Napoléon : « Il faut que je fasse de tous les peuples de l’Europe un même peuple et de Paris la capitale du monde. » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Premier Empire

Chronique

Le déclin et la chute rapide prouvent la fragilité du Grand Empire.

Le peuple ne supporte plus l’impôt et la conscription, pour remplacer les 200 000 morts annuels à la guerre. Le conflit religieux s’envenime avec la « prêtraille » : Pie VII, otage prisonnier, ne cède pas et les affaires religieuses désorganisent le pays.

La naissance du roi de Rome (20 mars 1811) comble Napoléon, mais l’Aiglon aura un destin malheureux. La conjoncture économique se dégrade. La guerre d’Espagne se révèle aussi ruineuse que désastreuse, la folle campagne de Russie sera bientôt fatale, dans le cadre de la sixième coalition européenne.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Il faut que je fasse de tous les peuples de l’Europe un même peuple et de Paris la capitale du monde. »1849

NAPOLÉON Ier (1769-1821), fin 1810, à son ministre Fouché. Histoire du Consulat et de l’Empire (1974), Louis Madelin

C’est le rêve européen, plus tenaillant que jamais (…) Les historiens s’interrogent encore : impérialiste à l’état pur et avide de conquêtes, patriote français voulant agrandir son pays, ou unificateur de l’Europe en avance sur l’histoire ? Napoléon s’identifie toujours à Charlemagne, mais le temps n’est plus à ce genre d’empire, les peuples sont devenus des nations, la Révolution de 1789 leur a parlé de Liberté (…)

« Je suis un pauvre conscrit
De l’an mille huit cent dix […]
Ils nous font tirer z’au sort
Pour nous conduire à la mort. »1850

Le Départ du conscrit, vers 1810, chanson anonyme à plusieurs versions (…)

La guerre d’Espagne se révèle désastreuse pour la Grande Armée, avant de devenir très coûteuse à l’économie du pays. Les coalitions qui se succèdent font quelque 200 000 morts par an. Il faut recruter : les conscrits partent sans enthousiasme, le nombre des réfractaires augmente, avec la complicité de la population paysanne (…)

« Chaque jour, tout banquier qui arrive à quatre heures sans malheur s’écrie : “En voilà encore un de passé !” »1851

Général SAVARY (1774-1833), Bulletin (quotidien) adressé à l’Empereur, 18 janvier 1811. Histoire de France contemporaine depuis la Révolution jusqu’à la paix de 1919, volume III (1921), Ernest Lavisse, Philippe Sagnac

C’est dire si la crise économique est grave : elle touche même la bourgeoisie, classe qui profita le plus de l’Empire. De janvier à juin 1811, 60 faillites par mois. La fiscalité est alourdie, la crise agricole et industrielle compromet les résultats des précédentes années de prospérité. 1811 sera aussi l’année d’un dirigisme renforcé.

« Je sais qu’il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu, mais le Pape n’est pas Dieu. »1852

NAPOLÉON Ier (1769-1821) au Comité ecclésiastique, Paris, 16 mars 1811. Correspondance de Napoléon Ier, publiée par ordre de l’empereur Napoléon III (1858)

Pour l’heure, Pie VII est prisonnier à Savone depuis bientôt deux ans et les affaires religieuses sont complètement désorganisées en France. D’où la décision de Napoléon : convoquer un concile pour mettre de l’ordre.

« Le vingt-deuxième coup fut pour nous un coup de massue, il nous semblait tuer la race des Bourbons. »1853

Baron François-Auguste Fauveau de FRÉNILLY (1768-1848). Marie-Louise : l’impératrice oubliée (1983), Geneviève Chastenet

C’est l’avis d’un ultra. Mais tout Paris explose de joie au vingt-deuxième coup, qui annonce la naissance d’un fils : le roi de Rome voit donc le jour, ce 20 mars 1811.

« Bel enfant qui ne fait que naître,
Et pour qui nous formons des vœux,
En croissant, tu deviendras maître
Et régneras sur nos neveux.
Dame, dame, réfléchis bien,
Dame, dame, souviens-toi bien
Qu’alors il ne faudra pas faire
Tout comme a fait, tout comme a fait ton père. »1854

Chanson pour le roi de Rome (1811). Histoire de France par les chansons (1982), France Vernillat, Pierre Barbier

Parmi toutes les chansons en l’honneur de l’illustre nouveau-né, celle-ci résonne comme un avertissement au père. Comme bien souvent, la chanson donne le pouls d’une opinion publique – c’est rare et précieux, sous l’Empire où la rigueur de la censure étouffa bien des pensées !

