Liberté, égalité, fraternité - la trilogie républicaine (de la Restauration à nos jours) | L’Histoire en citations
Édito de la semaine

III. Liberté, égalité, fraternité - la trilogie républicaine
De la Restauration à nos jours.

Après les philosophes des Lumières et les meneurs successifs de la Révolution, les valeurs républicaines sont revendiquées, interprétées, instrumentalisées, redéfinies par tous les acteurs de la vie politique : les hommes politiques au pouvoir, les opposants de tout parti ou hors parti, les nouveaux théoriciens, les auteurs engagés, les journalistes de toutes opinions, le peuple plus ou moins manipulé ou révolté… C’est l’apprentissage de la démocratie.

La Liberté se décline en libertés concrètes, la liberté de la presse étant particulièrement chère aux auteurs politiquement engagés (Chateaubriand et Hugo en tête).

L’égalité et la fraternité deviennent les valeurs proclamées du nouveau socialisme, né utopique et de plus en plus combattant, présent sur l’échiquier politique et parfois au pouvoir. Les révolutions s’enchaînent en France mais aussi en Europe, les guerres se succèdent…

Les revendications se multiplient et se diversifient : égalité entre les sexes (parité), droit à l’éducation, la culture, aux loisirs, à la sécurité sociale et autres acquis…

La France a souvent un rôle de leader ou de modèle, multipliant les lois et les Constitutions, avec sa trilogie républicaine toujours présente et solidement installée à partir de la Troisième République - hormis une parenthèse dans la France occupée qui a cessé d’être une République sous le régime de Vichy (1940-1944).

« C’est sous le triple signe du Travail, de la Famille et de la Patrie que nous devons aller vers l’ordre nouveau. »2763

Pierre LAVAL (1883-1945), « Réunion d’information » des députés, 8 juillet 1940. Soixante jours qui ébranlèrent l’Occident (1956), Jacques Benoist-Méchin

Après un parcours politique chaotique, Laval entre dans le gouvernement Pétain installé à Vichy depuis le 3 juillet. Il a provisoirement le portefeuille de la Justice et va manœuvrer habilement pour que Pétain obtienne les pleins pouvoirs.

On travaille à réviser la Constitution : le slogan trinitaire hérité de la Révolution de 1789 – Liberté, Égalité, Fraternité – est trop républicain et remplacé par cette autre trilogie : Travail, Famille, Patrie. Tout l’esprit de la « Révolution nationale » de Vichy est dans ces mots et la loi constitutionnelle du 10 juillet en prend acte : « Cette Constitution doit garantir les droits du travail, de la famille et de la patrie. »

Au fil de l’histoire, la liberté l’emporte, l’égalité est de plus en plus revendiquée, la fraternité reste un idéal plus ou moins sous-entendu, mais d’autres droits ou valeurs sont apparues.

Fait de société ou inventaire « à la Prévert » ? En réalité, rien n’est plus sérieux : sécurité (revendication permanente, en conflit avec la liberté), sécurité sociale (égalité et gratuité en France), santé, laïcité, justice, bonheur, indépendance, loisirs, congés payés, travail, logement, culture (pour tous), information (droit fondamental), environnement sain (écologie), avortement (IVG), sexualité (libre) et transsexualité, mort (dans la dignité). Cette liste sûrement incomplète  peut s’allonger presque à l’infini dans l’avenir.

1. De la Restauration au Second Empire : entre socialisme et utopie, révolutions et réactions.

RESTAURATION

« La liberté de la presse, c’est l’expansion et l’impulsion de la vapeur dans l’ordre intellectuel, force terrible mais vivifiante, qui porte et répand en un clin d’œil les faits et les idées sur toute la face de la terre. »1972

François GUIZOT (1787-1874), Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps (1858-1867)

Sous le règne de Louis XVIII, Guizot entre sur la scène politique tout en faisant œuvre d’historien. Dans le ministère Decazes (1819-1820), il a la même étiquette de modéré que le comte de Serre et son ami Royer-Collard, représentatifs d’une classe de bourgeois instruits et riches, juristes, universitaires, hauts fonctionnaires. Il ajoute : « J’ai toujours souhaité la presse libre ; je la crois à tout prendre plus utile que nuisible à la moralité publique. »

Mais cette liberté d’expression et d’opinion qui profite surtout à leurs adversaires ulcère les ultras de droite.

« J’ai aidé à conquérir celle de nos libertés qui les vaut toutes, la liberté de la presse. »2003

François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume)

Sous le règne de Charles X beaucoup plus conservateur que son frère Louis XVIII, la liberté de la presse fait plus que jamais débat. Ce sera l’un des grands enjeux politiques du siècle, jusqu’à la Troisième République où la censure est abolie par la grande loi sur la presse de 1881.

Monarchiste modéré, Chateaubriand mène campagne pour les libertés publiques dans Le Journal des débats et à la Chambre, contre le ministère Villèle qui multiplie les lois réactionnaires. Les pairs modifient tant et si bien la loi sur la presse que Villèle retire son projet, le 17 avril 1827. Et Paris illumine, en attendant la prochaine révolution.

RÉVOLUTION DE 1830.

« Peuple français, peuple de braves,
La liberté r’ouvre ses bras.
On nous disait : « Soyez esclaves »,
Nous avons dit : « Soyons soldats ».
Soudain Paris dans sa mémoire
A retrouvé son cri de gloire. »2026

Casimir DELAVIGNE (1793-1843), La Parisienne (1830), chanson. Recueil de chants patriotiques et guerriers dédiés aux braves Suisses qui prennent les armes pour défendre la patrie (1838), Bienne, imprimerie

En trois glorieuses journées (27, 28 et 29 juillet), Charles X est renversé, laissant place à Louis-Philippe. La République est volée aux républicains qui s’en souviendront lors de la prochaine révolution en 1848. Mais cette royauté est quand même moins royaliste, ayant l’aval de républicains modérés comme le vieux La Fayette et le jeune Thiers.

Poète et auteur dramatique en renom, rival des romantiques sur la scène, mais libéral convaincu en politique, Delavigne  écrit cette œuvre de circonstance aux accents révolutionnaires : la Parisienne fait écho à la Marseillaise.

MONARCHIE DE JUILLET

« Au-dedans, l’ordre sans sacrifice pour la liberté ; au-dehors, la paix, sans qu’il en coûte rien à l’honneur. »2066

Casimir PÉRIER (1777-1832), Chambre des députés, 18 mars 1831. Histoire de France contemporaine depuis la Révolution jusqu’à la paix de 1919, volume V (1921), Ernest Lavisse, Philippe Sagnac

C’est le programme du nouveau président du Conseil et l’expression de son « juste milieu ». Il doit ajouter cette évidence institutionnelle : « La société a besoin d’ordre légal et de pouvoir. »

Opposant libéral sous la Restauration, rallié à Louis-Philippe, il est à présent le chef incontesté du parti de la Résistance (droite, opposé au mouvement démocratique). Il succède le 13 mars au ministère Laffitte, déjà usé par des problèmes financiers, politiques, diplomatiques. Du même coup, le parti du Mouvement (mouvement vers la démocratie, gauche) pour qui la Révolution de juillet n’est qu’un point de départ pour des réformes plus libérales et démocratiques, se trouve rejeté dans l’opposition.

