Jules Ferry : « Le progrès n'est pas une suite de soubresauts... » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Troisième République

Prologue – Social

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Le progrès n’est pas une suite de soubresauts ni de coups de force. Non : c’est un phénomène de croissance sociale, de transformation, qui se produit d’abord dans les idées et descend dans les mœurs pour passer ensuite dans les lois. »2402

Jules FERRY (1832-1893), Chambre des députés, 7 mars 1883

Discours et opinions de Jules Ferry (1897), Jules Ferry, Paul Robiquet.

Président du Conseil, il répond à Clemenceau le grand « tombeur de ministères », le turbulent leader radical qui demande l’ordre républicain dans son intégralité.

« Un seul patron, un seul capitaliste : tout le monde ! Mais tout le monde travaillant, obligé de travailler et maître de la totalité des valeurs sorties de ses mains. »2403

Jules GUESDE (1845-1922), Collectivisme et Révolution (1879)

Appelé « le socialisme fait homme » (venant après Blanqui, et avant Jaurès, Blum, Briand), fondateur de L’Égalité, premier journal marxiste français, il crée en 1880 le Parti ouvrier français (POF) qu’il veut internationaliste, collectiviste et révolutionnaire (…)

À bas la calotte […]
Vive la sociale !2404

Slogans célèbres vers 1900. Institutions politiques de l’Europe contemporaine (1907), Étienne Flandin

La République est devenue radicale : elle mène une politique de laïcisation dont l’anticléricalisme est maladroit, et le peuple lance des cris d’injure contre les prêtres. Mais dans cette France aux institutions encore archaïques, on réclame également une République plus sociale, avec des lois pour améliorer la condition ouvrière rendue plus dure par la croissance économique et le développement de la grande industrie.

« À mesure que l’égalité politique devenait un fait plus certain, c’est l’inégalité sociale qui heurtait le plus les esprits. »2405

Jean JAURÈS (1859-1914), Histoire socialiste (1789-1900), volume 4, La Convention (1908)

Député de Carmaux en 1893, très actif au sein du Parti socialiste unifié, créé en 1905 (SFIO), il mène toutes les grandes batailles socialistes du temps. Sans exclure le recours à la force insurrectionnelle, il préfère, au nom d’un socialisme libéral et démocratique, la solution d’un prolétariat assez fort pour transformer la démocratie républicaine en une démocratie socialiste (…)

« C’est à la violence que le socialisme doit les hautes valeurs morales par lesquelles il apporte le salut au monde moderne. »2406

Georges SOREL (1847-1922), Réflexions sur la violence (1908)

Penseur socialiste influencé par Marx et Proudhon, mais aussi Nietzsche et Bergson, Sorel oppose au libéralisme et au réformisme démocratique (à la Jaurès) un anarcho-syndicalisme qui mythifie la violence, notamment la grève générale. Inspirant sans doute à la CGT de l’époque son slogan : « la grève générale révolutionnaire et violente pour la révolution sociale intégrale ». Ce syndicalisme anarchique et outrancier coupe la CGT du pays et n’aide en rien à la solution des conflits sociaux.

« L’insurgé, son vrai nom c’est l’homme !
Qui n’est plus la bête de somme,
Qui n’obéit qu’à la raison
Et qui marche avec confiance
Car le soleil de la science
Se lève rouge à l’horizon. »2407

Eugène POTTIER (1816-1887), paroles, et Pierre DEGEYTER (1848-1932), musique, L’Insurgé (1884), chanson

Poète et révolutionnaire, chansonnier socialiste le plus important (et sincère) du XIXe siècle, Pottier est déjà l’auteur de l’Internationale. Membre de la Commune, réfugié aux États-Unis après la Semaine sanglante, il rentre de son exil après la loi d’amnistie, et dédie cette chanson « à Blanqui et aux Communards » : « Devant toi, misère sauvage, / Devant toi, pesant esclavage, / L’insurgé se dresse / Le fusil chargé. / On peut le voir en barricades / Descendr’ avec les camarades, / Riant, blaguant, risquant sa peau… » (…)

« Ni Dieu ni maître. »2408

Louis Auguste BLANQUI (1805-1881), titre de son journal créé en 1877

Entré en politique il y a juste un demi-siècle (sous la Restauration), arrêté en 1871, condamné à mort et amnistié, cet infatigable socialiste reprend son activité révolutionnaire à 72 ans. Son « Ni Dieu ni maître » deviendra la devise des anarchistes qui troubleront la Troisième République pendant un quart de siècle.

« Prenez ce qu’il vous faut. »2409

Prince KROPOTKINE (1842-1921), devise anarchiste. La Conquête du pain (1892), Pierre Kropotkine

Officier, explorateur, savant, ce prince russe adhéra au mouvement révolutionnaire né dans son pays.

Arrêté, évadé, il fonde en Suisse une société secrète à tendance anarchiste. Expulsé, il vient en France où il aura aussi des ennuis avec la justice. Son influence est grande sur les divers mouvements anarchistes qui essaiment en Europe. En France, les attentats se multiplient surtout de 1892 à 1894. L’anarchie a diverses causes : souvenir de la Commune de Paris, hostilité envers les partis politique de gauche, haine et mépris pour la bourgeoisie affairiste.

« Ne nous lassons pas, nous les philosophes, de déclarer au monde la paix. »2410

Victor HUGO (1802-1885), Discours du 25 mars 1877, Depuis l’exil (1876-1885, fin, posthume)

La grande voix se taira en 1885, et d’autres voix s’élèveront pour parler de « la Revanche reine de France ». Cependant que dans le monde où les philosophes n’ont jamais le pouvoir une nouvelle guerre se prépare.

« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage. »2411

Jean JAURÈS (1859-1914). Le Socialisme selon Léon Blum (2003), David Frapet

Socialiste à la fois internationaliste et pacifiste, il va vivre dramatiquement l’approche de la guerre de 1914, cherchant appui auprès du mouvement ouvrier pour l’éviter, avant d’être assassiné le 31 juillet 1914 par un nationaliste. Ce que n’a pas su faire la République, cahotant de crises en « affaires » et d’« affaires » en scandales, la guerre l’accomplit alors : l’union sacrée des Français, l’unité nationale retrouvée.

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