La vérité : un sujet de méditation pour philosophe – et pour la philosophie au bac. Le mot est aussi lancé dans le feu de l’action, révolutionnaire ou pas. Le mensonge fait plus souvent la une de l’actu. Deux faces d’une même réalité.
« Quelle vérité que ces montagnes bornent, qui est mensonge au monde qui se tient au-delà ? »550
(1533-1592), Les Essais (1580, première édition)
Critique d’une réalité politique, idée reprise par les philosophes des autres siècles, notamment ceux des Lumières. L’évolution du monde tend vers l’unification des « vérités », la mondialisation est en cela un progrès. Mais la phrase de Montaigne nous touche toujours, comme toute son œuvre, plus proche de nos sensibilités modernes que celle d’autres auteurs du XVIe siècle : ses pensées sur l’éducation prônant une « tête bien faite plutôt que bien pleine », son scepticisme modéré, sa vertu de tolérance, son introspection justifiée du fait que « chaque homme porte en soi la forme entière de l’humaine condition » et son célèbre « Que Sais-je ? ».
« C’est une étrange et longue guerre que celle où la violence essaie d’opprimer la vérité. Tous les efforts de la violence ne peuvent affaiblir la vérité et ne servent qu’à la relever davantage. Toutes les lumières de la vérité ne peuvent rien pour arrêter la violence, et ne font que l’irriter encore plus. »798
Blaise PASCAL (1623-1662), Les Provinciales (1656-1657)
L’œuvre est mise à l’Index. Pascal qui ne cesse d’écrire doit sans cesse changer de nom et de domicile pour échapper aux poursuites. En dix-huit « Lettres écrites par Louis de Montalte à un Provincial de ses amis et aux R.R. Pères Jésuites », il attaque les jésuites sur leur interprétation de la grâce, prend le parti des jansénistes et défend son ami le Grand Arnauld.
La « secte janséniste », hérétique selon l’Église, sera encore persécutée sous le règne personnel de Louis XIV.
« Nous sommes intraitables, comme la vérité, inflexibles, uniformes, j’ai presque dit insupportables comme les principes. »1311
ROBESPIERRE (1758-1794), Discours « Sur les principes de morale politique qui doivent guider la Convention », 5 février 1794
Il parle en dictateur, détenteur de la vérité. Il a encore des défenseurs éloquents (Jean-Luc Mélenchon), mais l’histoire associe inexorablement et clairement son nom à la Terreur. Même discours : « Le gouvernement de la Révolution est le despotisme de la liberté contre la tyrannie. » Il veut simplifier la procédure du Tribunal révolutionnaire déjà expéditif : « Quand il s’agit du salut de la patrie, la lenteur des jugements équivaut à l’impunité. » Certes, la patrie est en danger, mais la Terreur fait décidément trop de victimes. D’où la réaction.
« Quand on se vante d’avoir le courage de la vertu, il faut avoir le courage de la vérité. Nommez ceux que vous accusez ! »1603
Louis Joseph CHARLIER (1754-1797), à Robespierre, Convention, 26 juillet 1794
Robespierre a dénoncé la « horde des fripons », rejetant sur eux les excès de la Terreur. C’est tout à fait dans sa manière de dire sans dire. Le nom des fripons est connu de tous (Tallien et sa femme, Carnot, Fouché, Barras…), chacun redoute de faire partie de la prochaine « horde ». Des listes circulent, vraies ou fausses. Tandis que la loi du 22 Prairial (10 juin) élargit la notion de suspect et d’ennemi du peuple à pratiquement tout le personnel politique.
Les « fripons » vont s’entendre pour renverser Robespierre, mais il faut faire vite. La Commune de Paris est avec lui, il a ses partisans au club des Jacobins. Le lendemain, c’est le coup d’État du 9 Thermidor. Et le 10, Robespierre et ses amis jacobins sont guillotinés sans jugement.
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