6. Napoléon cet inconnu. Face cachée de l’homme le plus célèbre au monde (après Jésus) ! Faille ou faiblesse, aveux inconcevables chez de Gaulle ou Richelieu.
Ce côté humain, trop humain donne un parfait héros de série, de la conquête à la défaite, jusqu’à l’épilogue tragique.
« Quand j’ai besoin de quelqu’un, je n’y regarde pas de si près, je le baiserais au cul. »1774
(1769-1821)
Mémoires du général de Caulaincourt, duc de Vicence, grand écuyer de l’empereur (posthume, 1933).
Caulaincourt fut aide de camp de Bonaparte en 1802 et ambassadeur en Russie de 1807 à 1811. Étonnante parole, aveu rarement cité. Seule franchise comparable, dans un autre genre et une autre époque, le président Chirac, empêtré dans les « Affaires » : « Les feux rouges, je les ai grillés toute ma vie, tu crois peut-être qu’on en arrive là en auto-stop ? »
« Je sais, quand il le faut, quitter la peau du lion pour prendre celle du renard. »1775
NAPOLÉON Ier (1769-1821)
Mémoires du prince de Talleyrand (posthume, 1891)
Talleyrand eut tout loisir d’observer l’homme, du Directoire jusqu’à la fin de l’Empire, et d’apprécier en connaisseur ses talents. Rappelons que Napoléon est né sous le signe astral du lion, le 15 août 1769. Pour compléter le bestiaire napoléonien, il a pris pour symboles l’aigle impérial et les abeilles, qui renvoient à l’Antiquité romaine.
« Pourquoi ne m’est-il pas permis de pleurer ? »1707
Napoléon BONAPARTE (1769-1821) à la mort de Desaix, Marengo, 14 juin 1800
Un valeureux compagnon de route pour Bonaparte qui a pu apprécier l’homme, dans la campagne d’Égypte. Certains historiens dénoncent son mépris de la vie humaine, il ne ménage pas la sienne : « Qu’est-ce qu’un homme après tout ? »
Desaix n’est pas mort pour rien… Après Marengo, les Autrichiens demandent un armistice. L’Italie est reconquise par les Français. À Milan, capitale de la République cisalpine, on illumine. Paris accueille la nouvelle de cette victoire dans un délire d’enthousiasme. Il n’en fallait pas moins, pas plus, pour assurer la position de Bonaparte, Premier Consul.
« Je suis annulé de la nature humaine ! j’ai besoin de solitude et d’isolement ; la grandeur m’ennuie ; le sentiment est desséché ; la gloire est fade ; à 29 ans, j’ai tout épuisé. »1767
Napoléon BONAPARTE (1769-1821), Lettre à Joseph Bonaparte, Le Caire 25 juillet 1799
C’est moins un mot historique (après la victoire d’Aboukir) qu’un diagnostic de dépression nerveuse - brève, il va aussitôt quitter l’Égypte et rentrer à Paris pour préparer son coup d’État de brumaire.
Le profil napoléonien est quand même très particulier. Hyperactif quasi maladif, infatigable battant, il songe au suicide, la première fois à 17 ans. Il fera plusieurs tentatives, la plus connue, car avouée, à Arcis-sur-Aube où il se bat.
« J’ai tout fait pour mourir à Arcis. »1883
NAPOLÉON Ier (1769-1821), à Caulaincourt, évoquant la bataille du 19 mars 1814
Aveu postérieur à la bataille. Ce 19 mars, épée à la main, il s’est jeté dans la mêlée, bientôt rejoint par sa Garde. La bataille reste indécise face à Schwarzenberg, ex-ambassadeur d’Autriche à Paris, ex-allié de Napoléon dans la campagne de Russie. Il commande à présent les armées alliées qui envahissent la France. L’étau se resserre autour de Paris.
Plusieurs fois, Napoléon a tenté de se suicider, notamment à l’opium. Chaque fois, il regrette cette mort qui se refuse à lui. À Fontainebleau après l’abdication, il use du poison, puis à l’île d’Elbe, lieu du premier exil, avant de reprendre courage. Brèves faiblesses d’un homme globalement si fort qu’il en étonne et épuise tout son entourage.
« La fortune m’a ébloui. »1873
NAPOLÉON Ier (1769-1821), à ses ministres, 19 décembre 1812
Les Ministres de Napoléon (1959), Jean Savant
Retraite de Russie. Autre aveu en forme de mea culpa. De retour à Paris dans la nuit du 18 décembre (suite à une conspiration et un coup d’État évité de peu), il avoue aussi à ses ministres : « J’ai été à Moscou, j’ai cru signer la paix. J’y suis resté trop longtemps. J’ai fait une très grande faute, mais la Fortune peut encore la réparer. » Il apprend bientôt la tragédie. Murat s’est querellé avec Davout, abandonnant le commandement au prince Eugène qui fait l’impossible, évite l’encerclement et accomplit un exploit. Il ramène 100 000 hommes. C’est quand même la débâcle. Bilan total de cette campagne : 530 000 morts, victimes surtout du typhus, du froid et de la faim.
« Du sublime au ridicule, il n’y a qu’un pas » dit-il à son ambassadeur à Varsovie, le 5 décembre 1812. Encore un aveu, dans un étrange discours, tenu par un homme éprouvé dans son esprit et son corps. Il nie avoir été vaincu, il nie même les dangers courus. Il dit que « l’armée est superbe ». Quant à lui : « Je vis dans l’agitation ; plus je tracasse, mieux je vaux. Il n’y a que les rois fainéants qui engraissent dans les palais ; moi, c’est à cheval, et dans les camps. » On retrouve Napoléon tel qu’en lui-même !
Notre portrait de Napoléon en citations :
- Napoléon face au destin : « Les hommes de génie sont des météores… »
- Napoléon et ses soldats : « Vous n’avez ni souliers, ni habits, ni chemises… »
- Napoléon et les femmes : « …nous avons tout gâté en traitant les femmes trop bien »
- Napoléon et son fils, l’Aiglon : « Je me donne des ancêtres. »
- Napoléon et la religion : « Si je gouvernais le peuple juif, je rétablirais le temple de Salomon.
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