Louis XIV : « Ne vous laissez pas gouverner, soyez le maître. N'ayez jamais de favori, ni de Premier ministre... » | L’Histoire en citations
Chronique du jour

 

Siècle des Lumières. Règne personnel de Louis XV

Chronique (1743-1774)

Rude apprentissage du métier de roi pour Louis XV.

Héritage de Louis XIV le Grand, guerre et paix de nouveau en question, amours royales déjà dénigrées, avec la première favorite du règne, la Pompadour. Notons la diversité très moderne de cette « actu », tous les thèmes qui font débat étant traités avec une relative liberté, d’où la formation d’une véritable opinion publique, naturellement critique. La question religieuse est affaire d’État et de philosophie. Mais aussi l’économie et le commerce, la politique avec les Parlements en guerre d’usure contre le pouvoir royal.

Les commentaires sont allégés, les coupes signalées (…) Retrouvez l’intégralité dans nos Chroniques de l’Histoire en citations.

« Ne vous laissez pas gouverner, soyez le maître. N’ayez jamais de favori, ni de Premier ministre. Écoutez, consultez votre Conseil, mais décidez. Dieu qui vous a fait roi vous donnera toutes les lumières qui vous sont nécessaires, tant que vous aurez de bonnes intentions. »1119

LOUIS XIV (1638-1715), Lettre écrite en 1714 à l’intention de Louis XV

Collection des mémoires relatifs à l’histoire de France, Mémoires du duc de Noailles (1828).

Après la mort de Fleury en janvier 1743, Louis XV reçoit cette lettre (…) et annonce qu’il gouvernera lui-même – à 33 ans, il est temps. Il va s’y essayer, présidant lui-même le Conseil. Mais le métier de roi est d’une complexité croissante, dans cette monarchie centralisée à l’extrême. À cela s’ajoutent les turbulences du règne, les incohérences des conflits européens et le divorce entre le roi et son peuple.

« Puisqu’il a repris sa catin, il ne trouvera plus un Pater sur le pavé de Paris. »1120

Les poissardes parlant de Louis XV, novembre 1744. Dictionnaire contenant les anecdotes historiques de l’amour, depuis le commencement du monde jusqu’à ce jour (1811), Mouchet

Bien-Aimé, certes, mais déjà contesté. Elles ont tant prié pour la guérison du roi malade. Mais il vient de reprendre sa maîtresse Mme de Châteauroux, troisième des sœurs de Nesle, présentées au roi par le duc de Richelieu, petit-neveu du cardinal (embastillé à 15 ans pour débauche et remarié pour la troisième fois à 84 ans). La nouvelle fait scandale (…)

« Ce n’est plus le temps des conquêtes. La France […] a de quoi se contenter de sa grandeur et de son arrondissement. Il est temps enfin de commencer de gouverner après s’être tant occupé d’acquérir de quoi gouverner. »1121

Marquis d’ARGENSON (1694-1757). Les Idées politiques en France au XVIIIe siècle (1920), Henri Eugène Sée

Secrétaire d’État aux Affaires étrangères de 1744 à 1747, il témoigne du changement avec les siècles passés, quand les ministres avaient comme principal souci d’ajouter des provinces au domaine royal. Mais il poursuit la politique anti-autrichienne : la guerre de Succession d’Autriche épuise tous les adversaires, notamment la France (…)

« Messieurs les Anglais, tirez les premiers. »1122

Comte d’ANTERROCHES (1710-1785), à Lord Charles Hay, Fontenoy, 11 mai 1745. Précis du siècle de Louis XV (1763), Voltaire

(…) Guerre de Succession d’Autriche, lors d’un siège mené par les Français. Le commandant des gardes anglaises a lancé : « Messieurs des gardes françaises, tirez. » Le commandant des gardes françaises lui répondit : « Messieurs, nous ne tirons jamais les premiers. Tirez vous-mêmes. » Cette réplique (…) obéit en fait à un impératif militaire : quand une armée a tiré, le temps qu’elle recharge ses armes, l’ennemi peut attaquer avec profit.

« Voyez tout le sang que coûte un triomphe. Le sang de nos ennemis est toujours le sang des hommes. La vraie gloire est de l’épargner. »1123

LOUIS XV (1710-1774), à son fils le Dauphin, au soir de la victoire de Fontenoy, 11 mai 1745. Les Pensées des rois de France (1949), Gabriel Boissy

Le roi parcourt le champ de bataille, jonché de 11 000 morts et blessés. Il a pris la tête de l’armée pour redonner confiance aux troupes (…) Il s’est surtout adjoint les services de Maurice de Saxe, bâtard du roi de Pologne, stratège exceptionnel, fait maréchal de France l’année d’avant. Les Anglo-Hollandais sont écrasés. Mais à quel prix ? (…)

