Montherlant : « Être patriote, et être Français, en 1932, c’est vivre crucifié. La France est en pleine décomposition. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Entre-deux-guerres

L’émeute du 6 février 1934

Le régime est critiqué, le pays se divise à nouveau : la droite rêve d’un pouvoir fort et veut renverser la République (manifestation sanglante du 6 février 1934). L’émeute fait 17 morts, plus de 1 000 blessés (la moitié sont des policiers et soldats). Le gouvernement Daladier démissionne : sous la pression de la rue et par impuissance du régime, la gauche doit rendre le pouvoir à la droite.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Être patriote, et être Français, en 1932, c’est vivre crucifié. La France est en pleine décomposition. »2659

Henry Millon de MONTHERLANT (1895-1972), Carnets, 1930-1944 (1957)

Fervent lecteur de Barrès, patriote, sans être pour autant nationaliste, adversaire déclaré de l’Allemagne nazie, mais soupçonné ensuite de collaboration, Montherlant est moins politiquement engagé que la plupart de ses confrères. Il est surtout lucide, dans son pessimisme hautain.

La France est malade de la crise économique mondiale, qui l’atteint avec retard. La bataille politique perturbe un régime parlementaire dont l’instabilité ministérielle est chronique (…)

« L’Histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines. »2660

Paul VALÉRY (1871-1945), Discours de l’histoire (1932)

« Espèce de poète d’État » (dit-il de lui-même), croulant sous les honneurs, il demeure plus que jamais lucide au monde.

Cette leçon d’histoire est paradoxalement signée d’un intellectuel qui refuse à l’histoire le nom de vraie science et lui dénie toute vertu d’enseignement, car « elle contient tout, et donne des exemples de tout ». Donc, se méfier des prétendues leçons du passé, d’autant que « nous entrons dans l’avenir à reculons ».

« [C’est] l’homme au micro entre les dents. »2661

La Vie socialiste (revue bimensuelle internationale) désignant André Tardieu en 1932. L’un des nombreux détournements de « l’homme au couteau entre les dents », affiche de 1919. La Plus longue des Républiques : 1870-1940 (1994), Jean-Yves Mollier, Jocelyne George

La radio fait son entrée dans la vie politique : Tardieu, président du Conseil, intervient dans la campagne électorale en vue des élections de mai 1932, incitant les radicaux à s’allier avec le centre et la droite contre les socialistes, et s’adressant directement dans ses discours à toute la France, par la voix des ondes.

L’opinion est choquée. On dénonce un « nouveau boulangisme ». Tardieu a un style trop « parisien », et son modernisme le dessert – il imite les Américains, dès 1925, le président Hoover utilisa le micro pour sa campagne électorale. Alors qu’en 1928, Raymond Poincaré, chef du gouvernement, interdit toute intervention politique à la radio pendant la campagne électorale (…)

« Comme chef de l’État, deux choses lui avaient manqué : qu’il fût un chef ; qu’il y eût un État. »2662

Charles de GAULLE (1890-1970), à propos d’Albert Lebrun, Mémoires de guerre, tome III, Le Salut, 1944-1946 (1959)

Albert Lebrun est élu président de la République en 1932, après l’assassinat du président Paul Doumer, et au terme d’un parcours politique typique de cette Troisième République.

Personnage insignifiant face à la tragédie de la guerre qui commence en 1939 sous son second septennat, force est de reconnaître qu’il a déjà été dépassé par les événements du premier (…)

En juillet 1933, témoin de son temps, Mauriac écrit : « Sans doute faut-il incriminer d’abord les institutions qui, d’avance, détruisent les chefs. Nul régime n’aura, autant que le nôtre, usé d’individus plus rapidement » (Mémoires politiques) (…)

« Il n’y a pas de différence de nature entre la démocratie bourgeoise et le fascisme. Ce sont deux formes de dictature du Capital. Le fascisme naît de la démocratie bourgeoise. Entre le choléra et la peste, on ne choisit pas. »2663

Maurice THOREZ (1900-1964), Chambre des députés, 6 février 1934. Communisme et nazisme : 25 réflexions sur le totalitarisme au XXe siècle (1998), Alain de Benoist

6 février 1934, journée dramatique pour la République, attaquée à l’intérieur et à l’extérieur du Palais-Bourbon.

30 000 manifestants, avec les Croix de Feu du lieutenant-colonel de La Rocque (association d’anciens combattants de droite, fondée en 1927), protestent contre les « voleurs » (députés complices de l’escroc Stavisky) et contre la révocation du préfet de police Jean Chiappe, favorable à la droite. La garde mobile tire (…)

« Si le 6 [février 1934] fut un mauvais complot, ce fut une instinctive et magnifique révolte, ce fut une nuit de sacrifice, qui reste dans notre souvenir avec son odeur, son vent froid, ses pâles figures courantes, ses groupes humains au bord des trottoirs, son espérance invincible d’une révolution nationale. »2664

Robert BRASILLACH (1909-1945), Notre avant-guerre (1941)

Jeune intellectuel séduit par le fascisme et la pensée de Maurras, il regrette « la révolution manquée du 6 février ».

Le 6 février est quand même une menace contre les institutions républicaines. Le 9 février, des contre-manifestations communistes feront 11 morts et 300 blessés. Un front commun antifasciste se crée entre communistes et socialistes. Le Front populaire en naîtra bientôt.

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