Le jeu des partis va prendre une importance croissante, pour le pire et le meilleur. Mais c’est l’apprentissage et l’exercice de la démocratie qui va surtout jouer sous la Troisième République.

« Vivre libres en travaillant ou mourir en combattant. »2069

Cri célèbre de l’émeute des canuts, 22 novembre 1831. Histoire du mouvement ouvrier, tome I (1948), Édouard Dolléans

C’est aussi la devise inscrite sur leur drapeau noir, symbole de l’anarchie. La révolte des ouvriers de la soie est pourtant d’origine économique, et non politique. Les soyeux (fabricants) ne respectent pas le nouveau tarif des salaires, signé par leurs délégués dont ils contestent le mandat.

Commencent alors les « trois glorieuses du prolétariat lyonnais » : grève, puis insurrection. Au matin du 22 novembre, les canuts de la Croix-Rousse descendent sur la ville en criant leur révolte. Ils se retrouvent sans le vouloir maîtres de Lyon, vidée de sa garnison qui risquait de pactiser avec les insurgés.

La première grande grève de l’histoire de France se soldera par un échec total. Mais elle fera école et reste dans la mémoire collective. Aristide Bruant immortalisera La révolte des canuts dans un chant dont la résonance reflète surtout l’esprit d’anarchie propre à l’auteur et à son époque (la Troisième République).

« Dieu veut l’égalité, la liberté et la fraternité des hommes. ».

Félicité Robert de LAMENNAIS (1782-1854), Paroles d’un croyant (1834)

Créateur du catholicisme social et – sans autorisation – d’une école libre, soucieux d’appliquer un idéal de justice et de charité conforme à l’enseignement de l’Évangile, Lamennais profite de la nouvelle liberté de la presse en 1830 et lance le journal L’Avenir avec ses amis Lacordaire et Montalembert. En exergue : « Dieu et la liberté ». Il est condamné par l’Église et par les Encycliques Mirari vos (1832) et Singulari nos (1834). Pour le pape, souverainetés du peuple et de Dieu sont incompatibles.

Après une grave crise de conscience, il rompt avec l’Église pour n’être plus que socialiste, à l’inverse de ses deux amis qui se soumettent sans abandonner leur action généreuse. Lamennais publie ses Paroles d’un croyant sous forme de versets, comme la Bible. Il y affirme sa révolte : « Le cri du pauvre monte jusqu’à Dieu, mais il n’arrive pas à l’oreille de l’homme ! »

« La liberté est le pain que les peuples doivent gagner à la sueur de leur front. »2083

Félicité Robert de LAMENNAIS (1782-1854), Paroles d’un croyant (1834)

Il affirme ici son socialisme et encourage le peuple au combat contre tous ceux qui l’oppriment. On parlera plus tard de catholicisme social et de gauche chrétienne.

« C’est la Marseillaise du christianisme et l’auteur est un prêtre en bonnet rouge », dit-on alors. C’est surtout un courant d’opinion très représentatif de cette fermentation des idées, face à la misère du peuple qui s’aggrave et contraste avec l’enrichissement de la bourgeoisie.

« Ce qui a souvent perdu la démocratie, c’est qu’elle n’a su admettre aucune organisation hiérarchique de la société ; c’est que la liberté ne lui a pas suffi ; elle a voulu le nivellement. »2093

François GUIZOT (1787-1874), Chambre des députés, 5 mai 1837. Archives parlementaires de 1787 à 1860 (1913), Assemblée nationale

Hugo entré en politique pensera de même, farouchement hostile à l’anarchie et au communisme. Mais entre le nivellement et la fracture sociale, où est le juste milieu ?

Guizot vient de quitter le ministère Molé – incompatibilité de caractère entre les deux hommes – pour rejoindre Thiers dans un centre gauche hostile au gouvernement. Doctrinaire, devenu chef du parti de la Résistance, il est plus que jamais le défenseur de la grande bourgeoisie d’affaires, classe qui profite si bien de cette monarchie ambiguë. Le régime stabilisé, accepté par sympathie ou par lassitude, va vivre dix années d’ordre, sous le signe du progrès économique et du conservatisme politique. Jusqu’à la prochaine révolution.

DEUXIÈME RÉPUBLIQUE

Liberté, Égalité, Fraternité.2135

Devise républicaine

Apparue sur les murs des édifices publics pendant la Révolution (1789), la trilogie républicaine reparaît sur les mêmes murs, au lendemain de la révolution de février 1848 et s’inscrit dans la nouvelle Constitution du 12 novembre 1848.

Dans la « sainte devise de nos pères » (formule de Pierre Leroux, socialiste, élu député républicain à la nouvelle Constituante), la petite dernière, parente pauvre, profite du progrès des idées socialistes. La fraternité a enfin ses chances.

Mais le reflux contre-révolutionnaire viendra vite, avant même le Second Empire. Il faut attendre l’installation durable de prochaine république pour une législation sociale digne de ce nom.

« Il ne s’agit pas de tuer la liberté individuelle, mais de la socialiser. »2046

Pierre Joseph PROUDHON (1809-1865), Système des contradictions économiques (1846)

Proudhon est le socialiste français numéro un de cette époque, et pas seulement pour sa fameuse question-réponse qui fit si peur aux bourgeois : « Qu’est-ce que la propriété ? C’est le vol. »

Individualiste farouche, affirmant que « le gouvernement de l’homme par l’homme, sous quelque nom qu’il se déguise, est oppression », Proudhon est à la fois le père de l’anarchisme, le fondateur du système mutualiste et l’ancêtre du syndicalisme – les syndicats ne seront autorisés par la loi qu’en 1884.

« Puissent les classes dirigeantes trembler à l’idée d’une révolution communiste ! Les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »2136

Karl MARX (1818-1883) et Friedrich ENGELS (1820-1895), Manifeste du parti communiste (1848)

Derniers mots du célèbre Manifeste, expression de la fraternité ouvrière.

Les classes dirigeantes – mais aussi une partie des classes populaires bientôt reprises en main par les notables – vont si bien trembler que les prolétaires perdront de nouveau ce combat social, sous la Deuxième République. Ce n’est qu’un épisode de la lutte des classes : le Manifeste en donne une théorie qui va marquer le monde pendant un siècle et changer plusieurs fois le cours de l’histoire.

« Toute l’Europe est sous les armes,
C’est le dernier râle des rois :
Soldats, ne soyons point gendarmes,
Soutenons le peuple et ses droits […]
Refrain
Aux armes, courons aux frontières,
Les peuples sont pour nous des frères ! »2143

Pierre DUPONT (1821-1870), Chant des soldats. Muse populaire : chants et poésies (1858), Pierre Dupont

La fraternité est de retour ! La révolution française de 1848 – après celle de 1830 – entraîne une flambée de mouvements révolutionnaires un peu partout en Europe : Allemagne, Autriche, Italie, Hongrie, Pologne. C’est le « printemps des peuples ». La France retrouve sa mission libératrice et chante : « Que la République française / Entraîne encore ses bataillons / Au refrain de La Marseillaise / À travers de rouges sillons / Que la victoire de son aile / Touche nos fronts et, cette fois / La République universelle / Aura balayé tous les rois / Aux armes, courons aux frontières / Les peuples sont pour nous des frères. »

Mais l’été qui suit le printemps des peuples sera celui de toutes les répressions.

