Marat : « Pères de la patrie […] tremblez qu’en nous refusant le droit de citoyen en raison de notre pauvreté... »

La Révolution, en cinq, ans, rappelle à maintes occasions (le plus souvent dramatiques) que le citoyen a des droits autant que des devoirs et que tous les citoyens sont égaux devant la loi.

« Pères de la patrie […] tremblez qu’en nous refusant le droit de citoyen en raison de notre pauvreté, nous ne le recouvrions en vous enlevant le superflu. »1351

Jean-Paul MARAT (1743-1793)

Œuvres de J.-P. Marat (1869), recueillies et annotées par A. Vermorel.

Comme Desmoulins, il manifeste une opposition de principe au système censitaire. Mais l’expression est plus violente, chez ce « fanatique énergumène » (Levasseur), ce cannibale (Vergniaud) qui terrifie ses confrères. Dans son journal qui paraît à partir du 12 septembre 1789, l’Ami du peuple, il défend ardemment la cause des « citoyens passifs », non admis à s’exprimer par le vote.

L’attitude de la Constituante s’explique aisément : la majorité de l’Assemblée, faite de bourgeois et de gens cultivés, craint le peuple illettré, influençable.

Toutes les citations qui suivent
sont commentées dans nos Chroniques.

« Louis sera-t-il donc le seul Français pour lequel on ne suive nulle loi, nulle forme ? Louis ne jouit ni du droit de citoyen, ni de la prérogative des rois : il ne jouira ni de son ancienne condition, ni de la nouvelle ! Quelle étrange exception. »1468

Romain DESÈZE, Plaidoirie pour Louis XVI, 26 décembre 1792

L’avocat témoignera plus tard : « J’ai voulu plaider avec la justice, le cœur, le talent que l’on me reconnaissait alors. Mon maître ne me laissa combattre que sur le terrain du droit : il se souciait de balayer les accusations dont il était l’objet, non d’apitoyer. » Mais le citoyen Capet était condamné d’avance.

« Les Français sont le premier Peuple du monde qui ait établi la véritable démocratie, en appelant tous les hommes à l’égalité et à la plénitude des droits du citoyen ; et c’est là, à mon avis, la véritable raison pour laquelle tous les tyrans ligués contre la République seront vaincus. »1574

ROBESPIERRE, Discours « Sur les principes de morale politique qui doivent guider la Convention », 7 février 1794

On retrouve la leçon démocratique du premier philosophe des Lumières, Montesquieu. Quant à la forme, c’est le rabâchage éternel dénoncé par ses adversaires, le rythme incantatoire allant de pair avec la rigueur du raisonnement.

« La Déclaration des droits de l’homme apprit au monde entier que la Révolution française était faite pour lui. »1347

Jules SIMON, La Liberté (1859)

« Déclaration des droits de l’homme et du citoyen » : le républicain du XIXe s., député en 1848 sous la Deuxième République et opposant sous le Second Empire, oublie le citoyen, tant cela va de soi, dans la Déclaration française de 1789. Deux autres Déclarations suivront, en 1793 et 1795.

« Le gouvernement provisoire s’engage à garantir l’existence de l’ouvrier par le travail. Il s’engage à garantir le travail à tous les citoyens. »2148

Louis BLANC, parlant au nom du gouvernement provisoire au début de la Deuxième République, 25 février 1848

Autre révolution et nouveau droit du citoyen. C’est l’affirmation du « droit au travail » – titre d’un livre de 1849, signé de ce grand socialiste français. Mais la définition en reste confuse et l’application se révélera catastrophique, avec les Ateliers nationaux.