« Je l’envie. La gloire l’attend, alors que j’ai dû courir après elle […] Pour saisir le monde, il n’aura qu’à tendre les bras. »1855

NAPOLÉON Ier (1769-1821), à Duroc, 20 mars 1811. L’Aiglon, Napoléon II (1959), André Castelot

Le père est bouleversé devant le berceau de son fils, d’autant plus que cette naissance comble l’empereur. La dynastie semble installée à jamais. Il avoue son émotion à l’un de ses plus anciens compagnons de route et de gloire, connu au siège de Toulon en 1793.

« Messieurs, vous voulez me traiter comme si j’étais Louis le Débonnaire. Ne confondez pas le fils avec le père […] Moi, je suis Charlemagne. »1856

NAPOLÉON Ier (1769-1821), aux Pères conciliaires, 17 juin 1811 (…)

La scène est décrite dans les Mémoires de Talleyrand, avec force détails et dialogues. La colère de l’empereur explose. Le concile qu’il voulait à sa botte s’est ouvert à Paris, ce 17 juin. Et voilà que les Pères jurent, un par un, obéissance au pape, lequel refuse aux évêques son investiture, pourtant prévue par le concordat signé avec Napoléon (…) Napoléon fait arrêter trois évêques et suspend le concile – qui reprendra début août.

« Toute nation a le gouvernement qu’elle mérite. »1857

Joseph de MAISTRE (1753-1821), Lettre à Monsieur le Chevalier de… 15 août 1811 (…)

Cet écrivain et philosophe fut aussi homme politique : monarchiste émigré sous la Révolution, ministre plénipotentiaire à Saint-Pétersbourg attaché à la maison de Sardaigne, il dit et écrit à plusieurs reprises son attachement au pouvoir papal.

« Toute l’éducation publique a pris un caractère militaire. »1858

Mme de STAËL (1766-1817), Dix années d’exil (posthume, 1966)

Le 25 novembre 1811, un décret achève d’organiser l’Université de France. Napoléon a surtout veillé sur le secondaire – il aurait même voulu imposer le célibat aux professeurs ! Études menées au son du tambour, de 5 heures 30 du matin à 8 heures 45 du soir (exemple du lycée de Limoges).

« Nos maîtres ressemblaient à des hérauts d’armes, nos salles d’études à des casernes, nos récréations à des manœuvres et nos examens à des revues. »1859

Alfred de VIGNY (1797-1863), Servitude et grandeur militaires (1835)

Témoignage d’un ancien élève du lycée Bonaparte (aujourd’hui Condorcet), âgé de 14 ans en 1811, né d’une famille aristocratique et de tradition militaire, se préparant (sans vraie vocation) à Polytechnique. Vigny quittera l’armée pour devenir poète. Il évoque avec nostalgie ce passé qui fait rêver toute sa génération romantique (…)

« Tout le monde en France est corrigé ; un seul ne l’est pas, c’est La Fayette ! Il n’a jamais reculé d’une ligne. Vous le voyez tranquille ; eh bien ! je vous dis, moi, qu’il est tout prêt à recommencer. »1860

NAPOLÉON Ier (1769-1821). Les Dernières Années de La Fayette, 1792-1834 (1894), Agénor Bardoux

Napoléon, cet homme de génie, dans sa mégalomanie qui s’aggrave avec l’âge, ne peut supporter la moindre opposition, ni réserve. Or, en ce début de l’année 1812, il doit constater qu’il n’a pas réussi à s’attacher La Fayette par les divers « hochets » qui font habituellement céder les hommes : Légion d’honneur, fauteuil de sénateur, poste d’ambassadeur.

« L’Empereur, si puissant, si victorieux, n’est inquiet que d’une chose au monde : les gens qui parlent et, à leur défaut, les gens qui pensent. »1861

Comte de NARBONNE (1755-1813), à Vuillemain, lors d’une visite à l’École normale en 1812. Revue des deux mondes, volume II (1874)

Au faîte de sa gloire, il voudrait que son règne soit « signalé par de grands travaux, de grands ouvrages littéraires ». Mais jamais la liberté de parole et de pensée ne fut plus surveillée, la presse davantage censurée (…) Napoléon s’indigne encore de ce qu’il lit, du « mauvais esprit » et de la « maladresse » des journalistes.

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