« Sachent donc ceux qui l’ignorent, sachent les ennemis de Dieu et du genre humain, quelque nom qu’ils prennent, qu’entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit. »2139

Henri LACORDAIRE (1802-1861), Sermon à la chaire de Notre-Dame (1848). Conférences de Notre-Dame de Paris, 1835-1851 (1855), Henri Lacordaire

Ami de Lamennais, venu du catholicisme social et libéral avant 1840, dominicain depuis, il travaille avec éloquence et générosité à réconcilier l’Église et le monde moderne. Vaste programme, toujours à suivre.

« Le monde et nous, nous voulons marcher à la fraternité et à la paix. »2153

Alphonse de LAMARTINE (1790-1869), Manifeste aux puissances. La France parlementaire, 1834-1851 (1865), Alphonse de Lamartine, Louis Ulbach

L’auteur de La Marseillaise de la paix est devenu ministre des Affaires étrangères à la fin du mois de février 1848. Il proclame les intentions pacifiques de la République : il ne faut surtout pas effrayer l’Europe qui garde en mémoire 1792, les soldats de l’an II et l’armée de l’Empire. Plus de vingt années de guerres !

« Attentat contre la dignité humaine, violation flagrante du dogme républicain : Liberté, Égalité, Fraternité. »2160

Victor SCHŒLCHER (1804-1893), Le Moniteur, 2 mai 1848. Victor Schœlcher et l’abolition de l’esclavage (2004), Aimé Césaire

Sous-secrétaire d’État dans le gouvernement provisoire, il plaide contre l’esclavage et voit enfin l’aboutissement de sa longue lutte : « Par les décrets du 27 avril 1848, rendus sur l’initiative de Schœlcher, l’esclavage, aboli une première fois par la Convention, a été définitivement supprimé dans nos colonies primitives » (Alfred Rambaud, Histoire de la civilisation contemporaine).

« Aujourd’hui que le droit du travail est le premier de tous les droits […] je viens, au nom du travail, affirmer les droits politiques des femmes, la moitié du peuple. »2161

Benjamin Olinde RODRIGUES (1794-1851), Discours à la Bourse, 30 avril 1848. 1848, Le Livre du centenaire (1948), Charles Moulin

Disciple du père Enfantin, donc rattaché à l’école socialiste saint-simonienne qui accueille un courant féministe, il parle devant les travailleurs et ajoute : « La République fondée sur la liberté, l’égalité, la fraternité, doit reconnaître désormais au travail des femmes autant et plus de droits que l’Ancien régime n’en reconnut autrefois à leur oisiveté féodale. »

En même temps que le droit du travail qui reconnaît enfin des droits aux travailleurs, le gouvernement provisoire de la nouvelle République a aussi proclamé (25 février 1848) le droit au travail, encore plus révolutionnaire.

« Tremblez tyrans portant culotte ! / Femmes, notre jour est venu ;
Point de pitié, mettons en vote / Tous les torts du sexe barbu !
Notre patience est à bout, / Debout, Vénusiennes, debout […]
Refrain
Liberté sur nos fronts verse tes chauds rayons,
Tremblez, tremblez, maris jaloux, / Respect aux cotillons ! »2162

Louise de CHAUMONT (XIXe siècle), La Marseillaise des femmes (ou Marseillaise des cotillons), chanson de 1848. L’Illustration, volume XI (1848), J. Dubouchet

Les « Vénusiennes » sont les suffragettes du XXe siècle. Elles chantent et défilent, jupes retroussées, corsage en bataille, jeunes ouvrières vivant parfois en communauté à la mode saint-simonienne.

Notons que la Marseillaise, parmi tous les chants de l’histoire de France, est le plus constamment repris, parodié, récupéré, exploité en d’innombrables versions. C’est la rançon du succès, disons même de la gloire.

« Leurs dragées vomissent la mitraille,
Quand notre cause est la fraternité,
Adieu, mon fils, vis et meurs en canaille,
Car la canaille a fait la liberté. »2172

J.-B. SIMÉON (XIXe siècle), La Canaille (1848), chanson. Manuel d’histoire littéraire de la France, 1789-1848 (1973), Jean-Charles Payen, Jean-Claude Abramovici

Le « héros de février » chanté par J.-B. Siméon, le peuple, cette « sainte canaille », se rappelle en 1848 les grandes journées de 1789 et 1830. Mais la liberté de la canaille effraie la bourgeoisie comme les paysans, majoritaires dans le pays. Thiers, républicain de la première heure lors de la Révolution de juillet 1830, représente désormais cette majorité modérée.

« Des amis de la vraie liberté, je dirai les vrais républicains, redoutent la multitude, la vile multitude qui a perdu toutes les républiques. »2205

Adolphe THIERS (1797-1877), Assemblée législative, 24 mai 1850. La Revue des deux mondes (1883)

Adolphe Thiers défend ici une thèse opposée à celle d’Hugo devenu député qui défend le suffrage universel à l’Assemblée. Attitude caractéristique du parti de l’Ordre qui reprend la tradition du parti de la Résistance sous le précédent régime ; et de l’homme dont le polémiste Louis Veuillot écrit : « Il est conservateur de la bourgeoisie, destructeur et dominateur du reste. »

La loi électorale débattue passe le 31 mai (433 voix contre 241). Elle ampute le suffrage universel, en réduisant le corps électoral de 30 %. Pour voter, il faudrait payer la taxe personnelle depuis trois ans au lieu de six mois dans la commune, ce qui élimine la main-d’oeuvre très mobile des ouvriers journaliers, soit 3 millions d’électeurs écartés des urnes. Et cela parce que des élections partielles (mars 1850) ont été trop favorables aux démocrates, ces « rouges » qui font si peur !

Le Charivari du 8 juin publie un dessin avec pour légende : « Convoi et enterrement de feu le suffrage universel ». Cette loi ne sera d’ailleurs jamais appliquée, le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte devançant les prochaines élections.

« C’est parce que je veux la souveraineté nationale dans toute sa vérité que je veux la presse dans toute sa liberté. »2206

Victor HUGO (1802-1885), Assemblée législative, 9 juillet 1850. Les Médias (2004), Francis Balle

Le défenseur des libertés s’oppose ici à la nouvelle loi sur la presse qui va rétablir le timbre et le cautionnement, le 16 juillet. Le prince qui gouverne chaque jour un peu plus la France déplaît chaque jour davantage à Hugo, d’autant plus véhément qu’il a d’abord soutenu le neveu de l’empereur.

SECOND EMPIRE

« [Les Français] veulent l’égalité dans la liberté et, s’ils ne peuvent l’obtenir, ils la veulent encore dans l’esclavage. »2270

Alexis de TOCQUEVILLE (1805-1859), L’Ancien Régime et la Révolution (1856)

Homme politique ayant renoncé à ce combat pour devenir historien et philosophe, Tocqueville peut être considéré comme le Montesquieu du XIXe siècle.

