« Le prétendu dieu des armées est toujours pour la nation qui a la meilleure artillerie, les meilleurs généraux. »
(1823-1892), Dialogues et fragments philosophiques (1876)
La guerre de 1870 va ébranler bien des certitudes et des enthousiasmes chez les hommes qui en seront témoins.
« L’élection encourage le charlatanisme. »
(1823-1892), La Réforme intellectuelle et morale de la France (1871)
Sa Vie de Jésus (1863) fait scandale et lui coûte sa chaire d’hébreu au Collège de France, mais lui donne une célébrité européenne. Devenu un personnage officiel, jouissant d’un grand prestige auprès de jeunes disciples qui ont nom Barrès, Bourget, Maurras, il est de plus en plus sceptique face à la démocratie, ou du moins l’usage qui en est fait.
« Une patrie se compose des morts qui l’ont fondée aussi bien que des vivants qui la continuent. »
Ernest RENAN (1823-1892), Réponse au discours de réception de Ferdinand de Lesseps à l’Académie française, 23 avril 1885, Discours et Conférences
Le célèbre et scandaleux auteur de la Vie de Jésus reçoit le vicomte octogénaire, heureux constructeur et administrateur du canal de Suez (qui lui a déjà ouvert les portes de l’Académie des sciences en 1873).
« Le jour où la France coupa la tête de son roi, elle commit un suicide. »
Ernest RENAN (1823-1892), La Réforme intellectuelle et morale de la France (1871).
Historien chrétien, il fait référence au lien charnel qui existe entre le pays et le roi, allant jusqu’à l’identification à la fin du Moyen Âge, sous Louis XI qui affirme : « Je suis France ». Plus contemporain, on pense aussi au mot de Mauriac à propos du général de Gaulle, en 1940 : « Un fou a dit, moi la France, et personne n’a ri parce que c’était vrai. »
Cette réflexion de Renan intervient au lendemain de la défaite face à l’Allemagne, quand la France amputée, désemparée, n’est pas encore acquise à la République. Peinant à faire son deuil d’un régime monarchique constitutionnel, il parle donc à ses contemporains - cela vaut pour la plupart des auteurs, historiens et philosophes. Il incrimine la Révolution, son culte de la « table rase » et de l’homme nouveau, et regrette cette irrémédiable rupture dans la continuité historique, dont la mort du roi fut le symbole.
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