » à la campagne présidentielle gagnante de Mitterrand, en 1981, et se montre à l’image du nouveau président qui se veut « normal » (…)

« Il est hors de question de laisser un kyste s’organiser. »3491

Manuel VALLS (né en 1962), ministre de l’Intérieur, 23 novembre 2012, pour justifier l’opération d’expulsion des squatteurs à Notre-Dame-des Landes (NDDL). Presse-Océan et de nombreux journaux

Depuis déjà quatre ans, militants et paysans occupent le terrain du futur aéroport a NDDL : projet lancé dans les années 1960, en pleine euphorie des Trente glorieuses, plusieurs fois différé en raison de son coût financier et environnemental, mais périodiquement repris par la gauche au pouvoir. Le gouvernement qui veut en finir doit faire preuve d’autorité. Manuel Valls bénéficie de la meilleure cote de popularité dans l’équipe gouvernementale, et c’est à peine si l’on conteste cette réaffirmation d’un engagement pris : « Il est hors de question de laisser un kyste s’organiser, nous mettrons tout en œuvre pour que la loi soit respectée […] pour que les travaux puissent avoir lieu. » (…)

« Le problème des hauts fourneaux de Florange, ce n’est pas les hauts fourneaux de Florange, c’est Mittal […] Nous ne voulons plus de Mittal en France, parce qu’ils n’ont pas respecté la France. »3492

Arnaud MONTEBOURG (né en 1962), ministre du Redressement productif, Le Monde, 26 novembre 2012

Autre ministre populaire, mais dans un style différent ; autre dossier sensible, ArcelorMittal concernant l’emploi et l’avenir de l’industrie française, dans l’important secteur de la sidérurgie (75 000 emplois). Le dossier devient explosif quand Montebourg monte au créneau, dans un bras de fer médiatique avec le milliardaire indien, Lakshmi Mittal, premier sidérurgiste mondial, qui a repris Arcelor (tres endetté) en 2006. La crise économique et la production d’acier chinois rendent le site lorrain de moins en moins rentable, notamment les hauts fourneaux (filiere « chaude ») que Mittal veut fermer, tout en maintenant la transformation de l’acier (filiere « froide »). Le gouvernement aurait un repreneur, mais Mittal refuse de céder le secteur rentable (…)

« UMP : suicide en direct. »3493

Le Figaro, gros titre de une, 26 novembre 2012

Suit l’édito : « Arrêtez le massacre. » Les deux candidats à la présidence de l’UMP s’opposent publiquement et multiplient les déclarations assassines. La presse, toutes tendances confondues, va dramatiser l’événement, quasiment heure par heure, durant presque un mois.

En bref, Copé s’est un peu vite autoproclamé élu (à quelques voix près, mais telle est la loi de la démocratie), Fillon dénonce aussitôt des fraudes, Copé en évoque d’autres, une erreur de comptage avérée semble donner raison a Fillon, mais la Commission nationale des recours de l’UMP s’en tient au premier résultat, au nom des statuts. Alain Juppé tente une médiation sitôt avortée, les deux protagonistes se rencontrent plusieurs fois sans plus de résultat, Fillon crée son propre groupe parlementaire au sein de l’UMP et veut faire appel à la justice (…)

« Dans la tourmente, l’Europe reçoit le prix Nobel de la paix. »3494

Le Monde, dépêche AFP, 10 décembre 2012

L’Union européenne des 27 pays, représentée à Oslo par une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement, dont le couple vedette franco-allemand, Hollande et Merkel, a été couronnée deux mois plus tôt par le Nobel de la paix, pour son rôle dans la transformation « d’un continent de guerre en continent de paix ».

Selon la presse internationale, cette récompense intervient alors que l’UE affiche un « état d’effritement évident ». David Cameron, pour ne pas heurter les conservateurs eurosceptiques favorables à une sortie de l’Union, a envoyé son vice-premier ministre représenter la Grande-Bretagne. Le président de la République tcheque, Vaclav Klaus, connu pour son hostilité personnelle à une Europe intégrée pourtant voulue par son peuple, qualifie la décision du comité Nobel de « farce tragique ». En Grece, premier pays touché par la crise, les journaux rappellent l’amertume d’une population condamnée à une politique d’austérité sans précédent, (…)

« L’UE est l’ensemble régional le plus intégré du monde, et c’est aussi celui où ont eu lieu les conflits les plus sanglants. Les deux guerres mondiales ont été en réalité des guerres européennes, même si elles ont aussi enflammé la planète. »3495

Pierre MOSCOVICI (né en 1957), ministre de l’Économie et des Finances du gouvernement Ayrault, ex-ministre délégué chargé des Affaires européennes du gouvernement Jospin, ex-député européen, AFP, 12 octobre 2012