Sensible aux progrès de l’égalité, il pense cependant qu’il peut découler de la démocratie un redoutable danger, le despotisme de la majorité. Pour maintenir la liberté, il faut donc deux garanties essentielles : liberté de la presse et indépendance du pouvoir judiciaire. Sa démonstration est fondée sur l’examen rigoureux des faits historiques.

Rappelons qu’à cette date (1856), l’Empire est une dictature et le bon usage du suffrage universel relève d’un apprentissage difficile. Si l’égalité des droits est en progrès, dans les faits, le capitalisme triomphant rend les riches plus riches, sans améliorer la condition des pauvres. En l’absence de lois sociales et de fiscalité redistributive, la situation devient intolérable.

« Le gouvernement veut le triomphe de ses candidats, comme Dieu veut le triomphe du bien, laissant à chacun la liberté du mal. »2271

Le préfet de Dordogne en juin 1857. Histoire du Second Empire, volume III (1903), Pierre de La Gorce

Étonnant usage du mot liberté ! Mais le dogme est clair. Comme tous les préfets qui sont de petits empereurs dans leur département, il arrange au mieux ces élections du 21 juin 1857 au Corps législatif, comme toutes les autres élections, presque jusqu’à la fin du Second Empire. Tout pour les candidats officiels (presse, affiches à foison, bulletins imprimés à leur nom, discours du préfet au garde-champêtre en passant par l’instituteur et le curé). Pour les autres, rien, que des obstacles.

Il ne faut pas s’étonner des résultats de cette propagande : en juin 1857, 5 471 000 voix pour les candidats officiels, 665 000 pour l’opposition (et 25 % d’abstention). L’opposition républicaine, tout à fait impuissante, réapparaît cependant avec 7 députés. 5 forment un groupe (dont font partie Jules Favre et Émile Ollivier).

« Il y a aussi plusieurs sortes de Liberté. Il y a la Liberté pour le Génie, et il y a une liberté très restreinte pour les polissons. »2272

Charles BAUDELAIRE (1821-1867), Notes et Documents pour mon avocat (1857)

Encore un étonnant usage du premier concept républicain, avec une subtilité sémantique propre au génie poétique de son auteur et loin de toute rationalité juridique.

25 juin 1857, Les Fleurs du mal sont publiées. Elles font scandale : immorales, triviales, géniales. Baudelaire paraît devant le tribunal correctionnel. Il écrit aussi pour sa défense : « Il était impossible de faire autrement un livre destiné à représenter l’agitation de l’esprit dans le mal. » Il est condamné à trois mois de prison pour outrage aux mœurs. Il se soumet : dans la seconde édition de 1861, les six poèmes incriminés auront disparu.

La même année 1857, l’immoralité de Madame Bovary mène Flaubert en justice. Mais son avocat obtient l’acquittement. Il plaide qu’une telle lecture est morale : elle doit entraîner l’horreur du vice et l’expiation de l’épouse coupable est si terrible qu’elle pousse à la vertu.

À la même époque, le génie d’Offenbach s’exprime au théâtre – l’humour et la musique aident à faire passer son apologie de l’adultère et ses bacchanales orgiaques. Dans l’Angleterre beaucoup plus puritaine, l’art n’a pas cette relative liberté.

« Quand la liberté rentrera en France, je rentrerai. »2277

Victor HUGO (1802-1885), Déclaration, Hauteville-House, Guernesey, 18 août 1859. Actes et Paroles. Pendant l’exil (1875), Victor Hugo

Exilé au lendemain du coup d’État du 2 décembre 1851 après avoir tenté de soulever le peuple de Paris, Hugo, plus opposant et républicain que jamais, refuse de profiter du décret d’amnistie générale pour les condamnés politiques au terme d’une forte et brève déclaration : « Personne n’obtiendra de moi que, en ce qui me concerne, j’accorde un moment d’attention à la chose appelée amnistie. Dans la situation où est la France, protestation absolue, inflexible, éternelle, voilà pour moi le devoir. Fidèle à l’engagement que j’ai pris vis-à-vis de ma conscience, je partagerai jusqu’au bout l’exil de la liberté. » C’est le début de l’exil volontaire dont il saura magnifiquement tirer parti.

Pour l’heure, Napoléon III reste un « aventurier heureux » à qui tout réussit : la diplomatie et la guerre, l’économie et la politique.

« Pour être libres, les électeurs ont besoin d’être éclairés par le préfet. Désignez hautement, comme dans les élections précédentes, les candidats qui inspirent le plus de confiance au gouvernement. »2285

Duc de PERSIGNY (1808-1872), ministre de l’Intérieur, Lettre aux préfets, 8 mai 1863. Le Moniteur universel, 10 mai 1863

La liberté est vraiment un concept à géométrie variable, selon la voix qui l’invoque ! C’était déjà vrai sous la Révolution.

Ces consignes pour le renouvellement du Corps législatif montrent à quel point le candidat officiel reste une institution sacrée du Second Empire. Malgré le « demi-tour à gauche », rien n’a changé depuis 1857 : « Le gouvernement veut le triomphe de ses candidats, comme Dieu veut le triomphe du bien, laissant à chacun la liberté du mal » (préfet de Dordogne).

Malgré tout, les élections du 31 mai 1863 feront date : plus de 5 millions de voix pour les candidats officiels qui ont 251 sièges, mais près de 2 millions pour l’opposition qui est donc en progrès, avec 15 élus « indépendants » (l’Union libérale regroupant divers mécontents, légitimistes, orléanistes, protectionnistes et catholiques) et 17 élus républicains, dont Thiers à Paris – c’est sa rentrée sur la scène politique. L’empereur est furieux. Il renvoie le fidèle Persigny – il le fait quand même sénateur et duc – et opère un remaniement ministériel.

Mais l’Histoire va déjouer toutes les manœuvres politiques et politiciennes. La guerre avec la Prusse et la défaite de Sedan mettent fin au Second Empire. La trilogie républicaine va retrouver droit de cité, dans le pays où elle est née.

2. Troisième, Quatrième et Cinquième Républiques : liberté, égalité, fraternité et autres droits et devoirs républicains revus et corrigés.

COMMUNE DE PARIS (1871)

« Puisqu’il semble que tout cœur qui bat pour la liberté n’ait droit qu’à un peu de plomb, j’en réclame ma part, moi ! Si vous n’êtes pas des lâches, tuez-moi ! »2375

Louise MICHEL (1830-1905). Histoire de ma vie (2000), Louise Michel, Xavière Gauthier

Louise Michel est l’héroïne la plus populaire de cette page d’histoire : ex-institutrice, militante républicaine et anarchiste, surnommée la « Vierge rouge », elle fut la première appelant à l’insurrection les quartiers « rouges » de la capitale, ceux qui font toujours peur aux bourgeois.

Très populaire dans le XVIIIe arrondissement, elle se retrouve sur les barricades, fusil sur l’épaule, lors de l’épilogue de cette brève révolution, la Semaine sanglante. Paris est reconquis, rue par rue, et incendié. Le bilan exact de la Commune échappe aux précisions statistiques. Très lourd en vies humaines – de 20 000 à 100 000 morts selon les sources –, il est incommensurable dans ses conséquences sociales et politiques.

