De Gaulle: « Je me tiens prêt à assumer les pouvoirs de la République. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Quatrième République

De Gaulle, à nouveau l’homme providentiel

Le président de la République, René Coty, face à la menace de guerre civile, demande au Parlement de l’investir comme chef du gouvernement. De Gaulle apparaît de nouveau comme l’homme providentiel. Il va attacher son nom à la création de la Cinquième République.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Naguère, le pays, dans ses profondeurs, m’a fait confiance pour le conduire tout entier jusqu’à son salut. Aujourd’hui, devant les épreuves qui montent de nouveau vers lui, qu’il sache que je me tiens prêt à assumer les pouvoirs de la République. »2922

Charles de GAULLE (1890-1970), Communiqué remis à la presse le 15 mai 1958

1958, le retour de De Gaulle (1998), René Rémond.

Le 15 mai, Salan crie « Vive de Gaulle ! » au Forum d’Alger. Cependant que le général se présente comme sauveur de la Nation, après avoir fait un sombre et juste diagnostic de la situation : « La dégradation de l’État entraîne infailliblement l’éloignement des peuples associés, les troubles de l’armée au combat, la dislocation nationale, la perte de l’indépendance. Depuis douze ans, la France, aux prises avec des problèmes trop rudes pour le régime des partis, est engagée dans ce processus désastreux. » (…)

« Pourquoi voulez-vous qu’à soixante-sept ans je commence une carrière de dictateur ? »2923

Charles de GAULLE (1890-1970), conférence de presse, 19 mai 1958. 1958, le retour de De Gaulle (1998), René Rémond

Le général tient à tranquilliser une opinion émue par sa déclaration du 15 mai. Et de conclure : « J’ai dit ce que j’avais à dire. À présent, je vais rentrer dans mon village et m’y tiendrai à la disposition du pays. »

Le pays, divisé, bouleversé, est par ailleurs sensible à toutes les rumeurs.

« Il ne faut pas beaucoup de mitraillettes pour disperser cent mille citoyens armés de grands principes. »2924

François MAURIAC (1885-1970), L’Express, 12 juin 1958, Bloc-notes, 1958-1960, II (1961)

Au cours des journées de mai 1958, l’idée s’est répandue d’un dénouement possible de la crise par l’établissement d’une dictature militaire en France. Des parachutistes venus d’Algérie pourraient débarquer, faire jonction avec les réseaux favorables à l’Algérie française en métropole, les putschistes bénéficiant même de complicités dans l’appareil de l’État. Le 28 mai, à Paris, une foule immense et pacifique va défiler de la Nation à la République, conspuant les paras et criant : « Le fascisme ne passera pas ! »

(…) Cette menace va précipiter la solution de Gaulle, recours à l’ultime sauveur. Pour Mauriac, c’est l’homme du destin, l’homme de la grâce, le garant de l’unité du pays (…)

« Dans le péril de la patrie et de la République, je me suis tourné vers le plus illustre des Français. »2925

René COTY (1882-1962), Message du président au Parlement, 29 mai 1958. Histoire mondiale de l’après-guerre, volume II (1974), Raymond Cartier

Face à la menace de guerre civile, le président de la République fait savoir aux parlementaires qu’il a demandé au général de Gaulle de former un gouvernement (…)

« Le général de Gaulle apparaît comme le moindre mal, la moins mauvaise chance. »2926

Hubert BEUVE-MÉRY (alias SIRIUS) (1902-1989), « L’amère vérité », Le Monde, 29 mai 1958

Et Pierre Brisson dans Le Figaro du 30 mai : « Chacun sait maintenant où situer le dernier recours de nos libertés. » (…)

« Ses compagnons d’aujourd’hui, qu’il n’a sans doute pas choisis mais qui l’ont suivi jusqu’ici, se nomment le coup de force et la sédition. »2927

François MITTERRAND (1916-1996), Assemblée nationale, 1er juin 1958. Cent mille voix par jour : pour Mitterrand (1966), Claude Manceron

Après une mise à l’écart de douze ans, le plus célèbre des Français revient sur le devant de la scène politique.

La majeure partie du personnel politique se rallie à la solution gaulliste, mais Mitterrand s’oppose à ce « coup de force ». Il ose l’affrontement, prononçant à l’Assemblée nationale ce terrible réquisitoire : « Lorsque, le 10 septembre 1944, le général de Gaulle s’est présenté devant l’Assemblée consultative issue des combats de l’extérieur ou de la Résistance, il avait auprès de lui deux compagnons qui s’appelaient l’honneur et la patrie. Ses compagnons d’aujourd’hui, qu’il n’a sans doute pas choisis mais qui l’ont suivi jusqu’ici, se nomment le coup de force et la sédition. La présence du général de Gaulle signifie, même malgré lui, que désormais les minorités violentes pourront impunément et victorieusement partir à l’assaut de la démocratie. » (…)

« Tout le plaisir et l’honneur que j’ai de me trouver parmi vous… »2928

Charles de GAULLE (1890-1970), premiers mots de sa déclaration, Assemblée nationale, séance de nuit du 1er au 2 juin 1958. Le Crapouillot (1967)

(…) L’investiture est votée par 329 voix contre 224 (communistes, radicaux amis de Mitterrand et de Mendès France).

Il a obtenu ce qu’il voulait : les pleins pouvoirs en métropole et des pouvoirs spéciaux en Algérie, la modification de l’article 90 de la Constitution, pour lui permettre d’en préparer une nouvelle (…)

« Vous verrez, après la musique de chambre, ce sera la musique militaire. »2929

Georges BIDAULT (1899-1983), dans les couloirs du Parlement, après la séance de nuit du 1er au 2 juin 1958. Vie politique sous la Cinquième République (1981), Jacques Chapsal

Et les communistes résument : « Après l’opération sédition, c’est l’opération séduction. »

« Je vous ai compris ! »2930

Charles de GAULLE (1890-1970), Discours au balcon du gouvernement général à Alger, 4 juin 1958. Mémoires d’espoir, tome I, Le Renouveau, 1958-1962 (1970), Charles de Gaulle

Que n’a-t-on dit sur ces quatre mots ! (…)

Au journaliste du Monde, André Passeron, le 6 mai 1966, il confiera : « J’ai toujours su et décidé qu’il faudrait donner à l’Algérie son indépendance. Mais imaginez, qu’en 1958, quand je suis revenu au pouvoir, je disais sur le Forum d’Alger qu’il fallait que les Algériens prennent eux mêmes leur gouvernement, il n’y aurait plus eu de De Gaulle immédiatement ! »

« Il n’y a plus ici, je le proclame en son nom [la France] et je vous en donne ma parole, que des Français à part entière, des compatriotes, des concitoyens, des frères qui marcheront désormais dans la vie en se tenant la main […] Vive l’Algérie française. »2931

Charles de GAULLE (1890-1970), Discours de Mostaganem, 6 juin 1958. De Gaulle, 1958-1969 (1972), André Passeron

À Mostaganem, il confirme le fameux discours d’Alger.

De Gaulle fera cinq fois le voyage Paris-Algérie, en 1958. Il joue de son charisme qui est immense. Il veut montrer qu’il prend l’affaire algérienne en main, qu’il y a un pouvoir et qu’il l’incarne. Bref, que c’en est fini des mœurs de la Quatrième République.

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