« Le roi [Jean II le Bon] savait que la victoire... | L’Histoire en citations
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« Le roi [Jean II le Bon] savait que la victoire était déjà aux mains de ses ennemis. Il ne voulut pas, par une vile fuite, avilir la couronne et finalement poursuivit le combat. »

Matteo VILLANI (fin XIIIe siècle-1363), Chronique

(Trois Villani, nés à Florence, vont se relayer pour une interminable et fameuse « Nuova Cronica » (« Nouvelle chronique »). Le père, Giovanni, écrit 12 livres, suivi par son frère, Matteo, auquel succédera son fils, Filippo).

Le Prince Noir est le surnom d’Édouard, prince de Galles, fils aîné du roi d’Angleterre Édouard III. C’est l’un des meilleurs généraux de la guerre de Cent Ans, toujours revêtu d’une sombre armure – ses ennemis invoquent plutôt la noirceur de son âme. Il débarque à Bordeaux en septembre 1355, ravage le sud-ouest et le centre de la France. Le roi de France, Jean II le Bon, décide d’arrêter cette chevauchée meurtrière.

Fort attaché à l’esprit de chevalerie, le roi a créé en 1352 l’ordre de l’Étoile, dont les chevaliers membres s’engagent à « ne jamais reculer sur le champ de bataille de plus de quatre arpents ». Ce serment va avoir de dramatiques conséquences, à la bataille de Poitiers.

« Père, gardez-vous à droite, père, gardez-vous à gauche. »296

PHILIPPE II de Bourgogne, dit le Hardi (1342-1404), à Jean II le Bon, bataille de Poitiers, 19 septembre 1356. Histoire de France (1868), Victor Duruy

Le dernier fils du roi, à peine âgé de 14 ans, tente de détourner les coups pour sauver son père. Le jeune prince ne régnera pas, mais recevra pour son courage la Bourgogne en apanage, et le surnom de Philippe le Hardi.

Jean le Bon (ou le Brave) aligne 15 000 hommes. Face à lui, 7 000 Anglais et à leur tête, le Prince Noir – prince de Galles, redoutable chef de guerre. Les archers anglais, bien placés, criblent de flèches par le côté nos chevaliers français qui ne sont armés et protégés que de face. La défaite de Crécy, dix ans plus tôt, n’a pas servi de leçon, et les Anglais renouvellent leur tactique gagnante, archers anglais contre chevaliers français.

« Là périt toute la fleur de la chevalerie de France : et le noble royaume de France s’en trouva cruellement affaibli, et tomba en grande misère et tribulation. »297

Jean FROISSART (vers 1337-vers 1400), Chroniques

Le chroniqueur dresse le bilan de la bataille de Poitiers : « Avec le roi et son jeune fils Monseigneur Philippe, furent pris dix-sept contes, outre les barons, chevaliers et écuyers et six mille hommes de tous rangs. » Chiffres considérables pour l’époque et « fortuneuse bataille » pour les Anglais : leur Prince Noir a capturé le roi de France ! Il a aussi ordonné le massacre des soldats français blessés qui ne pouvaient payer rançon, chose contraire à toutes les règles de la chevalerie – une légende veut qu’il en ait eu grande honte devant son père, le roi d’Angleterre, et qu’il ait alors mis son armure à la couleur du deuil. Jean II le Bon a préféré se rendre plutôt que fuir, pensant que son sacrifice allait sauver l’honneur perdu de l’armée.

En fait, la France va le payer très cher. Outre la guerre à financer, il faut verser la rançon du roi prisonnier en Angleterre : 4 millions d’écus d’or, somme proportionnelle à son prestige. Les impôts s’alourdissent (gabelle et taille). Les paysans pauvres, les Jacques, vont se révolter (d’où le mot de « jacquerie »), tandis que les Grandes Compagnies (bandes de mercenaires bien organisées) pillent et rançonnent les plus riches provinces.

Et pour comble, Paris va se soulever contre le pouvoir royal représenté par le dauphin Charles, la guerre civile s’ajoutant alors à la guerre étrangère.

« Chose lamentable et vraiment honteuse ! Le roi lui-même, au retour de sa captivité, a trouvé des empêchements pour rentrer dans sa capitale ainsi que son fils ; il a été forcé de traiter avec ces brigands pour voyager plus sûrement à travers ses possessions. »304

PÉTRARQUE (1304-1374), Histoire de Bertrand Du Guesclin et de son époque (1882), Simon Luce

Le grand poète florentin s’indigne, dans une lettre parlant du roi Jean II le Bon.

En vertu du traité de Brétigny (8 mai 1360) signé entre les rois de France et d’Angleterre, Édouard III renonce à ses visées sur la Couronne, mais conserve une grande partie de ses conquêtes en France : Guyenne, Gascogne, Poitou, Aunis, Limousin, Agenais, Rouergue. Jean le Bon est libéré contre une rançon de trois millions d’écus. Et pour arriver jusqu’à la capitale, le roi lui-même doit traiter avec les bandits des Grandes Compagnies !

Le dauphin Charles, devenu roi en 1364, enverra contre elles son meilleur chef de guerre, Du Guesclin. Ce grand capitaine ne peut être partout où elles sévissent. Alors, très habilement, il les rassemble et prend leur tête en 1365, pour les conduire en Espagne sous prétexte de combattre les Maures. Quand elles en reviennent pour ravager à nouveau la France, villes et bourgades se sont fortifiées et peuvent enfin leur résister.

 

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