« Le propre d’une insurrection populaire, c’est que, personne n’obéissant à personne, les passions méchantes y sont libres autant que les passions généreuses, et que les héros n’y peuvent contenir les assassins. »2386

Hippolyte TAINE (1828-1893), Les Origines de la France contemporaine, 1871, la Commune (1876-1896)

Historien contemporain des faits, au lendemain de la guerre de 1870 et de la Commune de Paris, il tenta d’en chercher les causes. Elles sont multiples et les historiens d’aujourd’hui en débattent encore – comme la Révolution française, un événement qui divise encore les esprits et déchaîne toujours les passions.

TROISIÈME RÉPUBLIQUE

« À mesure que l’égalité politique devenait un fait plus certain, c’est l’inégalité sociale qui heurtait le plus les esprits. »2405

Jean JAURÈS (1859-1914), Histoire socialiste (1789-1900), volume 4, La Convention (1908)

Député de Carmaux en 1893, très actif au sein du Parti socialiste unifié créé en 1905 (SFIO), il mène toutes les grandes batailles socialistes du temps, avant de mourir assassiné à la veille de la guerre mondiale. Sans exclure le recours à la force insurrectionnelle, quoique pacifiste, il préfère, au nom d’un socialisme libéral et démocratique, la solution d’un prolétariat assez fort pour transformer la démocratie républicaine en une démocratie socialiste.

Dans cette Histoire socialiste qu’il a entreprise et dirigée, Jaurès s’est réservé toute la partie correspondant à la Révolution française (les 4 premiers volumes), le bilan social du XIXe siècle (fin du volume 12) et le début du volume 11, consacré à la Guerre franco-allemande de 1870-1871.

« Toute société qui prétend assurer aux hommes la liberté doit commencer par leur garantir l’existence. »2531

Léon BLUM (1872-1950), Nouvelles Conversations de Goethe avec Eckermann (1901)

Dès 1900, ce jeune socialiste s’est fait remarquer en écrivant : « Nul n’ignore, parmi les socialistes réfléchis, que la métaphysique de Marx est médiocre […] que sa doctrine économique rompt une maille chaque jour. » Il s’inscrit au parti socialiste en 1902 et collabore avec Jaurès à L’Humanité, à partir de 1904.

 

« L’ordre, et l’ordre seul, fait en définitive la liberté. Le désordre fait la servitude. »2540

Charles PÉGUY (1873-1914), Cahiers de la Quinzaine, 5 novembre 1905

Rejeté de tous les groupes constitués, parce que patriote et dreyfusard, socialiste et chrétien, suspect à l’Église comme au parti socialiste, isolé par son intransigeance et ignoré jusqu’à sa mort du grand public, c’est l’un des rares intellectuels de l’époque échappant aux étiquettes.

Voyant d’abord pour seul « remède au mal universel l’établissement de la République socialiste universelle », il crée ses Cahiers de la Quinzaine pour y traiter tous les problèmes du temps, y publier ses œuvres et celles d’amis (Romain Rolland, Julien Benda, André Suarès).

Liberté, Égalité, Fraternité.2545

Slogan républicain. Loi du 5 janvier 1907

La trilogie républicaine est de retour ! 

Sous la Révolution, Momoro obtint du maire de Paris son inscription sur les édifices publics en 1793. La devise sur des pièces de monnaie française est inscrite par décret du 28 mars 1803, mais remplacée sous la Restauration par l’inscription de l’Ancien Régime « Domine salvum fac regem » (« Seigneur, sauve le roi »). Rétablie sous la Deuxième République, abolie par la Commune, elle est finalement réapparue au nom de la loi du 5 janvier 1907.

Seule éclipse à venir : le régime de Vichy (1940-1944) où la République est remplacée par une dictature de guerre. Pétain veut changer la France grâce à une nouvelle idéologie, la « Révolution nationale ». Il met en place un régime autoritaire qui rejette les symboles de la République et de la démocratie. La nouvelle devise de la France de Vichy devient « Travail, Famille, Patrie ».

PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

« La France est la frontière de la liberté. »2601

Georges CLEMENCEAU (1841-1929) citant ce cri de l’Amérique tant espérée. Clemenceau journaliste (1841-1929) : les combats d’un républicain (2005), Gérard Minart

Lettre de Clemenceau au président américain Coolidge, datée de 1926 : « C’est le territoire français qui a été scientifiquement ravagé. Trois mortelles années, nous avons attendu cette parole américaine : « La France est la frontière de la liberté. » Trois années de sang et d’argent coulant par tous les pores. »

Le président Wilson, élu en 1912, réélu en 1916, est un neutraliste convaincu. Le peuple américain aussi, partagé entre une population anglo-saxonne favorable à l’Entente (France et Angleterre), des immigrés d’origine allemande ou irlandaise qui sont contre, et d’autres, juifs et polonais, qui espèrent la défaite de la Russie. À plusieurs reprises, Wilson a tenté des médiations entre belligérants, mais la guerre sous-marine envenime ses rapports avec l’Allemagne de Guillaume II depuis l’affaire du Lusitania : paquebot britannique torpillé le 7 mai 1915 par un sous-marin allemand dans l’Atlantique, 1 200 victimes, dont 124 Américains.

Le Congrès américain vote enfin la guerre contre les Empires centraux et l’Amérique vient au secours de la France, se rappelant sa dette historique remontant au siècle des Lumières et incarnée par le jeune La Fayette, sacré « Héros des deux mondes ».

« Vous avez gagné la plus grande bataille de l’histoire et sauvé la cause la plus sacrée, la liberté du monde. »2615

Maréchal FOCH (1851-1929), Ordre du jour aux armées alliées, 12 novembre 1918. Histoire de France contemporaine depuis la Révolution jusqu’à la paix de 1919, volume IX (1922), Ernest Lavisse, Philippe Sagnac

Foch, généralissime, est promu maréchal en août 1918. Son ordre du jour est rédigé le 11 novembre à Senlis, à l’heure même où Clemenceau parle à la Chambre des députés, et publié le 12 novembre : « Officiers, sous-officiers, soldats des armées alliées, après avoir résolument arrêté l’ennemi, vous l’avez pendant des mois, avec une foi et une énergie inlassables, attaqué sans répit […] Soyez fiers ! D’une gloire immortelle vous avez paré vos drapeaux. La postérité vous garde sa reconnaissance. » La cause de la liberté a véritablement triomphé. Mais en Histoire, la victoire n’est jamais définitive.

ENTRE-DEUX-GUERRES

« Il y eut quelque chose d’effréné, une fièvre de dépense, de jouissance et d’entreprise, une intolérance de toute règle, un besoin de nouveauté allant jusqu’à l’aberration, un besoin de liberté allant jusqu’à la dépravation. »2631

Léon BLUM (1872-1950), À l’échelle humaine (1945)

Socialiste témoin de son temps, il évoque le bouleversement moral qui suit la Première Guerre mondiale durant dix ans. Le jazz entre en scène. Le tango chavire les corps. Le charleston fait rage. Les dancings font fortune. Les artistes se doivent d’être anarchistes, dadaïstes, bientôt surréalistes. Les femmes ont l’air de garçons. « C’est bien parce que c’est mal ; c’est mal parce que c’est bien. » C’est le début des « Années folles ».

