Mazarin : « Qu'ils chantent, pourvu qu'ils paient. » | L’Histoire en citations
Mazarin Qu'ils chantent, pourvu qu'ils paient
Citation du jour

 

Mazarin, déjà remarqué pour son impopularité ! Les impôts ne sont pas seuls en cause, mais la fiscalité est la cause essentielle de ce rejet par tous les Français, le peuple et les nobles. Colbert, autre grand ministre : même cause, même effet. L’histoire se répète et la Révolution approche plus vite qu’on ne l’imagine, au temps de la monarchie absolue.

« Qu’ils chantent, pourvu qu’ils paient. »759

MAZARIN (1602-1661)

Dictionnaire de français Larousse, au mot « payer ».

Le mot le plus connu du cardinal qui gouverne la France ! Un impôt de plus, des relations supposées avec la reine, une impopularité grandissante, tout est occasion de mazarinade (pamphlet), mais Mazarin se moque de ces chansons et de ceux qui les chantent. Il bravera toutes les formes d’opposition et triomphera de toutes les Frondes successives (révoltes des Parlements, des Princes, du peuple), gardant et renforçant son pouvoir jusqu’à sa mort.

Il prépare ainsi la monarchie absolue incarnée par Louis XIV.

« Qui presse trop la mamelle pour en tirer du lait, en l’échauffant et en la tourmentant, tire du beurre ; qui se mouche trop fortement fait venir le sang ; qui presse trop les hommes excite des révoltes et des séditions. C’est la règle que donne Salomon. »832

BOSSUET (1627-1704), Politique tirée de l’Écriture sainte (posthume)

Siècle de Louis XIV. Bien que chantre de la monarchie absolue et de droit divin, l’évêque de Meaux, Bossuet, dénonce ici les méfaits d’une trop forte pression fiscale.

Colbert, ministre des Finances (entre autres postes) tente d’équilibrer le budget, mais la guerre et l’industrialisation du pays coûtent cher et il n’ose pas s’attaquer au vrai problème : des impôts mal répartis et peu productifs.

Il commence par poursuivre les financiers concussionnaires, traquer les faux nobles (s’exemptant de la taille). Cela ne suffit pas, il doit accroître les impôts indirects (gabelles sur le sel, traites, c’est-à-dire douanes intérieures, aides sur les boissons) et en créer de nouveaux : enregistrement, estampille des métaux précieux, marque des cartes à jouer, papier timbré. Cette politique cause des révoltes : contre la gabelle en Béarn (1663) et en Roussillon (1668), contre les aides en Berry (1663), contre le papier timbré en Bretagne et Guyenne, avec des jacqueries paysannes (1675). En 1680, année de la création de la Ferme générale (et de l’unification des fermes, des gabelles, traites, aides, etc.), les révoltes fiscales se multiplieront.

« Par la gabelle et les aides, l’inquisition entre dans chaque ménage. »833

Hippolyte TAINE (1828-1893), Les Origines de la France contemporaine, tome I, L’Ancien Régime (1875)

Grand historien du XIXe s., Taine précise : « Dans les pays de grande gabelle, le sel coûte treize sous la livre […] Bien mieux, en vertu de l’ordonnance de 1680, chaque personne au-dessus de 7 ans est tenue d’en acheter sept livres par an. » La levée des impôts est assurée par les « fermiers », traitants ou « partisans » privés qui passent contrat avec l’État : ils lui remettent une somme forfaitaire et prélèvent les taxes et droits sur les contribuables, en faisant leur bénéfice.

Le fermier est un personnage à peu près aussi haï que l’intendant sous l’Ancien Régime, notamment du fait de nombreux abus.

« Ci-gît l’auteur de tous impôts / Dont à présent la France abonde.
Ne priez point pour son repos / Puisqu’il l’ôtait à tout le monde. »892

Épitaphe (anonyme) de Colbert, 1683

Dictionnaire de la mort (1967), Robert Sabatier

Les ministres des Finances sont souvent impopulaires et Colbert, par sa rigueur, le fut particulièrement. La Mort de Colbert est le titre d’une chanson connue, en cette fin d’année 1683 : « Caron étant sur le rivage, / Voyant Colbert, dit aussitôt : / Ne vient-il pas mettre un impôt / Sur mon pauvre passage. » (Dans la mythologie, Caron avec sa barque permet aux âmes d’accéder au royaume des morts, mais il exige un péage, pour franchir le fleuve Styx.)

Autre raison d’impopularité : la fortune rapide de ce fils de bourgeois anobli, mal vu par les Grands et suspect au peuple. Le peuple est assurément la victime désignée de la politique fiscale, sous l’Ancien Régime.

Le siècle de Louis XIV

 

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