Napoléon : « La diplomatie est la police en grand costume. » | L’Histoire en citations
Napoléon : « La diplomatie est la police en grand costume. »
Citation du jour

 

Napoléon et Talleyrand : le duo tourne vite au duel, le ministre démissionne, mais l’empereur ne peut se passer du « Diable boiteux » au génie diplomatique et le garde comme conseiller.

Talleyrand, resté fidèle à ses convictions, trahit Napoléon pour servir les intérêts de la France. La fin de l’histoire donnera raison à ses vues géopolitiques. Mais les historiens jugeant diversement son action, sous les sept régimes qu’il a servis !

« La diplomatie est la police en grand costume. »1759

NAPOLÉON Ier (1769-1821), Maximes et pensées

L’aphorisme convient à son ministre des Relations extérieures, M. de Talleyrand, l’un des principaux personnages sous l’Empire et le plus grand diplomate français de l’Histoire. Prêtre sans vocation sous l’Ancien Régime, noble rallié à la Révolution, Talleyrand se retrouve ministre sous le Directoire, le Consulat et l’Empire, trahit l’empereur et survivra encore à deux régimes et deux rois, avec d’importantes fonctions politiques et diplomatiques. Le « Diable boiteux » finira ambassadeur de France au Royaume-Uni sous la Monarchie de Juillet, préparant l’Entente cordiale (actée en 1843).

Rupture consommée en 1807 : Talleyrand démissionne. Napoléon va lui demander de reprendre son poste, mais il refuse d’être un « ministre sans emploi », autrement dit, faire de la figuration auprès de l’empereur qui mène une politique extérieure opposée à ses convictions. L’équilibre européen est seul garant de la paix. Alors que Napoléon, obsédé par son Grand Empire, ne pense qu’à l’agrandir, d’où les guerres contre l’Europe, la Russie, et les coalitions qui se succèdent.

Napoléon, qui ne peut se passer de Talleyrand, le prend comme conseiller. Bien imprudent, vu le personnage !

« Sire […] c’est à vous de sauver l’Europe et vous n’y parviendrez qu’en tenant tête à Napoléon. Le peuple français est civilisé, son souverain ne l’est pas. Le souverain de Russie est civilisé, son peuple ne l’est pas : c’est donc au souverain de Russie d’être l’allié du peuple français. »1833

TALLEYRAND (1754-1838), au tsar Alexandre Ier de Russie, Erfurt, 27 septembre 1808

Le Diable boiteux n’est plus ministre des Relations extérieures : il s’est opposé à l’empereur qui s’entête dans sa politique de conquête chimérique, se soucie peu de paix et décide toujours seul. Napoléon l’a cependant chargé de préparer le terrain avec son nouvel allié, Alexandre Ier.

Dans un entretien secret, Talleyrand conseille au tsar de prendre ses distances avec l’empereur. Alexandre a compris : le peuple français peut, un jour prochain, ne plus soutenir Napoléon. Et cet homme faible (qui admire Napoléon) va durcir sa position. Dans ses Mémoires, Talleyrand affirme : « À Erfurt, j’ai sauvé l’Europe. » L’histoire parle quand même de la trahison d’Erfurt. Talleyrand va donc trahir, oui, mais pour être fidèle à ses convictions et sa « géopolitique » dirait-on aujourd’hui.  « Je me suis mis à la disposition des événements et, pourvu que je restasse Français, tout me convenait. »

« Voilà le commencement de la fin. »1869

TALLEYRAND (1754-1838), à l’annonce du désastre de la retraite de Russie, décembre 1812

Il l’a prédit avant tout le monde, sans savoir l’ampleur de la débâcle : les soldats victimes du « Général Hiver », comme prévu par le tsar Alexandre et le maréchal Koutousov. Le passage de la Bérézina est un épisode devenu légendaire.

 L’empereur avoue que la fortune l’a ébloui, mais veut sa revanche contre l’Europe coalisée (Angleterre, Prusse, Russie, Autriche) et continue de se battre, contre toute raison. « Négociez ! » Dernier conseil de Talleyrand, janvier 1814. Napoléon se lande dans la dernière campagne de France, cherchant même à mourir (à Arcis-sur-Aube), alors que 350 000 Alliés menacent Paris et qu’il ne dispose plus que de 50 000 hommes. Déchu par le Sénat, convaincu que l’armée ne suivra plus, Napoléon abdique le 5 avril 1814, au château de Fontainebleau.

« Maintenant, Sire, la coalition est dissoute et elle l’est pour toujours. La France n’est plus isolée en Europe. »1922

TALLEYRAND (1754-1838), Lettre à Louis XVIII, 4 janvier 1815

Réintégré dans ses fonctions de ministre, notre diplomate en chef négocie au congrès de Vienne le premier traité de Paris, signé entre la France et les Alliés (Angleterre, Autriche, Prusse, Russie). Mais intrigant comme il sait l’être et souvent pour le bien de la France, Talleyrand a conclu un traité secret avec l’Autriche et l’Angleterre contre la Prusse et la Russie. C’est un exploit diplomatique : le représentant du pays vaincu a réussi à diviser les Alliés, à limiter les exigences de la Prusse et de la Russie ! La France abandonne ses conquêtes de la Révolution et de l’Empire, mais retrouve ses frontières de 1792, diverses places fortes de l’Est, récupère une partie de ses colonies. Et les armées alliées se mettent en marche, pour repasser les frontières, à partir du 1er juin.

L’épisode des Cent-Jours va ruiner tous ses efforts et le second traité de Paris nous sera naturellement plus défavorable.

« Il faut tuer Buonaparte comme un chien enragé. »1934

TALLEYRAND (1754-1838), Congrès de Vienne, 12 mars 1815

Le Roi de Rome (1932), Octave Aubry

Napoléon a bouleversé le bon ordre du Congrès et mis le ministre français dans une situation délicate, si habile que soit notre diplomate sexagénaire. Dès le lendemain, 13 mars, à sa demande, les souverains présents au Congrès de Vienne - François Ier l’empereur d’Autriche (beau-père de Napoléon), le tsar Alexandre de Russie, le roi de Prusse Frédéric-Guillaume III - mettent Napoléon hors-la-loi : « [Napoléon déclaré] hors des relations civiles et sociales et livré à la vindicte publique comme ennemi et perturbateur du monde. »

Directoire, Consulat et Empire

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