De Tokyo, où il participe à l’assemblée générale du FMI et de la Banque mondiale, le ministre a salué l’attribution du Nobel de la paix à l’Union européenne comme « la récompense d’un processus historique unique. » Il souligne le chemin parcouru depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, évoquant « une Europe unie, vivant en paix et avec des institutions solides. » (…)

« D’habitude, les rassemblements entre peuples ou entre pays sont le résultat de la guerre et en tout cas de la domination des plus puissants sur les plus faibles. C’est la première fois dans l’histoire que des peuples se rapprochent librement, et le font dans une perspective de paix. »3496

François BAYROU (né en 1951), président du MoDem, ex-député européen, ex-conseiller du président du Parlement européen, AFP, 12 octobre 2012 (jour de la proclamation du prix)

Même raisonnement, même réaction immédiate, même mise en perspective historique. Bayrou l’Européen salue « l’entreprise historique la plus pacifique de tous les temps […] En cela, le comité Nobel ne pouvait pas choisir plus justement. » Il convient de contrer les discours eurosceptiques ou critiques : « Parce qu’on a le nez sur l’événement et qu’on vit davantage les difficultés quotidiennes que la dimension historique, on perd de vue ce que cette œuvre a d’unique dans l’histoire des hommes […] Car l’UE - et c’est sans précédent - n’a développé aucune volonté de domination sur aucun autre peuple ou région. Son seul but est de défendre la liberté de ceux qui la forment et leurs valeurs. » (…)

« On comprend qu’elle [l’Union européenne] n’ait pas reçu le prix Nobel d’économie, tant sa politique aggrave la crise et le chômage. »3497

Jean-Luc MÉLENCHON (né en 1951), coprésident du Parti de gauche et eurodéputé, AFP, 12 octobre 2012 (jour de la proclamation du prix)

L’ironie sied a l’ex-candidat a la présidence, qui reprend les arguments des partis à la gauche de la gauche socialiste : « Certes, l’Union européenne a garanti la paix aux marchés financiers, aux spéculateurs et aux profits bancaires […] Mais ne mène-t-elle pas une guerre contre les peuples qui la composent et leurs droits sociaux ? […] Dans ces conditions, autant lui accorder aussi le prix Nobel de littérature pour la qualité littéraire de ses traités. Le Comité Nobel mérite, quant à lui, le prix Nobel de l’humour noir. » (…)

« La Belgique ne peut pas accueillir toute la richesse du monde. »3498

Philippe GELUCK (né en 1954), apprenant l’exil fiscal de Gérard Depardieu, en décembre 2012

Parole d’un humoriste belge, créateur du Chat en bande dessinée, mais aussi chroniqueur vedette sur les plateaux télé. Après sa déclaration au Parisien, la phrase est reprise par son auteur et rebondit de médias en médias, devenant d’emblée citation. Avec l’humour en plus, c’est un rappel du mot (certes tronqué) de Michel Rocard : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde… » (…)

« Nous n’avons plus la même patrie, je suis un vrai Européen, un citoyen du monde. »3499

Gérard DEPARDIEU (né en 1948), Lettre ouverte au Premier ministre Jean-Marc Ayrault, JDD, 16 décembre 2012

En annonçant qu’il rend son passeport français (chose impossible en soi), il a suscité de vives critiques, notamment à gauche. Avec son style personnel, l’acteur aux 170 films et aux deux Césars, se défend et crie ses vérités : « Je n’ai jamais tué personne, je ne pense pas avoir démérité, j’ai payé 145 millions d’euros d’impôts en quarante-cinq ans, je fais travailler 80 personnes dans des entreprises qui ont été créées pour eux et qui sont gérées par eux (sic). Je ne suis ni à plaindre ni à vanter, mais je refuse le mot ‘minable’. Qui êtes-vous pour me juger ainsi, je vous le demande monsieur Ayrault, Premier ministre de monsieur Hollande, je vous le demande, qui êtes-vous ? (…) »

« Sommes-nous capables d’écrire ensemble une nouvelle page de notre histoire ? Je le crois. Je le souhaite. Je le veux. Rien ne se construit dans la dissimulation, dans l’oubli et encore moins dans le déni. »3500

François HOLLANDE (né en 1954), 20 décembre 2012, à la tribune du Parlement algérien, cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie

Hollande fait son métier de président, dans cet exercice délicat et obligatoirement consensuel.

Pas question de repentance, pour éviter la polémique à son retour en France. Mais il y a publiquement reconnaissance des crimes coloniaux : « Pendant 132 ans, l’Algérie a été soumise a un système profondément injuste et brutal. Ce système a un nom : c’est la colonisation. Et je reconnais ici les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien. » (…)

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