« Les communistes […] sont des missionnaires historiques de la liberté. »2685

Paul VAILLANT-COUTURIER (1892-1937), Rapport du 16 octobre 1936 au Comité central du PCF. La Politique en citations : de Babylone à Michel Serres (2006), Sylvère Christophe

Membre du Comité central depuis 1921, rédacteur en chef de L’Humanité en 1928, député en 1936, il est de cette gauche qui ne participe pas au gouvernement et critique à présent Léon Blum pour sa passivité. Plus de pacifisme qui tienne, l’Espagne devient pour les communistes un terrain de bataille contre le fascisme. Ne pas intervenir ouvertement, massivement, c’est démissionner en tant que démocratie, face aux dictatures fascistes.

Signalons qu’à cette époque, le PC est devenu le premier parti de gauche, passant de 30 000 adhérents en 1933 à 300 000 en 1937.

SECONDE GUERRE MONDIALE

« J’invite tous les militaires français des armées de terre, de mer et de l’air, j’invite les ingénieurs français spécialistes de l’armement […] J’invite les chefs, les soldats, les marins, les aviateurs des forces françaises de terre, de mer, de l’air, où qu’ils trouvent […] J’invite tous les Français qui veulent rester libres à m’écouter et à me suivre. »2758

Charles de GAULLE (1890-1970), Conclusion de l’appel « À tous les Français », Discours radiodiffusé, 22 juin 1940. Mémoires de guerre, tome I, L’Appel, 1940-1942 (1954), Charles de Gaulle

(Le manuscrit de l’Appel du 18 juin, l’enregistrement de l’Appel du 22 juin, le manuscrit de l’affiche du 3 août et l’affiche elle-même sont inscrits au registre « Mémoires du monde » de l’UNESCO).

124 Sénans (le quart des habitants de l’île de Sein) ont entendu l’Appel du 18 juin et rallient l’Angleterre par cinq bateaux. Ses troupes sont encore modestes, quand le 27 juin de Gaulle prend le titre de Chef des Français libres, réaffirmant que le gouvernement de Pétain n’est qu’une autorité de fait sous la dépendance de l’ennemi. Lequel gouvernement prend des sanctions contre de Gaulle : ramené au grade de colonel et mis à la retraite par mesure disciplinaire le 24 juin, condamné par le tribunal militaire de Toulouse à quatre ans de prison et 1 000 francs d’amende le 4 juillet, condamné à mort et à la confiscation de ses biens par un tribunal de Vichy (nouveau siège du gouvernement), le 2 août.

« Le gouvernement de Sa Majesté reconnaît le général de Gaulle comme chef de tous les Français libres, où qu’ils se trouvent, qui se rallient à lui pour la défense de la cause alliée. »2761

Winston CHURCHILL (1874-1965), Déclaration du 28 juin 1940, communiqué publié dans la presse anglaise le même jour. Histoire politique de la Troisième République : la course vers l’abîme, volume VII (1967), Georges Bonnefous

Seule nation encore en guerre, la Grande-Bretagne est la première à cautionner l’action de ce général, d’ailleurs ramené au grade de colonel et mis à la retraite par mesure disciplinaire le 24 juin, qui dit être la France, alors qu’il est encore bien seul ! Churchill, chef du gouvernement, force le destin avec lui, tandis que René Cassin, juriste qui a rejoint de Gaulle ce 28 juin, va l’aider à rédiger la Charte de la France libre.

Liberté et Fraternité prennent un sens historique nouveau et ce n’est qu’un début.

« Pour chacune des nations d’Europe que submergeaient les armées d’Hitler, l’État avait emporté sur des rivages libres l’indépendance et la souveraineté. »2771

Charles de GAULLE (1890-1970), Mémoires de guerre, tome I, L’Appel, 1940-1942 (1954)

À côté du roi de Norvège et de la reine de Hollande, des gouvernants polonais, tchécoslovaques, belges se retrouvent en Grande-Bretagne dans une situation à peu près comparable à celle de la « France libre », tandis que dans leur pays occupé, des résistances s’organisent, parallèlement à des gouvernements collaborationnistes.

« Il y a un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde. »2775

Charles de GAULLE (1890-1970), Discours du 1er mars 1941 à la Réunion des Français de Grande-Bretagne. Mémoires de guerre, tome I, L’Appel, 1940-1942 (1954), Charles de Gaulle

La grande salle du Kingsway Hall à Londres accueille cette importante manifestation où le général parle à 3 000 Français : « Le vieux peuple que nous sommes a assez vécu pour savoir qu’il est un champion dont les hommes libres ne se passent pas. »

Orateur né, mais travaillant ses discours, doué d’un sens du verbe et du jeu qui feront merveille quelle que soit la tribune, à la radio comme plus tard à la télévision, ou s’adressant en direct aux foules, de Gaulle possède assurément l’art de faire passer ses messages : « Je parle. Il le faut bien.

L’action met les ardeurs en œuvre. Mais c’est la parole qui les suscite » (Mémoires de guerre, L’Appel). Il confiera aussi à Malraux cette règle d’or : « Les choses capitales qui ont été dites à l’humanité ont toujours été des choses simples. »

« La Résistance fut une démocratie véritable : pour le soldat comme pour le chef, même danger, même responsabilité, même absolue liberté dans la discipline. »2784

Jean-Paul SARTRE (1905-1980), Situations III (1949)

Autrement dit, liberté, égalité, fraternité ! Et la Résistance, fait européen, évolue à peu près de la même façon dans tous les pays.

À côté de la Résistance extérieure et bientôt avec elle, la Résistance intérieure s’organise en France. On écoute la BBC, on se passe des informations, on fait passer des renseignements, des réseaux se créent, une presse clandestine (plus de 1 100 journaux recensés, dont certains tirent à plusieurs centaines de mille !), on imprime aussi des tracts pour dénoncer les mensonges de la propagande. On aide les prisonniers évadés des camps établis en France et des filières d’évasion se forment. On aidera tous les suspects, notamment les juifs. On arrive vite à l’action directe, la plus dangereuse : sabotages, attentats, guerre de maquisards, armée des ombres. Près de 100 000 morts au total dans les rangs des Résistants dont le compte est forcément imprécis.

« Sur mes cahiers d’écolier / Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige / J’écris ton nom […]
Et par le pouvoir d’un mot / Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître, / Pour te nommer
Liberté. »2788

Paul ÉLUARD (1895-1952), « Liberté », Poésie et Vérité (1942)

Cet hymne à la liberté, chef-d’œuvre de la poésie née de la Résistance, est répandu sur la France par les avions de la Royal Air Force. Éluard, comme Aragon, a choisi la voie de l’engagement politique et les rangs du Parti communiste dans les années 1930.

Depuis la rupture du pacte germano-soviétique, l’entrée dans la Résistance ne pose plus problème aux intellectuels et militants du PCF. Comme l’écrira Philip Williams en 1971 : « Dès lors que l’URSS est en danger, les « mercenaires de la Cité de Londres » deviennent du jour au lendemain « nos vaillants alliés britanniques », tandis que les gaullistes, de « traîtres », se transforment en « camarades ». » Nouvelle fraternité qui va porter ses fruits.

