Maurice Thorez | L’Histoire en citations
Citation du jour

« Il n’y a pas de différence de nature entre la démocratie bourgeoise et le fascisme. Ce sont deux formes de dictature du Capital. Le fascisme naît de la démocratie bourgeoise. Entre le choléra et la peste, on ne choisit pas. »

Maurice THOREZ (1900-1964), Chambre des députés, 6 février 1934. Communisme et nazisme : 25 réflexions sur le totalitarisme au XXe siècle (1998), Alain de Benoist

6 février 1934, journée dramatique pour la République, attaquée à l’intérieur et à l’extérieur du Palais-Bourbon.

30 000 manifestants, avec les Croix de Feu du lieutenant-colonel de La Rocque (association d’anciens combattants de droite, fondée en 1927), protestent contre les « voleurs » (députés complices de l’escroc Stavisky) et contre la révocation du préfet de police Jean Chiappe, favorable à la droite. La garde mobile tire.

L’émeute fait 17 morts, plus de 1 000 blessés (la moitié sont des policiers et soldats). Le gouvernement Daladier démissionne : sous la pression de la rue et par impuissance du régime, la gauche doit rendre le pouvoir à la droite.

« Entre le choléra et la peste… » Thorez n’a pas pu terminer son discours, publié le lendemain dans L’Humanité.

« Pour le pain, pour la paix, pour la liberté ! »

Maurice THOREZ (1900-1964), Chambre des députés, 13 novembre 1934. Cahiers de l’Institut Maurice Thorez, volume VI (1972), Institut Maurice Thorez

Député, secrétaire général du Parti communiste français, il lance ce mot d’ordre pour rallier les radicaux et les classes moyennes.

Devant la montée des partis de droite, les partis de gauche ont déjà fait un pacte d’unité d’action socialo-communiste (signé le 27 juillet entre PC et SFIO) et tentent de grossir leurs troupes. Premières victoires aux élections municipales, les 5 et 12 mai 1935.

« Pas un jour de plus pour le service militaire ! Pas un sou de plus pour la guerre ! »

Maurice THOREZ (1900-1964), Chambre des députés, 14 juin 1935. Notes et études documentaires, nos 4871 à 4873 (1988), Documentation française

Le secrétaire général du PCF tire les conséquences de la conclusion d’un pacte d’assistance mutuelle signé par Pierre Laval et Staline, le 2 mai 1935. Il reprend des thèses antimilitaristes, que le Parti abandonnera quelques semaines plus tard, à son congrès d’Ivry.

« Il faut savoir terminer une grève. »

Maurice THOREZ (1900-1964), secrétaire général du PCF, Déclaration du 11 juin 1936. Le Front populaire en France (1996), Serge Wolikow

Le lendemain débute la semaine des accords Matignon (signés le 18 juin) entre représentants du patronat français et de la CGT. S’ajouteront diverses mesures imposées par le gouvernement Blum au Parlement. En résumé, reconnaissance du droit syndical, institution de contrats collectifs de travail, de délégués du personnel ; et semaine de quarante heures, congés payés de deux semaines, augmentation de salaires de 7 à 15 %.

Les grèves cesseront peu à peu, en juillet, août : les dirigeants de gauche n’ont nulle envie de mener les troupes à une révolution – sauf une minorité à la SFIO qui ne veut cependant pas compromettre l’unité du parti, et quelques trotskystes qui se trouvent très isolés.

Thorez, en dirigeant responsable, a mis en garde contre l’illusion que « tout est possible ». Son mot sera souvent repris par les chefs syndicalistes. Dans Fils du peuple (1937), il revient sur cette idée : « S’il est important de bien conduire un mouvement revendicatif, il faut aussi savoir le terminer. »

« Il faut s’entendre avec quiconque veut la paix, avec quiconque offre une chance, si minime soit-elle, de sauvegarder la paix. Il faut s’entendre avec l’Italie en dépit de la dictature fasciste. Il faut s’entendre même avec l’Allemagne de Hitler. »

Maurice THOREZ (1900-1964), Chambre des députés, 2 septembre 1936. Histoire du parti communiste français (1948), Gérard Walter

Parole de député communiste, aveuglement d’une gauche pacifiste, attachée aux vieux idéaux, qui préconise le désarmement au niveau imposé par le traité de Versailles à l’Allemagne, et qui a fait son unité « contre le fascisme et la guerre » pour arriver au pouvoir, en cette année 1936.

Cette gauche ne sait pas encore que le fascisme, c’est la guerre, et elle n’a pas compris la vraie nature d’Hitler, qui a réoccupé la Rhénanie, le 7 mars.

Cependant, rien n’est simple dans l’histoire. Le pacifisme et l’aveuglement ne sont pas l’apanage de la gauche : par peur du communisme qui est son ennemi numéro un, la droite elle aussi cherchera l’accord avec Hitler, sûre qu’il attaquera l’URSS et non la France. Par ailleurs, le Front populaire lance un programme de réarmement de 14 milliards de francs.

Et la guerre d’Espagne vient soudain tout compliquer.

« Le fascisme, c’est la guerre. La lutte contre le fascisme, c’était la lutte contre la guerre. »

Maurice THOREZ (1900-1964), Fils du peuple (1937)

La gauche est prise à un piège terrible, s’étant unie « contre le fascisme et la guerre », dans une contradiction qui va bientôt éclater. La lutte contre le fascisme impliquait la guerre, alors que la défense de la paix admettait le fascisme.

« Le succès que l’Union soviétique vient de remporter, nous le saluons avec joie, car il sert la cause de la paix. »

Maurice THOREZ (1900-1964), Déclaration au groupe parlementaire communiste, 25 août 1939. Histoire de la collaboration (1964), Saint-Paulien

Le pacte germano-soviétique de non-agression est signé le 23 août.

Autant l’Axe Rome-Berlin d’octobre 1936, entre deux dictateurs également fascistes, est logique, autant cet accord entre l’Allemagne hitlérienne et l’Union soviétique est stupéfiant, et choquant. Il libère momentanément Hitler de tout souci sur le front oriental et les deux puissances s’entendront pour se partager leur voisine, la Pologne.

Au sein du Parti, tout communistes qu’ils sont, certains camarades ne peuvent s’empêcher d’avoir des états d’âme. Un mouvement d’anticommunisme va encore alourdir et compliquer le climat politique intérieur.

« Produire, c’est aujourd’hui la forme la plus élevée du devoir de classe, du devoir des Français. Hier, notre arme était le sabotage, l’action armée contre l’ennemi : aujourd’hui l’arme, c’est la production pour faire échec aux plans de la réaction. »

Maurice THOREZ (1900-1964), Secrétaire général du PCF, 21 juillet 1945 à Waziers. Histoire économique de la IVe République (1987), Hubert Bonin

Il parle devant ses camarades du « pays noir » – celui des mines de charbon. La droite se tait, le patronat est désorganisé, il doit se faire pardonner son absence dans la Résistance. Cette conjoncture économique et politique favorisera les nationalisations.

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