Manon Roland : « Vous connaissez mon enthousiasme pour la Révolution. » | L’Histoire en citations
Manon Roland : « Vous connaissez mon enthousiasme pour la Révolution. »
Citation du jour

 

Les femmes de la Révolution, deuxième épisode. Manon Roland, une femme exemplaire en tout.

Fidèle à son (vieux) mari quoique très éprise d’un autre, esprit des Lumières, révolutionnaire passionnée et âme des Girondins, elle veut partager leur sort et tient tête au terrible Danton, avec un courage tranquille jusqu’à l’échafaud. Elle est aussi l’auteur de Mémoires et de lettres, sublimes et touchantes, à son image.

« Vous connaissez mon enthousiasme pour la Révolution. Eh bien ! j’en ai honte. Elle est ternie par des scélérats, elle est devenue hideuse. »1433

Manon ROLAND (1754-1793), Lettre à un ami, 5 septembre 1792

Les Grands Procès de l’histoire (1924), Me Henri-Robert.

Manon Roland est surtout connue pour avoir été la femme de son mari : l’Histoire est injuste. Très cultivée, courtisée, mais fidèle, révolutionnaire de la première heure, elle s’installe à Paris avec Jean-Marie Roland de la Platière, en 1791. Elle tient salon rue Guénégaud, reçoit les Brissot, Buzot, Pétion, Robespierre, et se passionne pour la politique, plus excitante que la vie conjugale avec un époux de vingt ans son aîné, qualifié par elle de vénérable vieillard et qu’elle aime comme un père.

C’est elle, l’âme du mouvement girondin, avec une influence prépondérante durant les trois mois du ministère girondin (mars-juin 1792). Elle suivra ses amis politiques dans leur chute et leur mort.

Pour l’heure, Mme Roland reflète l’opinion publique d’une grande partie de la France monarchiste, effrayée par la dérive révolutionnaire. Elle va désormais vouer une haine absolue à Danton, qui la lui rend bien.

« J’aime mieux mourir que d’être témoin de la ruine de mon pays ; je m’honorerai d’être comprise parmi les glorieuses victimes immolées à la rage du crime. »1511

Mme ROLAND (1754-1793), Mémoires (posthume, 1821)

En prison, elle écrit ses Mémoires (et certaines lettres qui n’y figurent pas), elle rédige aussi son Projet de défense au Tribunal révolutionnaire.

Mais elle ne se fait pas d’illusion : « Il est nécessaire que je périsse à mon tour, parce qu’il est dans les principes de la tyrannie de sacrifier ceux qu’elle a violemment opprimés et d’anéantir jusqu’aux témoins de ses excès. À ce double titre, vous me devez la mort et je l’attends. »

« Le brigand qui persécute, l’homme exalté qui injurie, le peuple trompé qui assassine suivent leur instinct et font leur métier. Mais l’homme en place qui les tolère, sous quelque prétexte que ce soit, est à jamais déshonoré ! »1513

Mme ROLAND (1754-1793), Lettre au ministre de l’Intérieur, 20 juin 1793, prison de l’Abbaye

Le ministre s’appelle Garat, il a remplacé Roland, son mari. Elle le connaît bien et le juge ainsi : « aimable homme de société, homme de lettres médiocre et détestable administrateur ». Il l’a laissé arrêter et emprisonner à l’Abbaye. Jean-Marie Roland a réussi à fuir, avec quelques Girondins.

Manon Roland écrit aussi à la Convention et au ministre de la Justice, Danton, des lettres cinglantes, superbes.

« Les tyrans peuvent me persécuter : mais m’avilir ? Jamais, jamais ! »1518

Mme ROLAND (1754-1793), Lettre à Buzot, écrite dans sa prison de l’Abbaye, au début de l’été 1793

Le cœur de Manon parle plus encore que sa raison : libérée de la présence de son mari, elle ressent son arrestation comme un soulagement. « Derrière les grilles et les verrous, je suis plus paisible avec ma conscience que mes oppresseurs ne le sont avec leur domination. » Et la femme laisse libre cours à sa passion (platonique) pour Buzot : « Je chéris ces fers où il m’est libre de t’aimer sans partage. » Relâchée le 24 juin, arrêtée une heure après, placée à Sainte-Pélagie, puis transférée à la Conciergerie, dite l’antichambre de la mort, elle attend son jugement jusqu’en novembre. Respectée par les gardiens, elle peut avoir du matériel pour écrire et recevoir quelques visites. Ses Mémoires – sous-titrées Appel à l’impartiale postérité – sont destinées à sa fille Eudora.

« Liberté, que de crimes on commet en ton nom ! »1554

Mme ROLAND (1754-1793), montant à l’échafaud et s’inclinant devant la statue de la Liberté (sur la place de la Révolution), 8 novembre 1793

Mot de la fin.

C’est l’un des plus beaux du genre, l’un des plus connus aussi, et parfaitement en situation, sous cette Révolution qui, comme Saturne, dévore ses propres enfants.

Le mari, poursuivi comme Girondin et réfugié à Rouen, apprenant la mort de sa femme, se tuera deux jours après. Buzot qui a fui pareillement, pour échapper au sort des Girondins, se suicidera lui aussi, apprenant, quelques mois plus tard, la mort de Manon Roland.

Révolution

 

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