Cinquième République sous de Gaulle
La première élection du Président au suffrage universel direct
De Gaulle est réélu en 1965, mais après un ballottage au premier tour face à la gauche, incarnée par Mitterrand, le grand opposant au gaullisme. Le sauveur est désacralisé, le mythe gaulliste n’éveille plus chez les jeunes l’enthousiasme de leurs aînés, l’État semble stagnant et vieillot.
Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.
« Contre le régime du pouvoir personnel, il faut recréer la république des citoyens. »2933
François MITTERRAND (1916-1996), Conférence de presse, 21 septembre 1965. L’Année politique, économique et sociale en France (1966)
Le leader socialiste fait campagne pour l’élection présidentielle, fixée aux 5 et 19 décembre 1965. Il va être candidat d’une union de la gauche qui ne dit pas encore son nom.
« Moi ou le chaos. »3026
Charles de GAULLE (1890-1970), résumé lapidaire de la déclaration du 4 novembre 1965. Histoire de la France au XXe siècle : 1958-1974 (1999), Serge Berstein, Pierre Milza
Le président annonce enfin sa candidature, disant qu’en cas d’échec « personne ne peut douter que [la république nouvelle] s’écroulera aussitôt et que la France devra subir, cette fois sans recours possible, une confusion de l’État plus désastreuse encore que celle qu’elle connut autrefois » (…)
De Gaulle, sur de son succès, ne se donne même pas la peine de courtiser la France, dédaignant son temps de parole à la radio et à la télévision, ne croyant pas les deux grands instituts de sondage (Ifop et Sofres) qui assurent que rien n’est gagné pour lui (…)
« Le Centre existe. »3027
Jean LECANUET (1920-1993), au premier tour des présidentielles, 5 décembre 1965. La Mêlée présidentielle (2007), Michel Winock
Divine surprise : même sans le très populaire Antoine Pinay, le centre, avec ce nouveau leader, obtient près de 16 % des voix.
Mitterrand qui rassemble les gauches fait 32 % (…)
Et le président sortant est en ballottage : moins de 45 % des suffrages. Furieux, de Gaulle songe à se retirer, abandonner la France et les Français. Ses ministres le supplient de continuer le combat.
« Il n’y a pas de textes constitutionnels […] qui puissent faire qu’en France un chef de l’État en soit véritablement un s’il procède, non point de la confiance profonde de la nation, mais d’un arrangement momentané entre professionnels de l’astuce. »3028
Charles de GAULLE (1890-1970), Allocution radiotélévisée, 17 décembre 1965. De Gaulle parle, 1962-1966 (1966), Charles de Gaulle, André Passeron
Entre les deux tours, de Gaulle se lance : la phrase est doublement assassine, visant à la fois son adversaire François Mitterrand et le régime des partis qu’il incarne. « Ou est le choix ? A travers deux hommes, il est entre deux régimes bien connus, c’est-à-dire entre deux expériences que la nation a faites successivement et entre deux avenirs opposés à tous les égards. »
« Notre pays a confirmé en ma personne la République nouvelle et approuvé la politique qui est la mienne. »3029
Charles de GAULLE (1890-1970), Première conférence de presse de son nouveau mandat, 21 février 1966. Discours et messages, volume V (1970), Charles de Gaulle
Victoire électorale, mais faible, eu égard aux précédentes consultations et au personnage : 54,5 % des voix au second tour.
Pourtant, Pompidou reste Premier ministre. Quelques « nouveaux anciens » apparaissent dans son troisième gouvernement : Edgar Faure (Agriculture), Michel Debré (Économie et Finances), Jean-Marcel Jeanneney (Affaires sociales). A signaler le départ de Giscard d’Estaing : écarté des Finances, il a refusé l’Équipement.
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