« Bête comme la paix. »1124

Le mot qui court à Paris, après le traité d’Aix-la-Chapelle du 28 octobre 1748. Louis XV et Madame de Pompadour, d’après des documents inédits (1926), Pierre de Nolhac

Aux Halles, les harengères se querellent en disant : « Tu es bête comme la paix ! », ce qui est encore une façon de raisonner de la politique. Le traité met fin à la guerre de Succession d’Autriche, et l’on aurait pu dire : bête comme cette guerre, engagée à contretemps, ponctuée de défections, et menée pour n’aboutir à rien (…)

« Vos ennemis vaincus aux champs de Fontenoy
À leurs propres vainqueurs ont imposé la loi
Et cette indigne paix qu’Aragon vous procure
Est pour eux un triomphe et pour vous une injure. »1125

DESFORGES (1708- ??), Vers sur le Prince Édouard (1749). Vie privée de Louis XV, ou principaux événements, particularités et anecdotes de son règne (1781), Mouffle d’Angerville

Ce poème déplore la paix d’Aix-la-Chapelle (1748) et l’expulsion hors de France du prince Charles Édouard : « Peuple jadis si fier, aujourd’hui si servile / Des princes malheureux vous n’êtes plus l’asile. » Le traité reconnaît les Hanovre comme souverains légitimes de la Grande-Bretagne, cela signifie l’abandon de la cause des Stuarts (…)

« Puisqu’il en faut une, mieux vaut que ce soit celle-là. »1126

Marie LECZINSKA (1703-1768), parlant de la Pompadour. Apogée et chute de la royauté : Louis le Bien-Aimé (1973), Pierre Gaxotte

Toujours éprise de son mari, mais digne et résignée, la reine ne se plaint jamais de ses liaisons et trouve même certains avantages à la maîtresse en titre depuis 1745, la marquise de Pompadour : cette jeune et jolie femme de 23 ans la traite avec plus d’égards que les précédentes passantes, et durant près de vingt ans, leurs relations seront cordiales (…)

« Sans esprit, sans caractère
L’âme vile et mercenaire,
Le propos d’une commère
Tout est bas chez la Poisson – son – son. »1127

Poissonnade brocardant la marquise de Pompadour. Madame de Pompadour et la cour de Louis XV (1867), Émile Campardon

Le propos est injuste : le peuple déteste cette fille de financier, née Jeanne Antoinette Poisson, femme d’un fermier général, bourgeoise dans l’âme et dépensière, habituée des salons littéraires à la mode, influente en politique, distribuant les faveurs, plaçant ses amis, le plus souvent de qualité comme de Bernis, Choiseul – mais Soubise, maréchal de France, se révélera peu glorieux (…)

« Je lui conseillai de protéger les gens de lettres. Ce furent eux qui donnèrent le nom de Grand à Louis XIV. »1128

Cardinal de BERNIS (1715-1794), conseil à son amie la marquise de Pompadour. Mémoires et lettres de François-Joachim de Pierre, cardinal de Bernis (1878)

Bel esprit, il commence sa carrière en s’attirant les faveurs de la favorite, qui le fait entrer au Conseil du roi, en 1752. La marquise est mécène des peintres, amie des écrivains et des philosophes – elle réconcilie le roi avec Voltaire et défend les Encyclopédistes contre le Parlement et les jésuites (qu’elle déteste).

« Dieu ? Nous nous saluons, mais nous ne nous parlons pas. »1129

VOLTAIRE (1694-1778), à un ami s’étonnant de le voir se découvrir devant le Saint-Sacrement à une procession en 1750, Correspondance (posthume)

Déiste, et non athée, le philosophe trouve la religion bien utile, notamment pour donner une morale au peuple.

« Il faut convenir que la gent ecclésiastique a les bras longs et même qu’elle est à craindre. »1130

Edmond Jean-François BARBIER (1689-1771), Journal historique et anecdotique du règne de Louis XV (posthume, 1866)

Le 23 décembre 1751, Louis XV cède au clergé qui refuse de payer l’impôt dit du vingtième, frappant tous les biens, la « gent ecclésiastique » se déconsidérant du même coup, dans l’opinion publique (…)

« Point de victoires, point de conquêtes, beaucoup de marchandises et quelques augmentations de dividende. »1131

Étienne de SILHOUETTE (1709-1767), commissaire du roi près de la Compagnie des Indes, 13 septembre 1752. Dupont De Nemours et la question de la Compagnie des Indes (1968), Édouard Mossion

Autrement dit : « Le commerce, rien que le commerce ». Malgré le but purement commercial de la Compagnie, Dupleix, administrateur colonial à son service depuis 1720, directeur général des comptoirs français en Inde en 1742, ne s’en tient pas à cette règle et mène une politique territoriale et conquérante, favorisée par l’état de décomposition politique de l’Inde (…)

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