« Je sais mal ce qu’est la liberté, mais je sais bien ce qu’est la libération. »2810

André MALRAUX (1901-1976), Antimémoires (1967)

La libération de la France (métropolitaine) a commencé par la Normandie. Le général de Gaulle est arrivé le 14 juin 1944 à Bayeux, première ville libérée par les Alliés (le 8), pour affirmer sa qualité de chef du gouvernement.

Le mur de l’Atlantique étant percé, les forces alliées, après le raid de Patton en Bretagne, progressent vers la Seine. La division Leclerc débarque le 1er août. La libération de Paris apparaît comme l’urgence numéro un aux yeux des Français. Paris occupé s’impatiente. Il sera libéré le 25 août 1944.

QUATRIÈME RÉPUBLIQUE

« Il faut refaire des hommes libres. »2831

Georges BERNANOS (1888-1948), La Liberté pour quoi faire ? (1946)

Credo qu’il ne cesse de répéter, au lendemain de la Libération, jetant ses dernières forces dans ce combat d’idées.

Visionnaire et prophète, plus soucieux des grandes options qui commandent l’Histoire que des détails institutionnels, ce catholique engagé qui refusera tous les postes et tous les honneurs pour rester libre précise : « Je n’entends nullement opposer le capitalisme au marxisme […] deux symptômes d’une même civilisation de la matière […] Le libéralisme capitaliste, comme le collectivisme marxiste, fait de l’homme une espèce d’animal industriel soumis au déterminisme des lois économiques. »

« La liberté est un bagne aussi longtemps qu’un seul homme est asservi sur la terre. »2832

Albert CAMUS (1913-1960), Les Justes (1949)

Rédacteur en chef de Combat, il est de ces intellectuels qui se mêlent ardemment à l’actualité de leur temps marqué par le totalitarisme, pour crier sa soif de justice, revendiquer dans L’Homme révolté, « la liberté, seule valeur impérissable de l’Histoire » et préférer la révolte à la révolution : « Je me révolte, donc nous sommes. »

Se défiant des idéologies, Camus s’oppose aux communistes, repousse les mirages de l’absolu et les violences révolutionnaires, contrairement à Sartre et à la revue des Temps modernes. L’effondrement des régimes communistes dans l’Europe de l’Est à l’automne 1989 l’aurait sans doute comblé, de même que le « Printemps arabe » en 2011.

« La France a toujours cru que l’égalité consistait à trancher ce qui dépasse. »2853

Jean COCTEAU (1889-1963), Discours de réception à l’Académie française (1955)

Ce mot d’artiste rejoint la pensée d’un homme de gauche, Édouard Herriot : « Il est plus facile de proclamer l’égalité que de la réaliser » (Aux sources de la liberté).

« L’idée de révolution ne retrouvera sa grandeur et son efficacité qu’à partir du moment où elle mettra au centre de son élan la passion irréductible de la liberté. »2898

Albert CAMUS (1913-1960), L’Express, 4 juin 1955

Camus vient de passer à l’Express, autrement dit à l’ennemi, selon Sartre et ses compagnons.

Au sein de la guerre des gauches qui fait rage dans cette décennie, Camus défend l’objectivité journalistique dans un article qui fait sensation. Bien loin du militantisme révolutionnaire, il se veut lucide face aux vices inhérents au communisme soviétique.

« Maintenir et renforcer l’union indissoluble entre l’Algérie et la France métropolitaine […], en même temps reconnaître et respecter la personnalité algérienne et réaliser l’égalité politique totale de tous les habitants de l’Algérie. »2904

Guy MOLLET (1905-1975), Déclaration d’investiture, Assemblée nationale, 31 janvier 1956. La Constitution de la IVe République à l’épreuve de la guerre (1963), Jean Barale

Le gouvernement de Guy Mollet, laborieusement constitué, est investi triomphalement : 420 voix pour, face à 83 abstentions (les modérés) et 71 voix contre (droite et extrême droite). C’est un beau succès et ce sera le record de longévité sous cette République (seize mois). On attend de lui qu’il en finisse avec le cauchemar algérien.

Le 6 février, il se rend sur place : les Français d’Algérie le bombardent de tomates à Alger. Il prend conscience du drame et de l’extrême difficulté à en sortir. Pacification, élections, négociations, tel est le programme. Mais le rétablissement de l’ordre va se révéler impossible, malgré l’envoi de 400 000 soldats. Pour la première fois depuis la dernière guerre, toutes les familles françaises se sentent concernées. Il faudra faire appel au général de Gaulle pour trouver la solution, au début de la Cinquième République qu’il impose au pays.

CINQUIÈME RÉPUBLIQUE

« L’homme de droite honnête parle de la liberté comme d’un axiome de droit public, et non comme d’une réalité vivante et quotidienne. Il fait un beau discours, rentre chez lui et dort en paix. On devine qu’il sera très surpris le jour où la liberté, passant sous sa fenêtre, chantera le « Ça ira ». »3096

François MITTERRAND (1916-1996), La Paille et le Grain (1975)

À mi-parcours de sa vie politique, ayant échoué de peu à la présidentielle de 1974 contre Giscard d’Estaing, Mitterrand, Premier secrétaire du Parti socialiste, prépare déjà la revanche, lentement et sûrement.

Il écrit cette chronique, mélange de portraits et de réflexions politiques, il parle aussi des choses de la vie qu’il aime. Et contre la droite, contre « le centre, variété molle de la droite », Mitterrand, lui-même venu de la droite française, se pose en homme de gauche, en se référant à 1789 et à la Révolution chantante.

« [La femme sera] vraiment l’égale de l’homme le jour où à un poste important on désignera une femme incompétente. »3155

Françoise GIROUD (1916-2003), citée dans Le Monde, 11 mars 1983

Innovation intéressante sous la présidence de Giscard d’Estaing : un poste de secrétaire d’État à la Condition féminine, créé en juillet 1974 pour la directrice de L’Express, l’une des plus intelligentes militantes du féminisme. Petit événement politique, sociologique, médiatique.

Bien joué ! Les socialistes reprendront cette idée, avec un ministère des Droits de la femme. Le nouveau féminisme va combattre pour cette égalité des sexes si difficile à réaliser.

« Comment ne pas rêver à une société idéale où des hommes égaux et justes dans une cité ordonnée par leurs soins se répartiraient les fruits de leur travail, toute forme de profit écartée, quand il n’y a autour de soi qu’exploitation de l’homme par l’homme. »3195

François MITTERRAND (1916-1996), Ici et maintenant (1980)

Dernier écrit avant son élection à la présidence de la République : il donne à rêver au « socialisme à la française » qui emprunte à l’utopie sociale et à la théorie marxiste, et qu’il voudrait exemplaire pour le monde, ici et maintenant.

Re-créateur du PS, Premier secrétaire à qui le parti doit une force électorale double de l’ancienne SFIO de Guy Mollet, homme de la mythique et défunte Union de la gauche, challenger face à de Gaulle en 1965 et s’opposant au gaullisme toujours vivant, Mitterrand a tardivement acquis une stature d’homme d’État.

