Louis XVI : « Moi, roi des Français, je jure […] de maintenir la Constitution. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Révolution

Assemblée constituante (suite)

Fête de la Fédération, l’autre 14 juillet (1790).

Un an après la prise de la Bastille, le roi « jure de maintenir la Constitution » : fête de la Fédération, jour de gloire pour La Fayette, jour de tous les espoirs avec les délégations des provinces réunies à Paris sur le Champ-de-Mars. On peut encore rêver d’une monarchie constitutionnelle.

Mais la Révolution est décidément en marche, forte de ses grands principes, et rien ne peut plus l’arrêter. Les chansons nées bon enfant se font menaçantes et Marat « l’Ami du peuple » appelle au meurtre, dans son très populaire journal.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Moi, roi des Français, je jure […] de maintenir la Constitution. »1369

LOUIS XVI (1754-1793), Fête de la Fédération sur le Champ de Mars, 14 juillet 1790

Histoire de France depuis 1789 jusqu’à nos jours (1878), Henri Martin.

Le jour anniversaire de la prise de la Bastille, toutes les provinces sont représentées à Paris par les délégations des gardes nationales, venues de la France entière : c’est la Fête de la Fédération (…) Le pays peut encore rêver à une monarchie constitutionnelle. Sitôt qu’il paraît et qu’il parle, le pacte millénaire entre les Français et le Capétien semble renoué (…)

« C’est une conjuration pour l’unité de la France. Ces fédérations de province regardent toutes vers le centre, toutes invoquent l’Assemblée nationale, se rattachent à elle, c’est-à-dire à l’unité. Toutes remercient Paris de son appel fraternel. »1370

Jules MICHELET (1798-1874), Histoire de la Révolution française (1847-1853)

L’historien de la Révolution voit en cette fête du 14 juillet 1790 le point culminant de l’époque, son génie même. C’est le jour de tous les espoirs. Et le peuple chante la plus gaie des carmagnoles.

« Ah ! ça ira, ça ira, ça ira
Le peuple en ce jour sans cesse répète,
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira.
Malgré les mutins tout réussira […]
Pierre et Margot chantent à la guinguette :
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira.
Réjouissons-nous le bon temps viendra. »1371

LADRÉ (XVIIIe siècle), paroles, et BÉCOURT (XVIIIe siècle), musique, Le Carillon national, chanson

(…) Le texte, innocent à l’origine, reprend l’expression favorite de Benjamin Franklin, optimiste et répétant au plus fort de la guerre d’Indépendance en Amérique : « Ça ira, ça ira. » Le mot est connu, le personnage toujours très populaire et dans l’enthousiasme des préparatifs de la fête, le peuple répète et chante : « Ça ira, ça ira. »

« Si Louis XVI avait su profiter de la Fédération, nous étions perdus. »1372

Antoine BARNAVE (1761-1793). La Chute de l’Ancienne France, La Fédération (1896), Marius Cyrille Alphonse Sepet

Le pilier du club des Jacobins, patriote d’ailleurs modéré parmi les révolutionnaires, s’oppose alors aux deux députés cherchant toujours à concilier Révolution et royauté : Mirabeau et La Fayette (…)

« Aristocrate, te voilà donc tondu,
Le Champ de Mars te fout la pelle au cul,
Aristocrate, te voilà confondu.
J’bais’rons vos femmes, et vous serez cocus,
Aristocrates, je vous vois tous cornus. »1373

Le Tombeau des aristocrates (anonyme), chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Chanté le 14 juillet 1790 sur le Champ de Mars (avec « La Pelle au cul », version voisine), le jour même de cette fête de la réconciliation nationale. C’est un tout autre ton que le « ça ira » – lequel va bientôt connaître nombre de parodies fort dures pour les aristos. Cela montre la complexité de cette Révolution où tous les courants d’opinion se croisent (…)

« Les cloches n’ont jamais fait plus de bruit que depuis qu’on les a fait taire. »1374

