Moreau : « Voilà votre homme, il fera votre coup d’État bien mieux que moi. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Directoire
Chronique

Un coup d’État à qui perd gagne.

L’abbé Sieyès, qui cherche son « sabre » pour remettre de l’ordre en France, comprend qu’il a trouvé son homme en ce jeune général de génie. Le coup d’État du 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799) met fin au Directoire, sans que le pays réagisse. Trois consuls auront désormais le pouvoir.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Voilà votre homme, il fera votre coup d’État bien mieux que moi. »1675

Général MOREAU (1763-1813), à l’abbé Sieyès, quand il apprend le retour de Bonaparte, 17 octobre 1799. Sieyès, la clé de la Révolution française (1988), Jean-Denis Bredin

Moreau l’a vu à l’œuvre dans l’armée d’Italie et le recommande à Sieyès, l’un des cinq Directeurs. L’abbé est toujours en quête de son « sabre » (ou son épée) pour remettre de l’ordre dans le pays, renforcer l’exécutif, lutter contre la gauche jacobine et la droite royaliste, avec Louis XVIII qui pourrait revenir et rétablir la monarchie. Le régime actuel, faible, corrompu, incompétent, est définitivement déconsidéré.

« Dans une grande affaire, on est toujours forcé de donner quelque chose au hasard. »1676

Napoléon BONAPARTE (1769-1821), à Sieyès, avant le coup d’État du 18 brumaire (9 novembre 1799). Mémorial de Sainte-Hélène (1823), Las Cases

Le jeune homme pressé répond à l’abbé, inquiet de son projet de renverser le Directoire et qui lui demande où est la garantie du succès. Le hasard, à peine un peu forcé, a jusqu’ici bien servi Bonaparte, au point d’en faire l’homme du destin, pour la France. La grande affaire se prépare, avec des complicités politiques et familiales qui vont assurer la réussite du coup d’État.

« Dans quel état j’ai laissé la France et dans quel état je l’ai retrouvée ! Je vous avais laissé la paix et je retrouve la guerre ! Je vous avais laissé des conquêtes et l’ennemi passe nos frontières. »1677

Napoléon BONAPARTE (1769-1821), 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799). Histoire parlementaire de la Révolution française ou Journal des Assemblées nationales (1834-1838), P.J.B. Buchez, P.C. Roux

La citation est assurément authentique, mais selon les sources, la situation diffère (…) Quoi qu’il en soit, il s’est exprimé publiquement, peut-être plusieurs fois, tant l’argument joue en sa faveur et prépare l’opinion ! En clair, la situation est bonne pour le coup d’État. « L’anarchie ramène toujours au pouvoir absolu », dira-t-il plus tard.

« Je rentre avec joie dans les rangs de simple citoyen. »1678

Paul BARRAS (1755-1829), Lettre de démission, 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799). Mémoires de Barras, membre du Directoire (posthume, 1896), Paul Barras (vicomte de)

Bonaparte obligea sans doute ce puissant Directeur à écrire ces mots (…) Non sans raison, il se méfiait du personnage. Ce 18 brumaire, trois Directeurs ont démissionné – Sieyès et Ducos, spontanément, et Barras contraint. Les deux autres, suspects de sympathies jacobines, sont destitués et arrêtés. Il n’y a plus d’exécutif, reste le pouvoir législatif, avec les deux Assemblées.

« Souvenez-vous que je marche accompagné du dieu de la guerre et du dieu de la fortune. »1679

Napoléon BONAPARTE (1769-1821), Conseil des Anciens, 19 brumaire an VIII (10 novembre 1799). Correspondance de Napoléon Ier, publiée par ordre de l’empereur Napoléon III (1858)

Les députés des deux assemblées doivent voter la révision de la Constitution, mais le Conseil des Cinq-Cents est majoritairement contre (…) Bonaparte est hué, sa rhétorique menaçante rappelle les heures révolutionnaires et l’époque est révolue. On crie « À bas le dictateur ! » Lucien Bonaparte qui préside l’Assemblée, sauve son frère défaillant, évacué de la salle par les grenadiers (…) Le « coup d’État du 18 Brumaire » a finalement réussi, le 19.

« Il est bien inutile d’aller aux voix pour la présidence : elle vous appartient de droit. »1680

Roger DUCOS (1747-1816), à Bonaparte qui prend aussitôt le fauteuil du président, 20 brumaire an VIII (11 novembre 1799) (…)

Au lendemain du coup d’État, première réunion des consuls provisoires. Juriste et politicien, ami de Barras et collègue de Sieyès au Directoire, Ducos est l’un des trois membres du gouvernement de transition. Remis de la rude journée où il faillit tout perdre, Bonaparte, Premier Consul, appelle aux Finances Gaudin, son plus fidèle collaborateur jusqu’à la fin (les Cent-Jours, en 1815). Sieyès, homme d’expérience et instigateur du coup d’État, assiste à la prise du pouvoir par un surdoué de 30 ans.

« Messieurs, nous avons un maître, ce jeune homme fait tout, peut tout et veut tout. »1681

Abbé SIEYÈS (1748-1836), tirant la leçon du coup d’État du 18 Brumaire, après la réunion du 11 novembre 1799 (…)

Sieyès est ébloui par Bonaparte qui exerce toujours un irrésistible ascendant sur autrui. Cette fois, il l’a vu dominer tous les sujets : armée, administration, finances, droit, politique. Doué d’une intelligence à la fois synthétique et analytique, l’homme possède aussi une excellente mémoire, et une force de travail stupéfiante (…)

« Une fois encore s’allait justifier le mot de Saint-Évremond : “le Français est surtout jaloux de la liberté de se choisir son maître”. »1682

Louis MADELIN (1871-1956), Histoire du Consulat et de l’Empire, Le Consulat, 18 brumaire an VIII (1937-1954)

Un siècle plus tard, il tire la leçon du coup d’État du 18 Brumaire et de ses suites. L’historien cite le moraliste du siècle de Louis XIV, préfigurateur de la philosophie des Lumières, type même de l’« honnête homme » ironique et sceptique. Madelin, spécialiste de la Révolution et de l’Empire, va d’abord approuver le choix du nouveau maître de la France, tel qu’il se révèle, sous le prochain régime du Consulat.

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