« Louis, le peuple français vous accuse d’avoir commis une multitude de crimes pour établir la tyrannie en détruisant la liberté. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Révolution

Convention nationale (suite)

Girondins contre Montagnards, mais le roi était condamné d’avance.

Le procès du roi divise irrémédiablement les députés de la Convention, érigée en tribunal : les Girondins sont pour la clémence, les Montagnards veulent la mort du roi.

Louis XVI était condamné d’avance et le savait, malgré tout le talent et le courage de ses trois avocats.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Louis, le peuple français vous accuse d’avoir commis une multitude de crimes pour établir la tyrannie en détruisant la liberté. »1464

Acte d’accusation de Louis XVI, Convention, 11 décembre 1792. Archives parlementaires de 1787 à 1860 (1899), Assemblée nationale

Chefs d’accusation les plus graves : haute trahison, double jeu politique avec les assemblées, complot avec l’ennemi autrichien, tentative de fuite à l’étranger (Varennes), responsabilité des morts aux journées d’octobre (1789) et à la fusillade du Champ de Mars (17 juillet 1791). Le lendemain, 12 décembre, la Convention accorde trois défenseurs au roi (…)

« Je subirai le sort de Charles Ier, et mon sang coulera pour me punir de n’en avoir jamais versé. »1465

Louis XVI (1754-1793), Lettre à Malesherbes, écrite au Temple, décembre 1792

Précédent historique maintes fois rappelé : Charles Ier, roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande, victime de la révolution anglaise, jugé par le Parlement, décapité en 1649. Louis XVI, ce roi si faible, incapable de régner quand il avait le pouvoir et les hommes (…) va faire preuve de courage et de lucidité dans ces deux derniers mois (…)

« Louis XVI hors de Versailles, hors du trône, seul et sans cour, dépouillé de tout l’appareil de la royauté, se croyait roi malgré tout, malgré le jugement de Dieu, malgré sa chute méritée, malgré ses fautes […] C’est là ce qu’on voulut tuer. C’est cette pensée impie. »1466

Jules MICHELET (1798-1874), Histoire de la Révolution française (1847-1853)

(…) Paradoxe de cette tragédie à la fois personnelle et nationale. Louis XVI, profondément croyant, demeure en son âme et conscience « roi de droit divin » et non pas roi des Français dans une monarchie constitutionnelle. La France profonde, très catholique, partage cette « pensée impie », d’où le traumatisme causé par ce procès public, à l’issue passionnément attendue.

« Le véritable patriote ne connaît point les personnes, il ne connaît que les principes. »1467

Camille DESMOULINS (1760-1794), 15 décembre 1792 au procès du roi

Montagnard, membre des Cordeliers et ami de Danton, il exprime la pensée devenue majoritaire, dans le personnel politique. Et le roi qui n’est plus roi, mais seulement Louis Capet, est un justiciable comme les autres, dans ce procès.

« Louis sera-t-il donc le seul Français pour lequel on ne suive nulle loi, nulle forme ? Louis ne jouit ni du droit de citoyen, ni de la prérogative des rois : il ne jouira ni de son ancienne condition, ni de la nouvelle ! Quelle étrange exception. »1468

Romain DESÈZE (1748-1828), Plaidoirie pour Louis XVI, 26 décembre 1792

L’avocat témoignera plus tard du grand œuvre de sa vie : « Trois jours et quatre nuits, j’ai lutté pied à pied avec les documents pour édifier (…) la défense de celui qui était déjà condamné par la Convention. J’ai voulu plaider avec la justice, le cœur, le talent que l’on me reconnaissait alors. Mon maître ne me laissa combattre que sur le terrain du droit : il se souciait de balayer les accusations dont il était l’objet, non d’apitoyer (…) »

« Il a bien travaillé. »1469

Louis XVI (1754-1793), après la plaidoirie de son avocat Romain Desèze, 26 décembre 1792

Desèze s’est assis, épuisé après la plaidoirie. En sueur, il demande une chemise. « Donnez-la lui, car il a bien travaillé », dit le roi.

Ils étaient trois pour cette mission impossible. Desèze, arrêté peu après le procès, libéré à la chute de Robespierre, finira pair de France et premier président de la Cour de cassation sous la Restauration. Tronchet se cachera sous la Terreur et se retrouvera au Sénat sous le Consulat. Malesherbes (…) sera exécuté sous la Terreur.

« La clémence qui compose avec la tyrannie est barbare. »1470

ROBESPIERRE (1758-1794), Discours du 28 décembre 1792 au procès de Louis XVI

Quand le chef des Montagnards prend la parole, en commençant par « Citoyens… », c’est naturellement contre l’accusé, mais au nom de grands principes. L’Incorruptible, avocat de profession, n’est pas homme à « composer ». Quant à la clémence, elle n’est plus de mise (…) Robespierre votera donc pour la mort du roi.

« On ne peut point régner innocemment : la folie en est trop évidente. Tout roi est un rebelle et un usurpateur. »1471

SAINT-JUST (1767-1794), Question concernant le jugement de Louis XVI, 13 novembre 1792

Jeune théoricien de la Révolution, il s’est exprimé sur le procès du siècle, avant le procès, et dans le même esprit, fond et forme, que son ami Robespierre (…) Mais les Girondins vont se démarquer des Montagnards et tenter de sauver la vie du roi.

« Quand la justice a parlé, l’humanité doit avoir son tour. »1472

Pierre Victurnien VERGNIAUD (1753-1793), Discours du 17 janvier 1793

Girondin (du département de la Gironde), avocat au Parlement de Bordeaux, maintenant à la tête des Girondins de Paris, Vergniaud, président de séance, cherche à sauver Louis XVI. Les Girondins craignent d’en faire un martyr, d’autres redoutent que la Révolution se radicalise à l’extrême (…)

« Je vote pour la mort du tyran dans les vingt-quatre heures. Il faut se hâter de purger le sol de la patrie de ce monstre odieux. »1473

Nicolas RAFFRON de TROUILLET (1723-1801). Base de données des députés français depuis 1789, Assemblée nationale

Avocat et diplomate, il s’est rangé du côté de la Montagne, durant le procès du roi. Il fait aussi partie de ceux qui ont refusé l’appel au peuple.

« Pour préserver les âmes pusillanimes de l’amour de la tyrannie, je vote pour la mort dans les vingt-quatre heures ! »1474

Claude JAVOGUES (1759-1796). Base de données des députés français depuis 1789, Assemblée nationale

Huissier en province à Montbrison avant la Révolution, totalement acquis aux « idées nouvelles », il se range du côté de la Montagne, et sans état d’âme (…) Les votes se sont déroulés sur quatre jours, nuits comprises, avec appel nominal, chaque député montant à la tribune pour justifier son vote sur la peine à appliquer. Le jugement, l’appel au peuple et le sursis une fois rejetés, la sentence est exécutoire dans les 24 heures.

« L’arbre de la liberté ne saurait croître s’il n’était arrosé du sang des rois. »1475

Bertrand BARÈRE de VIEUZAC (1755-1841), à la tribune, 20 janvier 1793

Le président de la Convention, dans l’effervescence générale, justifie ainsi la condamnation à mort du roi, contre la partie la plus modérée de l’assemblée qui souhaitait atténuer la peine (…) On retrouvera Barère en juillet 1793 au Comité de salut public, l’un des organisateurs les plus zélés de la Terreur, nommé l’Anacréon de la guillotine.

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