« La liberté de la droite, c’est en réalité celle du renard dans le poulailler. »3242

Pierre MAUROY (1928-2013), Congrès du PS à Bourg-en-Bresse, 29-30 octobre 1983

Premier septennat de Mitterrand. Le temps est venu de la rigueur. Il faut galvaniser les troupes sur un sujet porteur : la liberté de la presse. Le groupe Hersant est visé. Dès fin novembre, le Conseil des ministres adopte un projet de « loi antitrust pour assurer le pluralisme et la transparence de la presse ».

L’opposition flaire une loi scélérate et liberticide. L’Assemblée nationale connaît à nouveau des débats passionnés et Georges Fillioud, secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé des techniques de la communication, traite les députés d’opposition de « représentants du peuple entre guillemets » (24 janvier 1984). D’où scandale.

Il y aura 2 491 amendements de l’opposition en première lecture, un véritable contre-projet du Sénat en mai 1984. Bref, « touche pas à ma presse ». Le gouvernement tombera avant – sur la réforme de l’école.

« Il faudra bien qu’un jour j’aie le courage d’aller encore plus loin dans mes réflexions, que j’aborde le véritable devoir d’ingérence humanitaire, donc politique, et que j’oublie les frontières diplomatiques. »

Danielle MITTERRAND (1924-2011). La Levure du pain (1992)

Le problème de l’« ingérence humanitaire » peut concerner les trois valeurs républicaines, liberté, égalité, fraternité et se poser en terme de droit ou de devoir d’ingérence.

L’épouse du président, ancienne résistante et femme radicalement engagée, s’est lancée dans la défense de nombreuses causes au risque de gêner parfois la diplomatie présidentielle et d’être vivement critiquée, y compris par les socialistes.

De son côté, Bernard Kouchner, très médiatique co-créateur de Médecins du monde et Médecins sans frontière, compagnon de route des socialistes au pouvoir, militant de l’action humanitaire fondée sur le droit international, a tenté de faire admettre l’idée d’un « droit d’ingérence humanitaire » théorisé avec le juriste Mario Bettati - mais sans succès ! L’ONU lui a préféré la notion de « responsabilité de protéger » reconnue par nombre de résolutions de l’Assemblée générale, du Conseil de sécurité et du Conseil des droits de l’homme.

La controverse sur l’ingérence humanitaire s’explique simplement. Les droits de l’homme sont considérés comme ayant valeur universelle et sont donc censés s’appliquer en tout lieu, d’où l’illégitimité des gouvernements qui ne les respectent pas et la légitimité des interventions extérieures tendant à les faire respecter.

Mais la souveraineté nationale est un autre principe fondamental universellement reconnu, d’où l’illégitimité de toute intervention extérieure non sollicitée par le pouvoir local, quelles qu’en soient les raisons.

Le droit international ne définit pas de hiérarchie explicite entre droits de l’homme et souveraineté nationale et il n’existe pas de consensus international sur le contenu et l’interprétation des droits de l’homme.

« Ingérence humanitaire, c’est le droit qu’on donne à des États d’envoyer des soldats dans un autre État pour aller tuer des pauvres innocents chez eux, dans leur propre pays, dans leur propre village, dans leur propre case, sur leur propre natte. »

Ahmadou KOUROUMA (1927-2003). Allah n’est pas obligé (2000)

Ivoirien, né en Côte d’Ivoire de parents guinéens, écrivain reconnu (prix du Livre Inter, prix Renaudot, prix Goncourt des lycéens), il s’est battu en tant que tirailleur pour l’indépendance des colonies africaines dans les années 1950. Politiquement engagé, il a connu la prison, vécu l’exil. C’est aussi un athlète, champion du saut en hauteur. Bref, un homme complet.

Ahmadou Kourouma s’est opposé au principe même de l’ingérence humanitaire qui a trop souvent des relents de colonialisme, servant de prétexte à une (ré)installation dans un pays à des fins économiques ou pour des luttes d’influence plus ou moins obscures. Sa voix d’homme noir doit naturellement être entendue, au même titre que celle des blancs dans ce débat géopolitique, juridique et humain qui ne trouvera peut-être jamais de réponse.

« Vivre ensemble : égalité, pluralité, dignité. »3477

Mots inscrits en français, en arabe, en hébreu et en occitan sur une grande banderole déployée, place du Capitole à Toulouse, vendredi 23 mars 2012

Des milliers de personnes (4 000 selon la police) sont rassemblées pour rendre hommage aux victimes du tueur au scooter, Mohamed Merah, et dire selon les mots du maire Pierre Cohen que « Toulouse, ce n’est pas ça ! » C’est aussi une manifestation évidente de fraternité : beaucoup de juifs, des catholiques, quelques musulmans, tous très dignes, participent à ce « rassemblement républicain », pour témoigner leur solidarité aux familles des victimes et leur refus des haines raciste et antisémite.

Rappelons le « fait divers » qui vaut également fait de société : le terroriste de 23 ans, délinquant multirécidiviste depuis l’âge de 13 ans, souffrant de troubles psychologiques, ayant séjourné en Afghanistan et professant des opinions islamistes, suscite une controverse sur de possibles failles dans sa surveillance. Comment a-t-il pu exécuter froidement sept personnes en 10 jours, trois militaires à Montauban, trois enfants juifs et leur professeur à Toulouse ? L’opération policière est médiatisée à l’extrême. Sarkozy parle de « tragédie nationale » et comme à chaque fait divers, propose de nouvelles mesures, cette fois contre les apprentis terroristes. Sondés comme il se doit, 74 % des Français approuvent son attitude. Dans cette affaire, le président de la République tient son rôle.

D’autres attentats vont suivre : la France est le pays le plus visé en Europe,  concentrant à elle seule près de 44 % des attentats islamistes et 42 % des victimes. Rappelons les trois plus tristement célèbres.

Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 : siège parisien de l’hebdomadaire satirique attaqué dans la matinée par deux hommes lourdement armés. 12 personnes tuées par balles, dont deux policiers et les quatre dessinateurs de presse Cabu, Tignous, Wolinski et Charb. Les deux terroristes, les frères Saïd et Chérif Kouachi, seront abattus deux jours plus tard. Retentissement considérable, en France et à l’étranger. Quarante-quatre chefs d’État et de gouvernement participent à Paris à une « marche républicaine » rassemblant un million et demi de personnes le dimanche 11 janvier 2015. Sur deux journées, plus de quatre millions de Français défilent sur tout le territoire.

13 novembre 2015 : série d’attentats les plus sanglants de l’histoire, revendiqués par l’Etat islamique : 129 morts et 352 blessés près du Stade de France, dans la salle du Bataclan et dans plusieurs bars et restaurants de la capitale.

14 juillet 2016 à Nice : Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, Tunisien domicilié à Nice, lance un camion poids lourd sur la promenade des Anglais, prenant pour cible une foule de civils, à l’issue du feu d’artifice donné pour la fête nationale. 86 morts, 458 blessés. Le terroriste est abattu par la police et l’attentatt revendiqué le 16 juillet par l’organisation terroriste État islamique (dite « Daech »).

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