Un chroniqueur. Le Nouveau Paris (1798), Louis-Sébastien Mercier

On a descendu les cloches des tours des églises, elles vont être fondues, et l’on pourra frapper monnaie avec ces vieux bronzes. On fabrique ainsi des « sous de cloches » dès septembre 1790. Inutile de dire les discussions auxquelles a donné lieu ce genre de pratique, dans un pays resté profondément catholique (…)

« Pierre, Paul, Mathieu, Mathias, Jude,
Simon et vous Barthélemy,
Voyez à quelle épreuve rude
Le Français vous met aujourd’hui.
Vos cris sont superflus,
Vous serez tous fondus !
Grands saints dans le creuset,
Tombez, c’est le décret. »1375

Les Saints convertis en monnaie, chanson. Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Encore une chanson pour dire la crise. Il faut récupérer tous les métaux, précieux ou non. Les médailles sont fondues comme les cloches, pour faire des pièces et des canons. Tandis que la monnaie papier, l’assignat (créé le 14 décembre 1789, bon du Trésor gagé sur la vente des biens du clergé) va perdre peu à peu de sa valeur.

« Dans une révolution, le parti qui soutient les opinions modérées a plus besoin que tout autre de courage. »1376

Mme de STAËL (1766-1817), Œuvres complètes de Madame la baronne de Staël (1836)

C’est bien la fille de son père qui s’exprime : Jacques Necker, banquier suisse, en charge du ministère des Finances pour la troisième fois, si populaire il y a encore un an, mais qui se heurte à Mirabeau lequel veut financer le déficit par l’émission des assignats (papier-monnaie). Tombé en disgrâce, il donne sa démission (…)

« La classe des infortunés, que la richesse insolente désigne sous le nom de canaille, est la partie la plus saine de la société. »1377

MARAT (1743-1793), L’Ami du peuple, 7 octobre 1790

Il a fondé ce journal très révolutionnaire en septembre 1789 (…) La violence de ses propos l’expose à des poursuites et à la prison (…) Réfugié à Londres au début de l’année 1790, il réapparaît en mai pour attaquer Necker et La Fayette, et entre au club des Cordeliers (…) Son extrémisme n’est encore que verbal.

« Le peuple alsacien s’est uni au peuple français parce qu’il l’a voulu, c’est donc sa volonté seule et non le traité de Munster qui a légitimé l’union. »1378

MERLIN de DOUAI (1754-1838), 31 octobre 1790. Encyclopædia Universalis, article « Nationalités (Principe des) »

(…) Il rappelle des événements historiques vieux de plus d’un siècle (…) La liberté, inscrite dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, débouche sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, proclamé par la Constituante. Et l’application du principe des nationalités se pose très concrètement (…) En avril 1792, cela déclenchera la guerre entre la France et l’Autriche – une guerre de vingt-trois ans.

« Nous avons pour principe que tout peuple, quelle que soit l’exiguïté du pays qu’il habite, est absolument maître chez lui ; qu’il est l’égal en droit du plus grand et que nul autre ne peut légitimement attenter à son indépendance. »1379

Lazare CARNOT (1753-1823). Encyclopædia Universalis, article « Nationalités (Principe des) »

Officier du génie sous l’Ancien Régime, rallié à la Révolution, futur député de la Législative et de la Convention, mais surtout grand « Organisateur de la victoire », il formule ainsi le droit de tous les peuples à disposer d’eux-mêmes. C’est une des idées-forces de la politique extérieure de la République française (…)

« Il y a une année que cinq ou six cents têtes abattues vous auraient rendus libres et heureux. Aujourd’hui, il en faudrait abattre dix mille. Sous quelques mois peut-être en abattrez-vous cent mille, et vous ferez à merveille : car il n’y aura point de paix pour vous, si vous n’avez exterminé, jusqu’au dernier rejeton, les implacables ennemis de la patrie. »1380

MARAT (1743-1793), L’Ami du peuple, décembre 1790

Populaire auprès du petit peuple parisien, mais détesté de toute la classe politique, Marat joue au « prophète de malheur » dans le journal quotidien qu’il publie (…) Ici, c’est un véritable appel au meurtre, alors que la guillotine n’est pas encore entrée en scène (…) Mais dès le début de l’année 1791, le refrain de la Révolution change de ton.

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